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Colin sabre et tam-tam - Page 100

  • bilan de lecture 2008

    22122008059.jpgJ'ai lu 48 romans en 2008 en essayant de varier le goût des plaisirs..et pour ce, il me faut forcer ma nature puisque je suis instinctiverment attiré par la littérature française contemporaine. J'ai essayé, dans cette grande année que fut 2008 de combler quelques lacunes en lisant des livres comme le nom de la rose de Umberto Eco ou cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Avec le recul des mois, je garde un bon souvenir des faux-monnayeurs d'André Gide, de lune sanglante de James Ellroy, des passagers de Roissy-Express de François Maspéro ou de la série Doggy Bag de Philippe Djian. Mais s'il ne fallait en garder qu'un, ce serait tours et détours de la vilaine fille de Mario Vargas Llosa . Ce dernier sera donc mon coup de coeur 2008 (rappel 2007 : cendrillon de Eric Reinhardt).

    Beaucoup de déceptions aussi et c'est un peu normal quand on est un tant soit peu exigent avec la littérature : en font partie et mon coeur transparent de Véronique Ovaldé, le boulevard périphérique de Henry Bauchau, dans le café de la jeunesse perdue de Patrick Modiano ou la maison de Claudine de Colette.


    Sinon, je suis globalement déçu par mes notes de lecture. Dans l'ensemble, je trouve mon style très lourdingue et j'ai beaucoup de mal à retranscrire tout ce qui me passe par la tête. Mais je vais continuer à en faire, car déjà, je suis abonné à blogspirit jusqu'à mars au moins  et puis parce que ça me permet de me forcer à écrire, ce que je ne fais pas par ailleurs parce que je n'écris pas du tout au boulot et que je n'entretiens aucune relation épistolaire.
    J'ai encore une note à faire en ce qui concerne 2008. Il s'agit de la mort à Venise de Thomas Mann, un petit roman en nombre de pages mais grand pour tout le reste. J'y reviendrai quand j'aurai fini de cuver.

    bisous à tous.

  • CR64 : les choses - Georges Pérec

    9782264041289.jpgVivre, c'est passer d'un espace à un autre, ça c'est un fait, n'est-ce pas... mais c'est aussi passer d'une chose à un autre. C'est en substance ce que veut nous signifier Georges Pérec dans ce petit roman, où il nous montre, en prenant l'exemple de la vie d'un jeune couple de jeunes parisiens moyens, combien il subit  la société de consommation ou alors en profite, le tout dépendant en fait de la possibilité qu'il a (ou qu'ils ont individuellement) d'acquérir les choses. Voulant y échapper, les deux "consommateurs" décident d'aller vivre en Tunisie où Sylvie a trouvé une place d'enseignante. Mais là-bas, ils dépriment très vite dans leur grand appartement trop vide ou en se baladant dans la ville déserte..sans vitrines étincelantes. Du coup, retour à Paris...où on reprend les mêmes habitudes, les mêmes rêves et les frustrations qui vont avec.


    J'ai lu les choses lors une nuit d'insomnie après avoir trop bu la veille de Café Grand-mère. Confortablement allongé sur mon matelas Epeda acheté à but et tout en écoutant le dernier album de Françoiz Breut avec mon tout nouveau petit joujou intitulé nokia n95, j'ai consommé goulûment ce produit culturel de code ISBN 2-266-02579-1. Au bout du compte, mon avis concernant ce produit est positif.

    extrait :
    L'économique, parfois, les dévorait tout entiers. Ils ne cessaient pas d'y penser. Leur vie affective même, dans une large mesure, en dépendait étroitement. Tout donnait à penser que, quand ils étaient un peu riches, quand ils avaient un peu d'avance, leur bonheur commun était indestructible; nulle contrainte ne semblait limiter leur amour. Leur goûts, leur fantaisie, leur invention, leurs appétits se confondaient dans une liberté identique. Mais ces moments étaient privilégiés ; il leur fallait plus souvent lutter : aux premiers signes de déficit, il n'était pas rare qu'ils se dressent l'un contre l'autre. Ils s'affrontaient pour un rien, pour cent francs gaspillés, pour une paire de bas, pour une vaisselle pas faite. Alors, pendant de longues heures, pendant des journées entières, ils ne se parlaient plus. Ils mangeaient l'un en face de l'autre, rapidement, chacun pour soi, sans se regarder. Ils s'asseyaient  chacun dans un coin du divan, se tournant à moitié le dos. L'un ou l'autre faisait d'interminables réussites.

    moralité : l'argent fait le bonheur.

    lecture : nuit du 26 au 27 décembre 08
    note : 4/5
    commentaire à venir : la mort Venise, Thomas Mann.(re...)

