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Colin sabre et tam-tam - Page 16

  • recensement des cabines # 39 Pluvigner (Morbihan 56)

    Pluvigner est un "gros" bourg qui se situe à 5 kilomètres au sud de Camors et pourtant je ne l'avais pas encore recensé alors que je savais pertinemment qu'il possédait au moins une cabine et que celle-ci comme toutes les autres était en sursis. Alors pourquoi ai-je mis tant de temps avant de faire ce reportage ? Il y a plusieurs raisons, la première étant que je n'ai jamais été attiré par ce bourg, que je n'aime la sonorité de son nom et puis qu'il était tellement prêt que je me disais "je trouverais bien 10 minutes un de ces quatre pour faire le travail". Le temps a passé, les cabines ont commencé à disparaître et j'ai commencé à être inquiet. Je m'y suis donc rendu le samedi 23 janvier avec la crainte que la cabine près des Postes et Télégraphes ait déjà été expulsée. 

    Mais j'ai été vite rassuré. Quelconque, sans âme, dans un endroit où l'on n'installerait pas sa table de pique-nique, l'édicule se tenait non pas fièrement, mais fébrilement. J'ai appris à percevoir la sensibilité des cabines et celle-ci comme beaucoup d'autres vit dans la crainte de voit arriver deux ou trois démanteleurs bien outillés pour l'extirper sans état d'âme de l'endroit où elle vivait depuis tant d'années. Les hommes sont durs avec la matière et pourtant De nerval écrivait :

    Respecte dans la bête un esprit agissant : ...
    Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
    Un mystère d'amour dans le métal repose :
    "Tout est sensible ! " - Et tout sur ton être est puissant !

    Mais arrêtons-là les litanies et venons au fait. Voici l'objet. Il se situe près des PTT donc, rue du docteur Laennec. La cabine est accessible aux handicapés et son numéro d'appel est le 02 97 24 97 68. Elle ne fonctionne pas et n'est pas non plus entretenue comme devrait l'être tout élément du patrimoine. 

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    J'ai profité du passage d'une adolescente emmitouflée et toute timide et qui ne devait même pas savoir à quoi servait ce rectangle métallique pour me faire prendre en photo. Je lui ai demandé où elle habitait et elle m'a répondu 'Central otago'. (?) Je l'ai remerciée et elle est partie. 

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    Ensuite, comme à mon habitude, j'ai fait mon petit tour dans la localité qui compte quand même 7000 potentiels usagers de ladite cabine. Le centre ville est assez vivant, un peu à l'image de Baud (mais Baud ne dispose plus de cabine) avec pas mal de commerces, de restaurants, crêperies, pizzérias etc. Le clocher de l'église indiquait 15:05, le temps était gris mais pas pluvieux. C'était un temps à écouter le dernier album de William Scheller le casque aux oreilles. 

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    Pluvigner est un bourg où l'on peut vivre sa vie de consommateur sans aller voir ailleurs. En périphérie, il y a un SuperU, un Lidl et le centre-ville dispose de toutes les enseignes élémentaires. Le soir est assez vivant et je me souviens qu'il y a quelques semaines un ami m'invita à aller voir jouer son groupe de jazz au bar central, the place to be. 

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    Ce que j'aime à Pluvigner et souvent dans tous les bourgs bretons où les murs sont blancs, les portes basses et les commères jamais très loin, ce sont ces petites rues sans commerce, plus ou moins habitées qui ont un charme particulier. Ce sont des rues où il vaut mieux ne pas croiser un semi-remorque et un retraité promenant son caniche. 

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    Comme d'habitude, je n'ai pas l'intention d'être exhaustif. Sachez juste que le bourg dispose d'un patrimoine religieux qui vaut le détour d'un pèlerin (ainsi qu'un château imposant). C'est à tel point qu'une messe est dite tous les jours ce qui est rare en ces temps où l'on manque de dentistes. 

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    Voici le puits du village, situé sur la place du marché. J'en ai vu des plus beaux (totalement empierré à la place de la partie forgée)  et surprise, sur GoogleMap, on y voit un paysan y puiser de l'eau avec son tonneau. 

