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polar

  • CR283 : la nuit d'Alice à la Pointe - Patrice Poulet

    compte rendu de lecture,agon-coutainville,normandie,roman,roman du terroir,polar,littérature,livreLa plus juste des vengeances est toujours un excès. Pierre-Claude Nivelle de la chaussée*

    Ça fait quelques mois que je n'avais pas fait un petit compte rendu de lecture (ce qui est quand même à la base la raison d'être de ce blog, sa vache à lait, comme on dit en économie d'entreprise) mais il se trouve que j'ai coincé sur un roman américain, l'un des nôtres de Willa Cather ( pourtant couronné du fameux prix Pulitzer en 1923) alors à l'occasion de ce court séjour à Hauteville-sur-Mer, je me suis laissé tenter par un roman du terroir dont l'action se passe près de Hauteville-sur-Mer, dans la station balnéaire mythique (pour mon couple en tout cas) de Agon-Coutainville, ville qui se situe un peu plus au nord du Cotentin et qui se finit au bout d'une pointe célèbre qu'on devine de Hauteville lorsque, cela arrive rarement, l'horizon est dégagé.

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    On ne peut pas demander à un roman du terroir d'être plus royaliste que le roi. Ceci dit, le roman du terroir dispose d'un cahier des charges et celui-ci ne le remplit que partiellement. De toute façon, je ne suis pas un grand adepte de cette littérature et donc je ne suis pas forcément objectif. Côté positif, il y a l'histoire qui à défaut d'être originale est bien goupillée, cohérente et la psychologie des personnages est bien rendue. Il y a quelques personnalités qui frisent le cliché mais j'ai vu pire dans ce genre de roman et j'excuse beaucoup de choses lorsqu'on évoque Coutainville. L'histoire en bref : une jeune fille qui s'appelle Alice se fait violer sur la pointe d'Agon par son beau-père, pris d'une pulsion incontrôlable et  ensuite Alice, souillée, meurtrie, sombre dans la folie et  décide de se venger sur lui et toute sa famille.

    Ce que m'a agacé, c'est que l'auteur ait changé le nom de Coutainville, qui devient Claireville. Pour quelle raison alors qu'il s'agit d'un roman et qu'évidemment aucun coutainvillais ne peut se sentir visé ? Peur de donner une mauvaise image de la ville ? Pourquoi pas sauf qu'un bandeau rouge  imprimé sur la couverture indique 'suspense à Agon-Coutainville', et c'est d'ailleurs ce qui a attiré mon regard lorsque j'errais dans les rayons de la librairie (enfin librairie...avec presse, vente d'articles de plages et tout...) de Coutainville. Sur ce point, je serais curieux d'avoir l'explication de l'auteur...d'autant qu'il ne change pas le nom de Coutances ou de Muneville. Pour le reste, je n'aime pas le titre, trop ampoulé, trop narratif, pour un roman de ce genre, nul besoin de faire du chichi, 'la vengeance d'Alice' eut suffi. Petit détail :  le correcteur confond ballade et balade, moi aussi jusqu'il y a quelques mois mais si je devais faire éditer un roman, je ne laisserais rien passer. Sur ce blog, il y a des erreurs, j'en conviens mais ce n'est pas un roman.

    Mais je ne vais pas plus accabler l'auteur. Le suspens est au rendez-vous, le roman se boit comme du lait ribot (dans lequel pataugent des patates qui restaient au fond du frigo  et des crêpes qui restaient aussi). Coutainville tient une place à part dans ma vie et les amoureux de cette bourgade sont mes amis. 

    * citation au début du livre

    lecture : juillet 2015, 220 pages, livre papier. éditeur inconnu (américain apparemment). note : 3/5. 

