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Colin sabre et tam-tam - Page 98

  • comment j'ai joué dans basic instinct

    elephant.jpgTout à l'heure en regardant Ivanhoé, il m'est venu une réflexion tout conne et je me suis en ricanant que ça ne valait pas la peine de l'approfondir, encore moins d'en parler. Donc, j'en parle.

    Là voici : Je n'ai pas joué dans Ivanhoé car ce film a été réalisé avant ma naissance, alors qu'au contraire, je suis au casting de tous les films qui ont été faits après, c'est à dire après le 12 mai 1973 (au moins en tant que figurant). Évidemment, on ne me voit pas dans ces films car je ne suis pas dans le champ de la caméra. Mais peu importe j'y suis quand même. Derrière, sur le côté, à des milliers de kilomètres ou moins, j'y suis. Ce n'est que par simple contrainte technique qu'on ne me voit pas et qu'on ne voit pas tous les êtres humains. C'est parce qu'une caméra ne peut pas balayer toute la planète, parce qu'elle ne voit pas à travers les murs, à travers les montagnes. Et aussi par ce que le réalisateur n'a pas jugé utile de m'y mettre ..mais après tout, sa décision est très subjective.

    Et par exemple, dans Basic Instinct, film dans lequel j'ai joué (et qui passait ce soir aussi), pour certaines scènes, j'ai la même importance que Sharon Stone. Ces scènes, ce sont celles où ne la voit pas. Et bien, moi non plus, on ne me voit pas. Ce n'est pas parce que SS n'est pas dans telle scène qu'on se dit à ce moment-là qu'elle ne joue pas dans le film.  C'est juste parce que pour cette scène, il n'y avait pas besoin d'elle. Et bien, il n'y avait besoin de moi pour aucune scène mais ce n'est pas mon problème. Donc voilà. Et puis, j'ai joué dans Elephant de Gus Van Sant, et c'est pourquoi je l'ai regardé ce week-end. Je voulais savoir comment j'étais. Le film étant sorti en 2003, il a dû être tourné en 2002. Et certainement en automne 2002. Donc, au moment où la caméra se ballade dans les couloirs du lycée, je suis quelque part, très loin, de l'autre côté de l'Atlantique , dans un bureau du cer56 cerfrance où j'exerce consciencieusement la profession de comptable. A aucun moment, alors que je pianotais sur le clavier de mon ordinateur, je ne me suis douté que j'allais apparaître virtuellement dans ce chef d'oeuvre. Après coup, ça fait bizarre.

    Il faut se dépêcher de lire cette note car souvent après une bonne nuit réparatrice, il m'arrive de supprimer toutes les traces de mes bêtises faites ou écrites la veille.

    Loïc, 0h10

  • la pal dans le frigo.

    La Tourneuse de pages me demande de présenter ma pal (qui signifie dans le jargon des bloggers "pile à lire"). Comme je ne peux pas faire de présentation avec Baigneur (il est parti pour 15 jours en Normandie avec Lola), il a fallu que je trouve autre chose. Je suis comme ça, il faut toujours que je fasse le malin.

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  • colline verdoyante, mode d'emploi

    colline_verdoyante.jpgDimanche matin, comme je m'ennuyais au boulot, je me suis mis à fixer bêtement le célèbre fond d'écran par défaut de windows xp (dont une rumeur dit qu'il s'agit d'une photo prise par Bill Gates lors de vacances en Suisse - certaines personnes  auraient même presque retrouvé l'endroit exact-).

    Comme ça à première vue la photo a l'air simple, neutre et sans grande signification. Ce qui vient à l'esprit c'est le côté bucolique et naturel de l'ensemble. Mais en fait, si on y regarde de plus près, zut quoi, tout ça n'a rien de naturel. Cette herbe verdoyante que l'on voit est une espèce de ray-grass utilisé par l'agriculture intensive. Je crois même pouvoir  avancer qu'il s'agit d'un ray-grass d'Italie. Je n'ai pas travaillé 10 ans au cer56 cerfrance (avant de me faire cordialement viré), pour rien. Un ray-grass d'Italie est idéal pour les broutages de printemps et les boeufs adorent cette herbe tendre et onctueuse. Aidé d'apports conséquents en ammonitrate et en phosphate, ce ray-grass pousse très vite et encore plus si on pense à arroser le tout de pesticides empêchant la pousse de mauvaises herbes (comme le liseron ou le chiendent). En fin de printemps, cette herbe pousse si vite que les boeufs ne peuvent suivre le rythme. Alors le paysan fauche le tout à l'aide de barres de coupe hyper puissantes qui peuvent avoir une envergure de 3mètres. Une fois fauchée, on laisse l'herbe reposer et on la fane ( à l'aide  d'une faneuse) et puis quand elle est bien sèche, on la fout en roundballers, qu'ensuite l'agriculteur va stocker. Cela lui fera de fourrage pour l'hiver. Pour information, il faut savoir que certains printemps, lorsque les conditions climatiques sont idéales (soleil+pluie), il arrive que l'heureux paysan puisse faire deux récoltes dans la même parcelle.

