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cherokee

  • CR70 - Cherokee - Jean Echenoz

    22012009338.jpgJe viens de terminer cherokee et j'ai adoré ce roman tout comme j'avais adoré je m'en vais. Jean Echenoz confirme donc tout le bien que je pensais de lui. Et il ne pouvait en être autrement tant dans ma conception de la littérature, la forme compte tout autant que le fond..voire plus.   Dans cherokee, l'histoire brinquebalante d'un type un peu paumé qui se retrouve enquêteur dans une espèce d'agence de détectives où l'on enquête sur des affaires abracadabrantesques (un vol de perroquet par exemple) n'est évidemment une fois de plus qu'un prétexte à une débauche verbale d'une ingéniosité sans pareil où les mots rares et précieux côtoient des termes techniques qui tombent à chaque fois fort à propos, où des phrases insolites se succèdent comme autant de surprises et d'émerveillement ! Pour autant l'environnement échenozien n'est pas spécialement chatoyant puisqu'en général et dans cherokee en particulier, les terrains vagues se succèdent à rues sombres jonchées de déchets et à des zones péri-urbaines à moitié désertées. Mais la plume de l'écrivain donne à tous ces endroits et aux antihéros qui les fréquentent une sorte de grandeur poétique véritablement enivrante.

    Ça donne des choses de ce genre :


    Ils s'éloignèrent. Le bruit de leur moteur décrut, se fondit dans la rumeur lointaine, ils n"étaient plus là. Cependant, nous restons. Alentour le paysage est gris et terne. Il fait humide et froid. Tout est désert, on n'entend plus rien que cette rumeur lointaine sans intérêt. Que ne partons-nous pas. Mais voici qu'un autre bruit de moteur naît en coulisse, se précise, s'incarne en une nouvelle voiture qui paraît au bout du passage, s'approche, ralentit et se gare là même où stationnait la 504. C'est la Mazda locative de Fred. Va-t-il se passer quelque chose. Aurions-nous bien fait de rester. (p96) (note : narrateur extérieur au récit)

    Le perroquet Morgan était âgé d'une soixantaine d'années, ce qui correspond en gros, à l'échelle humaine, à une soixantaine d'années...
    (p138)

    Sur l'autoroute, à cette heure-ci, il n'y avait que des quinze-tonnes lancés à toute allure dans leur cortège classique de cuir, de tabac, de laine, de sueur et de gasoil et aussi quelques voitures particulières menées à toute allure par des hommes seuls, ivres et désespérés.
    (p171)


    Plus qu'un simple écrivain, Echenoz est aussi un poète, un sculpteur du verbe et et lorsqu'on lit ses oeuvres, on devine tout le plaisir qu' il a mis à les écrire. Ça se devine et ça se sent qu'il prend beaucoup de plaisir à l'écriture. Je considère Jean Echenoz comme l'un des plus grands écrivains français contemporains, au côté  de Philippe Djian (dont les romans sont différents mais qui cultive une même forme de cynisme) et de Benoit Godillon (dont un nouveau roman sort en mars).
    Alors, rejoignez le fan club de Jean Echenoz sur facebook. Et par la même occasion celui de Georges Marchais. -))
    Et puis lire l'excellente note de Pitou, le blogger au bout de la lettre.
    Et puis, aller faire dodo.

    lecture du 15.01 au 22.01.09
    note : 4.5/5
    à venir : le diable au corps, Raymond Radiguet

    Loïc

     

     

  • Jean Echenoz chez Alain Veinstein ce soir

    809c0c248d7113c6b0b094a3b623a767.jpgJean Echenoz fait partie de mes écrivains préférés. J'aime son style et sa façon d'envisager la littérature (où la forme compte autant voire plus que le fond). Alors en plus, quand il écrit un bouquin sur la course à pied, je jubile. Courir est sorti il y a quelques jours et j'ai envie de conseiller de vite courir l'acheter. Concrètement il s'agit d'une sorte de biographie du coureur de fond hongrois Zatopek. Je dis 'une sorte', parce que déjà c'est une formule que j'utilise beaucoup (et trop sans doute) et aussi parce qu'écrite par Echenoz, ça ne peut ressembler à aucune autre biographie. Le larousse de 1973 définit 'une sorte de' de la sorte : une chose ou une personne qui ressemble à. Ce qui fait que pour éviter d'utiliser l'expression j'aurais pu dire "concrètement il s'agit d'une chose ressemblant à une biographie", mais comme ici on sait que la chose est un roman, on peut affiner et ça donnerait ceci : "concrètement, il s'agit d'un roman qui ressemble à une biographie".
    On va y arriver.
    Mais la question que je me pose aujourd'hui, c'est "est-ce que courir va marcher ?". Toujours est-il qu'en ce qui me concerne, je ne vais pas lire ce roman tout de suite. Je ne paie rien pour attendre et j'ai déjà dans ma liste automnale (mes amitiés à Eric Reinhardt et qu'il profite bien de la lumière si spéciale des soirées d'octobre aux alentours du GrandPalais), cherokee que j'avais acheté sur alapage car il n'était pas cher, ok ?


    Par contre, ce que je vais faire tout à l'heure c'est écouter Monsieur Echenoz car il est l'invité d'Alain Veinstein à 23h30 sur france culture. J'aime beaucoup quand il parle aussi car il a un débit assez lent, une voix hésitante qui émet plein de heu et ce timbre si particulier qu'ont les gros fumeurs (encore que là, je m'avance un peu). Car c'est ça aussi le charme de la radio la nuit : laisser les gens parler au rythme qu'ils souhaitent.