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Colin sabre et tam-tam - Page 99

  • CR69 - le sucre - Georges Conchon

    baigneur.JPGIl y a quelques années, je me souviens que j'avais tellement adoré l'argent de Zola que je m'étais mis à chercher d'autres romans traitant de spéculation financière. Et on m'avait conseillé celui-ci, écrit par Georges Conchon, écrivain que quasiment personne ne connait (bien qu'il ait obtenu le prix Goncourt en 1964 avec l'Etat sauvage).
    Cela fait quelques jours que j'en ai fini la lecture et si je tarde à faire mon cr est que ce roman reste pour moi une énigme et que je ne suis pas très fier de moi sur cette affaire-là. Mais il faut quand même que je fasse une note car ce serait trop facile de ne pas en faire. C'est vrai quoi, zut, si je commence à faire de la ségrégation et de ne traiter que des livres que j'ai aimés, où-va-t-on ? Mais en fait, ce n'est pas que je ne l'ai pas aimé. C'est plutôt que je ne l'ai pas compris. A partir de la page 49, je suis rentré dans un brouillard complet et j'avais beau relire, redémarrer les chapitres, rien n'y a fait : je n'ai pas compris ce que voulait nous dire l'auteur.
    Au début, ça va. Ça se passe dans les années 70 : un fonctionnaire qui se prénomme Adrien hérite d'une grosse somme. Il abandonne son boulot d'inspecteur des impôts et décide de spéculer sur des marchés à terme, et ici, en l'occurrence sur le marché du sucre. S'aidant de ses ex-relations professionnelles,  il dispose de bons tuyaux et part très confiant. Il parie sur une hausse du prix du sucre..et c'est ce qui arrive, et même plus qu'il ne l'espérait. Grisé, il continue à investir des millions pariant toujours sur une hausse..ça augmente toujours jusqu'au jour où... ça dégringole. Il s'y attendait parce que comme le dit ce proverbe que connaissent bien les boursicoteurs "les arbres ne montent pas jusqu'au ciel". Il s'y attendait mais suite à un malentendu avec son collaborateur, il ne peut pas vendre suffisamment tôt et par un effet boule de neige se retrouve ruiné. Là, on en est à la page 49 pour un livre qui en compte 218. C'est la suite que je n'ai pas compris. Rien du tout. Apparemment, Adrien essaie d'annuler ses pertes en faisant du chantage à des banquiers ou des ministres. Et je ne sais pas s'il y arrive vraiment. D'ailleurs, je ne suis pas sûr qu'il s'agisse bien d'une histoire de chantage. La honte donc.
    Dû à quoi ? Sans doute au style de l'écrivain : plein de phrases nominales ou exclamatives et une écriture parlée avec pas mal de termes dans le genre argotique ..et du coup, Conchon oublie d'expliquer les choses à un moment où, les événements se compliquant,  il aurait peut-être fallu le faire. C'est tout ce que je vois.


    Bon, mais si vous cherchez un bon roman sur les dérives spéculatives et qui parle aussi de Mallarmé, des charmes de l'automne, d'amour, de chevilles féminines, de Paris, tout quoi, je re-re-re-conseille Cendrillon d'Eric Reinhardt. Il y a vraiment des pages sublimes dans ce livre et j'ai la chair de poule rien que de repenser à l'euphorie qui fut la mienne au temps de cette lecture.

    Sinon, cette note inaugure le mois du baigneur. C'est crétin mais c'est comme ça : toutes les illustrations mettront en scène le baigneur de Lola, si Mlle veut bien me le prêter quelques secondes de temps en temps pour la séance photo...oh mais je suis sûr que mon loulou va rien dire et qu'elle sera même fière que son papa s'intéresse au baigneur.

    note : 1.5/5
    lecture du 11.01 au 14.01.08
    à venir : cherokee, Jean Echenoz

  • espèce de bug sur l'espèce de blog.

    Aujourd'hui, j'étais chez un ami et j'ai voulu lui montrer mon blog et tout, et alors je me suis rendu compte que les pages ne s'affichaient pas correctement, voire pas du tout..petite enquête rapide pour m'apercevoir que c'était le cas depuis pas mal de temps... Et personne ne m'en avait rien dit..(ce qui compte tenu de l'audience de l'endroit, n'est pas si étonnant).

