J’ai relu plusieurs fois le texte de cette chanson (qui est une reprise d'un titre écrit par un certain Arthur Baker en 1989 et qui n'apparaissait sur aucun album d'Etienne). La version de 1989 n’est pas désagréable mais le lifting opéré par Daho en 2015 est remarquable. Plus que le texte que j’évoquerai succinctement après, il faut s’arrêter sur les arrangements, le clip et tout l’esthétisme qui entoure cette nouvelle version. Il n’y a pas un temps mort, les musiciens s’éclatent autant que Daho et que dire de ce jeu de lumière qui subrepticement met en valeur les contours du visage et du corps du chanteur habillé de noir. Je ne vois pas ce qu’on peut reprocher à ce morceau de pop emballant...d’être trop parfait peut-être. J’espère qu’Etienne le jouera en live en vrai (parce que petit bémol, je doute que le clip ait été enregistré dans les conditions du direct, mais c'est le prix de la perfection).
Le texte ne prête à aucune confusion et c’est assez amusant qu’Etienne ressorte ce morceau après le succès de en surface où, sous la plume de Dominique A, il feint de regretter ses plus jeunes années, la vie nocturne, les brumes de l'alcool, le paraître...or c’est justement cet univers qui est décrit sans amertume dans Paris sens interdits. Le titre dit tout. D'ailleurs, en surface bien qu'il soit magnifique est un peu le hiatus (assumé) dans l'album de l'innocence retrouvée !
Brève étude de quelques bribes du texte Paris sens interdits
Si tu oublies un jour tes peines, sombres motels, moi languis, entre Bakerstreet et le pont des Soupirs....
Tous les sites (foireux) qui proposent les lyrics parlent de Pokerstreet mais c’est bien de Bakerstreet qu’il s’agit. Il faut admettre que Etienne le prononce assez mal mais Pokerstreet n’existe pas alors que Bakerstreet est une rue de Londres et le pont des soupirs, qui ne connaît pas ? Bien, le personnage s’ennuie dans ces endroits trop propres et trop pittoresques et préfère prendre des sens interdits à Paris. S'il n'y avait pas eu la tentation du jeu de mots, le morceau aurait pu tout aussi bien s'appeler Paris sans interdits.
Comme toi lassé, j’espère trouver un monde où me perdre, où de risibles amours éclairent mes zones d’ombre et ces revers, que j’en oublie un jour mes chaînes...d’autres hôtels où s’évanouir, si tu crois au pire en un mot sans mobile...etc etc
Je peux me tromper (et j'en suis sûr même -) que les risibles amours font référence au recueil de l’écrivain Milan Kundera dans lequel, si ma mémoire est bonne, il évoque la légèreté et les amours d’un soir. J’aimerais vraiment que le risibles amours de la chanson soit un clin d’oeil à Kundera qui est un écrivain que j’adore.
Le texte est approximatif et boiteux, les références un peu bancales (un peu comme Paris le Flore et ses lieux communs) mais dans les années 80, on ne faisait pas dans la littérature ! Qu’importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse ! Mais le texte est avant tout un faire-valoir. La musique et le clip avant toute chose !
Pour finir, je rappelle que cette nouvelle version fait partie des deux inédits présents sur le best-of l'homme qui marche sorti fin 2015 (à noter que sur deezer, seul ce titre n'est pas disponible...et j'ai remarqué aussi que contrairement à la version de 1989, Paris sens interdits est désormais au pluriel. Il doit y avoir une histoire de droit d'auteur).
Loïc LT (qui aime bien les sens interdits aussi).