  • CR63 : le livre d'un homme seul - Gao Xingjian

    lelivredunhommeseul.jpgLe livre d'un homme seul est le récit d'un chinois seul, ...et qui veut le rester malgré l'oppression communiste. Trouvant refuge dans la littérature, il survit tant bien que mal à la révolution culturelle (qui n'a évidemment, comme beaucoup ne le savent pas encore en France de Révolution et de Culturelle que le nom) en se faisant oublier par un opportunisme de bon aloi. Dans cette Chine maoïste où l'on peut mourir pour un geste ou un regard mal placés ou pour avoir parmi ses ancêtres quelque oncle potentiellement droitiste, il vaut mieux se ranger en attendant que ça passe.
    Des années plus tard, exilé en Europe et devenu un artiste reconnu, il témoigne de ces années de souffrance tout en mordant à pleines dents tous les plaisirs qu'offre la vie en alignant les partenaires -sexuelles- et les pièces de théâtre.

    J'ai failli abandonner à plusieurs reprises ce roman-fleuve mais je crois que je l'aurais regretté. Car en plus d'avoir une valeur documentaire indéniable, il s'agit aussi d'une oeuvre littéraire savamment construite (le même narrateur est il ou tu selon qu'il se situe avant ou après l'exil).
    Tiens, mais pas inspiré sur ce coup-là. Peut-être parce que je ne suis pas trop fan des oeuvres où l'on dénonce quelque chose...Mon côté proustien.


    extrait : 
    Sachant bien que l'utopie de la nouvelle société constitue au même titre que l'homme nouveau un mythe moderne, aujourd"hui, chaque fois que tu entends les gens soupirer en disant que les idéaux sont détruits, tu te dis qu'il vaut mieux qu'il en soit ainsi. Tu comprends bien que ceux qui continuent à proclamer leurs idéaux sont de nouveaux vendeurs de poudre de perlimpinpin. Et ceux qui veulent te convaincre par d'intarissables flots de paroles, qui te donnent des leçons, tu te hâtes de leur dire, ça va, ça va, vieux frère, à demain - et tu files à l'anglaise.

    lecture du 30.11 au 24.12.08
    note : 4/5
    compte-rendu à venir : la mort à Venise, Thomas Mann

     

  • On peut le changer.

    9782258039377R1.GIFC'est une phrase à géométrie variable. Elle peut traduire au choix l'extrême attention ou la plus grande désinvolture dans le choix d'un cadeau.
    Un chemin de table acheté par correspondance, dont on pensait qu'il s'harmoniserait avec certaines nappes que l'on a en tête, mais on garde quand même un doute pour la nuance des couleurs. On l'a reçu un mois avant les fêtes. Ou bien un film en noir et blanc introuvable enDVD mais dont on a fini par trouver un exemplaire en VHS - la seule interrogation, c'est qu'on sait bien que le destinataire l'aime tellement qu'il risque de se l'être déjà procuré par des voies compliquées. Dans ces cas-là , le moment de l'offrande est consenti avec des gestes lents, une expression inquiète, des précautions oratoires embarrassées, mais dont le sérieux étalonne l'ampleur de l'enjeu.
    "On peut le changer" est alors le dernier recours, le dernier rempart contre la déception. Mais il y a également un "on peut le changer" beaucoup plus preste et furtif, dont le ton dédramatisant est une forme d'honnêteté. On entend presque derrière : "j'ai trouvé ça à la Fnac l'autre jour par hasard, j'ai pensé que ça te plairait peut-être."
    De toute manière, "on peut le changer" est une phrase moderne. Elle suppose non seulement l'existence d'un ticket de caisse, mais l'idée que cette pièce comptable puisse avoir avant tout comme rôle potentiel cette idée d'échange. Elle suppose surtout que le cadeau, en tant qu'acte social, de politesse ou d'affectivité a perdu de sa singularité. Rien qu'en disant "on peut le changer", on entrevoit ces masses de papiers rutilants qui prolifèrent dans les salons, à la fin de l'apéritif. On entend aussi d'autres formules. "Je ne sais pas quoi leur offrir. Ils ont tout." A travers la profusion de l'offre se révèle une société, une satiété. Ne pourrait-on déceler au bout du compte une attaque contre le matérialisme du monde occidental ? On peut le changer.

