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Colin sabre et tam-tam - Page 35

  • matin triste

    Ce samedi matin, je me suis levé de bonne heure après une nuit de cauchemars que j'ai essayé en vain de vaincre en écoutant de la musique joyeuse au casque. Hier soir, je n'en pouvais plus de tout ça, j'ai éteint la télé, on a pris l'apéro, mangé une pizza et parlé de tout sauf des événements tragiques. Mais cette nuit, ça m'a rattrapé. J'ai vu une toute petite salle de rédaction où il faut se lever si un camarade veut sortir ou rentrer et des fous tirer sur des gais lurons dans cet espace minuscule et plus la nuit passait plus l'espace se rétrécissait facilitant le travail macabre des fous. J'ai réussi à me sortir de tout ça vers les 5 heures et donc j'ai mis de la musique, Jean Ferrat chantant Aragon et Souchon/Voulzy l'envie de partir car cette envie...tout le monde l'a. 

    Et puis donc, je me suis levé tôt. Vers les 6h30. Le vent soufflait dehors, je suis allé chercher le journal dans la boîte à lettres (comme les petits vieux qu'on voit en robe de chambre quand on va au boulot). Le Ouest France du jour titre tragique dénouement. Bien qu'il fasse doux dehors et dedans, j'ai voulu et réussi à rallumer le feu à la faveur d'un filet de braise restant. Je me suis fait un café. Bon sang mais que j'en ai marre de ce Tassimo qui fait un tel bruit que j'ai l'impression de réveiller toute la maison, voire même le village  lorsque je le mets en route à l'heure où tout le monde pionce.

    Confortablement installé dans le salon à lire le journal et buvant mon café,  j'écoute le crépitement du feu qui semble répondre aux bourrasques du vent. Si je dormais encore, la salle de rédaction serait devenue aussi petite qu'une boîte d'allumettes. Hier soir, j'ai écrit une note bucolique que je n'ai pas publié, je vais le faire de suite.

    Loïc LT

  • Que dire de plus ?

    charlie hebdo,daesh,terrorismeQue dire de plus qui n'a déjà été dit ? Evidemment tout le monde condamne ce massacre, la droite, la gauche, les extrêmes (même si je devine que certains, à l'extrême droite ont des arrières pensées). Mais au delà de cet attentat, il y a longtemps que je m'interroge sur ce qui se passe dans ce monde. L'Etat Islamiste qui semble intouchable et qui n'a que faire des frappes aériennes, cet 'Etat' tellement fou qu'il considère Al Qaida comme trop modéré, cet 'Etat' qui oblige presque les nations occidentales à soutenir Bachar El Assad. 

    Aujourd'hui, l'ennemi commun c'est ce qu'un jour on s'est mis à appeler Daesh et dont les malades qui ont attaqué Charlie Hebdo sont les mercenaires en terre occidentale. C'est un ennemi maléfique tellement fort qu'il brûle toutes nos énergies. On n'entend plus les anti-libéraux critiquer le libéralisme, on n'entend plus les indignés critiquer l'Europe, les syndicats ne descendent plus dans la rue, les écologistes ne savent plus que dire.  Les Etats sont surendettés mais sont obligés de s'endetter encore plus pour aller combattre en vain les islamofascistes pour reprendre l'expression de mon confrère Nicolas. La France est intervenue au Mali...pour quel résultat...ces fous sont prêts à mourir, ils connaissent le terrain, tranchent les gorges de leurs otages sans état d'âme. 

    Sincèrement, je suis dépassé, je ne comprends pas comment ça fonctionne dans leur tête...comment des français qui ont reçu une bonne éducation et fréquenté l'école républicaine puissent être attirés par le terrorisme, comment un type peut entrer dans une école et abattre froidement une fillette parce qu'elle est juive ?

    Je ne comprends pas. 

    Et j'avoue, je ne crois pas avoir déjà eu entre les mains un exemplaire de Charlie Hebdo. Je n'ai rien contre cet hebdomadaire mais je suis plus intéressé par la presse qui traite l'actualité de façon 'sérieuse'. Et puis, sur France Inter, dans le débat du vendredi matin entre Dominique Seux et Bernard Maris, j'étais le plus souvent plus proche de Seux (qui lui a rendu un bel hommage aujourd'hui)...Mais qu'importe les idées...tous ces gens s'exprimaient librement et courtoisement, il n'y avait pas de méchanceté. 

