Le petit-dej du condamné
(à souffrir)
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Le petit-dej du condamné
(à souffrir)
07:35, samedi matin. Brouillard matinal. Cela va se lever en cours de matinée. J'entends le coq qui chante et regarde la grande librairie en replay. L'invité principal est Emmanuel Carrère dont je suis en train de lire le dernier roman le royaume (après moult tergiversations).
Aujourd'hui je vais faire le plein de pâtes. J'ai acheté deux sachets de riz cantonnais de Oncle Ben's aussi pour demain matin.
Parlons des objectifs. Contrairement aux autres années, je ne me donne aucune pression de ce côté-là. Par le passé, j'ai fait 1:40 et 01:50. Cette année, je devrais tourner si j'en crois mes dernières séances d'entrainement sur longue distance aux alentours de 02:00. Donc le petit objectif serait de faire moins de deux heures, ce qui donne du 5.41MN au km. Jouable mais méfiance. Cette course n'est pas comme les autres. Rien ne se passe comme prévu.
Pour cette fois, je veux prendre du plaisir. Mais le soucis est qu'il arrive que quand les jambes ne veulent pas,il n'y a à rien à faire et c'est d'ailleurs quelque chose de bizarre. Avoir la patate ou pas ne répond à aucune cause logique. Il m'est arrivé à l'entrainement de faire des footings énormes avec de bonnes sensations sans n'avoir rien dans le ventre et après avoir pris une cuite la veille. A contrario, j'ai raté des sorties que j'avais pourtant minutieusement préparées. Le corps a ses raisons que la raison ignore.
Prendre du plaisir donc. Cela veut dire, admirer le paysage, discuter avec d'autres compétiteurs, regarder les fesses des filles, réfléchir sur plein de choses (car j'ai remarqué que plein d'idées me viennent à l'esprit lorsque je cours). Dans cette optique, j'ai l'intention de m'arrêter une minute à tous les ravitaillements.
Voilà donc, mes trois lecteurs. A bientôt !
Loïc LT
Le semi-marathon Auray-Vannes se court comme son nom l'indique entre Auray et Vannes, deux villes du sud-Morbihan situées au bord de l'Atlantique. Mais on ne voit jamais la mer pendant la course...et c'est bien là son principal défaut. Comme de fait, le circuit emprunte la départementale 101, une route quelconque et sans âme qui longe la mer mais de loin...En plus d'être monotone, cette route peu ombragée est relativement cabossée. Pour un coureur à pied, c'est un enfer...d'autant plus qu'il y fait toujours chaud. Le dimanche 14 septembre 2014 ne dérogera pas à la règle :
25° à l'ombre, ça fait combien au soleil...30, 35, je ne saurais dire..Le chaleur sera donc le premier ennemi du coureur, plus d'ailleurs que les bosses tant redoutées mais qui en fait ne sont pas si méchantes.
L'entrée dans le bourg du Bono constitue la première difficulté. C'est une courte bosse mais très raide...à même de briser les ardeurs de tous les innocents partis la fleur au fusil. Après, d'autres bosses se succèdent. Les crampes apparaissent. De toute ma vie de jogger, je n'ai réellement souffert de crampes que dans cette course..dès le 10ème km même..Pas d'explication. Auray-Vannes est un enfer de A à Z. Tu le sais avant le départ et donc tu n'es surpris de rien.
Un moment, tu tombes sur un participant dont l'allure semble te convenir. Tu te dis que tu es en capacité de le suivre. Ce que tu fais...erreur..car règle de base de ce semi-marathon : chaque coureur que tu penses pouvoir suivre finit par te dégoûter de la vie. Nulle fringale, nul épuisement...il va son chemin tranquillement et contrairement à toi ne souffre pas. Va donc cher inconnu, tu n'es que l'avatar de mes anciens camarades de classe et amis, le blond de Gad Elmaleh. Il y a des gens touchés par la grâce.
La course à pied est l'école de la vie. Rien ne se passe comme prévu. Tu as un beau établir une stratégie de course, elle part très vite en fumée. Alors, tu te retrouves seul en compagnie d'un fardeau, d'un terrible fardeau : ton corps..qui n'a plus aucune ressource..telle une auto sans carburant que tu tentes en vain de mener à son terme en profitant des descentes où tu peux rouler au point mort.
