Il y a quelques jours de cela, j'errais dans les rayons de la fnac de Vannes à l'affut de quelque nouveauté, lorsque soudain, je tombai sur cet ouvrage improbable signé Georges Izambard, le professeur de rhétorique d'Arthur Rimbaud et qui fut aussi pendant une courte période l'ami du poète.
En fait, il ne s'agit pas à proprement parler d'un livre écrit par Izambard mais un assemblage réalisé après sa mort (il est décédé en 1921 soit 30 ans après Rimbaud) de lettres et articles où il parle de son ancien élève. Il y est beaucoup question du conflit qui l'opposa à Paterne Berrichon (mari d'Isabelle Rimbaud, soeur d'Arthur et qui entreprit d'écrire une biographie d'AR). Les deux hommes eurent en effet des échanges houleux par presse interposée. Izambard reprochait surtout à Berrichon de complètement travestir la réalité afin d'offrir au public un Rimbaud plus conforme à ses aspirations au point de tout simplement changer des mots ou de supprimer des phrases entières de lettres écrites par Arthur Rimbaud.
Mais, plus que ces querelles pseudo-littéraires, le rimbaldien trouvera dans cet ouvrage de nombreuses anecdotes, truculentes pour beaucoup (comme par exemple l'emploi du temps d'Arthur lorsqu'il séjourna chez les soeurs Gindre ) ce qui n'apporte certes pas grand chose à la compréhension de l'oeuvre du poète mais qui permettent d'alimenter un peu plus le mythe (ou parfois de l'écorner..). Et à titre personnel, je suis friand de toutes ces anecdotes, presque plus que de l'oeuvre (dont je suis revenu) car il y a quelque chose de fascinant dans la figure de Rimbaud, qui dépasse son oeuvre.
Une anecdote en particulier m'a beaucoup amusée. Rimbaud avait envoyé le poème le coeur supllicié à Izambard. Celui-ci le trouva quelconque et voulu lui prouver qu'il pouvait en faire autant. extrait, p 33 :
et il m'envoyait, comme un échantillon de la formule nouvelle, ces triolets fameux que j'ai remis plus tard à Verlaine avec le reste, et qui ont fait la joie de plusieurs générations de décadents :
le coeur supplicié (Arthur Rimbaud)
Mon triste cœur bave à la poupe ...
Mon cœur est plein de caporal!
Ils y lancent des jets de soupe,
Mon triste cœur bave à la poupe...
Sous les quolibets de la troupe
Qui lance un rire général,
Mon triste cœur bave à la poupe,
Mon cœur est plein de caporal!
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs insultes l'ont dépravé;
À la vesprée, ils font des fresques
Ithyphalliques et pioupiesques;
Ô flots abracadabrantesques,
Prenez mon cœur, qu'il soit sauvé!
Ithyphalliques et pioupiesques,
Leurs insultes l'ont dépravé.
Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, ô cœur volé?
Ce seront des refrains bachiques
Quand ils auront tari leurs chiques!
J'aurai des sursauts stomachiques
Si mon cœur triste est ravalé!
Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, ô cœur volé
"et je me mettais à mon tour en frais de triolets, histoire de pasticher les siens : les miens avaient pour titre : la Muse des Méphitiques..."
la muse des Méphitiques ( Georges Izambard)
Viens sur mon coeur, Muse des Méphitiques
Et roucoulons comme deux amoureux.
Pour bafouer toutes les esthétiques
Viens dans mes bras, Muse des Méphitiques ;
Je te ferai des petits rachitiques,
Froids au toucher, verdâtres et goitreux..
Viens dans mes bras, Muse des Méphitiques,
Et folâtrons comme deux amoureux.
Viens !... Tu verras le bourgeois baveux qui s’offusque
Se cramponner d’horreur à son comptoir,
Comme à son roc s'agglutine un mollusque
Viens, tu verras le bourgeois baveux qui s’offusque
Et son oeil torve, au fond d'un vase étrusque,
Sa main crispée agrippant l'éteignoir.
