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Colin sabre et tam-tam - Page 19

  • CR289 : le mouchard - Liam O'Flaherty

    le mouchard O'Flaherty.jpgLorsque je me suis arrêté dans la capitale mondiale du livre qu'est Bécherel, je suis reparti avec quatre bouquins d'auteurs irlandais (dont celui-ci) volés dans la librairie l'autre sommeil. Il n'y avait pas beaucoup de choix alors j'ai pris ce qu'il y avait. J'ai lu le pornographe en premier et après boussole de Enard m'a pris beaucoup de temps et donc l'heure était venue de découvrir la prose de Liam O'Flaherty, auteur qui ne dit pas grand chose aux heureux contribuables français et que je vais avoir l'honneur de critiquer ici. Peu l'ont fait mais certains quand même

    L'action du Mouchard se déroule le temps d'une nuit de printemps aux alentours des années 20 à Dublin. Gypo le héros fait partie de l'Organisation Révolutionnaire, groupuscule géré par le commandant Gallagher. L'Organisation Révolutionnaire dont je n'ai pas besoin de vous expliquer le combat et que j’appellerai désormais l'OR (pour ne pas éveiller les soupçons) est en plein émoi depuis qu'un de ses membres, Frank Mac Phillip a tué le président de la section locale du syndicat des fermiers (qu'on imagine plus hommes d'affaire que fermiers) quelques mois auparavant. Comme Gypo était plus ou moins trempé dans l'affaire, lui et quelques uns de ses condisciples se sont enfuient dans les montagnes qui entourent Dublin. Mais un moment, ils reviennent, souffreteux, tuberculeux, recherchés et Gypo, abandonnant tous ses idéaux décide de dénoncer Franck à la police contre pas mal d'argent qu'il dépense sans se cacher en alcools et putins. Gypo s'enivre, mène grand train mais l'OR est aux aguets et cherche le traître. Ils retrouvent Gypo qui n'étant plus à une parjure près dénonce un camarade qui n'y est pour rien. Mais le camarade a un alibi et très vite Gallagher et ses sbires devinent que Gypo est le mouchard. Il est arrêté et conduit dans une cave dans laquelle se situe une petite cellule d'où il arrive à s’échapper en défonçant le plafond friable. Et je ne vous dirais pas ce qu'il advient de ce pauvre Gypo. 

    D'un point de vue moral, Gypo a-t-il bien fait de dénoncer un assassin à la police ou bien a-t-il trahi ses idéaux et fait du tort fait à l'OR ? C'est chacun qui voit. Moi je lui en veux de ne l'avoir fait que pour les thunes. Mais en fin de compte, après qu'il ait réussi à sortir de sa cellule, Gypo n'est pas allé se réfugier dans un poste de police où il aurait pu carrément dénoncer tous les dirigeants de l'OR. Il ne l'a pas fait car il le dit à un moment, qu'il reste un révolutionnaire et non un mouchard. Alors, j'aurais aimé que Gypo puisse s'enfuir dans les montagnes et vivre dans les grottes en tuant des moutons ou en  cueillant des oranges. 

    Stève Passeur qui a préfacé ce roman dit à son propos en 4ème de couverture : 'Liam O'Flaherty a tant de talent, une telle force dans l'introspection, un tel art dans la conduite du récit, une telle adresse pour suivre les soubresauts de son célèbre héros, à la  façon d'un manieur de projecteur dans un music-hall, que l'on en arrive dès la dixième page à souhaiter que son mouchard ne soit pris, ni chatié'. C'est son avis et je le partage un peu.

    Liam O'Flaherty est né et mort au XXème siècle. Il fut un indépendantiste convaincu ce qui l'obligea à s'exiler aux Etats-Unis et en France. Le mouchard a été adapté au cinéma par John Ford (à croire qu'il n'y avait qu'un réalisateur dans les années 20). Mais John Wayne n'est pas dans le casting ! 

