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Colin sabre et tam-tam - Page 101

  • Caravan Palace !

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    Après s'est être occupé de trouver des amis pour le réveillon de la saint Sylvestre, il faut songer à la musique d'accompagnement. J'ai trouvé les amis, enfin juste un ami. Mais ça suffit :  ça compte. En plus l'ami en question sera avec ses enfants, ce qui fait qu'avec les miens, on sera 6. Donc ça compte largement. Le lendemain, je pourrai donc téléphoner à droite et à gauche pour souhaiter les voeux tout ça et quand on me posera la question "alors t'as fait quoi hier soir, j'imagine que comme nous, t'as bien arrosé ça ?", je pourrai répondre fièrement que j'avais des amis à la maison et qu'effectivement on a dignement fêté le nouvel an, tout ça et que ce matin, j'ai un peu mal aux cheveux. Trop cool.

    Mais à la base donc,  je voulais parler de musique. Car j'ai découvert un groupe en fouinant sur itunes. Il s'agit de Caravan palace. C'est bringueballant comme la vie en caravane et c'est classieux comme un palace. Et donc ça s'appelle Caravan Palace. C'est français et ça va chercher dans l'électro et dans le jazz. Digne de figurer dans les compils de l'hôtel Costes, ça risque de devenir une référence en matière de french touch au même titre que Air ou Daft Punk. Perso j'adore, ça créé une ambiance, une atmosphère et donc ça passe très bien en première partie de réveillon (après quand les gens sont un peu bourrés, il faut ressortir les vieilleries 80's).

    Ça s'écoute ici (en commençant par jolie coquine).

  • une présentation du motel, par Bruce Bégout

    outside-the-motel.jpg" Le motel se présente comme un bâtiment simple, souvent de plain-pied, qui n'offre à sa clientèle passagère qu'un unique service : une chambre à coucher. De par sa forme ordinaire et ses matériaux rudimentaires, il ressemble à un entrepôt de marchandises, muni de fenêtres identiques et d'un hall d'entrée d'une simplicité spartiate, où une forte odeur de détergent insensibilise tout sens de l'hospitalité. Les chambres sont austères pour la plupart, pourvues de commodités essentielles (lits, douche, lavabo, télévision), proches d'une place de parking et reliées entre elles en un assemblage monotone. On s'y arrête pour passer une ou deux nuits au maximum, en marge de la ville, presque en marge de la vie, tant on n'accorde en général aucun intérêt affectif ou esthétique à ce séjour. Seul le prix modique nous y attire. Les facilités de paiement, l'accès immédiat, la simplicité des services, une place de parking garantie, comptent également pour beaucoup dans notre choix. La logique du peu régit de part en part notre usage du motel. Pour l'homme urbain, cette modicité du séjour n'est pas qu'économique ; elle n'épargne pas seulement son portefeuille, mais aussi ses nerfs. Favorisant une forme d'abattement tranquille, le motel entraîne en effet chez ses visiteurs une manière d'économiser gestes et paroles, de se laisser envahir par l'anesthésiante simplicité du Banal.
    L'atonie générale du bâtiment prêt-à-dormir se retrouve dans les façons frustes d'occuper l'espace : les formalités administratives qui accompagnent habituellement l'installation dans un hôtel sont ici réduites à leur plus simple expression. Il suffit de donner son nom ou plus simplement encore le numéro d'immatriculation de son véhicule, et, quelques secondes après, on peut se diriger vers sa chambre. De la même manière, tous les codes de sociabilité plus ou moins tacites qui organisent les relations au sein des bâtiments publics sont ici limités à quelques mots d'usage, au geste rudimentaire de prendre et de rendre sa clef. La codification minimale des lieux déteint sur le comportement humain. L'échange entre les clients se réduit à une entente mutuelle très pauvre qui consiste généralement dans la volonté de ne pas empiéter sur le domaine de l'autre, de ne pas lui faire d'ombre ni de lumière, cet autre présent et absent, devenu presque mystérieux par sa discrétion, que l'on devine furtivement au bout d'un couloir, en train de pénétrer dans sa chambre, ou toussant derrière les cloisons, mais que l'organisation spatiale du motel nous empêche absolument de rencontrer. Même si les voyageurs ou le gérant voulaient nouer une relation plus profonde, la structure des lieux les en dissuaderait. Dans un motel, tout est fait pour couper court à chaque tentative de constituer des "lignes de sympathie", des transitions douces d'une humeur à une autre, d'une parole à un geste. La disjonction règne en maître et renvoie chacun à sa propre existence privée sans porte ni fenêtre."