    A ce propos, on devine quelques roundballers au fond à droite de la photo, ce qui pourrait laisser penser que la photo fut prise aux environs de mai ou de juin. D'ailleurs, les montagnes au loin ne semblent pas enneigées. Mais là-dessus, je ne m'avancerai pas.

    Ensuite quoi. Le ciel prend plus de la moitié de la photo. Il est parsemé de cumulus et de quelques cirrus. (signe de beau temps à venir).  On a l'impression dans la forme des nuages que le vent les pousse du fond à droite de photo (du côté des montagnes qui doivent être les Alpes) vers le devant à gauche. Il pourrait s'agir donc d'un vent de sud-est. Pas forcément le plus doux. Mais à cette époque de l'année, il ne peut s'agir que d'une petite fraîcheur pas désagréable. On devine par ailleurs l'ombre des nuages sur la colline et perso j'ai toujours adoré être le spectateur de ombres gigantesques qui vont et viennent dans les champs ou les forêts. Je n'ai pas tout dit. Vers le bas de la photo, on distingue comme un petite faille qui sépare la colline en deux. Il doit s'agir d'une petite vallée où coule comme un petit ruisseau qui doit s'assécher très vite en été. On notera quand même que l'herbe est verdoyante jusqu'au bord de ce ruisseau. Conclusion : je n'irai pas remplir ma gourde là-dedans, tant ça doit contenir tout un tas de nitrates et autres polluants.

    Sinon, pas un arbre ni aucune autre végétation que l'herbe sur la photo. C'est malheureux quand on sait qu'il y a des coins en Suisse un peu plus pittoresques. Mais c'est clair que le pdg de Microsoft a bien pensé son affaire. Il voulait pour illustrer son nouveau système d'exploitation une espèce de paysage vide et consensuel, qui ne heurte aucune sensibilité (mais je prouve le contraire) et dont on ne se lasse pas. Il ne s'y est pas trompé car c'est fou le nombre de gens qui n'ont jamais changé de fond d'écran. Et c'est surtout le cas dans les entreprises ou des centaines de collines verdoyantes se côtoient pour le bonheur et la joie de tous.

    Après quoi, je me suis fait un petit solitaire.

    loïc, 22h00

  • CR72 - le paysan de Paris - Louis Aragon

    419MENH385L._SL500_AA240_.jpgTout est magique avec Aragon : la moindre vitrine banale, un reflet de lumière, un métier manuel, une impasse etc. Ce livre merveilleux est une suite de réflexions métaphysiques, philosophiques et surréalistes enrobées de poésie.
    Mais la notion précisément développée dans le paysan de Paris (paysan dans le sens "habitant le pays de Paris" ou aussi dans le sens où tel un paysan débarquant dans la ville, le poète s'émerveille de tout) est celle de mythologie moderne : l'architecture urbaine a remplacé les églises, et parce que tout dans les villes obéit à des règles fonctionnelles, le passant peut alors laisser libre cours à son imagination et voir telle chose derrière telle autre (par exemple une mosquée derrière une usine, une école de tambours faite par des anges, des calèches sur les routes du ciel, un salon au fond d'un lac (celui des buttes-chaumont !)..ah non, ça c'est un autre mais Aragon quelque part rappelle Rimbaud et son Alchimie du verbe.


    Ces idoles ont entre elles une parenté qui les rend redoutables. Bariolés de mots anglais et de mots de création nouvelle, avec un seul bras long et souple, une tête lumineuse sans visage, le pied unique et le ventre à la roue chiffrée, les distributeurs d'essence ont parfois l'allure des divinités de l'Egypte ou de celles des peuplades anthropophages qui n'adorent que la guerre. O Texaco motor oil, Eco, Shell, grandes inscriptions du potentiel humain ! bientôt nous nous signerons devant vos fontaines, et les plus jeunes d'entre nous périront d'avoir considéré leurs nymphes dans le naphte.


    L'idée de Dieu est un mécanisme psychologique. Ce ne saurait en aucun cas être un principe métaphysique. Elle mesure une incapacité de l'esprit, elle ne saurait être le principe de son efficience.