Tu devines des gens au bord de la route, des milliers de gens qui sont venus pour te supporter mais tout cela te semble vain. Tu penses à des moments de joie, de détentes, les réveillons de noël, les après-midi d'été dans le hamac à lire du Simenon, les soirées d'hiver au coin du feu à lire du Modiano...tu es tellement mal que tu te dis que tu ne t'en sortiras pas.
Alors arrive la ville ! Vannes-ville-monde. D'abord c'est un faubourg aussi élégant qu'une belle rue de Paris. Le stade n'est pas loin mais si loin en même temps. Est-il permis de souffrir à ce point ?
Le stade et sa surface si douce sur laquelle il faut encore courir, encore souffrir. Ce matin encore, j'avais prévu sprinter, puiser dans mes réserves pour faire bonne figure... mais c'est impossible, je ne suis plus que fatigue et souffrance. Le corps a abdiqué. Mais je suis en vie !
En vie !
Scénario catastrophe ou réaliste..verdict dimanche.
Loïc LT
Nous nous levons et rejoignons la grande salle. Un couple est déjà installé et un autre nous succède. Nous voilà donc tous réunis, inconnus et exagérément polis. Prisca et moi nous plaçons au milieu, un couple de parisiens guindé d’un côté et un couple de paimpolais pas fiers de l’autre. C’est bien la première fois que je me retrouve dans une telle configuration. L'hôtesse sert une quiche (faîte maison va sans dire) et pris dans un élan insensé, je m’auto-désigne pour la couper en faisant bien attention à me garder la plus grosse part...On me regarde faire religieusement mais j’ai beaucoup de mal car la pâte est dure et le couteau sans scies ! Les gens servis, la discussion peut commencer...on débute par les présentations : les braves gens du 22 sont de Paimpol et les fiers à notre droite de Ivry. Je ne me souviens plus trop du détail de nos échanges..mais ce fut globalement un échange de banalités courtoises sur les régions de France, la beauté de la Bretagne, l'impolitesse des allemands en vacances en France, l’écologie, la supercherie Tripadvisor, le gaz de schiste etc etc. Le type du 91 a commencé à beaucoup me contredire mais ça m’amusait plus que ça m’agaçait (car qu’avons nous à faire des gens qu’on voit quelques heures et que nous ne reverrons plus). La femme du 91 enfile des anecdotes et sait tout sur tout. Un moment au cours du repas, j’essaie de la coincer lançant le sujet sur le problème qui constitue le sous-sol de la capitale constitué d'un gruyère friable qui risque de s’effondrer à tout moment. Manque de bol, la dame travaillant à la ratp est renseignée sur la chose et nous annonce que l’effondrement de Paris est une hypothèse qui inquiète la société de transport. Autrement, elle comme moi sommes très curieux de la vie de la dame du manoir . Elle l’a déjà ‘interrogée’ mais elle est peu bavarde. En tout cas, c’est vrai que pour une hôtesse, elle est assez effacée. C’est sa personnalité dis-je, c’est aussi la caractéristique des finistériens complète Prisca (je rajoute aujourd’hui que les les finsitèriennes du sud sont différentes..trop bavardes et trop à l’aise..je ne les aime pas). Il faut apprendre à la connaître. Un moment, après le plat de résistance, alors qu’elle vient retirer les assiettes géantes, je la bombarde gentiment de questions...et elle se prête très bien à cet interrogatoire en règle. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais j’ai juste une chose à dire : la dame gagne à être connue. Gérer seule ce manoir et toutes les contraintes qui vont avec lui semble naturel...alors que nous sommes tous ébahis devant le travail qu’elle a fait toute seule depuis qu’elle l’a racheté. Contrairement aux apparences, ce manoir situé loin de tout, loin de la mer et des villes fait continuellement le plein...même en plein hiver où des commerciaux viennent y passer des nuits. Comme il doit être agréable d’y passer une soirée d’hiver au coin du feu ! Des discussions superficielles se poursuivent dont je suis un peu l’élément central. Le couple de Paimpol, mal à l’aise ne dit mot. On apprend quand même qu’elle, est serveuse dans un restaurant et que lui fut un ébéniste spécialisé dans les meubles rustiques de chez rustiques, c’est à dire très chargés et pour tout dire très moches. Sinon, les parisiens nous demandent quels pays du monde nous avons visités...