    Philippe Delerm, Ma grand-mère avait les mêmes. les dessus affriolants des petites phrases

    J'ai entendu ça souvent..et d'ailleurs, je m'en étais fait la réflexion il y a quelques mois..si bien que depuis, à chaque fois que j'offre quelque chose, je m'amuse par pure moquerie à balancer un petit "on peut le changer".
    Avis au père noël : on peut tout m'offrir sauf des livres...là, c'est pas la peine, je me procure tout ce que j'ai envie de lire. Plusieurs s'y sont cassés les dents. Mais pour ce noël 2008, je te donne quelques idées : soit un paletot gris, soit un cardigan jaune, soit un anorak sans manche.  Ça me ferait bien plaisir car nous subissons le refroidissement climatique de plein fouet ici en Armorique. Maintenant, c'est vrai que si tu m'offres un paletot bleu, il se pourrait que je demande à le changer.

    . Je reviens dans quelques jours avec le compte-rendu de roman-fleuve de Gao Xingjian : le livre d'un homme seul.
    Puis je vais terminer l'année avec un Danielle Steel (véridique)..parce que comme ne dirait pas Eric Naulleau (comparse du succulent Eric Zemmour) : la vie est trop courte pour ne lire que les romans qu'on aime.

    Joyeux Noël à tous...en famille va sans dire (alors que la St-Sylvestre, c'est avec les amis n'est-ce pas...)

  • semis de pins : le point.

    20122008043.jpgLe 17.11, j'avais semé quelques graines de pins achetées pour une bouchée de pin pain sur un site spécialisé. Les nouveaux nés sont sortis il y a 15 jours et se portent plutôt bien. Ils grandissent sous mes yeux à une température ambiante d'environ 20° et en compagnie des plus grands écrivains et poètes de la Terre. Même le traité d'athéologie de Michel Onfray (qui est en train de devenir mon nouveau livre de chevet) ne les intimide pas.

    Le pin est un arbre très courant, surtout sur nos côtes atlantiques..tellement courant qu'on ne les voit plus. Ils font partie d'une sorte de décor banal des bords de route. Mon bonheur est que je ne m'en lasse pas, si bien que mes journées sont jalonnées d'émerveillement. (ci dessous deux photos de pins prises autour de mon village et puis une photo de ma pinède extérieure (7 pins))

    Pour la suite, "on verra" (comme disent les gens qui n'ont rien à dire dès lors qu'il s'agit d'envisager l'avenir). Mais je serais assez tenté de renouveler l'expérience avec des graines de bambou.

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  • médias, je vous hais.

    Les journalistes ont réussi à faire rentrer dans le crâne des gens qu'on vivait depuis septembre 2008 une crise exceptionnelle par sa vitesse de propagation et par son ampleur. Ils ont décidé ça comme ça. Parce qu'en septembre, avec la rentrée et tout, ils voulaient taper fort et peut-être parce qu'ils en avaient marre aussi de parler du pouvoir d'achat depuis un an (rappel : avant le pouvoir d'achat, c'était le réchauffement climatique - le moindre événement climatique en était la conséquence - ). Changer de registre tout en restant sur la thématique du déclin..inéluctable, déclin de la France avant toute chose mais aussi du Monde entier !
    Donc ils ont trouvé le prétexte d'une faillite bancaire aux États-Unis en date du 08.09.08 pour lancer les opérations. A partir de cette date et précisément cette date, tout va mal dans le Monde, tout est dû à la crise. Le moral des ménages qui n'était déjà pas haut dégringole. La France est devenu un pays de dépressifs.
    Le problème quand on balance des contre-vérités est qu'on finit pas se faire rattraper par la réalité qui n'est pas aussi noire que dans les délires journalistiques. Oh bien sûr, les journalistes arrivent toujours à apporter de l'eau au moulin de la crise mais force leur est de constater que la France se porte plutôt bien. Alors,  la combine, là, est de faire croire que tout secteur qui va bien est une exception et alors une utilise la fameuse expression "untel ne connaît pas la crise" (sous-entendant que "contrairement aux autres").
    Comme de fait, en tapant "ne connaît pas la crise" sur google, on tombe sur un nombre interminable d'articles nous apprenant que :

    - le haut-débit ne connaît pas la crise ;
    - le cinéma ne connaît pas la crise ;
    - le McDo ne connaît pas la crise ;
    - l'e-commerce ne connaît pas la crise ;
    - IBM, Microsoft, Intel, Total, France Télécom etc etc ne connaissent pas la crise ;
    - le beaujolais nouveau ne connaît pas la crise ;
    - le jeu vidéo ne connaît pas la crise ;
    - Noel ne connaît pas la crise.
    - le Mondial de l'auto ne connaît pas la crise ;
    - la high-tech ne connaît pas la crise ;
    - le chocolat ne connaît pas la crise ;
    - l'assurance ne connaît pas la crise ;
    etc etc..


    etc etc..