    Une sorte de manifeste du surréalisme. Littéralement jubilatoire.

    note : 4/5
    lecture du 26.01 au 30.01.09
    à venir : le rivage des Syrtes, Julien Gracq

     

     

  • CR71 - le diable au corps - Raymond Radiguet

    29012009435.jpgIl m'aura fallu seulement deux heures ou un peu plus peut-être si je compte certaines phases de lectures un peu ponctuelles  (qui arrivent fréquemment comme par exemple dans les files d'attente qui peuvent se former ici ou là à certains endroits où trop de gens en même temps veulent accéder au même service, même désir, même guichet ou que-sais-je ; quand j'arrive au boulot deux minutes trop tôt et qu'il est hors de question que j'offre ces deux minutes au capitalisme, quand je surveille les pates), deux bonnes heures donc pour lire ce roman écrit par un certain Raymond Radiguet (qui n'a de Raymond que le prénom), écrivain qui fit un court passage sur terre au début du XXè siècle. Pratiquement inconnu du grand public, il bénéficie d'une certaine aura dans le petit public. Jean Cocteau a quand même dit de lui : "Raymond Radiguet partage avec Arthur Rimbaud le privilège d'être un phénomène des lettres françaises."


    Mais le diable au corps ne m'a pas spécialement emballé. Style très conventionnel avec utilisation pléthorique du subjonctif de l'imparfait ou du passé simple. Histoire somme toute banale d'un amour impossible entre un jeune homme et une femme mariée pendant la guerre 14-18. Moeurs provinciales vs amour impossible. Vieille rangaine de la littérature française, n'est-ce pas. Rien de rimbaldien dans cette affaire-là. Juste un bon moment de lecture.

    Deux courts extraits, sur lesquels on peut méditer :

    "la puissance ne se montre que si l'on en use avec injustice. "

    "Si la jeunesse est niaise, c'est faute d'avoir été paresseuse. Ce qui infirme nos systèmes d'éducation, c'est qu'ils s'adressent aux médiocres, à cause du nombre. Pour un esprit en marche, la paresse n'existe pas. Je n'ai jamais appris plus que dans ces longues journées qui, pour un témoin, eussent semblé vides, et où j'observais mon coeur novice comme un parvenu observe ses gestes à table."

    Sur le premier j'ai des doutes mais sur le deuxième, j'approuve totalement.


    lecture : 23.01.2009
    note : 3.5/5
    à venir : le paysan de Paris, Louis Aragon

  • un passage de Cendrillon où il est question d'un passage.

    DSCN2378.JPGDans  la première partie du paysan de Paris de Louis Aragon, il est question du passage de l'opéra et cela me rappelle un autre passage décrit par Eric Reinhardt dans Cendrillon, et qui se situe quelque part à l'entrée des jardins du Palais-Royal . Je ne fais aucun lien entre Louis Aragon et Eric Reinhardt mais le fait est que la lecture du Paysan de Paris m'évoque un quelque chose de Cendrillon. Je ne saurais trop dire quoi, c'est méta (comme dirait une personne qui se reconnaîtra )..Mais c'est peut-être le fait que les deux écrivains fantasment sur des lieux un peu comme ça, des lieux transitoires qui ne sont pas forcément des lieux touristiques. Et puis l'amour pour Paris.


    J'ai fouiné sur le net mais n'ai pas trouvé de photo de ce passage, et j'ai d'ailleurs du mal à me figurer à quoi il ressemble (si quelqu'un....) A ma prochaine escapade à Paris (et oui, il arrive aux paysans de se rendre à Paris), on ira voir ça de près donc. Car je trouve ce passage (-)) du livre (p255) vraiment très beau, métaphysique et poétique à souhait :