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    Alors que je m'apprêtais à quitter la bourgade, je me décide à pousser vers le sud où se situe une autre place et où la présence d'une seconde cabine n'était pas de l'ordre de l'impossible et j'ai bien fait, car comme de fait, au bord de la triste rue du Hirello, voici la chose dans laquelle on ne peut pas rentrer et dont la seule utilité est de servir de tuteur au poteau qui  la jouxte, poteau qui sert de support à un fil qui alimente en électricité une rue où il ne vaut mieux pas marcher sur une crotte de chien un jour de déprime :

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    De l'autre coté, il y a une place et en surplomb un maison néo-bretonne qui en impose mais qu'on a le droit d'aimer ou pas. J'ai déjà donné mon avis sur la question, je ne vais pas me répéter. 

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    Je lui préfère celle-là située en face de l'autre côté de la place sans nom :

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    Autre détail amusant : à quelques mètres de la cabine, je suis tombé sur une vieille enseigne fermée depuis le dernier succès de Julie Pietry et qui m'a rappelé bien des souvenirs. Il s'agit de Sermo et quand j'étais petit, les gérants de Sermot faisaient comme les fromagers Saint Môret : ils parcouraient la campagne avec leur vieux camion et n'avaient aucun mal à refourguer leurs fringues démodées à des gens qui n'avaient pas le temps d'aller faire les magasins le samedi. Combien de bluejeans et de sous-pulls ai-je porté achetés chez Sermo (mais pas forcément celui de Pluvigner) !

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    Pluvigner (56330), Morbihan, 7300 pluvignois,  maire : Gérard Pillet , reportage réalisé le 23 janvier 2016 en milieu d'après-midi. temps triste et suspendu au dessus du vide. 

    Loïc LT 

  • voyage en Eire (octobre 2015), registre des notes.

    . carnet d'un voyage en Eire # jour 1 ( vendredi 23 octobre 2015)

    . carnet d'un voyage en Eire # jour 2 ( samedi 24 octobre 2015)

    . carnet d'un voyage en Eire # jour 3 (dimanche 25 octobre 2015)

    . carnet d'un voyage en Eire # jour 4 (lundi 26 octobre 2015)

    . carnet d'un voyage en Eire # jour 4 suite

    . carnet d'un voyage en Eire # jour 5 (mardi 27 octobre 2015)

    . carnet d'un voyage en Eire # jour 5 suite

    . carnet d'un voyage en Eire # jour 6 (mercredi 28 octobre 2015)

    . carnet d'un voyage en Eire # jour 7 (jeudi 29 octobre 2015)

    . carnet d'un voyage en Eire # jour 7 suite

    . carnet d'un voyage en Eire # jour 8 (vendredi 30 octobre 2015)

    . carnet d'un voyage en Eire # jour 9 (samedi 31 octobre 2015)

  • recensement des cabines # 38 Saint-Nicolas, Languidic (Morbihan 56)

    Saint-Nicolas est un petit village qui se situe sur la commune de Languidic, la commune où j'ai grandi. J'habitais à 2 kms de ce village ( à Berloch )et je m'y rendais assez régulièrement pour diverses raisons. Il y avait le pardon déjà (il y a 14 chapelles à Languidic), et puis j'avais mon tonton Alphonse qui y habitait (mais je n'allais pas le voir très souvent). C'est un village pittoresque, tout en pierre et les habitants font beaucoup d'effort pour faire en sorte que l'endroit reste agréable. Je reproche juste qu'on ait laissé des toits en tôles remplacer des toits en ardoises. Pour se rendre à Saint-Nicolas, si vous venez de Rennes ou de Paris, il faut quitter la RN24 au niveau de sortie "gare de Baud". Au stop, vous prenez à droite, vous traversez le village de kergonan puis celui de Lann Menhir et un kilomètre après, il faut prendre à droite au niveau de l'abribus et là, vous empruntez une petite route sinueuse mais bitumée et au bout de 1.5 kms, vous arrivez sur zone. Si vous arrivez à Berloch, c'est que vous êtes allés trop loin. 

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    Le village a la particularité de disposer d'une cabine au milieu d'une route, un petite route qui mène vers la chapelle. Des habitants ont fait toutes les démarches pour qu'elle soit déplacée voire même expulsée mais les PTT n'ont jamais répondu. C'est finalement devenu une attraction, et puis les voitures peuvent soit prendre une autre route soit serrer à gauche ou à droite pour éviter l'édicule. 

