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Colin sabre et tam-tam - Page 97

  • CR78 - l'absolue perfection du crime - Tanguy Viel

    v_2707319449.jpgmot de l'éditeur : Marin, Andrei, Pierre, c'étaient tous des caïds. Et dans ce monde de traîtres, leur disait l'oncle, pour que " la famille " survive, il faut frapper toujours plus fort. Alors quand Marin est sorti de prison, lui, le neveu préféré, il a dit : le hold-up du casino, ça nous remettrait à flot.

    mon avis : Contrairement à ce que laisse présager le titre, la photo en couverture ainsi que la date de naissance de l'auteur (1973...), ce polar n'a pas beaucoup d'intérêt. Il est plaisant à lire, certes le récit est haletant, j'en conviens, (comme dans tout polar qui se respecte). Mais j'ai regretté que dans une histoire aussi convenue (qui m'a rappelé les romans de José Giovanni ou certains  films avec Lino Ventura et Jean Gabin ), l'auteur n'adopte pas un ton plus décalé et plus ironique, à la façon d'un Jean Echenoz qui sait faire de grands romans avec des intrigues minimales.
    Ceci dit, je donnerai une seconde chance à Tanguy Viel. Peut-être avec Paris-Brest, son dernier roman qui fait parti de la sélection finale pour le 4ème prix du livre France-Culture Télérama. Je reparlerai dans une future note de ce prix qui associe deux médias dont je suis très friand.

    Un avis que je partage ici.

    lecture : 22/02/09
    note : 3/5
    à venir : pastorale américaine, Philip Roth

  • zéro actualités

    Ça fait une semaine que je me suis coupé de l'actualité. Au début, c'était un jeu : j'aime bien me fixer de petits défis afin d'agrémenter le quotidien. Un jeu mais pas seulement puisque j'en ai un peu marre de la morosité ambiante savamment entretenue par des journalistes (télé, radio, presse, internet) qui ont tout à y gagner. Un peu marre du superficiel, de l'actualité traitée en surface, un peu marre des contre-vérités etc. Trop c'est trop. Donc, depuis le 17.02 black-out.
    Le plus facile a supprimer, c'est la télé. En plus des fameux jt, toute émission où l'on traite de près ou de loin de l'actualité est bannie (c'est dans l'air, ce soir ou jamais, envoyé spécial...). Tout le reste peut se regarder à condition que l'on n'y traite pas d'actualité.
    En voiture, je n'écoute que des radios musicales ou france culture pour tout ce que est purement culturel. Parce que la culture fait exception (ainsi que le sport). J'accepte l'information culturelle (par exemple, arte-culture sur arte) et sportive (tout le sport sur france3).
    Sur internet, j'évite tous les portails de type yahoo, msn etc etc.
    Je n'achète plus de journaux.

    Mais il y a des couacs évidemment. Samedi dernier par exemple, alors que je passais en caisse dans une maison de la presse, j'ai dû me farcir un flash info qui passait à la radio du magasin. La haine. Comme je ne pouvais pas me boucher les oreilles, au risque de passer pour un fou, j'ai commencé à parler bêtement avec la vendeuse de tout et de rien (ce que je ne suis pas du tout habitué à faire). Hélas, j'ai vaguement entendu un début d'info (concernant la fusion de deux banques..mais je ne saurais dire lesquelles...Ouf)
    Les couacs, ce sont aussi les discussions que je  peux avoir avec des collègues ou amis. Untel me dit "tiens, t'a entendu à la télé que...". Ça a juste failli arriver une fois mais j'ai interrompu brutalement la personne avant.

    Mon premier sentiment après une semaine sans actualités, c'est qu'on vit très bien et que je me dis que c'est fou comme les événements de nos quotidiens sont indépendants de l'actualité. Prenons le cas de la "crise" (dont on doit toujours parler depuis le 17.02). Et bien, je me dis que cette crise n'existe dans l'esprit des gens que parce que les médias en parlent. On en a connaissance que par eux. Quiconque serait comme moi coupé des médias, mais depuis plus longtemps, admettons 1an, ne se serait pas rendu compte par lui-même de la crise.
    Pour moi, une information n'a d'importance que si elle impacte directement notre quotidien. Le reste n'est que balivernes de journalistes. Et qu'on ne me dise pas que je suis égoïste, que je pense pas aux autres, à la misère dans etc. C'est faux mais je n'ai pas besoin de médias pour deviner et comprendre le destin du monde.

