C'est par cette pluvieuse journée d'automne que je viens de terminer le monde de Sophie, une sorte de roman initiatique écrit par un philosophe norvégien. J'ai toujours eu tellement de mal avec la matière philosophique qu'à chaque fois qu'on m'en parle avec des mots simples, je suis preneur. Il y a un an, j'avais acheté et parcouru 'apprendre à vivre' de Luc Ferry dans la même optique.
Parlons brièvement du récit romanesque. Une fille de 15 ans, qui mène une vie normale dans une ville norvégienne banale se met du jour au lendemain à recevoir des cours de philosophie, par courrier d'abord, puis par un chien ensuite. Elle finit par rencontrer le philosophe, Alberto qui continue à lui faire découvrir en face à face l"histoire de la philosophie. Petit à petit, l'histoire devient fantastique et tout ça est assez ennuyeux. Au bout du compte, on apprendra qu'Alberto et Sophie n'ont pas vraiment d'existence réelle mais sont les personnages d'un roman écrit par un type de l'Onu, en poste au Liban qui écrit des lettres à sa fille. ça n'a pas beaucoup d'intérêt et on se demande où veut en venir l'auteur.
Pour parler du reste, je vais m'extirper un peu du livre. Après tout, un cours philosophique est fait pour faire réfléchir. Je peux dire juste que toute la partie proprement philosophique est très agréable à lire.
La philosophie se donne deux buts dans la vie :
- essayer de comprendre le monde. d'où venons-nous ? où allons-nous ? qu'est-ce que la vie ? quelle est la place de l'être humain dans l'univers. Sommes-nous seuls ? pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
- la quête de la sagesse ou apprendre à vivre au quotidien, en société, en harmonie avec son corps et avec les autres.
Les théories philosophiques sont aussi variées que les écoles philosophiques. On peut dire en schématisant que l"histoire de la philosophie commence sous l'Antiquité, en Grèce essentiellement avec des hommes comme Socrate, Platon ou Aristote. Chacun essaie de s'extirper des croyances en cours, des dieux etc pour chercher une réponse rationnelle à l'énigme du monde. Suite à quoi, le christianisme remet les pendules à l'heure pour 1500ans ( de Jésus donc à l'aube de la renaissance). Tous les philosophes du Moyen-âge, de la renaissance et du siècle des lumières sont marqué par la religion et les derniers s'en extirpent en prenant comme référence les penseurs de l'antiquité. Depuis les siècles des lumières jusqu'aux temps contemporains, les dogmes de l'église plient petit à petit sous les coups des philosophes matérialistes, du progrès des sciences et du darwinisme. J'abrège.
Malgré tout, tout vérité philosophique semble nous échapper. Les philosophes, qui ne sont pas des gens idiots ou de mauvaise foi arrivent à des conclusions contraires. Aussi bien, certains en arrivent à affirmer que le monde n'est que matière (tout est divisible en atomes, même la conscience), aussi bien d'autres, comme Berkeley nient l'existence du monde matériel. Conclusion de Kant : on ne peut pas expliquer le monde (mais ce n'est pas grave lui aurait répondu Sartre car l'existence précède l'essence). Kant fait observer que s'agissant des problèmes fondamentaux, la raison produira toujours deux thèses tout aussi probables ou improbables qui s'affrontent (ex : on peut tout aussi bien affirmer que le monde a commencé un jour ou que le monde a toujours existé).
A défaut de pouvoir expliquer le monde, on peut considérer son évolution et le sens dans lequel il va. Hegel affirme que l'histoire témoigne que l'humanité évolue dans le sens d'une plus grande rationalité, et d'une plus grande liberté, que malgré tous ses méandres, le processus historique va vers l'avant. Dans le même ordre d'idée, la raison est progressive, c'est à dire que la connaissance de l'être humain est en perpétuel développement et ne fait aussi que d'aller de l'avant. Kierkegaard pense quant à lui que la vérité est 'subjective' ce qui dans son esprit ne revient pas à dire que toutes les opinions se valent mais que les vérités vraiment importantes sont personnelles. Il considérait aussi qu'il y avait 3 attitudes possibles face à l'existence :
- le stade esthétique où l'homme profite de la vie sans se donner de freins moraux ;
- le stade éthique où l'on tente de vivre selon des critère moraux ;
- le stade religieux où l'ont ne vit que pour et par dieu, quel qu'il soit.
J'aurais tendance à dire qu'en général, on vit à cheval entre le premier et le second stade.
Petit reproche à J. Gaarder : pourquoi réserver tout un chapitre à Karl Marx alors que les faits ont montré qu'il s'était pitoyablement trompé et ne réserver que quelques lignes à Nietzsche dont la philosophie était ambitieuse, même si parfois extrême ?
conclusion personnelle : on ne peut pas dire que les grandes questions philosophiques taraudent nos quotidiens. Tout juste, parfois, en prenant l'apéro avec des amis, se dit-on 'quand même tout ça, c'est fou, l'immensité de l'univers, la vie, etc' mais ça s'arrête là et l'on reprend le cours de nos vies. Il en a toujours été ainsi. Seuls quelques rares hommes ou femmes ont l'envie et la capacité de le faire et ce sont ces rares gens qui ont fait l'histoire de la philosophie et donc le progrès (puisqu'il ne peut pas y avoir de progrès technique sans pensées philosophiques). Personnellement, je ne crois pas en dieu, en ce dieu chrétien dont Jésus aurait été l'émissaire. Je n'y crois pas. Ce serait trop beau..Je ne me suis donné aucune réponse aux grandes questions sur l'origine de l'univers et de la vie. Mais il y a quelques points où j'ai des certitudes : le surnaturel n'existe pas, le paranormal non plus et il ne s'est jamais rien passé sur Terre qui ne peut être expliqué rationnellement. Depuis que le monde est monde, tout ce qui s'y est produit est soumis aux lois de la nature et de la physique. C'est juste mon avis.
Bon dimanche.