    Loïc LT, 28.07.2015

  • CR279 : le dahlia noir - James Ellroy

    c4a6cca771ea9f848c4360957f31b42b.jpgJe vous parlais il y a peu du syndrome James Ellroy et bien je crois que j'en suis guéri. Il m'a fallu faire preuve de beaucoup de courage et je tiens aussi à remercier mes proches qui m'ont soutenu dans ce défi insensé : lire un roman de cet auteur américain réputé pour son écriture hermétique et son système narratif déstructuré. Pourtant, j'avais déjà lu un de ses méfaits, ( lune sanglante ) et je crois que je ne m'en étais pas trop mal sorti (mais le roman était court et assez abordable par rapport aux autres).

    Le dahlia noir est le roman le plus connu de James surtout depuis qu'il a été adapté au cinéma par  Gerald de Palmas (qui fait des mauvaises chansons mais qui parait-il ne commet pas des films américains de merde), film que j'ai téléchargé et qu'on va regarder un de ces soirs (bien que je n'aime pas trop ces situations où l'on regarde un film à deux et dont l'un des deux a lu le livre et ne peut donc s'empêcher d'ouvrir sa bouche pour dire ce qui va arriver). 

    Nous sommes dans les environs de Los Angeles, 2 ans après la fin de la seconde guerre mondiale. On découvre dans un terrain vague le corps d'Elizabeth Short, une jeune mythomane et nymphomane un peu paumée et qui rêvait de devenir actrice. Le corps est retrouvé en plusieurs morceaux et vidé de tout son contenu (désolé mais bon, je dis ce qui est). Devant l'émoi suscité à L.A, la police décide de mettre tous les moyens possibles sur l'enquête. Deux flics  sont au centre des opérations : le narrateur, Dwight Bleichert et Lee Blanchard, deux amis boxeurs usant de méthodes peu conventionnelles. Lee vit avec Kay, une fille qu'il a connu lors d'une affaire de vols dont elle était une des complices (affaire à propos de laquelle Lee n'est pas très net). Comme de fait, Lee traîne un lourd passé et ça ne tourne pas rond dans sa tête. Il se gave de médocs et veut venger Elizabeth pour venger la disparition inexpliquée de sa sœur à 14 ans. L'enquête patine et je vous épargne les détails. Lee disparaît de la circulation et Dwight est affecté à un autre service mais continue quand même à enquêter. Il se lit avec Madeleine, une bourgeoise mangeuse d'hommes, fille d'un des plus grands promoteurs immobiliers de Los Angeles. Il faut suivre et ne pas se laisser distraire, une seule phrase mal comprise et on est bon pour repartir du début. 

    Je ne fais que donner les grands traits de l'histoire. Ce n'est pas très important, on trouve des résumés partout. Ce qui vaut la peine d'être stipulée par contre , c'est l'écriture de James Ellroy. Cet auteur n'est pas du genre à faire les présentations, à expliquer au lecteur qui est qui et quoi et quoi. Le roman commence et on se croirait déjà à la centième page. Abondance de dialogues, beaucoup de termes techniques concernant le fonctionnement de la police, une écriture à l'arrache, de combat même dirais-je, au plus près de l'événement. Le lecteur n'a qu'à bien se tenir. James Ellroy n'est pas un moraliste ou un donneur de leçon, il écrit ce qui est point barre. La violence est omniprésente et l'humanité ne sort pas grandie du récit (et encore moins la police et notamment le procureur qui fait tout pour étouffer l'affaire parce qu'il veut se présenter les cuisses propres aux primaires républicaines ou démocrates, je ne sais plus). On devine à la lecture de ce roman que c'est exactement de la sorte que les choses se passaient dans la police de Los Angeles à la fin des années 40 (d'ailleurs le récit est inspiré d'un fait divers ressemblant qui émut la ville), c'est à dire qu'on est loin de l'image policée qu'on se fait de cette ville de l'est des Etats-Unis, ensoleillée, bourgeoise et tranquille. Il faut donc saluer le travail de documentation de l'auteur. 