    Je ne comprends pas. Et je suis trop petit pour comprendre. Mais je suis persuadé que ces fous au fond s'en foutent pas mal de dieu. Je crois qu'ils sont frustrés de la toute puissance de l'occident. Et que les Français qui se 'convertissent' en ont raz le bol de ne pas avoir d'avenir. Ils sont gavés de jeux vidéo et ont perdu tout sens moral. J'ai dit à mes filles qu'elles devront sans doute respecter une minute de silence demain à l'école..elles ne comprennent pas, elles voient des images à la télé et se rendent compte que c'est la réalité,  pas une série américaine. J'essaie de leur expliquer et je compte sur leurs enseignants pour en faire de même. 

    Alors que faire ? Que faire face à des loups solitaires prêts à mourir et qui sont capables de tout à tous moments ? C'est triste comme note, c'est pessimiste...mais c'est la réalité hélas. Et pourtant, en province, en campagne, tout est si calme, la cruauté du monde ne nous apparaît qu'à travers les écrans. 

    Loïc LT

     

  • CR269 : Gâvres et l'homme qui vivait seul dans sa tête - Patrick Guédon

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    Lors de ce marché de noël à Languidic, je fis la rencontre de deux auteurs, l'un Pierre Varési dont j'ai déjà parlé récemment et ensuite, Patrick Guédon à qui j'ai également acheté un roman. Hasard de la vie, ces deux romans ont deux points communs et pas des moindres : à chaque fois l'action se situe dans un lieu bien défini et qui conditionne l'histoire (en l’occurrence ici Gâvres). Ensuite les deux romans évoquent notre triste destin à tous c'est à dire la mort (mais par des procédés totalement différents).

    Gâvres est une presqu'île du sud Morbihan que je connais assez mal parce qu'elle ne dispose pas de plages naturistes déjà mais que je connais un peu quand même pour y avoir commis il y a longtemps des cambriolages dans des résidences secondaires et en rentrant de l'un de ces méfaits, il me souvient avoir provoqué un accident où il n'y eut heureusement que des dégâts humains. A part ça, dans mon enfance, il me souvient que nous allions de temps en temps sur sa plage longue et recouverte de sable (quand on en avait marre de Plouhinec) mais  nous ne poussions jamais vers le bourg qui se situe à l'extrémité de la presqu'île. Ce roman de Patrick Guédon me donne du coup l'envie d'aller y faire un tour un jour d'hiver pluvieux et de prendre un whisky sans glaçon dans un bar quelconque.

    Le style de l'auteur est assez raffiné, un peu plus peut-être que celui de son confrère Pierre Varési. Les chapitres sont séparés par de courtes poésies qui prennent les quatre chemins, du genre: 

    Je ne me rappelle plus la route

    Ni le chemin pris.

    Il n’y a pas de doute,

    Je suis bien ici

     

    L'auteur nous plonge dans la vie quotidienne de Gâvres, de ses pêcheurs bourrus et saouls qui n'en finissent pas de finir leurs clopes. Mais je crains qu'il ne soit allé un peu trop dans la caricature..d'autant que l'histoire se déroule à notre époque puisque Lémile, le héros solitaire de cette étrange histoire surfe sur les autoroutes de l'information comme on le disait encore dans les années 90. Lémile a débarqué et s'est installé là par hasard et a tout de suite été pris pour un original par les habitants du village, d'où son surnom ridicule. Il se réfugie donc dans un monde virtuel où une inconnue apparemment vivant dans les environs lui fait plus ou moins des avances et lui fait tourner la tête. Il cogite tout ça lors de monotones balades . Mais cette inconnue n'est pas du tout ce qu'il croit. Le final est inattendu mais je n'en dirais pas plus.

     

    La Grande Falaise éditions, 2011, 197 pages, lecture : décembre 2014, note 3.5/5.

     

    configuration du dernier rivage :

    gavres.gif

     

    Comme on le voit donc, une route côtière longe la presqu'île jusqu'au bourg. Côté océan, on a donc cette longue plage pas très fréquentée par les touristes. L'endroit est plus ou moins un terrain militaire (encore qu'aujourd'hui, je ne sais pas) et il reste de nombreuses traces de l'armée. Je me souviens l'été dernier m'être promené autour d'anciens bâtiments militaires laissés à l'abandon et ça m'avait fait froid dans le dos. Je pouvais y entrer comme dans un moulin. Dernière anecdote : il existait il y a quelques années un semi-marathon qui partait de Gâvres pour arriver à Port-Louis. Je l'ai fait une fois sous une chaleur accablante et pour la logistique et bien, c'était sympa, on laissait nos voitures à Port-Louis (qu'on voit sur la carte) et on se rendait à Gâvres en bateau. 