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    Jadis, le village était essentiellement peuplé d'agriculteurs mais aujourd'hui, je ne suis pas certain qu'il reste une seule ferme. Je connais quelques uns des habitants dont une voisine de Berloch avec qui j'ai beaucoup joué étant gamin. Et puis j'en connais d'autres aussi mais moins. Je ne m'y arrête plus souvent par contre, je passe souvent devant lorsque je vais voir mon père à Berloch. Une fois, je me suis arrêté chez mon ancienne voisine qui, avec son mari,  a rénové une magnifique longère (que je n'ai pas pris en photo) mais je n'avais pas eu le temps de finir ma bière car il fallait que je trouve un poste d'essence. 

    Voici le centre du village. C'est l'endroit où on monte les tréteaux le jour du pardon. Après la cérémonie, les gens boivent de l'eau et mangent du far breton que des volontaires ont confectionnés pieusement. Perso, j'adore le far mais sans pruneaux. Tant que les gens n'auront pas compris ça, je ne pourrai rien pour eux. 

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    Le village bénéficie d'un climat tempéré et les bambous y sont très à l'aise. Il fait partie de la république française (et à ce titre est sous le coup de l'état d'urgence) et ses habitants doivent se rendre à Languidic pour remplir leur devoir civique.

    Je distingue du pseudosasa japonica et en pot taillés au cordeau (je ne fais pas ça, moi), il doit s'agir de fargesia mais j'y mettrais pas une cabine à détruire. 

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    J'aurais dû prendre plus de photos mais on avait des cuisses de grenouilles au four et il fallait qu'on rentre. On s'est juste arrêté 5 minutes. J'en ai quand même pris quelques unes mais en tout cas, vous imaginez qu'en été, l'endroit a plus fière allure. 

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    Cette maison détonne un peu à côté des chaumières du village. Je crois que le jardin est beau et a été primé plusieurs fois.

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    En 2007, nous étions allé faire un tour au pardon et je me souviens que mes deux filles avaient fait sonner la cloche. Saint-Nicolas est le patron des enfants et il doit être fier de là où il est, de voir ses protégés faire sonner ses cloches. Ensuite, elles avaient joué à cache-cache et certains enfants de dieu s'étaient évidemment planqués dans la cabine. 

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    La chapelle est entourée d'hortensias qui avaient déjà perdu leur couleur. C'était une belle journée et les catholiques venus nombreux discutaient encore de la problématique de la cabine. Certains étaient pour qu'elle reste à sa place et d'autres pour qu'elle soit déplacée. Les anti-cabines mettaient l'accent sur le fait qu'il n'y avait plus de téléphone à l'intérieur. Les pros affirmaient qu'elle était bien pratique pour se mettre à l'abri de la pluie en rentrant du lavoir et quand on avait encore un peu à marcher. Le curé y avait mis son grain de sel affirmant qu'il ne fallait pas détruire ce que le seigneur avait laissé faire. Une minorité réclamait même qu'une seconde cabine soit installée dans la partie est du village.

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    village de Saint-Nicolas, commune de Languidic (56440), Morbihan, nombre d'habitants inconnu,  , reportage réalisé le 31 janvier 2016. temps doux et maussade. humeur : blagueur 

    Loïc LT 

  • CR293 : Sara - Joyce Cary

    Avant toute chose, une petite vidéo de présentation de l'ouvrage (vaguement ironique) :


    compte rendu de lecture,irlande,littérature,littérature irlandaise,joyce cary,romanVoilà encore un auteur que je ne suis pas peu fier d'avoir déniché derrière les fagots bien secs qui sont au fond de la grange où plus personne n'a mis les pieds depuis pépé. Imaginez, cet auteur n'a pas de fiche wikipedia et quand on tape Joyce Cary Sara sur Google, il n'y a pour ainsi dire pas de réponses et pourtant comme je le stipule dans l'intéressante vidéo, la quatrième couverture écrite par un certain Jean-Claude Zylberstein (éditeur et donc pas forcément objectif) décrit Sara comme un chef-d'oeuvre. 

    Pour l'anecdote et pour ceux qui auraient eu la flemme de visionner la vidéo intéressante, j'ai dégoté ce bouquin dans la cité mondiale du livre, Bécherel que j'ai déjà évoquée ici et où je cherchais des bouquins d'auteurs irlandais. Je n'avais par contre pas demandé à ce que l'action se passe forcément en Irlande et heureusement, parce que le choix aurait été limité. 