    Quand on est bien rentré dans le roman, et bien finalement, on s'habitue vite au style et malgré (ou grâce à) son côté rentre-dedans, James Ellroy parvient à percer la psychologie de ses personnages aussi bien voire mieux que l'un qui ferait des grandes phrases descriptives. Chez cet auteur, c'est la succession des événements et la façon dont agissent  ceux qui les vivent qui nous permet de cerner le fonctionnement et la complexité du cerveau humain dans lequel le bien et le mal ont du mal à savoir sur quel pied danser. 

    Rivages/Noir, 2006, 504 pages, lecture sur kindle en avril 2015. note : 4/5

    Loïc LT

  • CR277 : territoires - Olivier Norek

    compte rendu de lecture, kindle, polar, roman, roman policier, olivier norek, banlieue, Si je ne m’abuse, c’est la première fois que je commente un roman paru chez Michel Lafon,  maison qui en général ne fait pas dans la dentelle. Avec territoires, Olivier Norek n’en fait pas non plus mais une chronique lue je ne sais plus où m’avait mis l’eau à la bouche. Au départ j’avais peur du syndrome James Ellroy (qui conduit à ne déjà plus rien comprendre au bout de quelques minutes de lecture) mais la crainte s’est vite dissipée, territoires faisant partie des romans qui vous happent dès le début. Point de fioritures, point de blabla et de descriptions inutiles, l’auteur n’est pas un fan du nouveau roman ! De l’action avant toute chose, des chapitres courts, un rythme soutenu pour une histoire  tout à fait crédible. Il faut dire qu’en sa qualité de flic (en disponibilité), Olivier Norek connaît son sujet, en particulier ici la mainmise d’un gang sur une ville de la banlieue parisienne. Il y a bien quelques clichés, comme par exemple la personnalité du capitaine Coste trop genre Belmondo dans le solitaire ou la rivalité un peut trop exagérée pour être honnête entre la brigade des stup  et la BAC, encore que sur ce dernier point, il y a sans doute du vrai.

    Olivier Norek nous plonge donc dans le quotidien de la police dans une cité gangrenée par la violence et dont la drogue est la seule planche de salut pour les dealers et pour les consommateurs. Si ce ne sont les flics qui font ce qu’ils peuvent, c’est à dire la plupart du temps pas grand chose, l’Etat est aux abonnés absents, la maire est de mèche avec les caïds vers qui elle détourne des subventions afin de maintenir un semblant de paix. Ce qui met le feu aux poudres dans la bonne ville de Malceny ( ou de braves  retraités sont forcés de cacher des pains de cocaïne et des liasses de billets dans leurs appartements), c’est qu’un nouveau caïd a décidé de remplacer le précédent en le dézinguant ainsi que toute son équipe. Victor Coste qui devait prendre quelques jours de congés avec son amie ( cliché polar aussi) doit reporter le départ et prendre les choses en main, aidé par une équipe d’attachants gais lurons. Mais cette tentative de reprise en main dans ces zones de non-droit ne se fait pas sans dommages. Sur l'ordre de la maire , la police municipale provoque les jeunes pour faire éclater des émeutes afin que la ville de Malceny soit sous le feu des projecteurs et  pour que la maire qui n’avait déjà pas les cuisses propres puisse obtenir du ministère de la ville des subventions supplémentaires afin de satisfaire le nouveau chef de gang (dont le lieutenant est un gosse de 12 ans) . Mais l’équipe de Coste assure et le tout finit à la fin du roman (je sais, c'est pas drôle).

    En plus d’être un bon polar, ce roman nous montre le quotidien d’une ville de banlieue (dont la dernière quincaillerie a fermé depuis longtemps si tant est qu’il y en a déjà eu une et où le terme de ‘vandalisés’ semble bien faible pour décrire ce qu’il advient des cabines téléphoniques), la misère sociale, la violence, le trafic de drogues et montre l’impuissance des politiciens qui en sont réduits à devoir partager leur maigre pouvoir avec des malfrats. Je ne pense pas que ce soit exagéré même si pour pimenter le roman l’auteur a condensé le pire de ce que peut subir ce type de ville.