    Là, je crois que ça marche. Toutes mes excuses à ceux qui ont été empêchés de lire ma prose subliminale.

    ++++, Loïc

     

  • CR68 - Syngué sabour, pierre de patience - Atiq Rahimi

    SynguésabourPierredepatience.jpgQuelque part dans un appartement sommaire d'une ville afghane, une femme veille sur son mari, dans le coma suite à une blessure de guerre. Elle lui parle et lui dit tout ce qu'elle a sur le coeur, tout ce qu'elle n'a jamais osé ou pu lui dire. La pierre de patience est ce mari, inerte comme un caillou et auprès de qui elle peut enfin s'épancher et se livrer, ce qu'elle n'a jamais pu faire du temps où il était soldat et qu'elle lui était soumise. Dehors se font entendre de sporadiques coups de feu et l'on devine un spectacle de ruines.

    Récit bien mené dont il est impossible de décrocher. Mots justes et très évocateurs. L'écrivain veut dénoncer la violence, l'extrémisme, le fanatisme religieux et la soumission de la femme qu'il induit. C'est bien tout ça. Et c'est à mille lieux de la tendance au nombrilisme des littérateurs français contemporains. Mais ça ne valait pas le Goncourt. Les membres du jury ont sans doute voulu montrer qu'ils étaient ouverts sur le monde. On va dire que c'est culturellement correct (mais je devrais pas : je ne supporte plus l'expression politiquement correct !!!). Je dis ça parce que c'est vraiment le sentiment que j'ai. Bien d'autres romans édités en 2008 étaient supérieurs à celui-ci. Plus ambitieux, plus étoffés. Encore que, comme on sait, quantité ne signifie pas forcément qualité. Mais quand même il y a des limites. Donc voilà, un Goncourt de plus dans l'escarcelle. Et qui sera totalement oublié dans trois mois.

    note : 3.5/5
    lecture du 08.01 au 09.01.09
    à venir : le sucre, Georges Conchon.

  • la vie mode d'emploi, mode d'emploi.

    Imgp6038.jpgla vie mode d'emploi, mode d'emploi.

    Mais non, ce n'est pas vraiment un mode d'emploi mais juste quelques considérations sur la lecture de ce célèbre roman de Georges Pérec. Concrètement de quoi s'agit-il ? de la description de ce qui se passe dans un immeuble parisien à un instant T. L'écrivain se place devant l'immeuble et fait comme s'il voyait tout l'intérieur, comme s'il pouvait voir à travers les murs. Il dit tout. Jusqu'aux détails. Rien ne doit être laissé pour compte. Inventorier, relier, recouper. Tout.

    Au départ donc, je me suis dit que j'allais noter au fur et à mesure dans un petit bloc-notes prévu à cet effet toutes les informations importantes sur les habitants. Comme j'ai une  mémoire de poisson rouge, j'avais peur de ne plus savoir au bout d'un certain nombre de pages qui était un tel ou un tel déjà présenté au début, et est ce un tel connaissait un tel qui habite à l'étage du dessous ou pas. Parce qu'il faut bien se rendre compte que l'immeuble en question compte quelque chose comme huit étages et une trentaine d'appartements. J'ai commencé de la sorte. Notant tout très proprement avec un beau Waterman. Et puis, très vite, ça m'a laissé. A sans cesse interrompre la lecture, on n'avance pas et on ne prend pas de plaisir. Et je me suis dit alors que ce qu'il fallait faire, c'est reconstituer l'immeuble sur une grande feuille blanche et faire autant de case que d'appartements mais au lieu d'y dessiner le mobilier et les habitants, noter les points essentiels correspondant à chaque appart. Ça me semble évident que c'est ce qu'il faut faire.

    baise.jpgSinon, comme indiqué dans la colonne de gauche, il s'agit d'une lecture parallèle..à une autre. Je procède de la sorte lorsque je suis en face d'un ovni ou d'un pavé (celui-ci est les deux) et donc je lis un autre roman plus classique à côté. La vie mode d'emploi compte 99 chapitres. L'idée est de lire 2 chapitres par jour ce qui signifie à peu près un mois et vingt jours de lecture et donc une fin de lecture aux alentours du vingt février. J'en suis à la page 154 et si c'était un roman traditionnel je me dirais "vivement que cessent les présentations et les descriptions, de l'action vite !"...mais là, bien que je ne sais pas exactement de quoi il en retourne, je me dis qu'il y a quand même une forte probabilité que les 450 pages  restantes (écrites en tout petit...) ne seront guère différentes des 150 premières.