    Pour l'anecdote, ayant acheté ce bouquin d'occasion (avec la bonne odeur qui va avec), j'aimerais bien savoir ce qu'une personne a écrit sur la première page à l'attention sans doute de celui à qui il a offert le roman :

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    Avec mon épouse, on a coincé sur un mot : "tu aurais pu te faire coller un autre '????' que celui du cochon"

    lecture en décembre 2015 sur papier, le livre de poche, parution en 1925, traduction par Louis Postif, 243 pages, BRODARD ET TAUPIN-IMPRIMEUR-RELIEUR, Paris-Coulommiers.-France. 05.058 III-6243 - Dépôt légal n°2383, 4e trimestre 1962, LE LIVRE DE POCHE, 4, rue de Galliéra, Paris. note : 4/5

    Loïc LT, 15/12/2015

  • radiocassette 2015 : bilan partiel des écoutes

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  • éloge du front....républicain

    Allez, tout blogueur étant un citoyen, une petite note politique s'impose de temps en temps. En cette période exceptionnelle que traverse la république française, je voulais tout d'abord vous faire part de mon optimisme. Je pense que le front national ne gagnera aucune région dimanche, sûr à 100% lorsqu'il n'y a que deux listes et sûr à 90% lorsqu'il y a 3 listes. Le front républicain que l'on disait mort existe toujours non seulement parce que les socialistes le pratiquent et je les en félicite (et je désapprouve totalement Sarkozy sur ce point)  et puis parce que les français eux-même le pratiquent. Donc, les scores du fn au premier tour sont un crève-cœur, une honte mais seul le résultat final compte. Donc zéro région pour le fn.

    J'avoue que je ne suis pas allé voter dimanche. J'y serais allé s'il y avait eu une menace fn en Bretagne mais il se trouve que ma région (d'où est issu la famille Le Pen rappelons-le) est celle où le fn fait les scores les plus faibles. Et comme entre Le Drian et Le Fur, c'est bonnet rouge et rouge bonnet (encore que je pense que Le Fur aurait été plus impliqué que Le Drian dans sa fonction de président), je n'ai pas jugé utile de trancher. Par ailleurs, il faut bien se mettre en tête que les budgets des régions ne sont pas énormes et surtout, la plupart des dépenses sont des dépenses structurelles (salaires...) reconductibles d'une année sur l'autre et ce quel que soit la couleur de la majorité régionale. Qu'aurait-fait Marine Le Pen si elle avait gagné dans le Nord ? Du bruit sans doute et surtout elle aurait déçu ses électeurs. C'est pour cette raison que j'écrivais sur un autre blog que je pense qu'au fond d'elle-même Marine Le Pen ne veut pas gagner ces élections. Elle veut se faire passer pour une victime du système et continuer à voir le fn progresser jusqu'en 2017, ce qui n'aurait sans doute pas été le cas s'ils avaient dû gérer plusieurs régions. On n'est jamais aussi bien dans l'opposition surtout pour un parti populiste.

    Maintenant, après ces élections qui vont donner une majorité des régions aux Républicains (mais pas par adhésion, on l'a bien compris), que va-t-il se passer ? Les élus frontistes seront nombreux dans les parlements régionaux, ils ne serviront à rien (mais se verront quand même grassement rémunérés). Dans les sondages, le fn restera à un niveau élevé, 'le premier parti de France' comme disent ses dirigeants, point sur lequel ils n'ont pas tort. Et une chose est déjà certaine et tout le monde est d'accord là-dessus : Marine Le Pen sera au second tour de l'élection présidentielle de 2017. L'inconnue est : contre qui ? Sarkozy, Juppé, Hollande ou Bayrou...un de ces quatre-là. Une autre chose est certaine. L'élection présidentielle sera pliée au soir du premier tour. Celui qui affrontera Madame Le Pen l'emportera parce qu'une majorité de français ne voudra jamais d'un président d'extrême-droite . Donc aujourd'hui, la stratégie des partis est de savoir comment faire pour être second au premier tour. Quelque part, les scores élevés du fn sont une chance pour François Hollande car je pense que devant le risque d'un second tour Le Pen-candidat LR, la gauche saura se réunir et donc permettre la réélection de Hollande. 

