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Le nouveau titre de daho est sorti le 1er septembre à 08h00 précise (quand on est fan, on sait ces choses-là, je me comprends) et il préfigure la sortie d'un album en novembre (Blitz). S'en suivra une tournée. J'irai le voir à Rennes, ça fait trop longtemps que je ne l'ai pas vu. Je n'ai pas entendu en live les titres de ces trois derniers albums, ce n'est pas normal quand même !
Bon, parlons de cette neige estivale. D'abord musicalement parlant, on sait que Daho est un touche-à-tout, qu'il ne se fixe aucun interdit. Dernièrement, il avait sorti un titre très rock (avec un super clip) intitulé 'Paris sens interdit' et aujourd'hui, il nous sort quelque chose de plus électronique, plus aérien, doux comme un flocon. La mélodie est superbe, sur ce point, il n'y a rien à dire. Quelques jours avant le 1er septembre, il avait mis en ligne 10 secondes de la chanson et j'avais adoré direct...par contre, j'étais loin de m'imaginer le texte qui allait suivre. Sur ce point, je suis désolé, ça manque cruellement d'inspiration. Etienne doit le savoir, je ne sais pas, il dit qu'il a écrit le texte très vite, ba je suis désolé mais ça se voit et pour se défausser il répond aux journalistes qu'il ne donnera pas d'explications au texte, que chacun en fera son interprétation. C'est l'argument facile quand on écrit un peu n'importe quoi...encore que là, ce n'est pas n'importe quoi, le texte est tellement simple et basique qu'on le comprend tout de suite : tout ce qui est blanc en été, comme une robe blanche, les étoiles, le soleil voilé, les nuits blanches évoquent pour le chanteur les flocons. La belle affaire. Après, il y a peut-être un message caché et que je me suis levé de ma jambe blanche, alors dans ce cas, je suis le dindon de la farce. Etienne dit que ce titre a des accointances avec "les heures hindoues" et bien, question musique et ambiance, je retrouve beaucoup des "les pluies chaudes de l'été" qui figure sur l'excellent album Eden.
En tout cas, le texte, à la limite, on s'en tamponne le coquillard. Globalement la chanson est belle, apaisante, onirique et je l'écoute en boucle depuis hier. Ce ne sera pas le succès de l'automne (de toute façon, ça fait longtemps que la roi de pop française se fout des hits parades, normal quand on veut faire de la qualité) mais pour les fans, c'est un joli cadeau pour cette rentrée qui s'annonce blanche et lumineuse.
Donc hier soir, Julien Doré a chanté devant au moins 5000 spectateurs à Rennes et je sais que vous l'attendez ce compte rendu....vous êtes venus 50 fois sur l'espèce de blog aujourd'hui pour le lire, je sais, je vois tout, je vois qui vient et pourquoi. Non mais !
Alors, vous allez être déçus car ça va être court. J'ai beaucoup parlé de lui sur ce blog et je n'en démords pas, c'est le chanteur le plus inspiré du moment. Ses textes sont des poèmes et les mélodies sont accrocheuses. Ses deux derniers albums sont des perles. Je l'envie de pouvoir écrire de tels textes.
Mais à force de l'écouter, de le regarder sur Youtube, pendant le concert hier soir, j'avais comme un sentiment de déjà vu alors que je n'étais jamais allé le voir en concert. Il a fait le travail, on entendait clairement le son de sa voix (contrairement à beaucoup de concerts où la ligne de basse est trop grave), il a communié avec le public, s'est beaucoup donné physiquement. Rien à redire. On en a eu pour son argent.
Le souci que j'ai, c'est que j'aime ce chanteur avant tout pour ses textes (même si ses musiciens forment une belle équipe et arrivent à transcender un titre qui n'en demandait pas tant) alors, toutes proportions gardées, contrairement à ce que chantait Michel Delpech, Rimbaud ne chanterait pas. Parfois les textes suffisent.
Alors, le vide aurait-il suffi ? Non quand même pas. Qu'aurait-il fallu qu'il fasse de plus pour que j'en garde un souvenir mémorable ? Rien. Ce fut une belle soirée poétique.
