En cherchant un poème sur le pin maritime, je suis tombé sur celui-ci de Théophile Gautier. Il a des faux airs de l'albatros de Baudelaire (ou serait ce le contraire) mais l'ensemble tient la route (en dehors du deuxième alexandrin un peu tiré par les cheveux) et est malheureusement un peu d'actualité, pas pour les raisons évoquées par le poète mais à cause de cette tempête de ce début d'année qui a fait pas mal de dégats, pas à cause du réchauffement climatique comme l'ont annoncés les journalistes stupides (qui veulent toujours trouver un responsable à tout) mais parce que la nature et les éléments sont impitoyables. (loïc, 10h30)
Le pin des Landes
On ne voit en passant par les Landes désertes,
Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
Surgir de l'herbe sèche et des flaques d'eaux vertes
D'autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc,
Car, pour lui dérober ses larmes de résine,
L'homme, avare bourreau de la création,
Qui ne vit qu'aux dépens de ceux qu'il assassine,
Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon !
Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte,
Le pin verse son baume et sa sève qui bout,
Et se tient toujours droit sur le bord de la route,
Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.
Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;
Lorsqu'il est sans blessure, il garde son trésor.
Il faut qu'il ait au coeur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d'or !