     

    Loïc LT

     

     

    Pour une fois, je ne sais pas pourquoi, j'ai écrit cette note d'abord sur papier...l'envie de retrouver le plaisir du stylo plume peut-être...

     

    compte rendu de lecture,roman,gâvres,languidic,littérature,littérature française

     

  • bilan météo Camors # décembre 2014

      MIN MAX Précip.
    01/12/2014 7,4 14,3 0
    02/12/2014 8,6 11,9 1
    03/12/2014 7,2 11,6 1
    04/12/2014 3,8 7,9 0
    05/12/2014 6,5 10,6 0
    06/12/2014 2,9 ? 0
    07/12/2014 5,1 12,7 0,5
    08/12/2014 3 10,4 0
    09/12/2014 1 11,6 0
    10/12/2014 8 12,4 4,5
    11/12/2014 7,7 12,6 0
    12/12/2014 7,6 13,6 19
    13/12/2014 1,7 13,6 5
    14/12/2014 -0,5 10,5 0,5
    15/12/2014 9 12,1 6
    16/12/2014 8,4 12,5 6
    17/12/2014 10,6 14 0
    18/12/2014 12,2 13,5 1
    19/12/2014 7,5 13,8 3
    20/12/2014 7,3 11,9 0
    21/12/2014 9,1 12,1 0
    22/12/2014 10,8 12,8 2
    23/12/2014 10,5 11,8 0
    24/12/2014     0
    25/12/2014     0
    26/12/2014     0
    27/12/2014     0
    28/12/2014     0
    29/12/2014     0
    30/12/2014 -3 13,3 5
    31/12/2014 -1,9 5,1 0
    MIN/MAX/TOT -3 14.3 54,5

     

    Bilan : un mois décembre doux et peu pluvieux (rappel : 221 mm en novembre) avec une vaguelette de froid à la fin de l'année mais rien de bien méchant. La douceur est de retour en ce début d'année et selon plusieurs modèles (GFS et ECMWF), elle est appelée à durer en France et encore plus en Armorique.

    Petit événement quand même : je possède une station météo depuis mai 2012 et le -3° du 30/12 constitue la plus basse température relevée. Je précise que les valeurs du 30/12 prennent en compte la période du 24/12 au 30/12 (cause absence).

    relevé du mois de novembre ici

    La petite photo illustrative qui va bien. Les graminées sont en bout de course et le cabanon a besoin d'un sérieux ravalement de façade. 

    2021122014 (29).JPG

    La boule de poil perchée dans notre pommier se joint à moi pour vous souhaiter une bonne année 2015 à toutes et à tous !

    Loïc LT

    2021122014 (6).JPG

     

  • le cadeau de trop

    Parmi les innombrables présents, tablettes, appareils photo, trucs de filles, j'en passe et des meilleurs, Prisca et moi avions eu  l'idée saugrenue d'offrir un livre à nos filles...comme dans le temps de notre enfance. Vous savez les livres, c'est un ensemble de pages reliées et numérotées et munies d'une couverture solide dans lequel on peut lire des choses ou voir des dessins ou des photos. Chaque livre dispose d'un thème, d'un auteur,  cela peut être un roman, un essai, une bande dessinée  ou une encyclopédie. En l’occurrence ici, il s'agit d'une encyclopédie de l'histoire de France parue aux éditions novedit et sous-titrée 'panorama complet des grands événements de notre passé'. L'auteur s'appelle Carel Dumesnil. 

    DSC01621.JPG

    On leur a offert ça hier soir à notre retour en Bretagne et je dois admettre qu'au moins mes filles ont le mérite de la franchise. Chloé a fait la moue et s'est replongé dans son smartphone pendant que Lola feuilletait cet objet étrange sans grand enthousiasme. Ensuite Chloé nous a carrément dit qu'elle se foutait de ce cadeau....

    vie de famille, 2014, noël, livre, histoire de france

    Je crois qu'en fin de compte, c'est moi qui vais le plus le consulter...

    Bonne fêtes à toutes et à tous ! 