Écoutons cette chanson dans le silence de la nuit et alors que le printemps n'a que deux jours. C'est un nouveau printemps ! Je le sens bien à tous points de vue (personnel, professionnel, politique, jardin). L'année 2017 est prometteuse. Mais le printemps qu'évoque Etienne Daho est une métaphore. Ce n'est pas dans le genre du chanteur de faire dans la botanique.
Quand la chance les lâche, Frangins à la dérive Au merveilleux perdant, se débat dans l'eau vive
Si sauvagement rejeté, Nager vers l'autre rive Parvenir de l'autre côté, Et vivre vaille que vive
Apprendre à coups de crosses, Et de cheveux tondus Vois les plaies qui scintillent, Aux torses des vaincus
Mais si la cause est belle, Peu importe le but
Dans la fraîcheur exquise,
De ce nouveau Printemps, L'embarcation dérive Si sauvagement rejetée, De l'une, à l'autre rive Parvenir de l'autre côté, Ailleurs, enfin revivre
Apprendre à coups de crosses, Et de cheveux tondus Vois les larmes scintillent, Aux paupières vaincues
Mais si la cause est belle, Peu importe le but
Cette chanson, 3e piste de l'album les chansons de l'innocence retrouvée me plait avant tout pour sa musique. On dirait que Daho a voulu composer une musique de film. Il y a du Philippe Sarde là-dedans, c'est indéniable. Du Sarde, version pop. La dimension cinématographique de cette musique est une évidence...et doit ouvrir des pistes quant à la compréhension du texte.
A première vue, pris au premier degré, je vois des gens, (des frangins par exemple) tenter de traverser une rivière ou un lac.La partie ne semble pas facile, l'embarcation dérive, on prend des coups de crosses. Il semble qu'il soit compliqué de parvenir de l'autre côté pour vivre un nouveau printemps, c'est à dire une nouvelle vie.
Je ne peux que penser aux migrants de Lampedusa ou d'ailleurs. D'ailleurs, si je me dis que c'est un texte sur les migrants, tout colle dans le texte. Un texte engagé donc, rare chez Daho. Certains échouent, voyez les plaies qui scintillent aux torses des vaincus, ces vaincus qui pleurent ne ne pas avoir pu rejoindre l'Eldorado. Mais si la cause est belle (fuir la guerre et la misère), peu importe le but...l'Europe, ce n'est pas le paradis mais ce n'est pas la Libye.
Je ne vois que ça et d'un côté, je ne suis pas surpris qu'Etienne soit sensible à ce thème lui qui est natif d'Algérie et en même temps, ça ne colle pas avec le titre de l'album. Ce texte est très dur. On tue des hommes qui veulent rejoindre la liberté.
Certains auront la chance de connaître ce nouveau printemps (relatif quand on sait comment on parque les migrants en Europe mais au mieux ils sont en sécurité), d'autres auront essayé et réessaieront et les plus malheureux y laisseront leurs vies. Je ne serais pas surpris que Daho ait lu Eldorado de Laurent Gaudé. Certains passages du roman me font penser exactement à des séquences de ce texte.
Donc, évidemment, avec un texte d'une telle gravité, serait-ce mal venu de dire que la musique et les arrangements sont superbes ? On peut considérer que c'est un hommage à tous ceux qui ont laissé leurs vies et leurs illusions de l'autre côté de la rive. Ils méritent bien une belle chanson. Et Daho, qui s'engage, c'est quand même une nouveauté.
J’ai des périodes où je n’écoute plus Daho et puis d’autres où je n’écoute que lui. Et il se trouve qu’en ce moment, j’écoute et réécoute son dernier album (sorti en 2013 ) : les chansons de l’innocence retrouvée. On est tous d’accord sur une chose : le titre est mal trouvé. Trop long, pas assez accrocheur (déformation de journaliste Ouest-France, euh pardon de “simple correspondant local -) donc le titre est mal trouvé. L’innocence retrouvée aurait suffi (mais parfois le vide suffit...en tout cas il vaut mieux que la torture). La couverture est provocante et surprend venant de Daho, qui s’il s’affirme comme libertin, est toujours assez pudique dans ses albums et les médias. En surface est le seul tube sorti de cet album et comme par hasard c'est la seule chanson pas écrite par Daho (auteur : Dominique A).