     

    p16 de "lieu commun" paru aux éditions allia. Ce que j'aime chez Bruce Bégout, c'est cette capacité à tout conceptualiser, même ce qui semble dénué de sens. Savoir tourner ses phrases, trouver les mots pour dire le quotidien, la banalité..poue enfin de compte parvenir à enchanter le désanchantement..

  • "A bigger Splash" de David Hockney

    David+Hockney+A+Bigger+Splash.jpgIl ne faut jamais désespérer des déménagements. Entre deux efforts, on fait une pause, on prend un livre au hasard dans un carton et puis on tombe sur une toile bouleversante.

    Le soir, on entre chez soi, on veut retrouver la chose, mais on ne se souvient ni du nom de la toile ni du nom du peintre. Et on tape tout un tas de mots dans google genre "peinture américain swimming" ou "tableau swimming plongeoir" pour finalement au bout d'un quart d'heure voir apparaître le chef d'oeuvre à l'écran.

    On est content ! On apprend qu'il s'agit d'une toile de David Hockney. Et que le type n'a pas fini de nous surprendre.  Et puis on fait une note ! Et on va faire dodo parce qu'on est fatigué.


  • babelio connecte nos bibliothèques.

    babelio2.jpgJe m'étais inscrit à Babelio courant 2007 et j'avais très vite laissé tomber l'affaire, trouvant que cela faisait doublon avec facebook ou ce blog. C'est vrai quoi, ce n'est pas le tout de s'inscrire à droite et à gauche, encore faut-il que les services soient utiles. En fin de compte, j'y suis revenu et j'ai passé ma fin de soirée de mercredi à entrer tous les livres lus ces deux dernières années..J'y suis revenu parce que j'en ai un peu marre du module book-machin-chose de facebook (trop lent) et puis surtout pour le côté esthétique : ça a un certain style de voir toutes les couvertures de ses lectures les unes à côté des autres (même si on ne peut pas les exporter comme tel). L'ensemble est quand même encore très imparfait. Allez, on va dire que c'est un site en devenir. Mais bon, y'a de l'idée..et puis pourquoi pas..à condition, encore une fois, de ne pas en être esclave.

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  • CR62 : l'arrière-saison - Philippe Besson

    livre_besson.jpgJ'ai lu ce livre comme ça, comme un intermède entre deux œuvres de plus d'envergure. Ce fut une lecture agréable comme le sont les arrière-saisons dans les stations balnéaires (comme le chantait si bien Francis Cabrel...La mer quand même/ Dans ses rouleaux continue/ Son même thème/ Sa chanson vide et têtue/ Pour quelques ombres perdues/ Sous des capuchons/ On doit être hors-saison...). Philippe Besson a eu la très belle idée d'inventer une histoire à partir du célèbre tableau de Edward Hopper : un bar du nom de Phillies, un serveur affairé, trois clients au comptoir dont une femme vêtue de rouge et deux hommes portant costume et chapeau. A partir de ces éléments, l'écrivain imagine une histoire sentimentale dont la femme en rouge, Louise serait le centre. Elle retrouve dans le bar un homme avec qui elle vécut 5ans en même temps qu'elle apprend que son amant du moment, un homme marié,  la quitte.
    Tout ça est très bien. Le problème est qu'à aucun moment du roman, les deux hommes, Stéphen et Norman ne sont accoudés au comptoir ensemble. Et pareil, il n'est fait nullement mention que ceux-ci portent des chapeaux (type feutre). A partir de là, qui sont les deux hommes du tableau ? Le lecteur peu imaginer qui ce sont des  clients lambda qui sont là, en même temps que Louise, fidèle cliente du bar. Sauf que l'un deux est très proche de Louise et qu'on devine qu'ils se connaissent bien. Alors, il doit s'agir de Norman. Après tout, Ben, le serveur,  trouve Norman "guindé" et le narrateur n'était pas obligé de dire que'il portait un chapeau. Autre hypothèse : l'écrivain ne s'est arrêté qu'à la partie du tableau qu'on voit sur la couverture...Mais si j'avais été Philippe Besson, je crois que j'aurais été le plus fidèle possible au tableau..tant qu'à faire, autant aller au bout de son idée.
    Et je me pose trop de questions pour ce très bon roman atmosphérique. Les mots de l'écrivain sonnent très justes pour décrire les sentiments et l'automne approchant..aussi justes que fut le roman les jours fragiles dans lequel Philippe Besson imagine avec brio les derniers jours d'Arthur Rimbaud. Je conseille ces deux romans comme lectures lors de dimanches d'automne. C'est assez grisant, surtout au coin du feu, pour ceux qui disposent d'une cheminée. Pour les autres, près de la chaudière à fuel, ça peut être sympa aussi.