Et tu verras le Bourgeois qui s'offusque
Se cramponner d'horreur à son comptoir.
Voici venir l'ère des pourritures,
Où les lépreux sortent des lazarets.
O fleurs du Laid, rutilantes ordures,
Nous fourrageant dans les monts d'épluchures,
Voici venir l'ère des pourritures
Psalmodions l'hosannah des gorets !
Voici venir l'ère des pourritures
Où les lépreux sortent des lazarets.
fin de citation. Il faut admetre que le pastiche soutient bien la comparaison. Cela amusa beaucoup Rimbaud nous dit Izambard. Dans le même esprit, Izambard ne fut pas impressioné par la lettre du Voyant (vous revoilà professeur...) et le commentaire linéaire qu'il en fit ressemble à une leçon d'un professeur à son élève..de quoi calmer certains spécialistes un peu trop enthousiastes.
biographie, paru en 01/2010
Editions La Part Commune, 230 pages
lecture du 08.02.2010 au 11.02.2010
note : 4/5
J'avais reperé ce roman dès sa sortie et quelques bonnes critiques m'ont conduit à me le procurer. Ce petit ouvrage de 141 pages traite de la vie quotidienne d'un intérimaire dont la spécialité est d'effectuer des travaux de maintenance dans les centrales nucléaires. J'avais peur avant de commencer cette lecture qu'il s'agisse d'un roman à charge contre l'industrie nucléaire mais en fait, je tiens à rassurer de suite les écologistes (et donc pro-nucléaires) dont je suis, il n'en ait rien. Les risques liés au nucléaire sont évidemment évoqués et occupent même une grosse partie du roman mais s'il y a une critique dans ce roman, ce serait plus de la précarité dans laquelle vivent tous ces intérimaires intervenant de centrales en centrales au gré de ce qu'on appelle dans la milieu des "arrêts de tranche". Comme les sites se situent souvent près de petits bourgs, ils n'ont d'autres solutions que de vivre dans des caravanes ou des mobile-homes.
présentation de l'éditeur : Ces trois contes sont trois histoires extraordinaires où le fantastique religieux illumine la vie quotidienne.
mot de l'éditeur : En fréquentant les cinémas miteux de Los Angeles, Jonathan Gates découvre l'oeuvre fascinante de Max Castle. Jeune prodige, celui-ci a tourné quelques films avant de tomber dans l'oubli. L'élucidation des mystères qui entourent la vie et l'oeuvre de Castle va devenir une véritable obsession pour Gates. A l'issue de sa quête, qui va le mener des sommets de l'industrie cinématographique jusqu'au coeur des sociétés secrètes, où plane l'ombre des cathares, il apprendra l'incroyable vérité sur ce maître des illusions que fut Max Castle et mettra au jour un étonnant complot.
J'ai lu bella ciao courant décembre 2009 et dieu sait pourquoi je n'ai pas encore écrit le compte-rendu. Et voici que ce matin l'auteur m'envoie un mail "et quand l'espèce de blogger va-t-il donc faire le compte-rendu de mon roman ?". C'est un fait que dès que j'ai quelques jours de retard, hop, il faut que l'auteur du roman en question m'appelle. C'est quasiment systématique. Il est devenu impératif pour un écrivain d'être critiqué ici. Et cela fait des jaloux : l'autre jour, Marcel Proust en personne me contacte de l'au delà pour me faire part de sa déception parce qu'ayant lu à la recherche du temps perdu bien avant l'ouverture du blog, son oeuvre ne fera donc jamais l'objet d'un compte-rendu en bonne et due forme.
présentation de l'éditeur : Paul Cortese vit seul avec son fils de quatre ans depuis le départ de Margot. Il ne retient des autres que la marque de leur cravate ou la griffe de leurs tailleurs. Courrier de cabinet aux Affaires étrangères, il profite d’un passeport qu’on lui enjoint d’acheminer à la Havane pour inventer aux yeux de son entourage la femme parfaite avec laquelle il est censé vivre. Mais qui manipule qui ?