Les chansons maintenant. Dans cet album, Daho fait du Daho, c’est à dire de l’auto-psychanalyse. Il le fait depuis cinq ou six albums. C’est assumé sans doute, il a ce besoin de se comprendre et de chercher à analyser les rapports conflictuels dans le couple. Car c’est un fait que depuis corps et armes (son meilleur album qui date de 2000), s’il sait écrire le bonheur de narrer la rencontre (titre l’ouverture...sublime), de chanter l’amour fou, l’essentiel de son propos tourne autour de la difficulté de vivre pleinement l’amour au quotidien. Des dizaines de chansons sont consacrées à ce thème. Ce n’est pas un reproche, c’est un constat (au fait, vous avez remarqué, la plupart du temps quand quelqu’un vous dit “c’est pas un reproche, c’est un constat” et bien, en fait, c’est un reproche. Hors-sujet, passons).
Je vais ce soir m’en tenir à un titre : le malentendu qu’on trouve dans les chansons de l’innocence retrouvée.
Ce qu’il y a de bien avec Daho, c’est qu’on n’a pas besoin de se prendre la tête comme avec une chanson de Julien Doré ou de Alain Bashung (c'est pas un reproche, c'est un constat -). Le texte semble simple et il l'est globalement. Tout est dans le titre. Un couple vit une crise car il n'existe que sur un malentendu et le narrateur décide d’en finir en s’adressant à sa campagne ou son compagnon (avec Daho, on ne sait pas trop mais qu’importe ).
Combien de couples vivent sur un malentendu (voire même pire sur une incompatibilité d’humeur) et s’en contentent car ils considèrent que l’apparence sociale et le confort matériel priment sur l'amour ? Je précise que je ne m’identifie pas à ce texte. Dans tous les couples, subviennent des malentendus mais celui évoqué par Etienne dans ce texte (qui n’est pas exempt de tous reproches notamment quant au choix de certains mots qui font hiatus) est un malentendu fondamental.
Alors, un soir, il décide d’arrêter la comédie : traîner sur le port ce soir, je dormirai dehors, jouer la comédie, je n’y arrive plus.
Quand je dis que des phrases sont mal choisies, je citerais celle-là : c’est dans les mauvais lits que naissent les mensonges. Elle veut tout et rien dire. Faut-il croire que ce ce couple a débuté sur une histoire de cul (les mauvais lits), c’est à dire de façon superficielle et que donc, le tout est parti d’un mensonge, le mensonge d’une osmose sexuelle d’un soir ou alors je me trompe totalement et la phrase ne veut rien dire ?
Mais Daho est capable du meilleur comme du pire et autant cette strophe est belle, autant elle me questionne (comme quoi en fouillant comme je le disais tout à l'heure, ce texte n’est peut-être pas si simple qu’il en a l’air).
Je voyais, dans tes yeux
La présence du bon dieu
Des vols d’oiseaux sauvages
Explosés en plein vol
Il voit dans les yeux de la personne qu’il n’aime pas la présence du bon dieu. S’il avait dit diable, j’aurais compris mais le bon dieu, pour un croyant comme un pour un athée, le bon dieu n’est pas un reproche. Si ce soir, je dis à Prisca que je vois dans ses yeux la présence du bon dieu, elle va d’abord me prendre pour un fou car elle sait que je ne crois pas en dieu et puis ensuite, elle va presque prendre ça comme un compliment.
Tu veux rien entendre
Mais notre grande histoire
N’est qu’un malentendu
Lui seul veut en finir avec cette comédie, l’autre ne veut rien entendre et veut poursuivre le malentendu. Voilà qui est clair. En même temps, quand tu vis avec Daho, même si c'est sur un malentendu, t'as peut-être envie que ça dure !
Et cela se termine par
Mais notre grande histoire
Oui, notre grande histoire
Née d’un malentendu.
Etienne insiste sur le fait qu’il s’agit quand même d’une grande histoire. Grande histoire, ne veut pas dire “belle histoire”. Quand tu vis, genre dix ans avec une même personne, même si c’est parti d’un malentendu, il s’agit quand même d’une grande histoire, parce que déjà elle a duré dans le temps et ensuite parce qu’il y a forcément eu des moments de bonheur et de complicité. Vivre sur un malentendu ne signifie pas que le malentendu remplit tous les instants de la vie.