    Enfin, le plus important est quand même de se demander pourquoi un parti d'extrême-droite est devenu le premier parti de France. Alors, j'ai entendu les commentateurs, les politiques et c'est toujours le même baratin 'les français en ont marre des promesses non tenues, ils ont l'impression qu'on ne les écoute pas et que les élites politiques mènent grand train et font tout pour garder leurs postes etc etc'. Mais les commentateurs ont-ils vraiment discuté avec les électeurs du fn ?  Non, il se réfèrent à des sondages et ressortent toujours les mêmes lieux communs mais malgré tout, d'élections en élections le fn progresse. Moi, j'ai discuté avec des électeurs fn. Il n'y en a pas beaucoup en Bretagne (encore que le fn est majoritaire dans certaines petites communes) mais j'en connais quelques-uns. Il y a un fond raciste chez eux mais c'est un racisme par procuration. Comme ils ne vivent pas la proximité de "l'étranger" au quotidien, ils alimentent ce fond par le biais des médias. Mais je peux vous dire que ceux que je connais se jetteraient dans le Blavet pour porter secours à un arabe ou un noir en train de se noyer. Les électeurs frontistes que je côtoie ne sont pas de mauvais bougres, ils n'ont pas les cheveux rasés, ne portent pas de gros blousons noirs et ne sont pas chaussés de Rangers. Ce sont des gens comme vous et moi, le problème est qu'ils sont persuadés que la France est en déclin et que le milieu politique est pourri. Quand on les interroge plus en profondeur et qu'on évoque les avantages sociaux , le système éducatif, la sécurité sociale, et tout ce qui fait la force de notre pays, ils ne répondent pas, ils disent 'oui mais je m'en fous je vote Marine'. En poussant plus loin, on se rend compte qu'ils sont très influencés par le déclinisme véhiculé par les médias. Il n'est de pire sourd que celui qui ne veut entendre et quand on leur parle du RMI (devenu RSA), du mariage gay, de la politique familiale, il s'en foutent.

    Sans vouloir être condescendant mais les études le montrent, plus on est diplômé, moins on vote fn. C'est pour cette raison que les ouvriers votent majoritairement front national. Mais me direz-vous, il y avait des ouvriers aussi il y a 50 ans, or il n'y avait pas de vote frontiste. Certes mais il y avait un parti communiste très fort dans lequel se retrouvaient les ouvriers. Or aujourd'hui, le mur de Berlin est tombé et tout le monde a réalisé qu'aussi belle l'utopie communiste fut-elle, elle était une supercherie. Comme par hasard le front national s'est mis à grimper quand a commencé  la dégringolade du parti communiste. Le problème est qu'il est monté plus haut que ne l'était le PC à son apogée. Et pour moi, cette différence vient de la surinformation, voire de la désinformation que l'on subit...à la télé, sur le net, dans les magasines...La peur fait vendre (et dans ce domaine Pujadas est le meilleur). Il faut toujours appuyer où ça fait mal et il y aura suffisamment de crédules pour prendre tout pour argent comptant. Donc voilà, dans une démocratie comme la France, il y aura toujours un parti extrême, c'était le PC (qui était moins dangereux que le fn, convenons-en), c'est aujourd'hui le fn et en plus aujourd'hui, le déclinisme (mot qui n'existe pas apparemment) ambiant véhiculé par différents vecteurs en rajoute une couche. 

    Il faudrait maintenant se demander pourquoi l'extrême droite ne perce pas autant dans les autres pays européens (à part la Hongrie mais c'est une démocratie récente, ce n'est jamais simple les premières années). Avec le nazisme, l'Allemagne a été vaccinée à vie contre l'extrême droite. La Grande-Bretagne est une monarchie et puis fonctionne à l'américaine, c'est à dire qu'il faut beaucoup d'argent pour se présenter que seuls deux partis peuvent se procurer. L'Italie et l'Autriche ont joué avec le feu et s'y sont brûlés. Il ne restait plus que nous, le pays des lumières, la patrie des droits de l'homme. Si c'est un passage obligé et bien, regardons le monstre passer, nous faire peur et partir. 

    Mais heureusement, comme je le disais, je ne vois pas Marine Le Pen (putain, je ne supporte pas qu'elle porte un si beau prénom) remporter la présidentielle (déjà qu'elle n'arrivera pas à remporter sa région). 2002 est déjà loin mais pas tant que ça. Le front républicain existe et il n'est pas une décision d'appareil. Le front républicain est un mouvement de masse qui se met systématiquement en place dès lors que la république est menacée. Vous me trouvez peut-être un peu trop optimiste, l'avenir étant devant nous, il suffira de constater. 

    Loïc LT, 12/12/2015

    PS : pour finir 2 cartes de la France qui montrent la corrélation entre le vote fn et les fans de Secret Story (source : nordpresse.be) 

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  • CR288 : boussole - Mathias Enard

    boussole, Mathias EnardComme je me suis fixé comme règle stupide de lire tous les prix Goncourt (sauf les années se terminant par le chiffre 6), j’ai donc lu Boussole de Mathias Enard, auteur que je connaissais pour avoir lu (et approuvé) zone (qui est bien plus qu’un exercice de style avais-je dis à son propos si je me souviens bien), mais la prose de cet auteur est quand même un peu compliquée si bien que je n’étais pas tenté de relire l’une de ses productions. Mais le sort en a décidé autrement.