    L'action de Sara se situe au pays de Galle au  début du XXe, c'est à dire vers la fin de l'époque victorienne. Sara, une campagnarde un peu rustre évoque la période où cuisinière dans une maison bourgeoise (employant une armada de domestiques) située près du village de Bradnall-Ville (qui n'existe pas en vrai), se fait draguer  par Matt, l'un des enfants de la maison, un type timide et pas beau mais juste et attentionné. Pas vraiment amoureuse, elle se marie et devient la patronne des lieux lorsque la mère décède. Ce sont les jours heureux. La maison de Woodview devient un lieu prisé où se succèdent les fêtes et les collations. Sara procrée et rencontre M.Hickson, un homme riche habitant Londres mais ayant une demeure dans le coin. Matt qui était excessivement timide prend de l'assurance et devient une pointure locale. A ce titre, il décide d'orner le pan de la nouvelle mairie d'une fresque murale et M.Hickson propose à un peintre inconnu M.Jimson de s'acquitter de la tâche. Il débarque donc avec sa femme Nina, on leur trouve une petite maison et il se met trop lentement à l'ouvrage.

    Sara, plein de préjugés moraux et religieux, comme on imagine l'Angleterre de cette époque-là ne peut s'empêcher de vouloir plus de libertés. Elle part en escapades en voiture avec Hickson ce qui provoque la jalousie de Matt. Les années passent (on saute vite plusieurs années dans le roman), Matt, malade, meurt et Sara accepte de vivre avec Jimson, le peintre maudit qui a également perdu sa femme. La fresque murale devient de l'histoire ancienne, le style trop contemporain du peintre déroutant tout le monde et le couple quitte la ville pour d'autres horizons. Mais Jimson qui continue à peindre cahin-caha (et même Sara nue) la largue pour une jeune et jolie fille et Sara redevenue simple cuisinière trouve un emploi dans un manoir habité par un type pervers ayant une mauvaise réputation. Sara qui ne peut s'empêcher de continuer à voir Jimson l'aide financièrement en volant des objets chez son nouveau maître. Préalablement, elle avait également fait des chèques en bois pour payer les dettes de Jimson, ce qui lui vaut finalement d'être traduite en justice et emprisonnée pour quelques mois. Elle l'annonce d'ailleurs dès le début du roman sans expliquer la raison et on croit à un méfait bien pire que ces quelques broutilles.

    Le personnage de Sara s'avère ambigue. Malgré des préjugés moraux et un attachement sans faille aux valeurs chrétiennes, une force (ou serait-ce une faiblesse, c'est chacun qui voit) la font faire des choix qui la dépassent et qui sont à l'opposé de son caractère. En même temps que femme soumise, elle apparaît aussi comme une femme libre (l'auteur Joyce Cary est reconnu comme un ardent féministe). La vie de Sara est donc une succession de choix peu réfléchis mais qui montrent une femme qui ne veut pas rester figée dans une vie monotone comme toute campagnarde qui se respecte. 

    Alors, ce monologue est-il un chef d'oeuvre ? Si c'était le cas, ça se saurait. En tout cas, ça se lit comme du lait ribot, les chapitres sont courts et on va donc donner une bonne note à un roman introuvable et oublié dans les limbes de la littérature irlandaise. 

    lecture en janvier 2016, sur papier, collection 10/18 .auteur : Joyce Cary (1888-1957). traductrice : Yvonne Davet. 316 pages. parution en 1941 (1954 en France). note : 4/5

    Loïc LT 

  • Ouest-France s'en mêle aussi.

    Dans l'édition de Ouest-France d'aujourd'hui, deux pages sont consacrées à la disparition des cabines. L'une est un article plutôt bien renseigné en page Bretagne/Morbihan écrit par Julie Schittly et l'autre est une carte dans la page Gourin et son pays qui renseigne le lecteur de ce qu'il reste de cabines dans le nord-ouest du Morbihan (mon secteur de prédilection) et leur avenir. En dehors du fait que cette carte va beaucoup m'aider pour la suite des reportages, je note quand même deux erreurs : contrairement à ce qui est écrit il reste une cabine à Guémené-sur-Scorff et à Lignol (à moins qu'elles aient été enlevées depuis mon fameux périple du 02 janvier 2016, ce qui est peu probable). Voici donc la carte :

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    Le temps presse donc. Il faut que je fasse au plus vite l'extrême nord-ouest, à savoir, Gourin, Roudouallec, Guiscriff, et puis plus à l'est, Langoëlan, Locmalo, Saint-Tugdual, Priziac. Le tout le même jour me semble difficile, ce serait bâclé et il n'y a pas de raison que toutes les cabines sont expulsées dans l'espace dès le début de l'année. Je risque quand même d'avoir des déceptions et d'ailleurs, dans l'avenir, le fait que ce sera plus compliqué d'en trouver rendra ce recensement insensé encore plus jubilatoire ! 