Pour finir, je vais parler de la musique...car elle est plus belle que le texte. C’est de la pop symphonique et en la matière, Daho est le meilleur. La façon dont les cordes montent en puissance donne des frissons et le tout finit par un déchaînement basses-claviers-batteries mélodiquement agressif pour bien symboliser la destruction de ce couple.
Je ne crois pas que Daho l’ait chantée en tournée ( que je n'ai pas honoré de ma présence) donc, je pense qu’elle mérite qu’on a parle, même sur un modeste blog. J'ai écouté cette chanson toute la journée pour le plaisir de l'entendre, ces cordes, la voix veloutée de Daho etc et puis en pensant à la note que je pourrais en faire. Je ne demande aucun compliment, je ne suis pas au collège, ni ici (sur ce blog) ni ailleurs. D'ailleurs, ce n'est pas à moi de juger si ce que j'écris mérite un compliment, en tout cas, si c'est le cas, je m'en passe. J'ai 44 ans et je sais mes forces et mes faiblesses. Daho pourrait écrire des centaines de chansons sur ce thème !
A 17 ans, Rimbaud pensait qu'on pouvait changer le monde par la poésie :
Il s'agit d'arriver à l'inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète. Ce n'est pas du tout ma faute. C'est faux de dire : Je pense : on devrait dire : On me pense. − Pardon du jeu de mots. − Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu'ils ignorent tout à fait !
Moi, à 20 ans, je pensais que la techno allait changer le monde. Je ne le pense plus, je vous rassure mais j'écoute toujours autant ce qu'on appelle plus communément aujourd'hui de l'électro. Et il se trouve que les compositeurs français font partie des meilleurs du monde et que parmi eux, il y a Rone, un type qui ressemble à un étudiant et en tout cas pas à l'idée qu'on se fait d'un dj. Rone, de son vrai nom Erwan Castex est intelligent et curieux de tout (il vient d'ailleurs de faire un concert à la Philharmonie de Paris). Et hier soir, me laissant guider par le flow de deezer, je suis tombé sur un titre du bonhomme. Ce morceau s'appelle Vood(oo). J'étais allongé et je me serais mis à danser sur le lit s'il n'y avait pas un risque que je casse une autre latte et alors j'ai voulu faire part de cette découverte à un ami des Côtes du Nord et pour une fois je ne voulais pas dire que c'était une "tuerie". Alors, j'ai cherché ce qu'il y avait comme synonyme à "tuerie" et je n'ai rien trouvé de probant. Le moins pire était "boucherie"....alors l'ami en question m'a répondu (il y a encore des gens qui répondent aux textos dans les 5 minutes...si si), qu'il n'avait pas encore "dégusté ce morceau de viande". Et j'ai été pris d'un fou rire dont j'ai fait part à ma femme quand elle est venue me rejoindre et que j'écoutais toujours Vood(oo) en boucle.
Je l'ai écouté en voiture dans la journée et ce soir pendant que je cassais de la vaisselle, Chloé est passée par là et m'a dit que c'était pas mal. Rare qu'il y ait connivence entre elle et moi sur les questions musicales. Je me suis donc dit que ce morceau de viande n'était pas anodin...d'autant que passant dans le coin aussi (je n'ai pas le monopole de la cuisine), Prisca m'a demandé ce que c'était et je lui ai rappelé l'anecdote de la veille. Quand Prisca me demande le nom d'un titre que j'écoute, c'est qu'elle n'y est pas indifférente, d'autant plus étonnant que ce morceau de viande (de sanglier ou de lièvre, en tout cas, une viande bien dure) est bien underground, limite agressif et en tout cas n'a rien pour plaire à quelqu'un qui est hermétique à l'électro. Ayant fini de casser la vaisselle, je me suis mis à danser comme Saint Guy et, effrayée, elle est partie.
Donc Vood(oo) que vous le vouliez ou non possède quelque chose de particulier, il dégage une énergie positive et oui, effectivement Olivier, tu ne le savais pas encore mais il se déguste comme une bonne entrecôte ( quand même pas du gibier, n'exagérons pas).