    Loïc LT

     

  • CR268 : pour que tu ne te perdes pas dans le quartier - Patrick Modiano

    ACH003569413.1413345308.580x580.jpgCela fait deux mois que j'ai lu ce roman et je n'ai pas été pressé d'en faire le compte-rendu...pour trois raisons : je me lasse un peu des comptes-rendus dans lesquels je trouve qu'il est difficile de partir en live, il y a des règles et des contraintes quand on fait une critique et je préfère digresser sur n'importe quoi comme dans mes précédentes notes. Deuxièmement, le lieu commun comme quoi un auteur écrit toujours le même livre n'est jamais si vrai que lorsqu'il est question de Modiano...et ce dernier roman qui est très bon est égal aux autres, reprend les mêmes thématiques, les mêmes méthodes...avec ceci dit peut-être encore plus de talent parce que forcément, l'auteur, à force de,  améliore son art. Enfin, troisième raison, il y a ce prix Nobel qui m'a un peu coupé l'herbe (des nuits) sous les pieds. Je ne voulais pas avoir l'air comprenez-vous...pas avoir l'air de m'être jeté sur le dernier Modiano parce qu'il venait d'obtenir la consécration ultime. 

    Alors, deux mois après la lecture, je me souviens vaguement d'un enfant abandonné, ballotté à droite et à gauche, qui ne comprend pas tout, qui vit avec des adultes louches qui trempent dans des affaires pas nettes (casinos, courses hippiques..) et cet enfant qui s'appelle Jean Daragane,  des années plus tard, devenu adulte est enfermé dans son appart situé quelques part en périphérie de Paris. Il n'a pas d'amis et ne répond pas au téléphone, il n'a plus de contact avec la société, sauf qu'un jour le téléphone se met à sonner sans arrêt..Lassé, il finit par répondre et un certain Gilles Ottolini lui annonce qu'il a retrouvé son carnet d'adresses et qu'il désire lui rendre. Mais Jean ne veut pas que Gilles vienne chez lui. On convient d'un rendez-vous  dans un café au 42, rue de l'Arcade, du côté de la gare Saint-Lazare. Jean s'en fout de ce carnet d'adresses dans lequel figure des noms de gens avec qui il n'a plus aucun lien. Sauf que hasard des choses, en voulant faire son curieux, Gilles trouve dans ce carnet le nom d'un type, Guy Torstel, qui l'intéresse parce qu'il fait une enquête sur lui. 

    Le personnage de Jean Daragane est le profil type du personnage modianesque. Nous sommes en effet en présence d'un type qui ne vit plus vraiment dans le présent. Ancien écrivain, il ne fait plus rien et ne sort plus de son appartement, ne répond plus au téléphone. Que dalle. Et puis, il se passe un petit événement de rien, en l'occurrence ici la perte d'un carnet d'adresses qui l'oblige à rencontrer des gens et à remonter dans son passé trouble.

    Modiano ne pouvait pas faire plus Modiano. Je comprends tout à fait qu'on puisse s'ennuyer de cette littérature et j'ai du mal à imaginer qu'un lecteur américain puisse y trouver son compte ( parce qu'il va être plus traduit évidemment). Par contre, je ne connais pas les arguments d'Eric Chevillard (je ne retrouve pas l'article du Monde dans lequel il écrit ne pas aimer ce dernier roman). Mais  je me souviens de ce qu'il avait écrit sur son blog :

    Je lis L’Herbe des nuits, le nouveau roman de Modiano, comme à chaque fois porté aux nues par la critique. Et certes l’auteur est attachant, certes il a un univers : Paris le soir il y a longtemps. Mais tout de même, c’est bien fluet, non ? Pauvre en sucre, pauvre en graisse. On ne va pas s’en crever la panse, sûr. Et si cette poignante nostalgie qui nous vient en le lisant était d’abord celle de la littérature ?

    lecture : octobre 2014, kindle, 4.5/5

    Loïc LT

  • On attendra l'hiver (Julien Doré) - tentative d'explication

     

    DSC01176.JPG

    la main à plume vaut la main à charrue. 

    Il faut s'y atteler...aussi modestes soient les moyens...car aussi loin que je suis allé dans la fonction recherche de ce moteur qui gouverne le monde, je n'ai trouvé personne qui ait cherché à trouver une explication à ce texte énigmatique. Tout au plus, quelques journalistes évoquent-ils une chanson mélancolique, qui parle d'une rupture, d'une plaie qui ne se referme pas. C'est un peu léger. Personne ne veut mettre la main à la pâte.  Pourtant, je connais plein de gens qui sauraient l'expliquer mais qui ne le font pas parce que sans doute le sens du texte leur semble évident ou parce que  la chanson les indiffère..ou pour quoi encore... parce qu'ils sont contents d'avoir trouvé la clé et qu'ils ne veulent pas la donner. 