    Loïc LT

  • démantèlement des cabines # 2 Camors (Morbihan 56)

    En cette fin d'après-midi maussade et brumeuse, je rentre de Pluvigner, "gros" bourg situé à 5 kms de Camors mais où je n'avais encore pas faire de reportage-cabine (c'est chose faite et le compte-rendu est en cours de réflexion), et pour rentrer chez moi, il me faut traverser Camors (mon fief) et mécaniquement je tourne la tête vers l'endroit où se situent les cabines téléphoniques mitoyennes et je ne les vois pas mais comme je suis sur la route principale et que lesdites cabines se trouvent à 100 mètres de la route, je ne suis pas certain alors je tourne à droite et vais voir sur place. Comme de fait, CAMORS NE DISPOSE PLUS DE CABINE TELEPHONIQUE ! 

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    Avant :

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    L'expulsion dans l'espace est assez récente car j'ai vu les cabines il y a 15 jours. Toujours est-il que coïncidence ou pas, la disparition des cabines coïncide avec la mise en place d'une borne de recharche pour voitures électriques, située à 100 mètres de là. 

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    Il m'est d'avis que si les cabines n'étaient plus guère utilisées (ne fonctionnant pas déjà), cette borne ne connaîtra pas pour ces premiers mois d'existence plus de succès, pas une voiture électrique ne circulant à Camors. Seul Beauchamp possède une Zoé mais je ne pense pas qu'il se cache si près de chez moi. Toujours est-il que ces travaux qui se sont faits dans mon dos sont symboliquement bien pensés...Peut-être que le même jour, on a expulsé les cabines et on a installé une borne de recharge. Je ne sais pas quand aura lieu l'inauguration de cette dernière, ni la cérémonie en mémoires des cabines. Le futur bulletin municipal devrait nous informer de tout ça. 

    Je ne suis pas resté traîner dans le bourg. Les deux seuls bars encore ouverts étaient fermés et les bars ayant déposé le bilan étaient encore plus fermés. Camors faisait la grimace sans doute à cause de l'expulsion inattendue voire impromptue des appareils des PTT. 

    Camors

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    Je dédie cette note triste à Appoline (une fois de plus) dont c'est aujourd'hui l'anniversaire et qui fut peut-être l'une des dernières utilisatrices desdites cabines.

    Loïc LT 

  • le chanteur

    Dans les années 80, on ne réalisait évidemment pas qu'on était dans une période qui allait marquer de façon singulière l'histoire de la pop music, on ne se demandait pas ce qui resterait de ces années 30 ans plus tard, les enfants et les ados encore moins les adultes. 30 ans plus tard, l'expression "les années 80" parle à tout le monde, surtout dans le domaine musical. Aujourd'hui comme il y a 10 ans, les jeunes s'éclatent sur les tubes de ces années, avec un peu d'ironie et de second degré. On écoute les partenaires particuliers ou Début de Soirée les soirées de fête, on connait les textes pas cœur mais on ne les aime pas au point d'en écouter chez soi le soir lorsque le chat dort près de la cheminée. 

    Comme de fait, ces années marquent un tournant, elles sont un pont entre les années 70, c'est à dire pour schématiser les années disco et les années 90 où tout part dans tous les sens que ce soit au niveau de la variété, de la pop, du rock et de l'électro avec quand même un point commun : les chansons aussi nulles soient-elles sont plus sophistiquées car l'ordinateur participe à leur création. Elles confirment ce que les années 70 avaient initié : le synthétiseur et l'ordinateur deviennent des éléments essentiels qui permettent ce qui était jusque là impossible. 

    Globalement donc, les années 80 ont vu se succéder des tubes fabriqués tous un peu de la même façon : une mélodie entêtante (seul élément où l'humain devait encore faire preuve de créativité), des synthétiseurs, une boite à rythme et accessoirement pour la caution acoustique, le saxo. Le texte passe au second plan. 