Je signale par ailleurs que Rone a travaillé avec Daho (remix raté de en surface par exemple), que je l'ai vu à Rennes aux Transmusicales où il m'a un peu déçu. Il n'a pas peur de porter des jeans informes, comme ceux qu'on trouve dans les coopératives agricoles à 20 balles pièce (il doit s'approvisionner dans le même magasin que Biolay).
Ça ne veut pas rien dire. − RÉPONDEZ-MOI : chez M. Deverrière, pour LLT.
J’allais intituler cette note en attendant Doré mais je me suis ravisé, ça aurait rabaissé Vincent Delerm. Bien sûr qu’on attend avec impatience la livraison finale du nouvel album de Doré (mais je pense que les quatre titres qu’il a déjà sortis sont les meilleurs) mais le nouvel opus de Vincent Delerm ne mérite pas cette soumission.
Je n’ai lu aucun papier concernant à présent (genre dans Télérama, Libé ou la Gazette du Centre Morbihan) par peur d’être influencé. J’ai juste lu un gros titre je ne sais plus où sur l’air du temps que Vincent Delerm semble avoir capté et je suis obligé de reprendre cette expression tant elle colle bien à cet album aussi prévisible venant de Delerm que déroutant.
Prévisible parce que ce chanteur a, depuis le virage des piqûres d’araignée, trouvé un filon et creusé un sillon qui peut toucher certains et laisser d’autres de marbre. Je fais partie des premiers. Grand fan du cinéaste Claude Sautet, je ne peux m’empêcher de retrouver dans les chansons de Delerm une façon de raconter son époque avec une sensibilité à fleur de peau qu’on retrouve chez le réalisateur. Et comme on gagne en sagesse avec l’âge (sauf moi), et que Delerm touche d’abord le public de sa génération, chaque nouvel album semble plus abouti et surtout parle encore plus au public en question, c’est à dire aujourd’hui aux jeunes quadras (dont je suis encore -).
Déroutant, parce que pour enrober ses textes (qui ne sont pas travaillés façon Doré, Delerm préfèrant le style “parlé’, procédé qui peut donner du fil à retordre parfois, je sais de quoi je parle), il s’est entouré d’un orchestre symphonique où se succèdent cordes et cuivres et autres instruments. On notera également que le piano est mis en avant à tel point qu’on en perçoit toute la mécanique.
Venons-en aux chansons. L’album compte 11 titres dont l’un un été, situé au milieu de l’album est une délicieuse symphonie comme pour reposer l’auditeur et le faire réfléchir sur ce qu’il a déjà écouté et le préparer à la suite.
L’album parle d’amour, du couple (plus que jamais enclin à la monotonie lorsqu’on dépasse 40 ans - voir titre danser sur la table sur lequel je reviendrai-), du charme féminin (je ne veux pas mourir ce soir en écho à l'actualité), du bonheur présent (à présent), de la promesse de l’avenir (la vie devant soi), la nostalgie de l’enfance (le garçon, magnifique autobiographie)...
Vincent Delerm maîtrise parfaitement l’art de la variété française et comme il sait que sa voix est un peu plaintive, des chœurs féminins l’accompagnent pour équilibrer le tout afin de donner sur le fond comme sur la forme à cet album une note plus optimiste qu’il n’y paraît.
Cet album me touche profondément parce qu’il montre que l’homme même filant vers le quart de siècle est plein de failles, de doutes, empreint de nostalgie (et empreint d'emprunts), autant de raisons pour lesquelles il faut profiter du présent...
Nous sommes les yeux, les larmes, en retrouvant trente ans après sur notre enfant les mêmes alarmes pour les choses qui nous alarmaient. Nous sommes la vie ce soir, nous sommes la vie à cet instant et je te suis sur le trottoir et je te regarde à présent...à présent. (titreà présent)
Ma préférée est danser sur la table mais j’y reviendrai ; elle vaut une note à elle toute seule, voire une thèse.