    Immédiatement à droite de la terrasse se trouve l'une des entrées des jardins du Palais-Royal. Il s'agit d'une brève galerie voûtée qui débouche sur la cour des colonnes de Buren qui est elle-même une manière de prologue aux jardins proprement dits : ils la prolongent derrière une colonnade qui constitue une frontière en pointillé entre les deux espaces. J'ai toujours été fasciné, en particulier la nuit (quand il s'emplit d'une mystérieuse obscurité) (quand on aperçoit par cet oeil emmuré comme une énorme réserve de rêves, de branches, de ténèbres) (et peut-être l'attraction qu'exerce sur moi ce point précis de la géographie parisienne s'explique-t-elle tout entière par ce détail architectural : métaphysique en réalité), j'ai toujours été magnétisé par cet étroit conduit. Il est intéressant de noter qu'on accède à l'immensité des jardins par un discret petit passage, par une virgule de cet ensemble grammatical de premier ordre, dont je précise à la hâte (n'étant pas un passionné d'histoire) qu'il a été voulu par le cardinal de Richelieu, dessiné au XVIIe siècle par Jacques Lemercier et amplement modifié au XVIIIe par Victor Louis, à qui l'on doit la cour et les arcades actuelles (que j'adore) ainsi que le Théâtre-Français (1785), dont il est décevant de se dire qu'il n'est pas exactement celui où a joué le grand Molière, l'un de mes écrivains préférés. Je disais qu'on accède à l'immensité des jardins du Palais-Royal par une virgule de cet ensemble grammatical de premier ordre. Cette virgule s'auréole dans la nuit d'un mystère inégalable car elle exalte le principe qui lui est constitutif, accentué par son étroitesse, de passage. J'ai déjà dit l'importance que revêtait dans mon imaginaire le principe du passage : le petit pont de Brigadoon et la bouche d'égout du Trou. Quand le soir, la nuit, l'automne, attablé en terrasse du Nemours , je plonge mon regard dans ce mince interstice ténébreux et que je voix, profonde, intérieure, onirique, impénétrable, la perspective nocturne qui s'y déploie, peuplé d'ombres, d'arbres, de silence, d'éternité devrait-on dire, j'éprouve la sensation que ce petit passage est comme la métaphore de ce passage métaphysique que je ne cesse de rechercher depuis l'adolescence -quelque chose de ce genre, aussi vague, imprécis, instinctif que cela. Il me suffit de jeter un regard sur ce petit passage et j'y crois : mes sens s'exaltent, mes rêves se réalimentent , je me mets à y croire à nouveau. Et puis, c'est comme un oeil, l'oeil d'une femme par rapport à son immensité intérieure, par rapport aux méandres, aux mystères, à la beauté, aux grâces, aux secrets, aux forêts, aux rêves, aux fables, aux illusions uniques et merveilleuses qui s'y devinent.

  • le bateau ivre expliqué à Chloé : strophes 2 et 3

    24012009347.JPGJ'étais insoucieux de tous les équipages,
    Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
    Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
    Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.

    définition de équipage. équipage : ensemble du personnel embarqué sur un navire, un avion, un char etc, dont il assure la manoeuvre et le service.
    On dirait que Rimbaud a étendu la notion d'équipage à l'ensemble des marchandises que le bateau transporte. Parce qu'à la base, un équipage ce ne sont que des gens. Mais bon, le poète fait ce qu'il veut, il est libre et Rimbaud, peut-être plus que tout autre. Débarrassé des haleurs (dont je t'ai donné la définition lors de l'étude de la strophe 1), le bateau file, emporté par les eaux.

    Dans les clapotements furieux des marées,
    Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
    Je courus ! Et les Péninsules démarrées
    N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.


    Ça se complique ! Le bateau continue de s'exprimer et nous apprend ici que sa folle aventure se déroula "l'autre hiver" et qu'il était plus sourd qu'un cerveau d'enfants. J'explique : quand tu ne veux pas manger ta soupe, tu n'en démords pas, et quand on t'oblige à la goûter, tu fais la sourde. Le bateau, c'est pareil : rien ne peut le faire revenir en arrière. Que sont "les péninsules démarrées" ? Je sais pas trop mais on va dire que ça signifie que le bateau entre juste en mer et qu'il fait tellement de vague qu'elle se ressentent jusqu'au large.

    tohu-bohu : grand désordre ; agitation confuse et bruyante

  • couverture du télérama n°3080

    TS.jpg15 jours après Obama (qui faisait la une du n°3078), voici que télérama fait une nouvelle fois preuve de grande originalité en nous proposant une couverture anti Sarkozy. Tout en subtilité en plus puisqu'on appose sur la tête du président un message de la forme de ceux présents sur les paquets de cigarette. ouh la.  Tout ça confirme dans l'idée qu'à Télérama, on est capable du meilleur comme du pire.

    A l'intérieur, il y a une interview de Claude Badinter et il aurait été plus astucieux de mettre ce dernier en couv. non ? Ou bien alors, Philippe Djian, l'un des meilleurs écrivains français de sa génération dont le dernier roman impardonnables est chroniqué (par l'excellente Nathalie Crom).