    Je me disais que s'il y a un soir où la révélation peut arriver, c'est peut-être ce soir. Parce que j'écoute cette chanson dix fois par jour depuis des mois et parce qu'en ce moment même, un ami erre seul dans sa maison et il ne dormira pas cette nuit  parce que l'amour de sa vie vient de le larguer emportant ses enfants et vingt ans de vie commune. Il y a encore quelques jours, nous étions tous réunis, lui, sa femme, leurs enfants, nous  et en fin de soirée après avoir vidé quelques chasse-spleen, on a parlé de César et Rosalie, film qu'il met comme moi sur un piédestal...discussion prémonitoire peut-être. Je l'ai appelé ce midi et il était inconsolable. J'ai eu des mots malheureux peut-être sur la fin en lui disant qu'avec le temps, il arriverait à tourner la page et rencontrer quelqu'un d'autre...mais je crois, je suis sûr même que c'est le genre de propos qui énervent les gens qui sont en plein dans un drame. Donc, je pense beaucoup à lui, pour qui la rupture n'est pas une énigme littéraire mais une douleur présente et douloureuse. 

    Concernant cet hiver qu'on va attendre pour se dire qu'on se manque, mon soucis congénital est que j'ai un esprit trop cartésien et que j'ai du mal à comprendre les sous-entendus, le sens figuré, à deviner les métaphores. Or la poésie de Julien Doré n'est qu’ellipses et suggestions. C'est Mallarmé ressuscité (faut-il être très fatigué pour comparer un vainqueur de nouvelle star au maître de la poésie symboliste). 

    Mais ne cherchons pas d'excuses. Voici un texte qui s'intitule on attendra l'hiver (servi par ailleurs sur un plateau par une mélodie superbe avec des arrangements venus de Dézinio ou de Mané-Trévédec) et dont l'auteur est un être humain qui parle la même langue que moi et qui n'a pas fait plus d'études que moi...mais qu'est-ce que l'école vient faire là-dedans. Lui  est artiste, moi pas, point barre...mais il se trouve que l'artiste a jugé que cette chanson était susceptible de faire partie d'un album destiné au grand public et donc susceptible d''être comprise par ce dernier. 

    Mais ne cherchons pas d'excuses donc. Ce texte est simple comme le théorème de Herbrand-Ribet. Son amour l'a quitté pour une fille. Prisca m'a suggéré cette idée mais je l'avais préalablement sérieusement envisagée. Si c'est bien de cela qu'il s'agit, une partie du texte prend du sens..pas tout..presque rien en fait. 

    On s'en fout de la longe, il a trouvé ça dans un dictionnaire de rimes mais avec allongent, il pouvait trouver mieux. En tout cas, celles qui s'allongent sont deux femmes dont celle dont il pleure le départ. Elles veulent ronger la corde qui les lie encore à ce pot-de-colle d'hétéro. Ensuite, malgré la douleur, ses doigts résistent encore, il peut donc encore écrire..en s'aidant d'un bon Bordeaux (moi j'aurais pris un Madiran). Il est tard, il écrit vite et il porte le pull navy marine de son ex. Seule une lesbienne porte ce genre de pull pour homme. C'est peut-être n'importe quoi ce que j'écris mais il est tard et j'écris vite et je n'ai à portée de lèvres, qu'un café tassimo. Nous ne sommes pas à armes égales. Cherbourg et Séville nous ressemblent renforcent l'idée que le défunt couple n'avait rien à faire ensemble...et si sa langue à elle est celle de l'homosexualité (raison pour laquelle elle laisse tomber le Chanel, parfum trop conventionnel) , il y trouvait lui, quelques réponses... Mais en été, tout est superficiel et bestial, la vérité, celle d'un amour suprasexuel reviendra en hiver, saison du confort pour Rimbaud...mais des retrouvailles pour Julien. Alors il demande à son amour retrouvé de lui pardonner d'enterrer les pensées des blondes qu'elle a caressées sur le sable des baies (juste de passage espère-t-il).

    Après, il est possible que je me vautre totalement. Mais comme on dit dans ces cas-là, chacun peut se faire sa propre lecture. Voyelles de Rimbaud en a subi des kilomètres. Et chacun avait raison. Ma sœur m'avait raconté qu'un pilier de comptoir qu'elle connaissait comptait parmi ses maximes  : la vérité de chacun mérite le respect de soi-même. Preuve qu'il n'ait point besoin de s'appeler Julien Doré pour faire dans l'hermétisme et le confus. 