    Evidemment, ce n’est pas de la littérature mais ce n’était pas l’intention de l’auteur qui a rempli son cahier des charges et qui avec ce genre de roman réaliste n'a pas dû se faire que des amis.

     

    Interview de l'auteur sur le site de Marianne

     

    éditions Michel Lafon, parution : 09/2014, lecture mars 2015, 394 pages, kindle. 4/5

     

    Loïc LT

  • CR261 : juste une ombre : Karine Giebel

    compte rendu de lecture,polar,roman policier,livre,lectureUn soir, je m'apprêtais à partir faire mon footing et j’étais dans la chambre en train de me mettre en tenue quand je tombe sur ce livre dans la bibliothèque de ma femme. On le lui avait offert à noël. Son titre et sa couverture ne me donnent pas envie...mais par curiosité comme ça, je le prends et commence à le lire histoire de voir vite fait de quoi il en retourne. Je lis le premier chapitre rapidement et file.

    Plus tard en rentrant, je prends ma douche et tout et en rentrant dans la chambre, je revoir le livre et je me dis ‘tiens j’aimerais quand même bien savoir si cette Cloé sans h est une folle dingue ou quoi'.

    J’ai dévoré le livre en quelques jours.

    Si vous êtes une femme, que vous vivez seule, que vous avez peur dans le noir et que vous avez même de loin un petit côté paranoïaque, je vous déconseille cette lecture.

    Pour le reste, amateurs de sensations fortes et de films d’Hitchcock, allez l’acheter et lisez-le. Offrez-le à des amis. Karine Giebel gagne à êtres connue.

    C’est donc l’histoire de Cloé sans h après le C, belle et intelligente cadre haut placée dans une agence de pub, qui a tout pour elle et qui à partir d’un soir où elle regagne seule sa voiture, se croit poursuivie et harcelée par un type en cagoule avec une capuche. Personne ne la croit, on la prend pour une paranoïaque sauf un flic un peu barjot et désœuvré (un des rares lieux communs de ce polar). Mais l’homme a la capuche qu’elle appelle l’ombre se fait de plus en plus menaçant. Cloé perd pied.

    Ce polar est une longue descente en enfer.

    Ce que j’ai crains pendant la lecture, c’est que ça se termine par un  happy end avec le sauveur qui arrive juste au bon moment. Je ne vais pas vous dire que qu’il advient de Cloé mais le final n’est pas celui que je craignais.

    Un bon polar qui vous fait vérifier deux fois si vous avez bien verrouillé vos portes avant de vous coucher...à bon entendeur, salut.

     

    Pocket puis kindle, lecture : juin 2014, note : 4.5/5 

  • CR259 : la mystérieuse affaire de Styles - Agatha Christie

    8603497_1.jpgJe n'avais pas lu un Agatha Christie depuis au moins 25 ans. Je me souviens qu'abonné à la bibliothèque de Languidic, je m'y rendais régulièrement à vélocipède, j'empruntais 2 ou 3 Agatha que je dévorais dans les bois et les champs environnant Berloch, puis je les rendais et en reprenais d'autres. Cela a duré jusqu'à épuisement. Après, je ne me souviens plus ce que je me suis mis à lire ; il y a eut les Maurice Leblanc, les Gaston Leroux, puis les Stephen King je crois puis Zola aussi à cette période-là. C'était vraiment bien. C'était tout un monde qui s'ouvrait à moi. Paradoxalement, en ces temps  collégiens, je détestais le français, j'étais même un des pires éléments de la classe. En quatrième, j'avais une prof qui m'avait pris en grippe. Je ne m'explique pas trop tout cela. 

    Pendant cette période faste, j'avais donc lu la mystérieuse affaire de Styles. D'ailleurs, au bout de quelques pages de cette relecture, certains noms me sont revenus à l'esprit sauf heureusement l'identité de l'assassin. 