Après le dessert, chacun s'apprête à rejoindre ses appartements. Les parisiens vont dormir dans la chambre du cocher (disposant de deux lits simples séparés par une armoire -)), les paimpolais, dans la chambre du jardinier et nous dans la chambre pompeusement nommée 'chambre des bonnets rouges'. La dame nous signale que d’autres hôtes invités à un mariage à Roudouallec rentreront tard dans la nuit (comment, on se marie encore à Roudouallec ?, m'exclame-je pensant faire mon malin) . Soit. Le type du 91 annonce ouvertement qu’il a remarqué quelques bandes dessinées dans la bibliothèque du salon et qu’il va aller s’en lire une. Ce à quoi je lui réponds que je déteste les bd. Il me foudroie du regard et part en claquant la porte. (nan je déconne).
De retour dans la chambre, nous refaisons la soirée, nous nous moquons des autres et affirmons notre sympathie pour le couple du 22 qui n’a pas sorti un mot de la soirée. Quant aux parisiens, ils sont courtois, pédants et font des manières. Il y a juste la curiosité de la parisienne (qui fait sa miss Marple) qui nous amuse.
La nuit est tombée depuis longtemps sur le manoir. On entend des bruits bizarres, des gens qui se déplacent, des meubles qui bougent, des vibrations, des craquements, des chouettes qui chuintent, des chasses d’eau qui chassent de l'eau. L'angoisse peut commencer.
Loïc LT
On ne voyait que le bonheur est le titre idéal pour ce roman. On ne voit que le bonheur...de nos voisins, de nos amis membres de cette fameuse classe moyenne on ne voit qu’une face, la plus reluisante, la plus lisse, tout semble aller pour le mieux chez eux alors que chez nous, il y a plein de failles, des gouffres parfois. Comment ils font les autres pour vivre dans le bonheur perpétuel ?
Mais évidemment, on n’est pas dupe. Tout n’est qu’apparence. Une pelouse bien tondue, deux bons boulots et des enfants beaux et studieux ne sont que la partie immergée de l’iceberg. Je ne sais plus qui disait que toutes les familles sont des asiles de fous, la folie quotidienne, c’est au cœur des familles qu’elle s’épanouit mais c'est là qu’elle est aussi la moins visible des autres parce qu’en circuit fermé, parce que le secret de familles est le mieux gardé. C’est un peu ma conclusion de ce roman d’un auteur que je ne connaissais pas. Le narrateur évoque son enfance. Son père est un chimiste séduisant qui travaille dans une droguerie où il peut préparer sur demande des mixtures répondant aux besoins de ses clientes. Il ne vend pas de poudre ni de munitions. Je ne sais plus ce que fait la mère. Deux jumelles arrivent, Anna et Anne mais Anna (ou est-ce Anne) meurt dans son sommeil (c’est ce qu’on croit dans un premier temps). Et tout se délite dans cette famille normale. La mère s’en va et finit son existence dans la misère. La jumelle rescapée encore sous le choc de la perte de sa sœur n’arrive plus à prononcer qu’un mot sur deux. C’est compliqué. On est pudique dans cette famille, on ne parle pas des choses essentielles.
Et puis Antoine le narrateur évoque ensuite sa famille à lui, celle qu’il a construite avec Nathalie, une jolie rencontrée dans un magasin. Il est expert en assurance et son but est d’être salaud et de mauvaise foi envers les assurés pour que la compagnie débourse un minimum. Un jour, par pitié pour une assurée enceinte, il décide d’accepter de bien la rembourser en établissant une fausse expertise. Il se fait virer. Nathalie le trompe et elle se barre puis revient. Ils font un deuxième enfant. Mais ça ne tourne pas rond : Antoine a peur que le mal-être soit génétique et dans un accès de folie tente d’assassiner sa fille aînée afin de lui épargner un même type d'existence...mais il la rate et elle a le visage défiguré.