    Sur ce,

    Loïc LT 

  • le dodo dans l'auto (suite de 'ma nuit aux trans')

    Cette note a pour but de répondre à la question de ma quasi-unique commentatrice et peut-être admiratrice (rêvons un peu !).  Donc oui, après avoir erré toute une nuit dans d'immenses halls, avoir dansé parfois, surtout vers la fin, dans le hall 4 intitulé 'GreenRoom' dans lequel un public joyeux et frais dansait sur une électro jubilatoire distillée par un dj qui a tout compris à la vie, qui a même dû trouver le nombre d'or,  j'ai dit au revoir à mes deux compagnons d'un soir et j'ai rejoint le parking immense sur lequel une aube légère se levait. Il faisait frais comme lorsque le ciel est clair et que c'est décembre. Je ne dirais pas que j'étais hs mais je ne me voyais pas partir tout de suite. Alors, voilà, je suis rentré dans l'auto, j'ai démarré le moteur, j'ai mis le chauffage à fond et j'ai laissé le tout tourner un bon quart d'heure. Au prix où est le pétrole en ce moment, ce genre de fantaisie est permis. 

    Question logistique je disposais d'un gros pull en laine Armor Lux (oui, je fais des infidélités à Saint James), avec par dessus un polaire avec de la moumoute à l'intérieur. Et puis, j'avais aussi embarqué une vieille couverture moche. J'ai donc rabattu le siège et un autre vieux polaire me servait d'oreiller. Comme j'avais besoin de me rassurer sur le fait que le monde continuait à tourner sans moi comme le dirait mon confrère pro-gouvernemental Nicolas Jégou, j'ai allumé le poste et choisi France Info où il était beaucoup question des déboires de mon mentor Thierry Le Paon. Et puis, le dimanche matin, sur France Info, il y a des petites rubriques rassurantes sur le jardinage, les animaux domestiques, l'info dans les régions etc. 

    Pas loin de moi était garé un monospace dans lequel des jeunes avaient encore la force de festoyer. D'aucuns erraient sur le parking à la recherche de jenesaisquoi, d'un sens à leur misérable vie sans doute. Me suis-je endormi vite, je ne saurais le dire...mais j'ai dormi et comme je le disais dans la précédente note, j'ai fait des rêves décents mais bizarres. Un moment, un type a tapé à la vitre, un type ne ressemblant pas du tout à un fêtard. Malgré qu'il semblait courtois, cela n'a pas semblé le déranger de me réveiller pour me demander si j'avais des câbles pour batterie. Je lui ai gentiment répondu que non. Il s'est excusé de m'avoir réveillé et s'en est allé comme une âme en peine à la recherche de ces foutus câbles qu'on regrette souvent de ne pas avoir dans son coffre (et dont perso je n'ai jamais su me servir). Donc, j'étais réveillé et là, bon sang, j'étais mal. J'avais froid et mal au cou parce que je m'étais endormi un peu dans le vide. J'ai redressé le siège, allumé le moteur et mis le chauffage à fond jusque ce que l'habitacle soit surchauffé. A ce moment, je n'avais envie que d'une chose : un café mais je n'en avais point. Je suis sorti pour me dégourdir les jambes tout en laissant le moteur en route. De retour dans l'auto, ragaillardi et confiant dans l'avenir de mon pays, j'ai pris la décision de partir. Partir dans l'aube, partir comme ça, cette envie, tout le monde l'a. Je roulais dans le vent, laissant là, dans les halls, éparpillées, les fleurs du bal. 

    J'avais une heure et quart de route à faire. Mais après avoir commencé à piloter tranquillement,  je me suis rendu compte très vite que j'étais plus fatigué que je ne le pensais. Les guitares qui jouaient fort dans mon cockpit m'étaient d'un réconfort amniotique. Lorsque je me suis engagé sur la route nationale 24 (la fameuse quatre voie qui relie Rennes à Lorient et vice versa et qui un moment se jette dans la RN165 mais je ne sais pas laquelle est l'affluent de l'autre mais une chose est sûre la RN24 ne se jette pas dans la mer...quant à la 165 que je n'ai jamais trop aimée, je crois qu'elle se termine aux alentours de Brest mais dans quelle condition je ne sais pas...mais ça me fait toujours bizarre de penser qu'une autoroute puisse avoir une fin) , que je connais par cœur, jusqu'aux moindres virages, radars, bosquets et hameaux la bordant, j'étais tellement mal que j'avais du mal à dépasser les 80. Derrière moi, le soleil se levait généreusement bien décidé à offrir aux terriens un sursis supplémentaire avant que tout ne disparaisse dans une explosion intergalactique énorme mais infime au regard de l'immensité de l'univers. 