    L’atmosphère des romans de Christie m'est toujours aussi agréable même s'il faut mettre de côté l'agacement que peut procurer ces meurtres perpétrés dans la haute aristocratie anglaise pour des raisons d'argent la plupart du temps. Dans celui-ci, cerise sur le gâteau, les faits se déroulent pendant la première guerre mondiale. Le château de Styles Court se situe dans la campagne anglaise profonde et la guerre de tranchées n'est qu'un événement lointain dont les nobles ne se sentent pas concernés. Même si , c'est 'grâce' à la guerre qu'Hercule Poirot se situe dans les parages (de toute façon, partout où Poirot va, un meurtre est commis) puisqu'il a dû fuir la Belgique que les allemands ont annexée. 

    Est-il utile que je raconte l'histoire ? non. Est-ce un bon Christie (c'est d'ailleurs le premier et c'est amusant de voir Hastings, l'ami de Poirot de trouver qu'il est temps que ce dernier prenne sa retraite alors qu'il s'agit de la première enquête de l'Hercule) ? Je le pense. La Mystérieuse affaire de Styles préfigure tout ceux qui vont suivre, il pose les bases, on va dire : présentation de Hercule Poirot et de Arthur Hastings...et puis l'auteur met pour la première fois en oeuvre sa méthode qui consiste à tromper le lecteur jusqu'au troisième degré. Ce roman n'est peut-être pas aussi mémorable que les dix petits nègres ou le meurtre de John Biloot mais comme pilote, c'est déjà une belle  réussite. 

    lecture : avril 2014, kindle, 4/5

    Loïc LT

  • CR245 : la vérité sur l'affaire Harry Quebert - Joël Dicker

    519xcxcektL._SL500_AA300_.jpgAu bout des 200 premières pages, je ne donnais pas cher de ce roman racontant de façon naïve et très ‘Harlequin’ une histoire d’amour entre un écrivain de 30 ans et une fille de 15 ans dans une petite ville de l’Amérique profonde. J’étais consterné qu’un récit aussi mauvais ait pu être primé par l’Académie Française et puisse être présent sur la première liste pour le Goncourt 2012. D’ailleurs, même si la suite du roman est plus intéressante, je ne comprends  toujours pas ! Enfin quoi ? Même François Busnel a aimé, même Télérama ! Au secours, je suis seul ! Que se passe-t-il ? Il y a quelque chose qui m’échappe.

    Bon, comme je le disais, les deux derniers tiers sont d’un autre tonneau car l’enquête sur la mort de la fille de 15 ans s’accélère et connaît de multiples rebondissements. C’est haletant comme se doit de l’être tout polar qui se respecte. Mais ça s’arrête là. Et ce n’est pas tant que le livre soit mauvais qui m’énerve mais plutôt cette unanimité autour de sa valeur.

    Je mets quand même la moyenne car c'est un bon policier. Je n’en dirai pas plus. Vite tourner la page.


    lecture : avril-mars 2013

    Editions de Fallois, 661

    note : 3/5
    à suivre : le tramway, Claude Simon (?)

  • CR241 : adieu ma jolie - Raymond Chandler

    53633549.jpgJe me suis imposé la règle de rédiger un compte rendu après chaque lecture...quel qu'il soit. Alors, rédigeons celui de ce polar lu il y a un mois ou deux et dont je ne garde qu'un lointain souvenir. Le premier sentiment après l'avoir terminé était la fierté..fierté de l'avoir terminé déjà et fierté aussi de l'avoir compris..dans l'ensemble. Car lire Chandler n'est pas simple. Il y a un an ou deux, je m'étais cassé les dents au bout de quelques pages devant le grand sommeil, son bouquin le plus connu. Le style de Chandler est déroutant car il utlise un américain très familier (genre Léo Malet en France), ne s'embarrasse pas avec les explications et laisse à l'auteur le soin de démêler l'écheveau savamment constitué. 