    Dans Boussole, le narrateur est Franz Ritter, un musicologue viennois qui agonise dans sa chambre suite à une maladie apparemment contractée lors d’un voyage en Orient, l’Orient qui, comme on dit  est le personnage principal de ce roman, un roman auquel il faut s’accrocher, trouver des branches solides pour ne pas se casser la gueule par terre. Lors d’une nuit d’insomnie, il se remémore tous ses voyages et ses rencontres dans cette partie du monde dont il constate à regret la situation actuelle.

    La théorie qui sert de fil rouge au tout est que la musique classique occidentale a été fortement influencée par la musique orientale. Je me garderais bien de le contredire ! En tout cas, c’est pour constater sur le terrain la véracité de sa théorie qu’il passe sa vie à parcourir l’Orient, de la Syrie, à l’Iran en passant par Istanbul. C’est un peu barbant quand on n’est pas amateur de Wagner ou de Liszt mais le roman qui est d’ailleurs autant un essai qu’un roman (on va dire que c’est un essai romanesque) ne s’arrête pas aux travaux de Ritter. Ces voyages  sont pour le narrateur l’occasion de rencontrer des personnages hauts en couleur et je pense notamment à ce professeur alcoolique qui lui rappelle tout le processus qui a amené l’Iran à devenir une république islamique. Lors de ce monologue, Franz Ritter est accompagnée de Sarah, l’égérie de Boussole, Sarah, une orientaliste dont Franz est amoureux et avec qui il a dormi corps contre corps sous les colonnes des ruines de Palmyre mais cet amour platonique sera finalement le grand regret de Franz. Sarah l’amour de sa vie ne sera restée en fin de compte qu’une grande amie fuyante et trop absorbée par ses voyages et sa quête spirituelle qui l’amènera au bouddhisme.

    Évidemment, cette oeuvre est dans l’air du temps et l’auteur a sans doute voulu briser des idées reçues et montrer les rapports étroits qui unissent l'Orient et l'Occident dans tous les domaines culturels surtout dans cette période tourmentée que traverse cette partie du monde mais il n’occulte rien des atrocités et du rigorisme oriental.  Dans ce roman d'une érudition qui frôle parfois le débordement, on croise les figures de Rimbaud (dont, horreur, on subodore qu’il n’est pas l’auteur des illuminations) et de femmes aventureuses ou sulfureuses comme Annemarie Schwarzenbach qui vaut un roman à elle toute seule.

    Alors oui, il faut lire Boussole (et celle que possède Franz indique désespérément l’est…) et tant pis si parfois on perd le fil du rasoir. C’est un grand Goncourt et Mathias Enard prouve une fois de plus que c'est un auteur sur qui il faut compter si tant est qu’il devait encore le prouver. Vive Lorient !

    Loïc LT, 10/12/2015

    lecture sur kindle novembre/décembre 2015, 390 pages, parution  le 19 août 2015, actes sud. note : 4/5

  • carnet d'un voyage en Eire # jour 9 (et fin)

    samedi 31 octobre 2015

    Partir le matin de bonne heure se décide le soir, disait quelqu'un et c'est ce que nous avons fait. Passons sur les préparatifs et les quatre heures de route qui nous séparent de Cork. La traversée de l'Irlande intérieure ne présente pas beaucoup d'intérêt. Il y a sans doute de jolis coins mais les grands axes sont peu propices à l'émerveillement. Nous avons embarqué sous le Pont-Aven en fin d'après-midi. Il faisait beau, promesse d'un magnifique coucher de soleil. 

    Après le départ, c'est d'abord Cork qui attire l'attention. On dirait que tout a été pensé par un architecte et que la ville s'est construite selon un plan précis sans rien changer d'un iota. 

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    Petit à petit, on perd Cork de vue. On se tourne alors vers l'ouest où un autre spectacle nous attend. 

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    Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
    De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
    Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
    Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

    Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
    Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
    Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
    Fermentent les rousseurs amères de l'amour !

    Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
    Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
    L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
    Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !

