Il m'aura fallu seulement deux heures ou un peu plus peut-être si je compte certaines phases de lectures un peu ponctuelles (qui arrivent fréquemment comme par exemple dans les files d'attente qui peuvent se former ici ou là à certains endroits où trop de gens en même temps veulent accéder au même service, même désir, même guichet ou que-sais-je ; quand j'arrive au boulot deux minutes trop tôt et qu'il est hors de question que j'offre ces deux minutes au capitalisme, quand je surveille les pates), deux bonnes heures donc pour lire ce roman écrit par un certain Raymond Radiguet (qui n'a de Raymond que le prénom), écrivain qui fit un court passage sur terre au début du XXè siècle. Pratiquement inconnu du grand public, il bénéficie d'une certaine aura dans le petit public. Jean Cocteau a quand même dit de lui : "Raymond Radiguet partage avec Arthur Rimbaud le privilège d'être un phénomène des lettres françaises."
Mais le diable au corps ne m'a pas spécialement emballé. Style très conventionnel avec utilisation pléthorique du subjonctif de l'imparfait ou du passé simple. Histoire somme toute banale d'un amour impossible entre un jeune homme et une femme mariée pendant la guerre 14-18. Moeurs provinciales vs amour impossible. Vieille rangaine de la littérature française, n'est-ce pas. Rien de rimbaldien dans cette affaire-là. Juste un bon moment de lecture.
Deux courts extraits, sur lesquels on peut méditer :
"la puissance ne se montre que si l'on en use avec injustice. "
"Si la jeunesse est niaise, c'est faute d'avoir été paresseuse. Ce qui infirme nos systèmes d'éducation, c'est qu'ils s'adressent aux médiocres, à cause du nombre. Pour un esprit en marche, la paresse n'existe pas. Je n'ai jamais appris plus que dans ces longues journées qui, pour un témoin, eussent semblé vides, et où j'observais mon coeur novice comme un parvenu observe ses gestes à table."
Sur le premier j'ai des doutes mais sur le deuxième, j'approuve totalement.
lecture : 23.01.2009
note : 3.5/5
à venir : le paysan de Paris, Louis Aragon
Commentaires
Ce livre fit passablement scandale au moment de sa publication, en 1923. Et la mort la même année de son très jeune auteur (il avait 20 ans) contribua sans doute au succès et au mythe de ce roman, outre ses qualités littéraires...
Film de Claude Autant Lara. Source de cet extrait Wikipédia via Google.
Adaptation du roman autobiographique de Raymond Radiguet, le film marqua l'immédiate après-guerre. Il créa un tollé lors de sa sortie à Bordeaux, critiqué pour inciter à l'exaltation de l'adultère et prôner l'antimilitarisme. Des journalistes firent même une pétition pour que le film soit retiré de l'affiche. À la projection au festival de Bruxelles, l'ambassadeur de France quitta la salle. Il exprime beaucoup les sentiments de la jeune génération de 1947 qui avait atteint l'adolescence pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui permit à Gérard Philipe d'obtenir le Prix d'interprétation au festival de Cannes 1947.
de Françoise : La vie n'a pas laissé à Radiguet le temps d'écrire d'autres romans. Carrière courte n'est pas forcément synonyme d'auteur mineur.
Ne me croyez pas systématiquement critique à votre égard... j'ai un amour passion pour Aragon !