Après d’autres vies que la mienne que j’avais beaucoup aimé, Emmanuel Carrère nous concocte la biographie d’Edouard Limonov, un écrivain russe, aventurier, va-t-en guerre et surtout patriote et opposant au pouvoir en place en Russie (quel qu’il soit). Personnalité complexe, Limonov dérange autant qu’il séduit et j’avoue qu’après la lecture des quasi 500 pages composant ce récit, je ne sais trop que penser de lui...par contre, ce dont je suis sûr c’est que sa vie tumultueuse romanesque vallait bien un hommage et je salue à nouveau le talent de Carrère car le récit est rondement bien mené, façon roman, avec quelques effets de manche (que j’appelle moi l’énergie romanesque). Carrère parvient subtilement à garder sa neutralité, faisant part de son admiration parfois, de son dégoût aussi devant les actes et paroles de Limonov. Ce faisant, cette biographie nous plonge dans l’histoire de la Russie contemporaine de l’ère brejnev à l’ère Poutine. L’écrivain en profite pour égratigner un peu les pays occidentaux et notamment l’Europe qui serait à son sens trop sûre d’elle-même, de son modèle et de ses valeurs. On sent que sur ce point, il rejoint un peu les idées de Limonov (qui pour l’anecdote finira néo-bolchevique). Il apparait d’ailleurs que derrière son côté un peu lisse et politiquement correct de gauche, la personne de Carrère (qui se met un petit peu en scène, forcément, c'est un écrivain français, y'a rien à faire, ils ne peuvent pas s'empêcher -) est plus complexe qu’elle en a l’air.
Biographie vraiment passionnante qui donne envie de découvrir la plume de Limonov.
lecture : décembre 2011
P.O.L, 489 pages
année de parution : 2011
note : 4.5/5
Limonov, un petit air de Lénine ?


Jusque là, Jean Echenoz ne m’avait jamais déçu et donc je me suis dit que pour ce retour en littérature après deux mois d’errance, le plus judicieux était de repartir avec cette valeur sure de la littérature française, auréolée d’un prix goncourt à la fin du siècle dernier avec son roman je m’en vais que j’avais adoré (et je note au passage que cette trêve indépendante de ma volonté ne m’a pas guéri du syndrome des longues phrases qui se veulent subtiles mais qui en fin de compte sont pédantes et qui doivent être assez désagréables pour les deux ou trois lecteurs qui me restent - sachez que je vous aime, tous autant que vous êtes, sauf les spams qui me disent que des choses gentilles mais qui ne sont pas des vrais gens et ça c’est un peu embêtant-). 