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    Bon, je sais, c'est pas original de s'émerveiller d'un coucher de soleil. Alors, voilà, les derniers rayons :

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    Ensuite, après avoir perdu de vue mes condisciples, j'ai erré dans le bateau que je commence à bien connaître. J'ai profité d'une petite dégustation d'eau minérale.  Deux ou trois malins n'avaient pas compris le sens du mot 'dégustation' et sont partis chancelant tenter de rejoindre leur cabine à quelle étage déjà. 

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    Au piano bar, il n'y avait personne à part une fille qui s'éclatait toute seule. 

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    Moi-même et le pianiste évidemment.

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    Il me faisait de la peine quand même et sa musique était à l'image de sa déception. Triste et mélancolique. 

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    Un moment, il s'est arrêté, a rangé ses partitions dans une valise et s'en est allé. Dans la grande salle, les gens préféraient écouter une cruche qui chantait mal et qui faisait des manières. 

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    Je suis juste passé, j'avais l'impression de regarder The Voice en encore plus mauvais. J'ai continué à errer. Je n'arrivais pas à me concentrer sur mon livre et mes écrits. Brigitte ornait les vitrines du magasin. On ne se lassera donc jamais de ce visage.

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    Les gens ont rejoint leurs cabines et je me suis rendu dans la salle obscure réservé aux sans-cabines. J'ai assez bien dormi mais le matin, j'étais dans les vapes et à peine m'étais-je réveillé que j'étais déjà dans la voiture. Mes amis s'inquiétaient. Nous avons pris un petit dej à Roscoff et nous nous sommes séparés. C'est une note triste à l'image de ce pianiste jouant dans une salle vide. La routine va reprendre mais riche est le savoir qu'on tire du voyage !

    Loïc LT, 08/12/2015 

  • Obama, la couleur de l'espoir

    Lorsque Barack Obama a été élu président des Etats-Unis d’Amérique en 2008, tout le monde était content. Même Sarkozy, fraîchement élu président des français le soutenait (mais par opportunisme sans doute) . Dans un pays comme les USA où la ségrégation raciale est une réalité assumée (plus dans certains états que d’autres) , l’élection d’un président noir était un symbole fort.

    N’empêche que la couleur de peau ne fait pas une politique. Obama avait sans doute un programme comme tout candidat doit avoir (couverture santé pour tous les américains et retrait des troupes américaines de l’Irak par exemple).

    Ensuite, l’argent étant le nerf de la guerre, Obama est mal tombé puisque quelques mois après son élection, l’économie américaine a été ébranlée par le scandale Lehman Brothers. A partir de là, par effet domino, l’économie américaine s’est déclarée en crise ainsi que la plupart des pays du monde. Mais, à la différence de la France, l’économie américaine peut se relever aussi vite qu’elle a chuté. C’est ce qui s’est passé sous les deux mandats Obama qui ont vu se succéder des périodes de 'crise' et des périodes de croissance. Mais, il faut savoir une chose : le pouvoir fédéral n’a aucune emprise sur l’économie. La Banque Fédérale qui définit la politique monétaire a plus de pouvoir que la Maison Blanche. Donc, ne jugeons pas Obama sur son bilan économique.

    Par contre, sur le plan social, ce n’est pas faute de bonne volonté mais son projet de couverture santé qu’il portait à bout de bras a quand même été sérieusement raboté par le Congrès qui est aux mains des républicains, car n’oublions pas que l’administration Obama est en cohabitation avec le Congrès. Ça ne simplifie pas les choses.

    Pour le reste, sur le plan international, je trouve son bilan mitigé voire très mauvais. J’ai le sentiment que contrairement à ses prédécesseurs, il se fout pas mal du conflit israélo-palestinien. D’aucuns diront que ce n’est pas plus mal et que ça permet aux israéliens de moins compter sur les USA, leur éternel allié. Mais ça n’a rien changé dans le conflit puisqu’on sait que des colonies se construisent toujours sur des territoires palestiniens, sans compter la recrudescence des violences qu’on a vue ces derniers temps. Par ailleurs, j’ai trouvé que le retrait des troupes d’Irak a été un peu brutal et on a vu ce que ça a donné par la suite. A mon avis, il aurait fallu laisser sur place un contingent de 20.000 soldats, pour au moins contrôler les dépôts de munitions et la frontière avec la Syrie.