    Mais je me suis quand même déjà bien amusé, j'ai découvert ce qu'était un baise-en-ville et on voyage pas mal à travers la description de tableaux accrochés ici ou là dans quelque appartement de tel étage. Et puis, il y a eu surtout le compte-rendu du voyage d'un ethnologue (qui habita l'immeuble par le passé -parce que Pérec revient aussi sur les précédents habitants-) dans une tribu primitive. Un vrai petit roman à l'intérieur du roman, plus qu'un roman même un récit très pointu d'un ethnologue devenu fou.

  • CR67 - la puissance et la gloire - Graham Greene

    lapuissancetlagloire.jpgDans les années 30, dans un Mexique où le pouvoir révolutionnaire cherche à détruire toute trace de chrétienté en détruisant les églises et en massacrant les prêtres, le dernier de ces derniers est recherché par les autorités. Le roman de Graham Greene est le récit de cette chasse à l'homme.
    Ce roman très fort, très prenant et un brin aride n'est pas aussi manichéen qu'il n'y parait. Le prêtre, alcoolique n'est pas vraiment un saint et le lieutenant à la tête de la traque n'est pas dénué de sentiments. La description de l'extrême pauvreté dans la campagne mexicaine est saisissante et le roman trouve son apogée dans les dialogues de haute voltige entre les deux ennemis enfin réunis. Bien que violent dans le propos et dans les faits, ce roman apparaît avant tout comme le roman des devoirs, les devoirs qui ralentissent le prêtre dans sa fuite et le devoir du lieutenant qui bien que fort respectueux de son prisonnier se doit de le supprimer pour ce qu'il représente.
    Un roman qui donne à réfléchir sur le fait religieux en pays pauvre et les limites de l'anticléricalisme lorsque tout espoir d'être heureux de son vivant est abandonné. Aussi haletant qu'un polar, la métaphysique en plus.

    Une année de lecture qui commence bien. J'ai quelques autres vieux poches avec pages jaunies et odeurs de vieux papier comme celui-ci à lire.



    Le lieutenant cracha tout à coup méchamment, comme si quelque chose de sale s'était glissée sur sa langue.
    " Vous avez toujours des réponses qui ne signifient rien, dit-il.
    - Les livres ne m'ont pas appris grand chose, dit le prêtre. Je n'ai aucune mémoire. Mais il y a chez les hommes de votre espèce une chose qui m'a toujours beaucoup intrigué. Dites-moi : vous détestez les riches et vous aimez les pauvres, n'est-il pas vrai ?
    - Exactement.
    - Eh bien, si je vous détestais, je n'élèverais pas mon enfant en sorte qu'il vous ressemblât. Cela n'aurait pas de sens.
    - En ce moment, vous déformez...
    - Peut-être. Je n'ai jamais su exactement ce que vous pensiez. Nous avons toujours proclamé que les pauvres étaient bénis, tandis que les riches auraient beaucoup de difficultés à entrer au Paradis. Pourquoi ferions-nous des difficultés aux pauvres aussi ? Oh ! Je sais qu'on nous enseigne de donner aux pauvres, afin qu'ils ne souffrent pas de la faim...la faim peut pousser un homme à mal agir tout autant que l'argent...Mais pourquoi donnerions-nous aux pauvres le pouvoir ? Mieux vaut les laisser mourir dans la crasse et s'éveiller au ciel..tant que nous ne les enfonçons pas nous-mêmes plus loin dans la crasse.
    - Comme je déteste vos arguments, dit le lieutenant. Moi, je n'en ai pas besoin. Lorsqu'ils voient quelqu'un souffrir, les gens comme vous raisonnent et raisonnent. Ils disent :"peut-être un jour s'en trouvera-t-il mieux ?" Moi je veux laisser parler mon coeur.
    - Au bout d'un fusil.
    - Oui. Au bout d'un fusil.
    - Ah ! bien, quand vous aurez mon âge, sans doute saurez-vous que le coeur est une bête dont il est prudent de se méfier. L'intelligence en est une autre, mais elle, du moins, ne parle pas d'amour.