    L'arrêt s'est imposé et l'aire de Brocéliande m'a tendu les bras. Redodo. Une demi-heure peut-être. Lorsque je suis arrivé, j'ai garé cette putain de bagnole dégueulasse,  j'ai contourné la maison et suis passé par la terrasse. Vision rassurante de ma femme et mes filles prenant le petit-dej. 

    Le dimanche est passé très vite. Et comme le dit souvent l'une de mes filles : le dimanche c'est nul. 

    Loïc LT

  • ma nuit aux trans

    Dans la série je ne mets plus jamais les pieds dans les centres-villes, voici les Transmusicales de Rennes. Après avoir quitté la voie express, 10 minutes de route et voici le parc des expositions et son immense parking situé sur la commune de Saint-Jacques-de la Lande. Jadis, les Trans se déroulaient au Liberté, une salle en plein centre de Rennes. Du coup, les rues étaient en effervescence...là, je ne sais pas l'ambiance qu'il peut y avoir à Rennes pendant les Trans.

    Donc, aucune difficulté pour se garer, c'est au moins un avantage. Je rentre dans le Parc où je dois retrouver un ami venu de Lannion. Comme je conduis et que je ne veux pas prendre de risque et puisqu'il faut boire, et bien c'est avant minuit ou jamais. Alors, j'enfile  3 bières tout en explorant les différents halls. Fin de la séquence 'alcool' vers les minuit. Si je danse toute la nuit, je serai opérationnel pour le retour au petit matin. 

    Le point d'orgue de la nuit devait être Rone, 'star' de l'électro underground mais en fin de compte, il m'a laissé sur ma fin. Sa techno mélodieuse était camouflée par des basses surpuissantes et Monsieur Rone trônait trop loin à 20 mètres, on le distinguait à peine dans les flots de laser et de jets de lumière. Aucune communion avec le public, il passe ses morceaux les uns après les autres, sans les mixer. A la limite, n'importe qui aurait pu le faire à sa place. J'ai cru deviner qu'il avait joué des morceaux de son futur album (Creatures, sortie en 02/2015) mais je n'aurai pas parié mon quart de pizza acheté 5€ en milieu de nuit là-dessus. L'ami qui m'accompagnait, déçu également, concluait à juste titre que la musique de Rone est à écouter tranquillement chez soi.

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    Si vous ne connaissez pas Rone, écoutez le morceau Parade sur YouTube, ça vous donnera une idée de ce qu'il fait. 

    Pour le reste, ce fut une bonne nuit, quasiment une rave (mais je n'allais que dans les halls électro). J'ai quand même démarré la soirée sur le son new wave de Grand Blanc dont le titre l'homme serpent (capté ici au Printemps de Bourges) basse en boucle sur mon deezer depuis quelques jours. Mais je pense que ce groupe est un feu de paille. Désolé pour eux. Sinon, je crois que le dj qui m'a fait décoller le plus du sol, c'est N'TO mais je ne parierais pas le deuxième petit morceau de pizza toujours à 5€ que j'ai enfilé en fin de nuit.

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    Grand Blanc et ci-dessous N'TO

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    Sinon, contrairement à beaucoup de festivals, genre les vieilles charrues ou Astropolis, Les Trans, c'est le grand luxe. Plein d'endroits pour s'asseoir, pour se détendre et des toilettes propres avec des dévidoirs avec du PQ dedans. Mais ces halls sont tellement immenses que ça donnait une impression de vide. Alors la combine des organisateurs est de resserrer les scènes, genre un tiers du hall dévolu au concert est séparé du reste par des rideaux, des barrières et des agents de sécurité, ces derniers laissant passer le public au compte-goutte pour éviter le trop-plein....alors que le reste du hall est vide. 

    Je suis sorti vers les 6 heures et j'ai rejoint l'immense parking vide où ma 206 m'attendait. Je dors trois bonnes heures et je ne sais pas pourquoi mais dans mon rêve, je fais une fixation sur Thierry Lepaon, le patron de la CGT. Un moment, un type frappe à mon carreau pour me demander si j'avais des câbles de batterie. Le mec ne m'a pas fait peur et il a quand même eu le mérite de me sortir de ce rêve biscornu. Je démarre le moteur vers les 9 heures, direction Camors mais coup de barre au niveau de Brocéliande et sieste sur une aire de repos d''une demi-heure à peu près. Ensuite, je repars et je fini le parcours sereinement baigné par les lueurs de l'aube naissante.