J’ai relu plusieurs fois le texte de cette chanson (qui est une reprise d'un titre écrit par un certain Arthur Baker en 1989 et qui n'apparaissait sur aucun album d'Etienne). La version de 1989 n’est pas désagréable mais le lifting opéré par Daho en 2015 est remarquable. Plus que le texte que j’évoquerai succinctement après, il faut s’arrêter sur les arrangements, le clip et tout l’esthétisme qui entoure cette nouvelle version. Il n’y a pas un temps mort, les musiciens s’éclatent autant que Daho et que dire de ce jeu de lumière qui subrepticement met en valeur les contours du visage et du corps du chanteur habillé de noir. Je ne vois pas ce qu’on peut reprocher à ce morceau de pop emballant...d’être trop parfait peut-être. J’espère qu’Etienne le jouera en live en vrai (parce que petit bémol, je doute que le clip ait été enregistré dans les conditions du direct, mais c'est le prix de la perfection).
Le texte ne prête à aucune confusion et c’est assez amusant qu’Etienne ressorte ce morceau après le succès de en surface où, sous la plume de Dominique A, il feint de regretter ses plus jeunes années, la vie nocturne, les brumes de l'alcool, le paraître...or c’est justement cet univers qui est décrit sans amertume dans Paris sens interdits. Le titre dit tout. D'ailleurs, en surface bien qu'il soit magnifique est un peu le hiatus (assumé) dans l'album de l'innocence retrouvée !
Brève étude de quelques bribes du texte Paris sens interdits
Si tu oublies un jour tes peines, sombres motels, moi languis, entre Bakerstreet et le pont des Soupirs....
Tous les sites (foireux) qui proposent les lyrics parlent de Pokerstreet mais c’est bien de Bakerstreet qu’il s’agit. Il faut admettre que Etienne le prononce assez mal mais Pokerstreet n’existe pas alors que Bakerstreet est une rue de Londres et le pont des soupirs, qui ne connaît pas ? Bien, le personnage s’ennuie dans ces endroits trop propres et trop pittoresques et préfère prendre des sens interdits à Paris. S'il n'y avait pas eu la tentation du jeu de mots, le morceau aurait pu tout aussi bien s'appeler Paris sans interdits.
Comme toi lassé, j’espère trouver un monde où me perdre, où de risibles amours éclairent mes zones d’ombre et ces revers, que j’en oublie un jour mes chaînes...d’autres hôtels où s’évanouir, si tu crois au pire en un mot sans mobile...etc etc
Je peux me tromper (et j'en suis sûr même -) que les risibles amours font référence au recueil de l’écrivain Milan Kundera dans lequel, si ma mémoire est bonne, il évoque la légèreté et les amours d’un soir. J’aimerais vraiment que le risibles amours de la chanson soit un clin d’oeil à Kundera qui est un écrivain que j’adore.
Le texte est approximatif et boiteux, les références un peu bancales (un peu comme Paris le Flore et ses lieux communs) mais dans les années 80, on ne faisait pas dans la littérature ! Qu’importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ! Mais le texte est avant tout un faire-valoir. La musique et le clip avant toute chose !
Pour finir, je rappelle que cette nouvelle version fait partie des deux inédits présents sur le best-of l'homme qui marche sorti fin 2015 (à noter que sur deezer, seul ce titre n'est pas disponible...et j'ai remarqué aussi que contrairement à la version de 1989, Paris sens interdits est désormais au pluriel. Il doit y avoir une histoire de droit d'auteur).
Ne trouvant plus le sommeil et attiré par les lueurs matinales, je me suis levé de bonne heure et j'ai enfin lu le livre-bd écrit par Alfred (dessin) et David Chauvel (plume) qui raconte l'histoire de la création du dernier album de Daho (les chansons de l'innocence retrouvée, sorti en 2013). Avant toute chose, je dois avouer que ce n'est pas mon album préféré d'Etienne, en tout cas, je ne le mets pas dans le top 3 (je leur préfère Corps et armes - inégalable ; Eden - sensuel et électronique et l'invitation - qui n'a pas fait beaucoup de bruits mais qui contient quelques pépites).