    note : 4/5
    lecture du 02.01 au 0601.09
    à venir : Syngué sabour, Pierre de patience, Atiq Rahimi


  • du jour au lendemain : Paul Auster invité

    auster_paul.jpg

    Le 28 janvier 2009, Paul Auster (dont j'avais adoré les brooklyn follies ) sera l'invité d'Alain Veinstein dans l'émission du jour au lendemain, cette émission nocturne de France Culture dont j'ai déjà maintes fois parlé ainsi. AV a plutôt pour habitude d'inviter des écrivains français alors ne boudons pas notre plaisir. J'ai hâte d'entendre le timbre de voix du romancier américain, son débit de paroles, son accent, etc et toutes ces choses qui font le charme de cette émission radiophonique. Paul Auster est en promotion à l'occasion de la sortie en France de son nouveau roman seul dans le noir.

    Sinon, ce soir, dans la même émission, Jean Roudaut viendra parler d'un essai sur Marcel Proust intitulé les trois anges. Il y a toujours à dire sur Proust. La Recherche est tellement dense et foisonnante qu'elle sera l'objet d'études jusque la fin des temps, car le Christ est notre Seigneur, Amen. Ce qui me fait penser qu'il faut que je fasse mon cr de la puissance et la gloire de Graham Greene. Battre le fer tant qu'il est chaud.

  • espèce d'avis sur la télévision publique

    01092874.jpgSur le principe, le fait qu'il n'y ait plus de publicité sur les chaines du service public est une bonne chose et je suis certain que sur les long terme, les programmes vont gagner en qualité. Et il faut avouer qu'en la matière, il y a pas mal de boulot, puisqu'à vue de nez, on va dire quactuellement sur une chaine comme france 2,  il n'y a que 30% de programmes dignes du service public. Or Il faut être exigent avec nos services publics et l'audiovisuel en particulier. Je me fous totalement que tf1 fasse de la télé-réalité ou diffuse des jeux débiles mais j'ai vraiment la croupe pleine de voir des émissions comme celles de Delarue (ou Courbet)  ou des séries us violentes et sécuritaires sur France2. Il faut que ça change et dans mon idée il faudrait que France 2 soit l'équivalent de france inter à la télé. 
    Maintenant le financement. Comment compenser la perte de la publicité. 2 options :
    - augmenter la redevance à hauteur du manque à gagner et la revoir à la hausse tous les ans. impopulaire mais raisonnable.
    - supprimer la redevance qui serait compenser pas une dotation de l'Etat équivalente prise sur le budget général, avec la aussi une hausse obligatoire tous les ans. Car après tout, est-ce vraiment indispensable de garder un impôt affecté comme l'est la redevance ?
    La voie prise par le gouvernement n'est ni l'une ni l'autre. C'est une usine à gaz insensée dont personne ne comprend rien. Et tout ça juste pour ne pas augmenter la redevance parce que les français n'aiment pas qu'on augmente les prélèvements parce qu'ils n'ont plus de pouvoir d'achat etc etc et tout le baratin habituel.

    Ou alors, l'autre idée, diamétralement opposée, serait de supprimer l'audiovisuel public. Après tout, il y a d'autres outils que la télé pour s'informer et se cultiver. Comme on le dit souvent, aujourd'hui, on va plus chercher l'info qu'on ne l'attend et la télé n'est pas trop adaptée à la chose. Ça se tient comme idée et évidemment, ça va sembler scandaleux pour certains mais qu'est-ce que la télévision publique actuelle si ce n'est le résidus d'un temps que les moins de 20ans ne peuvent pas connaitre, d'un temps donc où la télévision était sévèrement contrôlée par le pouvoir ?
    Ça se tient aussi. Ça soulage les français de la redevance et on redistribue ou pas les canaux libérés à des chaînes privées plus ou moins thématiques..ou pas. ou alors l'inverse.
    Vous voyez que ça n'est pas difficile de trancher.