    Etienne Daho fait partie des artistes qui ont commencé dans les années 80 utilisant les recettes décrites ci-dessus. Il était un parmi tant d'autres, ni mieux, ni pire. Dans ces années , le nez dans le guidon, on ne réalisait pas que la plupart des chanteurs et groupes de cette décennie n'avaient pas plus d'avenir qu'un ou deux tubes. La décennie suivante a décimé la plupart des "stars" de la précédente. Au début des années 90, il y a eu la période "dance music" et plus étouffée pour le grand public, la techno, cette musique bizarre sur laquelle dansaient des jeunes dans des champs ou des entrepôts désaffectés. Les années 80 étaient derrière nous et Etienne Daho fait partie de ces quelques chanteurs qui ont réussi à en survivre. En 1991, il sort l'album Paris Ailleurs qui engendre 5 tubes (des attractions désastre, saudade, comme un igloo, les voyages immobiles, un homme à la mer). Ensuite, il se fait plus discret et puis revient en 1996 avec Eden, un album presque concept, une sorte d'ovni nimbée d'électro, un album qui fait moins de tubes que le précédent mais qui confirme qu'il faudra continuer à compter avec lui. A cette époque, je ne suivais pas sa carrière. Il ne me dérangeait pas mais ne m'enthousiasmait pas non plus. Mais je crois quand même que c'est avec Eden que j'ai commencé à me dire qu'il fallait peut-être que je lui porte une oreille plus attentive. 

    Le premier album de Daho que j'ai acheté est un best-of, intitulé singles, sorti en 1998, avec comme couverture une photo sur laquelle on le voit courir sur une piste d'aéroport devançant un avion qui décolle (ou qui atterrit). Je ne me souviens plus de la motivation de cet achat mais je pense que cette magnifique photo n'y est pas pour rien et puis sur le fond, je commençais à vraiment apprécier ce chanteur, survivant des années 80 et qui continuait à poursuivre une carrière (loin de la dahomania des années 80) cohérente et le tout avec élégance et discrétion. Quand il a sorti Eden, j'étais persuadé qu'il allait ensuite continuer à creuser le sillon électro mais c'était mal connaitre le "rennais". Corps et Armes sorti en 2000 reste à mon avis son meilleur album mais c'est un album avant tout pop et symphonique. La plupart des fans de Daho mettent cet album au dessus de tous. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais me concernant, cet album est sorti à un moment où ma vie a pris une sorte de virage et sa qualité mêlée à ces circonstances font que Corps et Armes reste pour moi un album à part. 

    Dans les années 2000, Daho continue son bonhomme de chemin. Ce n'est plus un faiseur de tubes (d'ailleurs Corps et Armes n'en contient pas même si un titre comme ouverture n'est pas passé inaperçu et gagne en popularité avec les années) mais il garde un public fidèle. Personnellement je suis allé le voir deux fois en concert et j'ai découvert une bête de scène, un puriste qui ne laisse rien au hasard mais qui laisse quand même place au hasard. Daho l'assume : il aime que les choses soient bien faîtes et il aime ce qui est beau. L'esthétique compte beaucoup chez lui. Les années passent et il continue à sortir des albums toujours très introspectifs, travaillés et raffinés. Le dernier date de 2013 et s'intitule les chansons de l'innocence retrouvée. Ce n'est pas mon préféré mais il contient 3 ou 4 titres que j'écoute régulièrement. 

    En 2015, des médias ( Arte par exemple qui a fait un reportage sur le chanteur) ont commencé à considérer que plus qu'un dandy pop sans voix, Daho était en fait un monument de la chanson française. Sans rien faire mais grâce à des années de travail et de rigueur, Daho est devenu l'égal des grands. Je sais que beaucoup de gens sont indifférents au personnage et à ses chansons presque trop ciselées mais à 60 ans et plus jeune que jamais et quoi qu'il fasse désormais, Etienne n'a plus rien à prouver. Le passé l'a confirmé, l'avenir est devant lui.