    Et puis, j'ai toujours préféré l'intemporel ou temporel, l'histoire à l'anecdote. Et c'est la raison pour laquelle, je préfère comprendre le monde par l'art plutôt que par l'actualité.
    Et là, je vais continuer, au moins jusqu'au 28.02. Ensuite, je continuerai par défaut mais serai moins rigide. Ne serait-ce que pour ma femme, qui n'est pas obligé de subir mes délires. Donc, je laisserai l'information venir à moi, si elle veut mais je n'irai pas la chercher.
    Là, je suis dans pastorale américaine de Philip Roth et j'y apprends 100 fois plus sur notre monde contemporain que tous les jt de la planète alignés.

    bye.

     

  • CR77 - insecte - Claire Castillon

    9782213625065.jpgmot de l'éditeur : Insecte évoque les rapports entre les mères et les filles. Dix-neuf nouvelles qui sont l’expression libre de sentiments intenses, de pensées fulgurantes, irréelles quelquefois, qui s’installent pourtant sans relâche dans la tête des mères et des filles. Dans ces nouvelles, les pensées fugitives deviennent des récurrences, des poids, des raisons de vivre. La mère est un insecte et la fille son insecte. Vice-versa. Mante religieuse, lézard ou coccinelle, les femmes étudiées à la loupe ont sans doute des vies à facette.

    mon avis : lecture jubilatoire s'il en est. Ce livre m'a été fortement conseillé par la bibliothécaire de Camors après que j'eus lu et approuvé une autre oeuvre de la dame. C'est un recueil de nouvelles a qui on peut accoler pas mal d'adjectifs : savoureux, brillant, fin, subtil, hilarant, glaçant, dérangeant, pétillant. Ça se boit comme du petit lait. Je conseille fortement.

    C'est ma fierté d'être français que de compter parmi mes concitoyens tant d'esprits subtils. Et modestes avec ça. Pas fiers. Les américains sont tellement jaloux de nous qu'ils s'inventent des fausses morts de la culture française, histoire de se rassurer.

    lecture les 18 et 19 février 2009

    note : 4.5/5

  • CR76 - les accommodements raisonnables - Jean-Paul Dubois

    9782879295541.jpgmot de l'éditeur : Le grand roman de Jean-Paul Dubois très attendu depuis "Une Vie française". Jean-Paul Dubois retrouve le souffle romanesque d"Une Vie française" dans ce livre qui devrait enthousiasmer ses fans. Aucun des « fondamentaux » ne manque à l’appel : Toulouse, un anti-héros (Paul Stern) et son épouse (Anna), un père encombrant, l’actuel président de la République, l’Amérique, les bateaux, les petits-enfants, etc. Cette fois, Jean-Paul Dubois nous conduit à Hollywood. Paul doit y réécrire le scénario d’un film dont il est l’auteur, pour le compte d’un producteur qui prétend en tirer un remake. En réalité, Paul est parti pour oublier la maladie de sa femme, en dépression profonde, le remariage scandaleux de son père et, de manière plus générale, son échec personnel. Embauché par la Paramount, il découvre un autre univers où le sexe, l’argent, la drogue, la célébrité, mais aussi le désespoir occupent une place centrale. Et puis, il rencontre Selma Chantz, employée comme lui par la Paramount. Et sa vie bascule. Car Selma est le double parfait d’Anna, avec trente ans de moins…Une femme fascinante et dangereuse.
    Après un détour par le comique ( Monsieur Tanner) et l’inquiétante étrangeté ( Hommes entre eux ), Jean-Paul Dubois a écrit le grand roman que nous attendions. Tragique et drôle, jetant sur son époque un regard lucide, ce livre de la maturité garde néanmoins le charme des héros de Jean-Paul Dubois, éternels adolescents écartelés entre leur amour de la vie et leur sens aigu de la culpabilité.

    mon avis : En dehors de quelques scènes hilarantes (dont celle du crématorium au début), j'ai trouvé ce livre plutôt moyen. Agréable à lire, certes mais bien en dessous de Djian (qui écrit un peu ce type de choses avec jet-setters cyniques, drogue, sexe et tout et tout), mais peut-être quand même un peu au dessus de Foenkinos (dont les romans sont anecdotiques).
    Mais il se dégage quand même du roman,  cette idée que les étapes de nos vies ne sont que des successions d'accommodements raisonnables (avec 2 m à accommodements, à bons entendeurs salut) , que pour sauvegarder les apparences, nous devons sans cesse faire des compromis et tirer un trait sur d'autres possibles.
    Par ailleurs, j'aime beaucoup la couverture. Elle m'avait tapé à l'oeil dès la sortie du livre. Et je l'aime tellement qu'elle suffirait presque à me faire acheter ce livre (que j'ai emprunté pour cette lecture) et ce même bureau avec des tiroirs que d'un côté, mais peut-être pas la même chaise, encore que, dans un certain cadre pourquoi pas. Je me demande si on ne va pas revenir à une forme de rustique après cette folie du mobilier contemporain carré et translucide façon ikea.