    Mais plus généralement, j’ai eu le sentiment qu’Obama ne s’intéressait pas à la politique extérieure des Etats-Unis. Il a fait de beaux discours, certes, s’est ému maintes fois de tel ou tel attentat mais concrètement, il a surtout fait de la représentation  et laissé Poutine faire à peu près ce qu’il voulait. Les deux hommes se sont fâchés, diplomatiquement parlant en tout cas mais se fâcher ne suffit pas.

    Après, le rabibochage avec le Cuba me semble anecdotique.

    Obama n’a pas été à la hauteur des espoirs que le monde portait en lui. Comme de fait, c’est un président américain comme les autres, c’est à dire condescendant et conscient de la toute puissance de l’Amérique. Physiquement même, il est comme les autres. Je me fous qu’il soit blanc ou noir mais dans sa façon de descendre de l’avion, de marcher, et sans vouloir faire dans la caricature, à y regarder de près, je trouve qu’il ressemble à l’américain type avec une mâchoire, une dentition et un menton plus proéminents que la moyenne des gens semblant signifier que l’Amérique, quel que soit son président aura toujours les crocs les plus gros.

    En conclusion, Obama n’a rien fait de mal mais n’a rien fait de bien non plus. On ne l'a jamais entendu s'exprimer sur la peine de mort. Il a subi les événements et le fait de renvoyer l’US Navy  et l’Air Force en Irak a été pour lui un vrai crève-cœur. Il n’a pas non plus fermé Guantanamo alors que le petit citoyen que je suis pense que fermer une prison et dispatcher ses détenus dans d’autres prisons ne me semble pas si compliqué.

    Donc, ma théorie de comptoir est qu’Obama a dès le départ considéré qu’étant le premier président noir, tout lui serait pardonné et qu’on ne ferait pas trop cas de son action. D’ailleurs, il a reçu le prix Nobel de la paix avant même d’avoir pris la moindre mesure. Au fond de lui, tout était gagné d’avance, d’ailleurs, il s’est fait facilement réélire et il va laisser une Amérique identique à ce qu’elle était en 2008...avec peut-être comme successeur un républicain mi-clown mi-raciste.

    Loïc LT

  • carnet d'un voyage en Eire # jour 8

    vendredi 30 octobre 2015

    Le séjour touche à sa fin. On n'a pas prévu grand chose aujourd'hui. D'aucuns veulent retourner à Galway faire des emplettes et visiter une fabrique de bières. Moi je décide de rester sur zone. Le matin, un condisciple accepte de m'accompagner à Spiddal pour voir si on peut visiter ce décor de cinéma. On n'a pas croisé le gentil monsieur qui m'avait pris en photo l'autre jour donc nous sommes rentrés dans cette propriété privée sans faire de bruit. 

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    Bidons d'huiles remplis d'eau:

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    Il faudrait qu'ils fassent gaffe quand même parce qu'un non averti passant par là, comme moi l'autre soir a la possibilité de poster une lettre. J'espère que les gérants des lieux ont l'intelligence de faire suivre. Par contre, le distributeur de billets ne dispose pas de fente à carte donc pas de méprise possible de ce côté-là. 

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    L'après-midi, mes amis étant retournés à Galway, j'ai traîné dans les rues de Spiddal, j'ai longé la baie :

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    J'ai rasé les murs de pierre.

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    J'ai bu une dernière Guiness...pour la route !

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    Le soir, on a vidé les dernières bouteilles d'eau. Demain matin, c'est le branle-bas de combat, le jour du départ c'est chouette, quand il faut tout rassembler, remballer la marchandise, faire un brin de ménage et tout. 

    Loïc LT, 06/12/2015

  • Edgar Morin, philosophe du vide.

    edgar morin, philosophe, philosophie, ouest franceEdgar Morin est l'invité de Ouest France dimanche et comme d'habitude, il m'ennuie, ce qu'il dit est tellement plat et évident, c'est une succession de lieux communs sur la solidarité etc et de phrases creuses du genre 'Vivre mieux avec soi-même, c'est vivre mieux avec les autres' (Daho avait dit un truc dans le genre aussi...étranger à soi-même, comment aimer les autres ?), ou 'la conscience d'être au bord de l'abîme peut donner l'envie de faire quelque chose'. C'est bien Edgar toutes ces belles intentions mais ça fait des années que je t'entends les sortir (sur France Culture souvent où j'ai l'impression que quelle que soit la question, tu relis toujours le même texte), il serait peut-être temps de passer aux propositions ? Ah, t'es philosophe, pas homme politique, c'est vrai, c'est tellement confortable.
    Alors admettons, mais comme disait Rimbaud, moi j'aimerais que ta philosophie soit un peu plus féroce, qu'elle dérange, que tes interventions dans les médias donnent envie de lire tes livres. Mais pour l'instant, on est loin du compte.

