Dimanche dernier, alors que je déambulais dans les allées d'un marché de noël, je suis tombé sur cette couverture représentant la plage du Courégant, une sorte de plage enclavée entre d'hostiles rochers, une sorte de digue et ces blockhaus dont je parlais précédemment. Même si je ne suis pas un grand lecteur de romans régionaux, j'engage la conversation avec l'auteur, m'enquiers du genre de roman qu'il écrit et je lui fais part de mes lectures, de ce blog etc.
J'ai passé un bon moment avec Pierre Varési. Parmi les ouvrages qu'il présentait, j'ai choisi ce roman pour sa couverture donc mais aussi pour son titre, qui me rappelle un peu les titres des romans de Philippe Delerm, auteur qui aime aussi les personnages transparents (Monsieur Spitzweg), qui normalement ne valent pas un coup de cidre et encore moins un roman.
Mais le personnage principal de Monsieur Blaise n'est pas Monsieur Blaise. C'est Roland Pignard. Toute sa vie dans son nom.
'Roland Pignard, ouvrier lorientais se rend à l'usine pour sa dernière journée de travail. Il prend sa retraite. La suite ne se passe pas tout à fait comme prévu...' nous informe la quatrième de couverture.
Si vous voulez lire ce roman, je vous conseille de ne pas lire la suite. Entendu, Julie ?
Donc, après avoir fêté son départ avec ses collègues, Roland et sa femme vont se promener sur la plage du Courégant (ou quelques années plus tôt, un étudiant en détresse y fit une promenade) et en sortant de sa voiture, Roland est heurté par un véhicule et meurt sur le coup...
Mais il ne meurt pas vraiment. Car l'idée du roman est que l'on ne meurt pas. Rimbaud disait on ne part pas, Pierre Varési s'amuse à penser qu'on ne meurt pas. Le corps meurt mais l'esprit reste. Nos cinq sens restent en éveil...même la vue quand bien même, on nous a fermé les yeux, quand bien même on n'est plus qu'un squelette.
Roland Pignard est allongé sur son lit de mort et voit défiler tous ses proches. Il voit tout, entend tout. Il se sent bien. Ensuite, on est plongé dans l'histoire de la famille de Roland, les infidélités, les histoires d'héritage...Comme Roland a décidé de donner son corps à la science, il est pris en charge par la fac de médecine de Lorient (?) et il ne reste plus de lui que son squelette exposé dans la classe dont Vincent Poulmic est le titulaire. L'ossature Roland Pignard porte désormais le nom de Monsieur Blaise et s'avère être le porte bonheur de Vincent Poulmic, depuis que ce dernier, en sa qualité de médecin lui prodigua les premiers soins post-mortem, soins pendant lesquels il s'aperçut que le mort, d'une façon ou d'une autre lui donnait des tuyaux pour rencontrer l'amour.
Pour finir, lors de la rentrée scolaire, une élève pas comme les autres fait son entrée dans la classe de Vincent Poulmic. Je n'en dirais pas plus.
On sent que l'auteur s'est bien amusé en écrivant ce livre dont le point de vue original n'a d'égal que l'insignifiance de ses protagonistes...et l'exubérance de quelques-uns. Les Pignard m'ont rappelé un peu certaines familles qu'on rencontre dans les romans de Djian avec leurs lots d'infidélités, de cupidité et d'hypocrisie, même dans le deuil...Le récit est émaillé d'anecdotes truculentes (tel ce patron qui se retrouve dans un taxi conduit par un salarié qu'il a viré...). Ce roman dont le personnage principal est un mort n'a, paradoxalement, d'autre prétention que de divertir..
Tout se passe aux alentours de Lorient et puis de sa côte ouest, cette fameuse côte qui ressemble au littoral californien (c'est mon point de vue -)...ce qui évidemment n'est pas pour me déplaire.
Loïc LT
lecture du 01/12/14 au 03/12/14. éditions Lijuma. 3.5/5
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