    En faisant ma recherche, je suis tombé sur ce blog qui fait le même constat.

    Quand on lit chaque article, l'idée qui ressort est à peu près la même : les français font ceci ou cela pour se changer les idées en temps de crise. pour s'évader etc.
    Non mais franchement, de qui se moque-t-on ? Quand les médias vont-ils arrêter d'entretenir la psychose. Car la réalité est que cette crise n'existe que dans le fantasme de nos journalistes totalement incompétents qui pensent qu'ils n'intéressent les gens qu'en leur faisant croire que tout va mal. (je ne sais plus quelle éminence a dit que cette "crise" était grossièrement psychologique..il s'est fait griller mais mon dieu qu'il avait raison). Je ne connais pas un seul journaliste qui se soit démarqué. Même des types comme Frédéric Taddéi ou Nicolas Demorand, que je croyais professionnels sont de la partie.

    Quand cette grande mascarade médiatique va-t-elle s'arrêter ?

  • el rancho motel existe en vrai.

    Ce qui ressemble ici a un plan d'architecte le prouve. Vu la tronche des bagnoles, on situe ça dans les années 60.  Ça a l'air classieux (ça s'apparente même à de petites maisons individuelles). Sur la deuxième photo, un Rancho Motel avec piscine..et quelque part autour des années 2000.

    Dec03_27.jpg
    williams-el-rancho-motel-site-photo.jpg
    Et sinon dans Paris Texas, les deux frères s'arrêtent dans ce qu'il convient d'appeler une espèce de motel : deux cabanes colorées au milieu de désert, sans accueil, sans intendance. Je vais rezieuter ça pour tenter de trouver le nom et le pourquoi et comment de l'étrangeté. Car si en 2008, on peut rentrer dans un motel (ou un f1) sans voir personne (carte bancaire etc), on ne le pouvait pas à l'époque où fut tourner le film et encore moins dans ce coin reculé...à suivre..


  • Paris, Texas (Wim Wenders)

    expl04.jpgAssez d'humeur à subir des films en ce moment. Peut-être parce que je m'ennuie un peu dans la lecture du livre d'un homme seul (au point de vouloir le laisser tomber).

    Il faut être aussi exigeant avec le cinéma qu'avec la littérature.  Et il faut avouer que ça fait quelques années qu'en ce qui concerne les sorties en salle, on n'a pas eu grand chose à se mettre sous la dent. Alors, il faut se réfugier dans le passé.

    Il y a quelques jours, j'ai vu le procès d'Orson Welles, qui a mon sens restitue à merveille l'univers de Kafka. Il y a vraiment aucune fantaisie dans ce film, juste une lecture quasi linéaire du roman.  Et là, hier soir, Paris, Texas de Wim Wenders..qui m'attendait depuis longtemps. J'ai lu tant de bonnes critiques et les quelques images entr'aperçues ici ou là ne trompent pas : il s'agit d'un pur chef d'oeuvre. Dans le genre désertique, No Country for old man (2007) était assez saisissant mais avait contre lui une violence gratuite et peu crédible. Avec à peu près le même décor dépouillé et à perte de vue, Paris, Texas ne comporte ni méchants ni coups de théâtre. Le rythme est assez lent mais terriblement grisant. Alors j'ai quand même une petite préférence pour la 1ère heure qui se passe dans le désert du Texas, entre clinique oubliée au milieu de nulle part et motels sans âme...un léger souffle de vent permanent, des terres arides, des poteaux électriques délabrées, des cabanes isolées plus ou moins habitées, des boites à lettres en bordure de routes (mais des boites à lettres, pour qui ? pour quoi ?), des cimetières de bagnoles, des villes quasi fantômes avec quand même des feux rouges suspendus en fonctionnement..et puis sur une photo de mauvaise qualité, un terrain vague que Travis, le personnage principal a acheté par le passé et dont il est fier( photo du bas).  Ce terrain se situe à Paris, Texas dans le Texas (ville qui existe vraiment et dont le slogan est le deuxième Paris le plus grand du monde). Et puis il y quand même une histoire, l'histoire d'un homme ( Travis) qui surgit du passé. Amnésique et muet, il retrouve son frère et sa belle-soeur qui ont élevé son fils de 8ans. Après une période d'apprivoisement aussi drôle qu'émouvante, le père et le fils partent à la recherche de la mère. Quelques flash-back pour nous montrer l'amour fusionnel entre Travis et sa femme. Ils la retrouvent dans un peep-show de Houston..La mère retrouve son fils. Le sentiments sont simples, sans fioriture. Comme le paysage qui accompagne pendant plus de deux heures, les héros banals de ce film magnifique. (un site de fan ici où j'ai chopé les deux photos). 