    lecture du 13.02 au 17.02.09
    note : 3/5
    à venir : insecte, Claire Castillon

     

  • CR75 - la vie mode d'emploi - Georges Pérec

    IMGP6154.JPGrésumé (piqué sur wikipedia, oui je sais, je suis un peu fainénant ces temps-ci) : L'œuvre retrace la vie d'un immeuble situé au numéro 11 de la rue (imaginaire) Simon-Crubellier, dans le 17e arrondissement de Paris, entre 1875 et 1975. Elle évoque ses habitants, les objets qui y reposent et les histoires qui directement ou indirectement l'ont animé. Comme dans le tableau idéal de Valène, le professeur de peinture de l'immeuble, le lecteur découvre « une longue cohorte de personnages, avec leur histoire, leur passé, leurs légendes », comédie humaine où les destins entrecroisés se répondent, à l'image de la curieuse création de l'ébéniste Grifalconi, « fantastique arborescence », « réseau impalpable de galeries pulvérulentes ». Gravures populaires, tableaux de maître, affiches publicitaires offrent l'occasion d'autant de digressions et de récits : faits divers, rigoureuse description scientifique, recette de cuisine, listes en tout genre. De cette tentative d'inventaire et d'épuisement d'une portion de réel, surgissent des figures propres à l'imaginaire perecquien : escrocs et faussaires, aventuriers, savants faustiens, génies méconnus ou incompris, invalides et miraculés, milliardaires ruinés, inventeurs, négociants, humbles domestiques anonymes.

    mon avis : je pense qu'avec ce livre, Pérec a atteint l'objectif qu'il s'était fixé. Sur ce point, pas de problème. On devine l'organisation qu'il a fallu pour écrire ce roman, les schémas, les recherches etc etc. D'un point vue technique, c'est parfait et ça fait même froid dans le dos que de penser que tout est cohérent. Pour le reste, bon, je vais me  permettre d'apporter une petite note discordante dans les flot des éloges qui accompagnent toute critique de ce livre : je me suis globalement ennuyé, même si certaines histoires dans l'histoire sont amusantes ou dépaysantes. Et autant le dire franchement je n'ai rien compris au projet de Bartlebooth. Et puis, pas crédible : tous les habitants de l'immeuble ont des vie peu banales, sont chercheurs, voyageurs, artistes etc.
    Mais ce que je reproche le plus à ce livre est d'être trop parfait.

    lecture du 03.01.09 au 10.02.09
    note : 2.5/5

     

  • CR74 - un soupçon d'indigo - Michèle Gazier

    IMGP6119.JPGmot de l'éditeur : Que signifie disparaître ? Un homme, Maurice Gil, disparaît sur une île des Antilles. Qui était-il ? Pour Lucie, sa petite fille, qui ne connaît de lui que ce qu’on a bien voulu lui en dire, c’est tout à la fois un héros et un déserteur. Une icône floue et ambiguë. Quand, presque à son insu, elle en retrouve soudain la trace sur l’île de Marie-Galante, toute son existence en est rétrospectivement bouleversée. Pour Isabelle, la fille de Maurice, c’est une autre affaire. Elle l’a laissé s’enfuir dans son exil tropical, et a trop longtemps fermé ses beaux yeux indigo – de ce bleu si particulier que lui a donné son père et qu’elle a légué à Lucie. Elle n’a pas voulu voir l’immensité des sentiments de cet homme, de son amour, de son dépit, de sa colère. Pour elle, c’est l’histoire d’un deuil impossible. Quand au troisième narrateur de ce roman, ami du disparu, il raconte avec une rare émotion la fin flamboyante d’un homme révolté, déchu, et enfin libre.

    mon commentaire : Après quelques minutes de lecture, je me suis dit que je perdais mon temps avec un roman mineur, comme savent en pondre à la pelle les écrivains français d'aujourd'hui. Puis petit à petit, tranquillement mais sûrement j'ai été happé par cette histoire, un brin naïve certes, peu crédible (encore le récit d'un nanti qui quitte tout du jour au lendemain) et plein de bons sentiments, mais terriblement émouvante et incroyablement bien écrite. (récit à trois voix). Je vous avouerais même que sur la fin, je n'étais pas loin de pleurer. une réussite donc.

