Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

il était une fois mon cinéma

Longtemps j'ai aimé le cinéma. Parfois, à peine le film commencé, mes yeux s'émerveillaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire "c'est beau"...
J'avais une petite vingtaine d'années, j'avais fini mes études, je venais de quitter l'armée et je n'avais pas trop envie de travailler. Nous étions en 1997 et j'étais dans une phase un peu libertaire.
Les rangers et le béret rendus, je retrouvai le bon vieux lit moelleux de mon enfance. Bien décidé à ne pas empoigner la vie, je fis le choix de me laisser vivre et me mis à visionner cassettes vidéo sur cassettes vidéos. Je les empruntais soit au petit vidéo-club de Languidic (pour les nouveautés), soit et surtout à la médiathèque de Lorient où je trouvais tout un tas de vieux films dont quelques semaines auparavant je ne soupçonnais pas l'existence. Et puis quoi, je m'enfermais à double-tour dans ma petite chambre d'adolescent. Il faut dire qu'en sortant du régiment je m'étais acheté (avec je ne sais quel argent) un combiné télé-magnétoscope afin de ne plus être tributaire des programmes de la vieille télévision familiale.
C'est en cet automne béni de 1997 que j'ai découvert les films de la nouvelle vague. Ce fut une révélation. Aujourd'hui encore Pierrot le fou et Cleo de 5 à 7 restent pour moi des références absolues que je ne me  lasse pas de revoir.
Dans la foulée, je me suis fait tous les films de Sautet. Révélation également. J'adore encore le cinéma de Claude Sautet mais évidemment pour des raisons différentes que j'aime le cinéma de Godard. Je n'oublie pas le cinéma enchanté de Jacques Demy, les ovnis de Jacques Tati, de Jean-Pierre Melville...et quelques autres
Cette gourmandise pour le septième art n'a duré que quelques mois. Il a fallu très vite que je me bouge le cul pour pouvoir enfin gagner ma vie. Quelques semaines plus tard, j'étais comptable, autant dire que c'en était fini de cette vie insouciante faite de lectures, de cinéma et de promenades par monts et par vaux.
Depuis, je ne me suis plus jamais vraiment réintéressé au cinéma. Et lorsqu'il m'arrive de revisionner des films, ce sont pour la plupart ceux que je chérissais tant en cet automne 1997.
Ce n'est pas un hasard si j'écris tout ça aujourd'hui. Je suis en train de lire un roman où il est beaucoup question de cinéma. La conspiration des ténèbres de Théodore Roszak est une véritable invitation a redécouvrir de vieux films, et même d'ailleurs les plus minables séries b (ceux qui ont lu le livre me comprendront).
Alors, voilà, j'avais juste envie d'écrire une petite note sur le septième art.
Mais je préfère la littérature au cinéma. Pour une raison toute simple : avec le cinéma, le réalisateur a des contraintes techniques, financières et humaines qui l'empêchent d'aller au fond de sa pensée. Le produit final ne peut être qu'imparfait..alors que de son côté l'écrivain n'a pour ainsi dire aucune contrainte autre que son seul talent et sa motivation. C'est ainsi que si Proust avait été metteur en scène plutôt qu'écrivain, il n'aurait jamais pu accomplir une oeuvre aussi géniale que la recherche du temps perdu. Et pour aller plus loin, si l'on considère  la recherche comme le Livre Ultime, on se rend compte que ses adaptations au cinéma, aussi valeureuses fussent-elles ne font qu'effleurer la surface de l'oeuvre.
Antonin Artaud le pensait également lui qui affirma : La peau humaine des choses, le derme de la réalité, voilà avec quoi le cinéma joue d'abord.

Loïc LT, 23h00

 

h_4_ill_831152_dahlia-noirbis.jpg


 


Commentaires

  • Déjà un merci d'avoir enregistré cet extrait de Surpris par la nuit, grace auquel je suis arrivé ici. Et puis, aussi, un dommage de penser qu'un réalisateur ne réalise ses volontés qu'au gré des contingences budgétaires. Ce qui n'est évidemment pas faux. Mais voyons la seule nouvelle vague : un cinéma tourné entre amis, dans l'urgence, bref sans argent. Et qui a laissé nombre de chefs d'oeuvres comme écrit ci-dessus. Un petit tour chez Robert Bresson vous inviterait surement à revoir le jugement d'un art qui "empeche d'aller au bout de sa pensée"...

  • Je ne remercierai jamais assez Alain Veinstein pour tous les visiteurs qu'il m'envoie ici.
    J'ai par ailleurs l'intention de faire très bientôt une note à propos des passagers de la nuit de Thomas Baumgartner.

    Je crains ne pas connaître le cinéma de Robert Bresson..pas quel film commencer ?

  • Disons que commencer par "Pickpocket" permet une introduction douce et drole du cinéma de Bresson. "Journal d'un curé de campagne" ensuite, et on rentre dans le coeur du sujet. Un livre de notes a également été publié.

    Les passagers de la nuit est une émission géniale et salutaire en terme d'invention et d'archives radio. Je serai heureux d'en lire une note !

Les commentaires sont fermés.