Voilà à peu près l’histoire. T'as compris Julie ? C’est écrit très simplement, les phrases sont courtes mais percutantes. Je trouve que l’ensemble se tient mais c’est le type même de roman qu’on oublie vite...pas assez long, pas assez approfondi. Il est sélectionné pour le Goncourt mais il ne l’obtiendra pas du fait de son manque d’ambition
Mais le sujet des familles comme autant d’asiles de fous m’interpelle et correspond à ma pensée. C’est bien sûr romancé et exagéré ici mais les fondamentaux sont là. On ne voit que le bonheur. Parfois je me demande même si le bonheur ne se cache pas derrière ceux dont on ne voit que la misère.
rentrée littéraire 2014. lecture : septembre 2014. kindle. 3/5
Loïc LT
Jusque là, je ne m'inquiétais pas beaucoup des sondages donnant Marine Le Pen en tête au premier tour mais de savoir que désormais elle remporterait carrément le second tour me sidère. Je pensais naïvement qu'une majorité de français, une grosse majorité même, comme en 2002 pouvait instinctivement se rassembler pour former ce que les politiques appellent un 'front républicain'...mais même plus. Même si les sondages valent ce qu'ils valent, ils disent quand même quelque chose, ils disent que ça se sera serré...Et ça, je ne comprends pas. Comment une majorité peut souhaiter l'arrivée au pouvoir de Le Pen ? Avec le système éducatif qu'on a, avec cette société de l'information qui nous permet de comprendre le monde, d'ouvrir les yeux, de se coucher moins bête le soir (même si évidemment les médias ne sont pas irréprochables, loin de là, au contraire même, ils ont une grosse part de responsabilité ), les français souhaitent un président d'extrême droite.
sidération.
Sinon, je ne suis pas un fervent supporter de François Hollande, mais je trouve qu'il ne mérite pas ce qui lui arrive. On sait tous que ce n'est pas un mauvais bougre, qu'il n'a qu'une intention, c'est de réussir et d’œuvrer pour le bien commun. Alors Pourquoi tant de haine ? Parce que sa politique ne donne pas de résultats ? Qui aurait fait mieux ? Que peut le président d'un pays irréformable, face, qui plus est, à une mondialisation qui bouscule notre modèle et nos repères ?
Loïc LT
Oui, donc c'est vrai, on était loin d'imaginer la suite et encore aujourd'hui alors que je rédige le compte rendu de ce séjour abracadabrantesque, je ne comprends toujours pas comment on a pu arriver à ces extrémités, nous qui ne sommes quand même pas des ingrats.
Donc, après avoir parcouru les quelques mètres nous séparant du manoir proprement dit, nous trouvons l’accueil, rentrons dans un grand hall sombre dans lequel une grande table rustique sert de bureau. Tous les meubles sont à l’avenant mais rustique semble même insuffisant pour qualifier l’ambiance générale.
Une dame d’une petite soixantaine d’années portant un tablier arrive. Présentations sont faîtes. Elle nous guide jusque notre chambre. Les escaliers grincent. Le premier étage est glacial et sent le vieux. Un petit cheval à bascule en bois bouge tout seul et rie bêtement. Elle nous laisse dans notre chambre et nous annonce que le dîner sera servi à 20h. La chambre est l’image du reste.
Après nous être installés, nous faisons une balade dans le jardin immense un peu trop classique à mon goût..mais en cohérence avec l’esprit des lieux.
Ensuite, comme nous sommes un peu en avance, nous nous aventurons dans le salon où se dresse une grande cheminée ornée du portrait d’un ancêtre.
Pour le reste, de grandes bibliothèques habillent les murs. La vieille télé dans le coin n’a pas dû être allumée depuis longtemps. Le tout est agencé avec goût et cohérence. Nous parcourons des ouvrages et chuchotons. Pourquoi chuchotons-nous d'ailleurs ? Il n'y pas le droit de parler fort dans un manoir ? En plein de nos pensées et alors que je feuillette un livre sur les vieux manoirs bretons, la dame entre pour nous dire que le repas est prêt !
On était loin de s'imaginer la suite...
Loïc LT
A ce moment-là, on était loin d'imaginer ce qui allait nous arriver. On longe donc cette allée luxuriante.
Quand on quitte la grande route, on traverse le bourg de Gourin, puis on prend la direction de Spézet. La campagne est verte...des champs de maïs, des bois….de rares habitations. Et puis, un moment ça s’élève tranquillement...un long faux plat qui n’en finit pas. Arrivé au sommet, le panneau ‘col de Toullaeron 266 m’ nous indique que nous y sommes...ô mais c’est quoi à droite, c’est le manoir...trop tard pour tourner, continuons jusque Spézet.
Nous sommes en Centre-Bretagne, dans les Montagnes Noires et nous partons sans les filles en ce dernier week-end d'août dans un manoir trouvé un peu au hasard sur le net.