    Le Seuil, 272 pages, 02/2008
    Note : 4/5
    lecture du 10.02 au 13.02.09
    à venir : les accommodements raisonnables, Jean-Paul Dubois

  • l'espèce de jogger, journal #1

    l'athlete.jpgJ'ai continué à copieusement m'entrainer cet hiver malgré les conditions climatiques pas toujours franchement encourageantes. 3 séances en moyenne par semaine (une séance de fractionné, une sortie longue, un chrono). Ma dernière course fut les foulées de Questembert le 21.12.08 où j'ai réalisé  10kms en 42.35, ce qui est mon meilleur chrono de la saison 08.
    Pour 2009, l'objectif sera de se rapprocher des 40mns. Et pour ce, je suis conscient qu'il va falloir que je hausse le rythme dans les séances de fractionné. En effet, jusqu'ici je me contente de faire les 1000m entre 3.50 et 4.00 (avec une récup de 2').Ce n'est pas suffisant.
    Reprise des compétitions le 08.03 avec un 15kms à Theix (où je vise 1h04). Pour le reste, voici mon calendrier :


    - 08 mars : 15kms, Tout Theix Court
    - 26 avril : 10kms, Gavres-Port-Louis
    - 29 juin : 10kms, foulées du Ter, Ploemeur
    - 09 août :13.5kms, foulées Langoustine, Locmiquélic
    - 18 octobre : 13kms, foulées du Golfe, Vannes
    - 20 décembre : 10kms, foulées de Questembert.

    Aucun trail, aucun semi. Mon but est de m'éclater au maximum sur asphalte et sur des distances pas trop longues.

    Loïc

  • l'optimisme comme art de vivre.

    26012009415.jpgJe viens de laisser un message sur un forum où je dis que j'en ai un peu marre du pessimisme ambiant, de la tendance à l'auto-flagellation de nos sociétés occidentales, du déclinisme et de tout ce doit faire regretter aux gens d'être heureux C'est pour cette raison que petit à petit, je me suis coupé des médias car les journalistes du fait de leur incompétence et de leur démagogie nous mentent et noircissent un tableau qui n'est pas tout rose, certes mais qui n'est pas tout noir non plus. Moi je ne roule pas sur l'or, je gagne 1000€ par mois mais l'argent n'est pas ma motivation première. La plupart des choses que me procurent du bonheur sont gratuites (regarder mes filles, les couchers de soleil, un bon bouquin, un footing en forêt, une soirée entre amis, écouter le requiem de Mozart, revoir un vieux film, composer des poèmes dans ma tête etc etc ).

    Et quand par hasard je tombe sur un blog politique (de gauche ou de droite peu importe) où le blogger, un certain Marc Vasseur,  utilise comme sous-titre cette phrase de Bernanos : «L'optimisme est une fausse espérance à l'usage des lâches et des imbéciles», l'imbécile ou le lâche que je suis devient vert et alors n'a qu'une envie, aller se prendre un bon whisky.

    Et c'est ce que je vais faire. bye, Loïc

  • CR73 - le rivage des Syrtes - Julien Gracq

    syrtes.jpg

    mot de l'éditeur : Aldo, à la suite d'un chagrin d'amour, demande une affectation lointaine au gouvernement d'Orsenna. S'ensuit alors la marche à l'abîme des deux ennemis imaginaires et héréditaires.

    Les pays comme les civilisations sont mortels. C'est à ce fascinant spectacle que Julien Gracq nous convie ici. Cette insolite histoire de suicide collectif laisse une subtile et tenace impression de trouble.

    mon avis : Le Rivage des Syrtes est une sorte de roman blanc où circulent des vents arides, des rumeurs infondées, des propos diplomatiques et des âmes qui s'ennuient et où l'on attend en vain que quelque chose se passe. Et si ce quelque chose était la résurgence d'un conflit ancestral entre Orsenna et le Farghestan, discret ennemi dont on devine les côtes depuis le rivage des Syrtes ? Aldo , jeune homme d'une grande famille est envoyé sur les lieux en qualité d'observateur et ressent très vite comme une rumeur évanescente, des indicibles bruits de fond et même une lumière différente enveloppant la lagune qui termine le territoire d'Orsenna. Il va faire, avec Le Redoutable, une brève incursion dans les eaux ennemies, incursion qui sonne comme une provocation puisqu'on lui répond par trois coups de canon. Mais le roman se termine comme il commence : dans l'atonie des palais d'Orsenna.