Donc, on apprend beaucoup de choses dans ce livre, la rigueur d'Etienne, son obsession de la perfection, ses influences, l'aura qu'il dégage autour de lui, sa sensibilité et son côté libertin. Daho est une personnage complexe qui indiffère beaucoup de gens autant qu'il en fascine d'autres. Je fais partie de ces derniers. J'aime ce chanteur réservé, qui n'aime pas les plateaux télé, j'aime sa musique (et c'est bien l'essentiel), son sex-appeal et son souci du beau (que ce soit sur sa personne, sur ses jaquettes et ses concerts). Je suis allé le voir deux fois en concert à Rennes et n'en déplaisent à certains, c'est une bête de scène. La scène le transforme, c'est en chantant devant son public qu'il est le plus heureux.
Mais revenons à la BD. Je ne vais pas revenir sur ce qu'elle contient mais juste faire part d'un soupçon d'incohérence que j'ai relevé. C'est mon côté fouille merde (ou plutôt pointilleux).
Donc, je résume: en avril 2011, Etienne appelle Jean-louis pour lui demander s'il veut travailler avec lui sur son nouvel album. Et Jean-Louis Piérot évoque deux titres sur lesquels ils ont bossé ensemble : le fameux ouverture (sorti en 2000) et l'exquis l'adorer qui figure sur l'album l'invitation sorti en 2007. Or Jean-Louis Piérot poursuit : nous n'avons pas retravaillé depuis l'album 'corps et armes' en 2000. On se croisait parfois depuis cette dernière collaboration, mais sans évoquer le fait de retravailler ensemble un jour. Alors, je ne comprends pas qu'il dise avoir co-écrit l'adorer et en même temps ne pas avoir travaillé avec Etienne depuis 2000..Et je doute qu'il y ait une erreur car Daho a dû lire et relire le livre avant de valider le tout ; il n'aurait pas laissé passer une telle incohérence. La seule possibilité que je vois est que l'adorer a été écrite en 2000 mais n'a été sortie qu'en 2007. Auquel cas je m'amuse juste à enfoncer des portes ouvertes. Mais je ne comprends pas pourquoi il n'aurait pas retenu ce titre en 2000 ou en 2003 sur réévolution.
Etienne, si tu me lis, peux-tu m'éclairer ::) ?
Alors, encore une petite planche pour vous montrer la qualité du graphisme (à ceci près que je ne trouve pas la silhouette du chanteur très réussie) :
Pour en finir avec ED, j'écoute beaucoup en ce moment son dernier titre Paris sens interdits (qu'il avait déjà sorti il y a longtemps sous une autre forme). C'est un morceau résolument pop et puis cerise sur le gâteau, le clip officiel est un chef d'oeuvre d'esthétisme. Tout est bien pensé, le jeu de lumière, le travail sur la voix de Daho etc etc. A voir autant qu'à écouter !
Ce soir, j'ai la flemme d'écrire. Je vais juste balancer une autre vidéo que j'ai prise lors du concert de Dominique A à Lorient. C'était bien. Et les paroles avec, les vraies, pas les ersatz de paroles qu'on trouve sur le net. Ce sont celles qu'il y a sur le livret (il y a juste un putain d'espace que je n'arrive pas à enlever après les signaux de fumée....BlogSpirit est agaçant parfois.
Je ne t'apporterai que des nouvelles vagues Comme d'un autre pays, d'une autre saison Sans que tu le demandes, j'annulerai certains noms Comme on vide le poison contenu dans la dague Et tu pourras bientôt sortir de la maison
Pas un jour l'amour ne t'a pas relancée Pas un jour où tu n'as lutté contre le sort Qu'un amour de malheur, malheur t'avait jeté Il t'envoyait encore des signaux de fumée
Je ne t'apporterai que des nouvelles vagues Des histoires envahies de points de suspension La bouche délestée du poids de certains noms Qui sont comme l'acide jeté sur un visage Et tu pourras enfin sortir de la maison
Pas un jour mon amour Où je ne t'ai cachée T'ai mise hors de portée De qui ciblait ton coeur J'étais le paravent des signaux de fumée
J'étais la sentinelle face au champ des frayeurs
Je ne t'apporterai que des nouvelles vagues Comme d'un autre pays d'une autre saison Sans que tu le demandes j'annulerai certains noms Comme on vide le poison contenu dans la dague