  • CR66 : Gatsby Le Magnifique - F.Scott Fitzgerald

    gatsby5.jpgSi Gatsby est magnifique, le roman, lui est juste correct. une bonne restitution de l'atmosphère de la jet-set us des années 30. Plein de gens enrichis malhonnètement, parfois racistes, souvent cyniques. Le tout pour une histoire d'amour classique finissant par un drame prévisible. pas un chef d'oeuvre, juste un bon diverstissement.

    Un bon Harlequin quoi...extrait:

    Elle tenta d'allumer une cigarette. Sa main tremblait. Brusquement, elle jeta la cigarette et l'allumette encore enflammée sur le tapis.
    - oh ! s'écria-t-elle. Vous m'en demandez trop. C'est vous que j'aime maintenant. Ça ne vous suffit pas ? Le passé existe. Je n'y peux rien.
    Désemparée, elle se mit à pleurer.
    - J'ai aimé Tom. Mais je vous aimais aussi.
    Gatsby écarquilla les yeux, les referma.
    - Vous m'aimiez aussi ?
    - Elle ment, là encore ! dit Tom avec férocité. Elle ne savait même pas si vous étiez vivant. Il s'est passé beaucoup de choses, entre Daisy et moi, des choses que vous ignorez toujours, des choses que nous n'oublierons jamais l'un et l'autre.


    Nick, Tom...manque Steeve.

    lecture du 27.12 au 30.12, note : 3/5.

  • CR65 : la mort à Venise - Thomas Mann

    9782234055902FS.gifThomas Mann fait partie de ces auteurs dont le nom juste, par son côté ramassé et par sa tonalité germanique suffit à provoquer une forme de respect (de la même façon que Herman Hesse ou Stéphan Zweig). Je n'avais pas prévu lire ce livre  et n'avais que très vaguement connaissance de son existence. Je crois d'ailleurs que mon subconscient considérait la mort à Venise plutôt comme un film (ce qu'il est d'ailleurs devenu par la suite). Et puis, ce livre est tombé d'un carton alors que j'effectuais un déménagement. Je me suis baissé, l'ai ramassé et là, pour lui c'était trop tard. Sa lecture était devenue inévitable.
    J'ai beaucoup aimé ce petit livre qui s'apparente plus à une nouvelle qu'à un roman. Il s'agit de l'histoire de Gustav Aschenbach, un romancier allemand relativement âgé qui part se reposer à Venise où il tombe en admiration devant un  jeune polonais de 14ans logeant dans le même hôtel que lui. Il lui trouve un physique parfait, beaucoup de grâce lui évoquant quelque dieu mythologique. A partit de là, le récit est une suite de jeux de regards et d'effleurements entre les deux êtres, entrecoupés de réflexions diverses de l'artiste sur l'art et l'amour. Pendant ce temps, la mort rôde à Venise où la rumeur court que la peste a débarqué, situation qui créé  une sorte d'urgence qui oblige G.A. a plus d'empressement dans l'approche.
    La force de Thomas Mann dans ce roman est d'avoir réussi à maintenir une forme de suspense psychologique alors qu'il ne se passe rien en réalité (puisqu'à aucun moment, l'artiste et le jeune polonais ne vont entrer en contact) et qu'on devine très vite qu'il se passera rien. L'écriture est fluide, voire évanescente et le récit se ponctue en beauté par un final au romantisme exacerbé.