    Ce roman n'est pas sans rappeler le château de Kafka où l'intrigue minimale ne semble pas justifier le roman. Mais je trouve que dans les deux cas, c'est ce qui fait leur grandeur. Car, finalement, c'est un peu facile que de retenir le lecteur par des histoires étonnantes, avec des coups d'éclat, des rebondissement etc. Ce n'est peut-être pas à la portée de tout le monde que d'écrire un roman et  ce n'est pas à la portée de tout écrivain d'écrire un roman inconsistant.
    Mais aussi ténue soit-elle, il y a quand même une histoire dans le Rivage des Syrtes. Ma lecture personnelle est qu'Orsenna est peu l'image de nos nations occidentales : au fin fond de l'histoire, la vieille Europe s'invente des maux pour ne pas sombrer dans l'ennui.
    Le style est parfait, fait de longues phrases qui tombent comme autant d'évidences. une merveille.

    extraits. sur l'espèce de guerre (p14 et 15) :


    Les années s'accumulant d'une guerre aussi accommodante, on en vint peu à peu, à Orsenna, à considérer tacitement l'idée même d'une démarche diplomatique pacifique comme un mouvement immodéré, comportant quelque chose de trop tranché et de trop vif, qui risquait de retourner malencontreusement dans sa tombe le cadavre d'une guerre malencontreusement mort de sa bonne mort. La liberté extrême que donnait cette issue indéterminée d'exalter sans démenti les grandes victoires et l'honneur intact d'Orsenna était d'ailleurs un garant de plus de la tranquillité générale ; les derniers soupirs guerriers trouvaient leur exutoire à l'aise dans les fêtes qui continuaient à célébrer l'anniversaire du bombardement. [...]

    Ranimés ainsi subtilement dans les vers des poètes, il était significatif de remarquer que même la langue morte des actes officiels, de tous les jours s'employait au mieux, de son côté, à conserver intactes les cendres de ce cadavre historique ; ainsi on n'avait jamais consenti à la Seigneurie, sous un précieux prétexte de logique, à changer un mot au vocabulaire du véritable temps de guerre : la côte des Syrtes demeurait, pour les bureau "le front des Syrtes" - "flotte des Syrtes", les misérables carcasses que j'avais fonction de surveiller - "étapes des Syrtes", les bourgades qui jalonnaient de place en place la route du Sud. [...]


    On pouvait considérer assez rêveusement, à la lueur de ces vagues indices, que l'inachèvement même de cette guerre, signe en réalité d'une chute de tension sans remède, était l'essentielle singularité qui nourrissait encore quelques imaginations baroques - comme si une conspiration latente se fût ébauchée çà et là de mains obstinées encore à tenir absolumententr'ouvertes les lèvres prêtes à se sceller d'elles-mêmes de l'événement - comme si l'on avait chéri là inexplicablement  l'anomalie bizarre d'un événement historique mal venu, qui n'avait pas libéré toutes ses énergies, n'avaient pas  épuisé tout son suc.

     

    lecture du 01.02 au 09.02.09, note : 4.5/5.

  • Dominique A

    dom.jpgMon troisième chanteur français préféré (après Etienne Daho et Charles Aznavour - oui je sais, ça fait très ado cette façon de classer les artistes ! -) sort un nouvel album le 06 avril. Le titre de cet album est très recherché puisqu'il s'agit de la musique.  On peut écouter un extrait de ce nouvel opus sur son myspace. Ça s'appelle Immortels et c'est magnifique ! Symphonique, enivrant. Espérons que l'album soit de la même veine.

    Ce que j'aime chez Dominique A c'est la distance qu'il prend par rapport à son texte, son côté un peu brechtien (qu'on retrouve chez Françoiz Breut) qui pour beaucoup s'apparente à de la pédanterie. C'est ce qui fait, je pense, qu'il reste un peu à part et relativement méconnu du grand public et qu'il ne sera jamais récompensé aux victoires de la Musique où on prend peu de risques et où se croit branché parce qu'on a créé une catégorie rap et une catégorie musique électronique. La modernité n'est pas toujours là où elle se trouve, euh non, là où on pense qu'elle est, là où on dirait qu'elle est plutôt.

    Par ailleurs, il me plait de constater que malgré la crise du disque (je n'aime pas trop le mot crise qu'on utilise pour un oui ou pour un non, à tort et à travers dans l'industrie du disque, il y a vraiment une crise), les artistes ne baissent pas les bras et continuent à sortir des albums, que pour ainsi dire ils offrent au public.

    Loïc