    C'était quoi cette histoire ? Un prisonnier noir et de très grande taille sort de prison avec le désir de tuer son ex-femme qui l'a dénoncé aux flics. Sur le perron du bar où bosse la femme en question, il fait la connaissance de Philippe Marlowe, le détective récurrent de Raymond qui décide de le suivre. A l'intérieur, il ne trouve pas la femme mais tue le gérant de l'affaire. Parrallèlement, Marlowe est embauché par un type qui doit se rendre à un rdv pour remettre des billets à des gens en échange de bijoux qu'on lui avait préalablement dérobé. Les deux histoires finissent par fusionner pour je ne sais plus quelle raison. 

    Extrait. Pour les besoins de l'enquête, Marlowe se rend chez une vielle dame, moche et alcoolique vivant seule dans une maison de pierres rousses et calcinées qu'entoure une pelouse rousse et non moins calcinée : 

    Comme la sonnette ne marchait pas, je frappai sur le montant de l'écran grillagé. Des pas traînants s'approchèrent et la porte s'ouvrit. Et je me trouvai nez-à-nez, dans la pénombre, avec une grosse souillon en train de se moucher. Elle avait le teint brouillé et le visage soufflé. Ses cheveux broussailleux étaient d'une teinte vague, queue de boeuf, trop ternes pour être roux, trop sales pour être gris. Son corps était empaqueté dans une espèce de robe de chambre de flanelle dont la couleur et la forme n'étaient plus que l'ombre d'un souvenir : un machin à se mettre sur le dos. Ses larges orteils s'étalaient de façon flagrante dans des pantoufles d'hommes en cuir brun avachi. 

    Ba quoi, on a tous un 'machin à se mettre sur le dos' !. Description savoureuse qui donne une bonne idée du style de Chandler. Je me souviens qu'au collège, nous avions étudié la façon dont les écrivains décrivaient leurs personnages..et c'était pénible et convenu. Je ne sais pas ce que nous aurions pensé d'un tel passage mais au moins, nous ne serions pas restés de marbre. 

    Je parlais de Léo Malet...et bien, depuis j'ai lu un Léo Malet et je préfère de loin, mais c'est avant tout une question d'atmosphère, celle de Malet me parle plus. 

    lecture : novembre 2011

    kindle. sans coquilles (c'est rare)

    note : 3/5

  • CR239 : une ombre sur la ville - Edward Sidney Aarons

    21199.jpgDans une petite ville de l'Amérique profonde, un notable a disparu après s'être bagarré avec un autre type pour une histoire de filles. Un privé embauché par la frère du disparu débarque de New York pour enquêter. Il se rend compte rapidement qu'il est tricard dans la ville mais il décide de poursuivre son enquête. Il découvre que le disparu (dont j'ai oublié le nom car cette lecture non marquante date de quelques semaines) exerçait une terreur sur la ville. Il était craint. Ensuite, je ne sais plus. Je me souviens juste qu'ill y a de jolies filles allongées sur des transats dans des villas luxueuses. Il fait toujours chaud, les gens ont la peau mouate, les routes sont poussièreuses et la nuit, les grillons chantent et les habitants engloutissent scotch sur scotch. C'est un polar américain des années 50 ni plus ni moins. 

    Je me suis procuré ce livre lors d'une brocante. Ses feuilles jaunies sentaient bon les années passées au fond d'un grenier. Parfois, la découverte d'un auteur se joue à peu de chose.