    Il n'en reste pas moins que tu es un brave type et un humaniste qui ne souhaite pas la mort des objets et que je ne doute pas que tu respectes scrupuleusement les règles du tri sélectif. 

    Loïc LT

  • jardin d'automne

    Après une année de galère, le ginkgo perd tranquillement ses feuilles et la nouveauté cette année est que, comme nous n'avons pas eu de gel, elles ne sont pas tombées sous le poids de la glace en une nuit et donc, elles ont eu le temps de jaunir. Il n'en reste plus beaucoup, je ne faisais plus attention à lui.

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    On pourra cueillir des roses à noël.

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    Les charmes ne perdent pas leurs feuilles, on appelle ça un arbre marcescent. 

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    Le drapeau irlandais flotte sur Kerniel près du fargesia jiuzhaigou 1 qui s'est bien étoffé cette année. 

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    Les fougères mâles ont rendu l'âme après de bons et loyaux services. 

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    Les graminées ont revêtu leur habit d'hiver.

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    Ici, il fait doux, humide, la campagne est silencieuse. J'entends cependant de temps en temps quelques coups de carabine. On ira voter...ou pas. En Bretagne, nous avons un avantage : c'est la région de France où le FN fait les scores les plus bas donc tant qu'il n'y a pas cette menace, on peut rester au chaud chez soi parce que gérer par le LR ou par le PS, au niveau des régions, c'est kif-kif bourricot. 

    Loïc LT, 06/12/2015

  • carnet d'un voyage en Eire # jour 7 (suite), un soir au pub

    jeudi 29 octobre 2015, soir. 

    La nuit tombe vite sur l'Irlande. De commerçante, Galway devient festoyante. Les magasins se désemplissent et ferment, les pubs ouvrent et s'emplissent. La Guiness est prête à couler à flots.

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    Je m'enquiers auprès des passantes (j'ai toujours préféré m'adresser aux passantes) des pubs valant le détour et plusieurs fois on m'indique le Taaffes. Faisons confiance aux gens, allons donc au Taaffes. 

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    Il est encore très tôt quand on y rentre et en plus, on a perdu les femmes qui ont dû rester enfermées dans un grand magasin. On boit une ou deux pintes, je ne sais plus. Je fais le tour des lieux encore un peu désert. Je note qu'on fait une pub éclatante pour mon whisky préféré : le Tullamore Dew (à ceux qui n'auraient pas d'idée pour noël, un Tullamore de 12 ans d'âge en coffret ne serait pas le mal venu). 

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    Tullamore est un whisky irlandais fabriqué quelque part dans le centre de l'Irlande, en tout cas, trop loin pour que nous allions visiter sa distillerie. Les femmes nous ayant rejoint et ne trouvant pas le lieu à leurs goûts, nous quittons le Taaffes où John Kenneky s'est pris plusieurs bitures.

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    Ensuite, alors que la nuit est bien tombée, nous nous rendons au Spanish Arch, un pub réputé qui a même le privilège d'être indiqué sur les panneaux de signalisation :

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    On a dîné au Spanish Arch qui s'emplissait tranquillement. Vers les 22 heures, un groupe de folk a installé son matos et ensuite il ont chanté, c'était sympa. il y avait beaucoup de reprises et les deux membres avaient beaucoup de talent. Ma femme est tombée amoureuse de celui-ci :

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    Heureusement que j'avais oublié mon kalachnikov au cottage, sinon, je lui aurais fait bouffer son harmonica avant de le butter -) Non bon, c'est la réponse de la bergère au berger, ça m'apprendra à reluquer les filles au joli minois portant des tops blancs à dentelle. C'était une bonne soirée, une soirée traditionnelle où on peut faire le pitre et faire rire les gens (alors qu'en France, on se moquerait ou tournerait la tête). 

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    Ensuite, on est rentré à Spiddal. Le séjour touchait à sa fin et il nous restait quelques bouteilles d'eau minérale à vider.

    Loïc LT, 05/12/2015