    Loïc LT

  • recensement des cabines # 37 Le Croisty (Morbihan 56)

    En ce 02 janvier 2016, après avoir quitté Saint-Caradec-Trégomel, je file vers le terminus de ce périple insensé qui ne restera pas dans l'histoire de l'humanité. Le bourg terminal s'intitule Le Croisty et je sais qu'il dispose d'une cabine (enfin, juste un combiné public) puisqu'un compatriote habitant les lieux m'avait envoyé il y a quelques mois la chose en MMS. J'ai profité de cette incursion dans ce village improbable pour prendre rendez-vous avec ledit compatriote. Arrivé sur zone, je l'appelle et il m'informe qu'il rentre de Pontivy où il est allé acheter un paletot en laine sans manches. 

    Je l'attends donc dans au bar La Source où je commande une bière. Tout en la dégustant, une inquiétude me taraude : après avoir garé ma Talbot, je me suis rendu à l'endroit où se trouvait le mobiphone sur la photo mais il n'y était plus. Une fois de plus donc, Orange me devance, l'objet ayant sans doute été expulsé dans la stratosphère en pleine nuit pour ne pas inquiéter les habitants. 

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    Je regardais par la vitrine la nuit tomber sur le bourg. Dans le bar, quelques contribuables buvaient de l'eau et un chat dormait sur des prospectus intéressants. 

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    Mon ami, camarade syndiqué anarchiste de droite dans le genre zadiste m'a rejoint et j'ai fini la soirée chez lui où il m'a confectionné une quiche pensant pouvoir m'égaler dans ce domaine. Sa quiche sans lardon était très bonne mais je me passerais de faire toute comparaison. 

    Concernant la cabine, ne retrouvant pas le MMS, j'ai dû faire appel aux services de GoogleMaps qui a le privilège d'avoir quelques années ou mois de retard. Comme de fait, le mobiphone est bien présent sur le site. On le distingue coincé entre deux panneaux d'affichage sur le pignon d'une taverne au nom breton. 

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    Avant de rentrer dans le bar, j'avais quand même un petit tour de ce village armoricain peuplé de 742 croistyates. Mais comme pour les autres, j'ai fait du fast-report mais j'étais anémié et je me suis même demandé si tout ça avait un sens. La mairie ne ressemble à rien, a dû être construite dans les années 70 et gâche un peu l'harmonie minérale du Croisty. Contrairement à beaucoup de mairies, un seul drapeau orne l'entrée, l'européen et le Gwenn Ha Du étant absents. 

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    Le maire du Croisty, Bruno Lavarec est sans étiquettes, c'est à dire qu'à chaque fois qu'il achète un vêtement, il retire toutes les étiquettes. Par ailleurs, il tient la boulangerie de la trève du Croisty, une bien belle boulangerie devant laquelle était hélas garée un 4X4 électrique. 

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    Je suis toujours attiré par ses vieux panneaux de signalisation qui sont restés en place, car comme de fait, ils indiquent toujours la bonne direction car même si le temps passe, un bourg qui se situait à l'ouest se situe toujours à l'ouest. Le temps ne change pas l'emplacement des villages.  On notera la présence de Guémené que j'ai visité, de Rostrenen (Finistère) et de Saint-Tugdual  où j'ai l'intention d'aller le 30 février (et oui 2016 est bissextile). 

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    Je me n'excuse pas du flou des photos. La nuit tombait sur le village et je n'ai que cet extrait de l'église Saint-Jean-Baptiste à vous montrer. Je ne sais pas si elle peut accueillir 742 personnes et si des chauve-souris y ont trouvé refuge. Je n'avais plus le temps de poser de questions. 

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    Ce restaurant sans nom ne paye pas de mine et je soupçonne même qu'il soit fermé. Encore un endroit où Beauchamp peut trouver refuge. Je ne comprends pas pourquoi les gens recherchés ne pensent pas à ce centre Bretagne qui compte des milliers de commerces et de maisons délabrés dans lesquels personne n'a mis les pieds depuis le dernier succès de Thierry Pastor. Ce sont  franchement des planques idéales. 

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    Je ne suis pas exhaustif, c'est même un peu désolant pour une fin de parcours. Le bouquet final se termine en queue de poisson.  Mon appareil photo était fatigué et moi aussi. Heureusement qu'ensuite j'ai passé une agréable soirée avec mes amis libéraux. Adieu Le Croisty, au revoir le 02 janvier 2016. Je repartirai en vadrouille en cette année prometteuse vers d'autres bourgs encore plus paumés...si si, ça existe. 