    Ou bien je sais pas moi, quelque chose d'optimiste, d'enjoué, d'hilarant...Pour une fois ? Dans un pays où 90% des gens s'avouent heureux, ça n'aurait rien d'indécent. Ah ! Que j'exècre cette sinistrose provoquée et entretenue par nos médias de tous bords. Que j'exècre ce mot crise employé à tort et à travers...Que j'exècre ce discours qui consiste à trouver anormal tout excès qu'il soit économique, culturel ou même météorologique ! Bon sans mais que veulent les journalistes ? Une société où il ne se passe rien, où la croissance économique est forte, une société de plein-emploi, où l'on ne meurt que de mort naturelle, où l'accident est impossible, où il neige à noel et qu'il faut chaud (mais pas trop) en août. Enfin, non je sais pas, je me demande si les journalistes ne se complaisent pas dans l'énumération de ces soi-disant dérèglements. Je les trouve en effet plein d'assurance et de ferveur à essayer de nous expliquer tout ce qui ne va pas avec ce ton qui leur est propre où chaque phrase tombe comme une sentence, totale et définitive. Alors qu'en fin de compte une majorité de journalistes ne se rendent pas compte à quel point ils sont totalement déconnectés de la vraie vie. En plus, d'être déconnectés, ils sont incompétents. Et vlan.

    Mais je m'égare. A la base il était question des couvertures de télérama...que je trouvais tristement banales..

    Loïc

     

  • CR70 - Cherokee - Jean Echenoz

    22012009338.jpgJe viens de terminer cherokee et j'ai adoré ce roman tout comme j'avais adoré je m'en vais. Jean Echenoz confirme donc tout le bien que je pensais de lui. Et il ne pouvait en être autrement tant dans ma conception de la littérature, la forme compte tout autant que le fond..voire plus.   Dans cherokee, l'histoire brinquebalante d'un type un peu paumé qui se retrouve enquêteur dans une espèce d'agence de détectives où l'on enquête sur des affaires abracadabrantesques (un vol de perroquet par exemple) n'est évidemment une fois de plus qu'un prétexte à une débauche verbale d'une ingéniosité sans pareil où les mots rares et précieux côtoient des termes techniques qui tombent à chaque fois fort à propos, où des phrases insolites se succèdent comme autant de surprises et d'émerveillement ! Pour autant l'environnement échenozien n'est pas spécialement chatoyant puisqu'en général et dans cherokee en particulier, les terrains vagues se succèdent à rues sombres jonchées de déchets et à des zones péri-urbaines à moitié désertées. Mais la plume de l'écrivain donne à tous ces endroits et aux antihéros qui les fréquentent une sorte de grandeur poétique véritablement enivrante.

    Ça donne des choses de ce genre :


    Ils s'éloignèrent. Le bruit de leur moteur décrut, se fondit dans la rumeur lointaine, ils n"étaient plus là. Cependant, nous restons. Alentour le paysage est gris et terne. Il fait humide et froid. Tout est désert, on n'entend plus rien que cette rumeur lointaine sans intérêt. Que ne partons-nous pas. Mais voici qu'un autre bruit de moteur naît en coulisse, se précise, s'incarne en une nouvelle voiture qui paraît au bout du passage, s'approche, ralentit et se gare là même où stationnait la 504. C'est la Mazda locative de Fred. Va-t-il se passer quelque chose. Aurions-nous bien fait de rester. (p96) (note : narrateur extérieur au récit)

    Le perroquet Morgan était âgé d'une soixantaine d'années, ce qui correspond en gros, à l'échelle humaine, à une soixantaine d'années...
    (p138)

    Sur l'autoroute, à cette heure-ci, il n'y avait que des quinze-tonnes lancés à toute allure dans leur cortège classique de cuir, de tabac, de laine, de sueur et de gasoil et aussi quelques voitures particulières menées à toute allure par des hommes seuls, ivres et désespérés.
    (p171)


    Plus qu'un simple écrivain, Echenoz est aussi un poète, un sculpteur du verbe et et lorsqu'on lit ses oeuvres, on devine tout le plaisir qu' il a mis à les écrire. Ça se devine et ça se sent qu'il prend beaucoup de plaisir à l'écriture. Je considère Jean Echenoz comme l'un des plus grands écrivains français contemporains, au côté  de Philippe Djian (dont les romans sont différents mais qui cultive une même forme de cynisme) et de Benoit Godillon (dont un nouveau roman sort en mars).
    Alors, rejoignez le fan club de Jean Echenoz sur facebook. Et par la même occasion celui de Georges Marchais. -))
    Et puis lire l'excellente note de Pitou, le blogger au bout de la lettre.
    Et puis, aller faire dodo.

    lecture du 15.01 au 22.01.09
    note : 4.5/5
    à venir : le diable au corps, Raymond Radiguet

    Loïc