    note : 3.5/5
    lecture du 28/11 au 30/11

     

  • CR61 : le complot contre l'Amérique - Philip Roth

    9782070774678FS.gifCe livre de Philip Roth que je viens de terminer fait partie de ces romans qui marquent.
    L'idée de Roth fut d'imaginer ce que serait devenu l'Amérique (et du coup le monde) si l'aviateur Lindbergh, antisémite notoire, s'était présenté et avait gagné les élections de 1940 contre Roosevelt, et ce à travers le regard du petit garçon juif qu'il fut, vivant dans la ville de Newark. La prouesse de l'écrivain fut donc d'avoir imaginer comment aurait pu tourner l'histoire si les États-Unis avaient décidé de ne pas entrer en guerre contre l'Allemagne, tout en restant cohérent et crédible dans le propos. Parallèlement à la grande histoire, le lecteur suit la montée d'un antisémitisme rampant aux États-Unis, entretenu par une administration suffisamment intelligente pour inciter et entretenir de façon subtile les actes antisémites. 90% des américains soutiennent Lindbergh dans son désir de neutralité vis à vis du conflit mondial. Même des juifs influents sensibles à son aura en arrivent à le soutenir et à entrer dans son administration. Seuls quelques courageux dont le père de Philip osent dire tout haut ce que quasiment personne pense tout bas. Le père a une ligne de conduite claire et dès le départ sait où veut en venir Lindbergh. Il est donc séduit par les discours radiophoniques deWinchell , un anti-Lindbergh qui n'a de cesse d'avertir l'Amérique des intentions de leur président. Tout cela finit en guerre civile, Lindbergh disparaît et Roosevelt est réélu président.
    Moralité : rien n'est jamais acquis, le Monstre est toujours tapis quelque part au fond de nos plus sombres instincts. Une démocratie apaisée ne l'est jamais complètement.
    C'est mon premier Roth..et sans doute pas le dernier. D'ailleurs, on m'a conseillé la pastorale américaine.
    Par ailleurs, j'ai été très sensible au fait que Philip Roth ait récemment apporté son soutien à Milan Kundera (pour l'affaire qu'on sait).

    Je voudrais parler maintenant de l'idée que je me fais du roman américain : tous les romans d'auteurs américains que j'ai lus (une petite dizaine à tout casser, oui je sais, c'est peu) se ressemblent quelque part, à savoir qu'il s'agit d"histoires très bien racontées mettant en scène des familles américaines plus ou moins types avec leurs lots de tragédies, de personnages attachants (comme l'est le père Roth dans le complot contre l'Amérique) ou détestables avec toujours pour la plupart des protagonistes le rêve américain comme idéal. Si je prends par exemple middlewest de Jeffrey Eugenides ou trente ans et des poussières de Jay Mcinerney, c'est à peu près ça. Les récits sont bien construits, bien enlevés comme on dit et en général ce sont des bouquins de 500 pages. Le lecteur est pris dans l'histoire comme dans un tourbillon. Mais en fin de compte, si je prends beaucoup de plaisir à lire ces romans, je ne leur trouve que peu d'intérêts littéraires, contrairement aux romans d'auteurs français contemporains (Jean Echenoz, Alain Fleischer, Régis Jauffrey...), qui sont plus introspectifs, plus subtils, plus profonds et plus expérimentaux aussi. Chaque type a un intérêt évidemment mais le fait est que je trouve plus mon compte dans la littérature française. Maintenant, c'est vrai qu'il faudrait que je lise plus d'auteurs américains (en commençant par Faulkner) pour voir si cette idée se confirme.
    Mais en fait, à bien y réfléchir, mon malaise avec le cinéma américain est du même type. Et toutes ces séries us que je ne peux pas supporter..J'ai un problème avec les États-Unis moi.
    Ceci dit, je relirai des romans américains.

    note : 3.5/5
    lecture du 15/11 au 25/11
    à venir : l'arrière-saison de Philippe Besson