    Le Croisty (56540), Morbihan, 742 croistyates,,  maire : Bruno Lavarec, reportage réalisé le 02 janvier 2016. temps doux et suspendu. 

    Loïc LT

  • recensement des cabines # 36 Saint-Caradec-Trégomel (Morbihan 56)

    Lorsque j'ai écrit mon petit bouquin sur l'histoire de ma famille maternelle, j'ai appris que mon grand-père était né à Saint-Caradec-Trégomel. Personne n'a su m'expliquer pourquoi et beaucoup d'ailleurs sont sceptiques sur la chose. Cela reste le mystère d'Emile. C'est donc à lui que je pensais lorsqu'après avoir quitté Kernascléden poursuivi par une nuée de chauve-souris, je me rendais joyeusement et prudemment, donc vers le nord, à mi-chemin entre Kernascléden et Le Croisty, le terminus de ce périple fou. 

    Lorsque je suis arrivé sur zone, j'ai fait le tour du bourg mais je n'ai pas trouvé l'édicule motivant mon déplacement. J'étais un peu déçu parce que je voulais vraiment faire une note sur St-Ca. Et puis, tout à coup, n'y croyant plus et près à repartir avec mon désarroi, je tombe nez à nez non pas avec une cabine téléphonique mais un mobiphone public installé dans un abribus en pierre. 

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    Bon, j'étais content et en même temps cette découverte inattendue m'obligeait à prendre quelques photos de ce bourg, copie conforme des précédents bourgs visités. Je ne suis pas sorti de ma Peugeot Talbot mais j'ai quand même réussi à choper le numéro de l'inespéré téléphone : 02 97 51 67 35. 

    Ensuite, j'ai fait mon petit tour à 20 à l'heure mais comme à Lignol, je n'ai croisé aucun caradocéen (nom des habitants). Saint-Ca contient son lot de commerces fermés comme on l'imagine :

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    Mais les pages jaunes indiquent qu'un certain Franck Hilaire tient un bar dans la commune mais ce n'est pas le bar de St-Ca puisque la rue ne correspond pas. Google ne ne donne aucune réponse concernant ce bar. Il doit être fermé. Le bar de Franck est ailleurs mais je ne l'ai pas vu et je n'ai pas insisté. 

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    Ohé, les gens, vous êtes où ?

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    Et dans cette rue ? Personne non plus. J'ai peur. Allez savoir peut-être que Beauchamp que je recherche depuis tant d'années se cache dans une de ces maisons. C'est la planque idéale, me direz-vous. 

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    Je ne me souviens plus si cette église aux belles proportions se situe au centre du bourg ou en périphérie. J'ignore son nom également. Il se pourrait que ce soit l'église Saint-Caradec datant du XVIIe. Le même site m'informe aussi qu'il exista deux Saint-Caradec dont l'un aurait rencontré le roi Arthur. D'autres chapelles sont disséminées sur le seigneurie de Saint-Caradec-Trégomel (dirigée de main de maître par la comtesse Maryannick Guiguen qui doit être très affairée à veiller à la bonne marche de l'état d'urgence. Pour le couvre-feu, c'est moins difficile, je me comprends -) 

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    Je ne sais pas si j'ai autre chose à rajouter. Vous dire que tous les ans, a lieu sur le fief un festival qui s'appelle le festival des chevaliers de la Terre, preuve qu'il y a de la vie sur la commune. 

    Il est temps de partir. Je ne vois strictement rien d'autre à dire et je ne tiens pas à tomber en dépression après avoir fait trois fois le tour de ce bourg fantomatique encore marqué par le passage de Marion du faouët (deux de ses rejetons y sont même nés). Marion y commit quelques méfaits comme le pillage en 1751 des grains du grenier du château de Kermerien (un beau château d'ailleurs). Vous voyez qu'il y a toujours quelque chose à dire !

    Mais quand même, adieu Saint-Caradec-Trégomel. En route pour Le Croisty !

    Saint-Caradec-Trégomel (56540), Morbihan, 464 caradocéens, nombre de chauve-souris non recensé,  maire : Maryannick Guiguen (étiquette UDF ? aucun chevalier ou troubadour n'a apporté la nouvelle que l'udf n'existe plus depuis 10 ans), reportage réalisé le 02 janvier 2016 en fin de journée. temps doux. 

    Loïc LT