    Très beau roman, qui se lit en moins de deux heures. C'est important de le dire ça pour ceux qui veulent augmenter leur bagage culturel en peu de temps. Et j'ai choisi ce petit extrait, p90 qui retranscrit finement une situation que l'on vit tous régulièrement :


    il n'est rien de plus singulier, de plus embarrassant que la situation réciproque de personnes qui se connaissent seulement de vue, qui, à toute heure du jour se rencontrent, s'observent, et qui sont contraintes néanmoins par l'empire des usages ou leur propre humeur à affecter l'indifférence et à se croiser comme des étrangers, sans un salut, sans un mot. Entre elles règnent une inquiétude et une curiosité surexcitées, un état hystérique provenant de ce que leur besoin de se connaître et d'entrer en communication reste inassouvi, étouffé par un obstacle contre nature, et aussi, et surtout, une sorte de respect interrogateur. Car l'homme aime et respecte son semblable tant qu'il n'est pas en état de le juger, et le désir est le résultat d'une connaissance imparfaite.


    le désir est le résultat d'une connaissance imparfaite. 

    lecture du 25.12 au 26.12.08
    note : 4/5

  • coup de coeur pour : Françoiz Breut

    412RKQGXRUL._SS500_.jpgPetit intermède musical pour vous parler de Françoiz Breut, une chanteuse française injustement méconnue du grand public et dont je suis fan depuis le premier album sorti quelque part dans le milieu des années 90. J'avais quelques craintes avant la sortie du dernier (à l'aveuglette) étant donné que pour la première fois, elle était l'auteur des textes, et dans ces cas-là, comme on sait, c'est quitte ou double. Écrire des paroles ne s'improvise pas, c'est un métier. Après plusieurs écoutes de l'album, non seulement les craintes ne sont pas confirmées mais il s'avère que la plume de Françoiz vaut le détour et qu'on se dit même que c'est dommage qu'elle ne s'y soit pas mis plus tôt.
    Son dernier album est une merveille et se situe en ce qui concerne la musique et l'instrumentation dans la lignée des précédents. Tiens, j'aime tellement cet album que je me demande si je ne vais pas...l'acheter. D'ailleurs, si, je vais le faire, quitte à passer pour un has-been.
    Le son Breut est très particulier et ressemble beaucoup à celui de son ex-partenaire Dominique A, c'est à dire un mi-chemin entre minimalisme et variété. Ce serait un peu à ranger dans la même famille que feu Autour de Lucie ou Holden (dont on attend impatiemment le nouvel album). La sensation que j'ai à l'écoute des chanson de Breut est un peu  celle d'une jolie fille qui chante dans un grand hangar désaffecté avec pour l'accompagner un groupe avec batterie, guitare, clavier, basse et ça se passerait quelque part dans le Nord un jour de canicule.

     

    Alors, les jeunes pousses semble être le titre phare de ce nouvel album. Dans cette chanson, FB arrive a donner une espèce de grandeurs d'âmes aux frasques adolescentes.  Le rythme de la chanson me fait vaguement penser à la bof du film César et Rosalie, signé Philippe Sarde. (hasard ou coïncidence, elle avait repris dans un précédent album la chanson d'Hélène, également composée par Sarde pour Sautet).  J'ai écouté cette chanson en boucle et ne m'en suis pas encore lassé. La retranscription des paroles est de ma pomme n'ayant rien trouvé sur la toile. Mais elle n'est pas achevée car je cale à certains passages (voir ****, à bon entendeur salut). bonne écoute et attention, je vous préviens, c'est grandiose. Vous pourriez ne pas vous en remettre.


    ils demandent qu'à courir
    dans l'herbe tendre, cheveux au vent
    aux joues fougueuses et rayonnantes
    ivres de cris et plein d'élan.

    dans les cours toutes ratatinées
    ils se défoulent à perdre haleine
    les trottoirs sont toujours trop étroits
    dans l'énergie qui se déploie

    on aimerait qu'ils soient sans limite
    que leur course n'est jamais ****
    qu'ils puissent prendre leurs jambes à leur cou
    et hurler comme des loups

    les jeunes poussent à toute allure
    bien étourdis par l'air cinglant
    la sève déborde, les branches s'allongent
    vers la lumière qui ne fait que passer

    ils rêvent de gazon vert et ****
    pour survoler à perdre la tête
    sans se soucier des petites bêtes
    et oublier les bruits qui grondent

    je les espère solides et grands
    pieds bien ancrés dans un seul fer
    qu'ils ne plient pas sous la tempête
    et fassent chaque jour une fête