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le bateau ivre expliqué à Chloé : strophes 2 et 3

24012009347.JPGJ'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.

définition de équipage. équipage : ensemble du personnel embarqué sur un navire, un avion, un char etc, dont il assure la manoeuvre et le service.
On dirait que Rimbaud a étendu la notion d'équipage à l'ensemble des marchandises que le bateau transporte. Parce qu'à la base, un équipage ce ne sont que des gens. Mais bon, le poète fait ce qu'il veut, il est libre et Rimbaud, peut-être plus que tout autre. Débarrassé des haleurs (dont je t'ai donné la définition lors de l'étude de la strophe 1), le bateau file, emporté par les eaux.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.


Ça se complique ! Le bateau continue de s'exprimer et nous apprend ici que sa folle aventure se déroula "l'autre hiver" et qu'il était plus sourd qu'un cerveau d'enfants. J'explique : quand tu ne veux pas manger ta soupe, tu n'en démords pas, et quand on t'oblige à la goûter, tu fais la sourde. Le bateau, c'est pareil : rien ne peut le faire revenir en arrière. Que sont "les péninsules démarrées" ? Je sais pas trop mais on va dire que ça signifie que le bateau entre juste en mer et qu'il fait tellement de vague qu'elle se ressentent jusqu'au large.

tohu-bohu : grand désordre ; agitation confuse et bruyante

Commentaires

  • Merci de poursuivre cette explication de texte. Ca m'intéresse car Sire Rimbaud m'apparaît abscons au possible. Certainement est-ce dû à cette absinthe qu'il absorbait. En même temps, sans comprendre, je suis fascinée. Il se dégage de ce poème une magie jubilatoire, une musicalité à donner des frissons au plus hermétique d'entre nous. J'aime sa désinvolture voilà tout. Sa tonitruance. Au fait, frangin, connaîs-tu encore ce poème par coeur ? Si oui, pourrais-tu me donner des recettes pour m'aider à mémoriser des textes ?

  • Je le connais encore par cœur, de la même façon que je connais le notre-père. D'ailleurs, parfois au boulot, je me le récite (le bateau ivre, pas le notre-père -))) pour me rassurer sur l'état de mes méninges.
    Je n'ai pas de conseil à te donner pour mémoriser des textes parce que la nature ne m'a pas spécialement bien outillé pour ça..je ne connais le bateau ivre que par la patience et la volonté que j'ai mis à l'apprendre. Et ce fut difficile...mais quand c'est acquis, c'est acquis. Le bateau ivre est en moi, il fait partie de moi.
    Sur le fond, je trouve que c'est un poème assez simple, avec une métaphore même très banale. Et Rimbaud n'a rien inventé : voici "le vieux solitaire" de Léon Dierx (antérieur au bateau ivre) :

    Le vieux solitaire

    Je suis tel qu'un ponton sans vergues et sans mâts,
    Aventureux débris des trombes tropicales,
    Et qui flotte, roulant des lingots dans ses cales,
    Sur l'Océan sans borne et sous de froids climats.

    Les vents sifflaient jadis dans ses mille poulies.
    Vaisseau désemparé qui ne gouverne plus,
    Il roule, vain jouet du flux et du reflux,
    L'ancien explorateur de vertes Australies.

    Il ne lui reste plus un des matelots
    Qui chantaient sur la hune en dépliant sa toile.
    Aucun phare n'allume au loin sa rouge étoile.
    Il roule abandonné tout seul sur les grands flots.

    La mer autour de lui se soulève et le roule,
    Et chaque lame arrache une poutre à ses flancs.
    Et les monstres marins suivent de leurs yeux blancs
    Les mirages confus du cuivre sous la houle.

    Il flotte, épave inerte, au gré des flots houleux,
    Dédaigné des croiseurs aux bonnettes tendues,
    La coque lourde encor de richesses perdues,
    De trésors dérobés aux pays fabuleux.

    Tel je suis. Vers quel port, quels récits, quels abîmes
    Dois-tu les charrier, les secrets de mon coeur?
    Qu'importe? Viens à moi, Caron, vieux remorqueur,
    Ecumeur taciturne aux avirons sublimes.

    Léon Dierx

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