Vivre, c'est passer d'un espace à un autre, ça c'est un fait, n'est-ce pas... mais c'est aussi passer d'une chose à un autre. C'est en substance ce que veut nous signifier Georges Pérec dans ce petit roman, où il nous montre, en prenant l'exemple de la vie d'un jeune couple de jeunes parisiens moyens, combien il subit la société de consommation ou alors en profite, le tout dépendant en fait de la possibilité qu'il a (ou qu'ils ont individuellement) d'acquérir les choses. Voulant y échapper, les deux "consommateurs" décident d'aller vivre en Tunisie où Sylvie a trouvé une place d'enseignante. Mais là-bas, ils dépriment très vite dans leur grand appartement trop vide ou en se baladant dans la ville déserte..sans vitrines étincelantes. Du coup, retour à Paris...où on reprend les mêmes habitudes, les mêmes rêves et les frustrations qui vont avec.
J'ai lu les choses lors une nuit d'insomnie après avoir trop bu la veille de Café Grand-mère. Confortablement allongé sur mon matelas Epeda acheté à but et tout en écoutant le dernier album de Françoiz Breut avec mon tout nouveau petit joujou intitulé nokia n95, j'ai consommé goulûment ce produit culturel de code ISBN 2-266-02579-1. Au bout du compte, mon avis concernant ce produit est positif.
extrait :
L'économique, parfois, les dévorait tout entiers. Ils ne cessaient pas d'y penser. Leur vie affective même, dans une large mesure, en dépendait étroitement. Tout donnait à penser que, quand ils étaient un peu riches, quand ils avaient un peu d'avance, leur bonheur commun était indestructible; nulle contrainte ne semblait limiter leur amour. Leur goûts, leur fantaisie, leur invention, leurs appétits se confondaient dans une liberté identique. Mais ces moments étaient privilégiés ; il leur fallait plus souvent lutter : aux premiers signes de déficit, il n'était pas rare qu'ils se dressent l'un contre l'autre. Ils s'affrontaient pour un rien, pour cent francs gaspillés, pour une paire de bas, pour une vaisselle pas faite. Alors, pendant de longues heures, pendant des journées entières, ils ne se parlaient plus. Ils mangeaient l'un en face de l'autre, rapidement, chacun pour soi, sans se regarder. Ils s'asseyaient chacun dans un coin du divan, se tournant à moitié le dos. L'un ou l'autre faisait d'interminables réussites.
moralité : l'argent fait le bonheur.
lecture : nuit du 26 au 27 décembre 08
note : 4/5
commentaire à venir : la mort Venise, Thomas Mann.(re...)
Mais j'avoue que je ne crois pas que les choses aient un esprit. Mais de le penser permet de trouver un bouc-émissaire facile et ainsi de donner du sens aux matin-galère. Et puis, il faut admettre que ça concerne surtout les gens gauches, maladroits et souvent impatients. Devant un paquet de café, en prenant son temps et en élaborant un plan d'attaque précis, on peut arriver à déposer du café moulu dans le filtre sans en mettre partout. Je suis persuadé que c'est une question de logique et de patience. Je me répète mais c'est important de dire que l'homme peut vaincre les choses, même quand elles semblent hostiles. Enfin merde, quoi. Regardez ce qu'on a fait de la planète en 3.000 ans. Au début, il n'y a avait que de l'eau, de la végétation, des montagnes..et aujourd'hui... non mais c'est hallucinant, tout ce qu'on a réussi à faire avec les choses, en connaissant bien la matière choses. Et ce par la seule force de l'esprit (dont seul l'homme dispose). Alors, c'est quoi ces petits grincheux qui veulent se pendre pour avoir pris un coin de porte dans la tronche ou avoir glissé sur une peau de banane. J'ai envie de leur dire qu'ils se trompent d'ennemi. L'ennemi, ce ne sont pas les choses, c'est le libéralisme économique. Pendant qu'on s'énerve inutilement contre les choses, le monstre libéral progresse.