Spézet est un village tranquille qui n’est pas sans nous rappeler notre récent voyage en Irlande. Les maisons sont variablement colorées mais l’ensemble fait quand même très sinistré. Demi-tour. On reprend la route du manoir en question.
Quand on arrive, il faut emprunter une allée peu engageante bordée de rhododendrons. Notre souhait, parce qu'on ne se voit pas dîner en compagnie d'inconnus, est que bien que le manoir comporte plusieurs chambres, nous soyons seuls. Manque de bol, deux voitures sont garées sur le parking des hôtes, l’une immatriculée 22 et l’autre 91.
Le ciel est couvert mais l’impression de beau temps domine. Après avoir coupé le contact, le silence nous saisit...une vague inquiétude nous gagne.
Il faut marcher une vingtaine de mètres pour enfin l’apercevoir niché derrière les rhodos et les chênes. Dans l’échelle des manoirs du XIXème, j’imagine qu’il est quelconque mais dans ce silence de morts au cœur de l’Armorique, la bâtisse qui s’offre à nos regards nous laisse sans voix.
le suite, demain...
Loïc LT
A peu peu près tous les trois ans, Eric Reinhardt sort un nouveau roman avec toujours la même ambition : épuiser un sujet (ou une histoire plutôt car il ne traite jamais qu'un sujet) grâce à une écriture ample et fluide. L'amour et les forêts ne déroge pas à la règle. On y retrouve ce style unique, cette fougue, ce torrent dans lequel on s'engouffre sans pouvoir se défaire. Pour ce dernier, l'écrivain revient sur Cendrillon, son meilleur roman (qu'il craint ne jamais pouvoir égaler). Il reçoit une lettre remarquable d'une lectrice, Bénédicte Ombredanne qui lui explique en quoi Cendrillon a changé sa vie. Ils décident de se rencontrer à Paris, au café de Nemours ou ER a ses habitudes. Il ne sait pas encore que cette rencontre va bouleverser sa vie.
Julie se confie à Eric. Prof de collège (ou de lycée je ne sais plus), mariée à Jean-François, un employé de banque psychorigide, elle a deux enfants et vit dans l'est de la France. Elle s'ennuie, a soif d'idéal et décide suite à une sorte de bizarroïde pétage de plomb de son mari de s'inscrire sur Meetic où elle fait la connaissance de Christian chez qui elle va passer une après-midi poético-sensuelle inoubliable. Quand elle rentre chez elle, c'est le début de la fin. Son mari la soupçonne de tromperie (ce qu'elle nie) et se fait de plus en plus oppressant. Elle devient dépressive et fait un séjour en hôpital psychiatrique. Et l'écrivain qui n'a plus de nouvelles d'elle depuis plusieurs mois n'est pas au bout de ses surprises.
ER qui nous avait habitué à étudier les gens par le prisme de l'analyse socio-économique (Cendrillon, le système Victoria) oriente avec l'amour et les forêts sa plume vers l'intimité et les rapports familiaux. Comme on pouvait s'y attendre, il s'en sort à merveille. On ne sort pas indemne de ce récit mené tambour battant. Une nouvelle fois, il utilise son arme favorite : les longs monologues dans lesquels se lancent les protagonistes à la façon du narrateur dans extinction de Thomas Bernhard (la référence qui tue et que personne ne va aller vérifier -) . Mais ces derniers ont le défaut de leur qualité : comment est-il concevable que des discours portés par des personnes différentes (Jean-François, Marie-Claire) se ressemblent à ce point stylistiquement parlant et surtout s'avèrent être à chaque fois des monuments littéraires ? Mais que l'écrivain se rassure (et qui s'en fout surtout), le même reproche peut être fait à Choderlos De Laclos et à d'autres. Par ailleurs, soyons exigeants avec ceux qu'on aime, la fameuse après-midi avec Christian est dégoulinante de mièvrerie et Jean-François est trop peu complexe pour être crédible.
N'ayant pas lu d'interview de l'auteur au sujet de ce roman (qui sorti chez Gallimard bénéficie d'une grosse publicité), je ne suis pas en mesure de dire si cette histoire est vraie ou non...ce qui ne change rien à sa force ainsi qu'à celle de son analyse.
lecture : août 2014, kindle, 4/5.