    Edward S.Aarons naquit en 1916 à Philadelphie, il passa sa vie à écrire des polars et il disparut en 1975. En 2012, l'un de ses polars eut l'honneur d'être évoqué dans l'espèce ce blog.

    lecture : octobre 2012, éditions du masque, , note : 3/5

  • CR228 : hypothermie : Arnaldur Indriðason

    hypothermie9782757822814.jpgJe ne vais pas vraiment faire de compte rendu de ce roman policier (mais globalement, mes comptes rendus en sont-ils vraiment ?). Juste dire qu’il remplit pleinement les conditions qui font un bon polar : une bonne histoire et du suspens. C’est le deuxième Arnaldur Indridason que je lis et ce ne sera pas donc pas le dernier. Il y en a quelques autres et cette idée me réjouit. J’avais découvert cet auteur lors de ma suite islandaise pendant l’été 2010 avec l’homme du lac. Il mettait en scène Erlendur Sveinsson, ce même flic qui apparait dans plusieurs romans d’Indridason dont hypothermie. C’est un flic attachant, teigneux, tourmenté par son enfance, par ses enfants, un type avec pas mal de failles, ce genre de flics qu’affectionnent les auteurs de polar (je pense à James Lee Burke par exemple ou Fred Vargas ).  

    Après cette lecture palpitante, j’ai ressenti le besoin de reprendre mes esprits et je me suis lancé sans trop y croire dans une relecture : à l’ombre des jeunes filles en fleurs de Proust. Au début donc, c’était juste comme ça, pour m’amuser avec ma liseuse kindle mais je me suis laissé embarquer. Quelques passages me font même rire aux éclats :

    ...de même qu'au moment où un inconnu, avec qui nous venions d'échanger agréablement des impressions que nous avions pu croire semblables sur des passants que nous nous accordions à trouver vulgaires, nous montre tout à coup l'abîme pathologique qui le sépare de nous en ajoutant négligemment tout en tâtant sa poche : « C'est malheureux que je n'aie pas mon revolver, il n'en serait pas resté un seul »...

    Ce qui nous éloigne du sujet de la note mais qu’importe.


    lecture du 19.01 au 28.01.2012
    Métailié, Noir,  294 pages
    année de parution : 2007
    traduit par Eric Boury (2010)
    note : 4/5

  • CR219 : le temps de la sorcière - Arni Thorarinsson

    tempss10.jpgComme dans le cadavre dans la voiture rouge, le roman commence par la mutation d’un type ayant des problèmes avec l’alcool dans le nord de l’Islande.  Einar, le type en question est journaliste au quotidien le journal du soir et doit donc couvrir l’actualité de la région d’Akureyri, un bled de 15.000 habitants. Il est flanqué de Joa une lesbienne avec qui il passe de bons moments et d’Asbjorn un mec avec qui il ne s’entend pas trop. Au début il s’ennuie et le lecteur aussi. Et puis un meurtre se produit et Einar mène sa propre enquête.
    L’intrigue est assez banale et cousue de fil blanc mais ce polar n’est pas inintéressant. C’est même le mieux écrit et le plus atmosphérique des trois polars de cette suite islandaise. Par contre, j’ai eu beaucoup de mal à m’y retrouver avec tous ces noms propres imprononçables, j’ai même failli me faire une fiche. Songez donc : Gunnhildur Bjargmundsdottir, Bjork Gudmunsdottir, Sigrun Thoroddsdottir, Asbjorg Sigrunardottir, Asgeir Eyvindarson, Kjartan Amarson, Runar Valgardsson sont quelques-uns des personnages principaux...et retenez ceci pour votre culture personnelle : en Islande, les noms des femmes finissent toujours par dottir (soit fille de) et celui des hommes par son (soit fils de). Le début du patronyme correspond au prénom. Ainsi par exemple, cela signifie que Gunnhildur Bjargmundsdottir est la fille d’un dénommé Bjargmund. Ce polar est par ailleurs peut-être celui qui m’a le plus appris sur la société islandaise contemporaine (ultra-libérale et corrompue).
    Le temps de la sorcière devait être le dernier roman de la suite islandaise mais on m’a prêté hypothermie de Arnaldur Indridason (fils de Indrid donc). Peut-être alors.

    lecture : 1ère quinzaine de septembre
    points P2016,  426 pages
    année de parution : 1995
    traduction par Eric Boury
    note : 3.75/5

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    Arni Thorarinsson