    Loïc LT

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  • CR267 : Monsieur Blaise - Pierre Varési

    DSC01128.JPGDimanche dernier, alors que je déambulais dans les allées  d'un marché de noël, je suis tombé sur cette couverture représentant la plage du Courégant, une sorte de plage enclavée entre d'hostiles rochers, une sorte de digue et ces blockhaus dont je parlais précédemment. Même si je ne suis pas un grand lecteur de romans régionaux, j'engage la conversation avec l'auteur, m'enquiers du genre de roman qu'il écrit et je lui fais part de mes lectures, de ce blog etc. 

    J'ai passé un bon moment avec Pierre Varési. Parmi les ouvrages qu'il présentait, j'ai choisi ce roman pour sa couverture donc mais aussi pour son titre, qui me rappelle un peu les titres des romans de Philippe Delerm, auteur qui aime aussi  les personnages transparents (Monsieur Spitzweg), qui normalement ne valent pas un coup de cidre et encore moins un roman. 

    Mais le personnage principal de Monsieur Blaise n'est pas Monsieur Blaise. C'est Roland Pignard. Toute sa vie dans son nom. 

    'Roland Pignard, ouvrier lorientais se rend à l'usine pour sa dernière journée de travail. Il prend sa retraite. La suite ne se passe pas tout à fait comme prévu...' nous informe la quatrième de couverture. 

    Si vous voulez lire ce roman, je vous conseille de ne pas lire la suite. Entendu, Julie ?

    Donc, après avoir fêté son départ avec ses collègues, Roland et sa femme vont se promener sur la plage du Courégant (ou quelques années plus tôt, un étudiant en détresse y fit une promenade)  et en sortant de sa voiture, Roland est heurté par un véhicule et meurt sur le coup...

    Mais il ne meurt pas vraiment. Car l'idée du roman est que l'on ne meurt pas. Rimbaud disait on ne part pas, Pierre Varési s'amuse à penser qu'on ne meurt pas. Le corps meurt mais l'esprit reste. Nos cinq sens restent en éveil...même la vue quand bien même, on nous a fermé les yeux, quand bien même on n'est plus qu'un squelette.

    Roland Pignard est allongé sur son lit de mort et voit défiler tous ses proches. Il voit tout, entend tout. Il se sent bien. Ensuite, on est plongé dans l'histoire de la famille de Roland, les infidélités, les histoires d'héritage...Comme Roland a décidé de donner son corps à la science, il est pris en charge par la fac de médecine de Lorient (?) et il ne reste plus de lui que son squelette exposé dans la classe dont Vincent Poulmic est le titulaire. L'ossature Roland Pignard porte désormais le nom de Monsieur Blaise et s'avère être le porte bonheur de Vincent Poulmic, depuis que ce dernier, en sa qualité de médecin lui prodigua les premiers soins post-mortem, soins pendant lesquels il s'aperçut que le mort, d'une façon ou d'une autre lui donnait des tuyaux pour rencontrer l'amour. 

    Pour finir, lors de la rentrée scolaire, une élève pas comme les autres fait son entrée dans la classe de Vincent Poulmic. Je n'en dirais pas plus. 

    On sent que l'auteur s'est bien amusé en écrivant ce livre dont le point de vue original n'a d'égal que l'insignifiance de ses protagonistes...et l'exubérance de quelques-uns. Les Pignard m'ont rappelé un peu certaines familles qu'on rencontre dans les  romans de Djian avec leurs  lots d'infidélités, de cupidité et d'hypocrisie, même dans le deuil...Le récit est émaillé d'anecdotes truculentes (tel ce patron qui se retrouve dans un taxi conduit par un salarié qu'il a viré...). Ce roman dont le personnage principal est un mort n'a, paradoxalement, d'autre prétention que de divertir..

    Tout se passe aux alentours de Lorient et puis de sa côte ouest, cette fameuse côte qui ressemble au littoral californien (c'est mon point de vue -)...ce qui évidemment n'est pas pour me déplaire. 

    Loïc LT

    lecture du 01/12/14 au 03/12/14. éditions Lijuma. 3.5/5

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    photo piquée ici