    film03.jpg

     

  • errance urbaine, par Bruce Bégout

    381061802_1fba9ebd52.jpg"A cet égard, comme on peut l'observer dans les Motel chronicles de Sam Shepard (si traduites en français, à ajouter dans la PAL, ndb), la simple contemplation furtive d'une canette de Coca-Cola broyée ou d'un sac plastique éventré au fond d'un fossé crasseux intéresse plus directement l'homme errant que la traque urbaine du mystère et de l'imprévu. Son état mental est si peu propice au jeu de cache-cache avec le fortuit que seules les grossières évidences de la vie quotidienne contiennent à ses yeux une quelconque significavité. Il faut dire qu'il est déjà pour lui-même un non-sens fortuit. Aussi éprouve-t-il comme un soulagement toute connexion, même minimale, avec ce qui donne l'apparence de lui rappeler quelque chose de connu, fût-ce vulgaire et sordide. L'errant perpétuel est d'une certaine manière le témoin passif de ce qui ne le concerne pas. Dans ces conditions, plus aucune psychogéographie urbaine n'est possible, car, en vérité, la géographie comme le psychisme ont entièrement disparu de cette ville sans espace et sans âme, preuve négative contre Descartes que l'esprit est fonction de l'étendue. Dans ses excursions mécaniques le long des routes qui se greffent sur les autoroutes périphériques et où pullulent motels, stations-service, magasins d'usines, concessionnaires de voitures, hangars et restauroutes, le nomade ne se sent absolument pas l'âme d'un chercheur. Quêtes et traques, périples et filatures ne constituent pas ses passe-temps favoris. A dire vrai, il ne convoite absolument rien ni personne ; il ne se sent investi d'aucun message, d'aucune charge ; mais il s'attache simplement à entrer en contact avec ce peu de réalité qu'il espère ou devine juste derrière son pare-brise. Tant bien que mal, il s'efforce de retrouver son chemin, si chemin il y a. Tel Oedipe à Colonne, "possédant toutes les routes, il n'en possède aucune". Du reste, l'errant n'a plus affaire à la rue où la masse se concentre, mais à la route où la somme des individus se disperse. Dans cet espace urbain qui ne lui évoque rien, il vaque à son unique occupation : transiter."

    p92-93, lieu commun, le motel américain, éditions allia

     

  • fermer les yeux, écouter

    the sound of your name (Charles Aznavour, Carole king)


    podcast

     

    The sound of your name comes to me any hour
    on wings of the wind, like the scent of a flower
    how can I explain, it's impossible power
    The sound of your name

    The sound of your name is a Valentine greeting
    a bell when it rings and a heart when it's beating
    and drawing a spell where all things keep repeating
    The sound of your name

    Your name is a song that I long to be writing
    the music is strong and the words are inviting
    exchangeable melodies strangely exciting
    I found in your name

    The sound of your name can bring times of desire
    that flares like a flame as it climbs ever higher
    that burns in my senses and turns them to fire
    The sound of your name

    But love is a game that continuously changes:
    the players, discoveries the risk and the dangers
    we started as lovers, we ended as strangers
    now where can I turn?

    Your name's the ghost of a chance that you gave me
    a grave little dance just enough to enslave me
    and only my grief, what is there that can save me
    if you don't return

    At night in my dreams you are there, an obsession
    I whisper your name, like a prayer, a confession
    you've entered my soul and you've taken possession
    and whom can I blame?

    For you are the heaven on earth that I sigh for
    the high unattainable moon that I cry for
    as long as I live, I will live and I'll die for
    The sound of your name