  • hommage à Jean Markale

    jean_markale.jpgJean Markale, écrivain breton spécialisé dans les légendes celtiques, est décédé hier. Il habitaitIMGP5925.JPGà...Camors, c'est à dire dans mon bled. Il était très discret et je ne l'ai jamais croisé. Faut dire quand même qu'il ne devait pas passer inaperçu avec sa grande tignasse blanche et sa gueule de barde breton. La bibliothèque du bourg porte le nom de cet illustre habitant, cependant assez peu connu du grand public. Par contre, les fans des légendes arthuriennes, dont je suis, ont forcément eu entre les mains l'un de ses ouvrages et c'est précisément par l'un de ses livres que je suis rentré dans la légende. Il s'agissait de Brocéliande et l'énigme du Graal et j'en ai un bon souvenir. Dans une première partie, il explique son enfance passée en lisière de la forêt et la deuxième partie est un résumé de la légende. Un souvenir ému de ce livre...et que de ce livre puisque sa revisitation de la légende en plusieurs tomes parus à la suite m'avait laissé de marbre..trop plate et sans intérêt.

    La mémoire parfois nous joue des tours : je crois que j'ai eu une petite altercation avec lui lors d'un salon du livre celtique au festival interceltique de Lorient. Comme j'étais jeune et un brin provocateur, je suis allé lui demander, comme ça, sûr de moi et de mes opinions s'il ne fallait pas plutôt situer la forêt de Brocéliande quelques part du côté de la Mayenne ou de la Sarthe . Et je crois qu'il m'avait répondu un peu sèchement qu'on s'en foutait de ça etc..mais voilà, aujourd'hui, je ne suis pas certain que cela s'est vraiment passé. Pourtant, étant donné l'événement, je devrais bien m'en souvenir. Et pourtant, je ne suis plus sûr de rien.


  • idée forte et pur vide (citation Marcel Proust)

    Une idée forte communique un peu de sa force au contradicteur. Participant à la valeur universelle des esprits, elle s’insère, se greffe en l’esprit de celui qu’elle réfute, au milieu d’idées adjacentes, à l’aide desquelles, reprenant quelque avantage, il la complète, la rectifie; si bien que la sentence finale est en quelque sorte l’oeuvre des deux personnes qui discutaient. C’est aux idées qui ne sont pas, à proprement parler, des idées, aux idées qui ne tenant à rien, ne trouvent aucun point d’appui, aucun rameau fraternel dans l’esprit de l’adversaire, que celui-ci, aux prises avec le pur vide, ne trouve rien à répondre. Les arguments de M. de Norpois (en matière d’art) étaient sans réplique parce qu’ils étaient sans réalité.

    p552, volume 1, la pléiade (à l'ombre des jeunes filles en fleurs)


    C'est difficile de trouver des arguments dans une discussion avec un imbécile. Par exemple, en politique, une discussion entre un modéré et un extrémiste finit souvent à l'avantage de ce dernier, même s'il a tort, car son raisonnement répond à une logique et à des liens internes imparables. Et dans nos vies de tous les jours, c'est également le cas : il y a souvent plus de possibilité d'avoir une discussion houleuse avec quelqu'un dont on partage peu ou prou l'avis qu'avec quelqu'un dont on ne partage pas du tout l'avis ou qui n'a aucun avis. Il m'est arrivé il y a peu de temps de ne pas savoir que répondre à une dame qui me disait qu'elle était pour la peine de mort et ce faisant, elle me citait plein d'exemples, des cas extrêmes où il allait de soi que la peine de mort était la solution. En clair, ce n'est pas parce que quelqu'un est logique dans son argumentation qu'il a raison, car tout dépend de l'idée qui nécessite l'argumentation. Si je dis "tous les hommes sont immortels, or Descartes un homme, donc Descartes est immortel", je suis cohérent, mais j'ai tort. C'est un peu évident ce que je dis là, je pense que tout le monde est d'accord avec ça. Mais j'ai le sentiment quand même que, trop souvent, ce sont  les gens qui ont des raisonnements cohérents qui fascinent.

    Loïc

     

  • les photos (sympas) d'Eric Tabuchi

    16_caravane1.jpgIl est plus difficile qu'on pense de prendre des photos représentant des zones frontières ou ce qu'on appelle des non-lieux. On pourrait croire qu'il suffit d'aller photographier des terrains vagues ou des limites des zones industrielles, mais en fait, c'est assez complexe et ça demande une certaine inspiration. Je dis ça parce que j'ai tenté l'expérience et ce ne fut pas concluant (il faut dire aussi que mon pentax option 60 est une merde).
    Tout ça pour mettre en relief le travail de Eric Tabuchi (découvert grâce à François Bon) qui est un peu de la même école qu'un Thibaut Cuisset ou qu'un Emmanuel Pinard. Enfin comme ça, je parle comme un mec qui en connais un rayon mais il n'en est rien. Il s'agit juste me concernant d'une passion...un peu limite.