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La parole d'une limace sur le plateau d'une feuille ?
Ce n'est pas de moi, ne l'accepte pas.
De l'acide acétique dans une boite scellée ?
Ne l'accepte pas. Ce n'est pas authentique.
Un anneau en or avec le soleil en prime ?
Des mensonges ? Des mensonges et un chagrin.
Du givre sur une feuille, le chaudron
Immaculé qui discute et crépite
Tout seul à la cime de chacune
Des neuf Alpes noires.
Un trouble dans les miroirs,
Quand la mer grise vient fracasser le sien -
Amour, amour, ma saison
(recueil : Ariel, traductions de Françoise Morvan et Valérie Rouzeau)
Sylvia Plath fut une poétesse américaine du XXe qui a vécu une vie une intense en même temps que tragique. Elle s'est donnée la mort à 30 ans de façon macabre. Elle a toujours souffert de troubles psychologiques et ses poèmes sont le reflet de ses troubles alors c'est difficile pour un homme "normal" de se mettre en position de comprendre de tels écrits. Mais, je sous assure que l'on vit tous au bord du précipice mais qu'une force de vie nous en éloigne continuellement...en tout cas heureusement pour une majorité d'entre nous. Je me souviens qu'un médecin m'avait dit que le nombre de fous menant une vie normale était hallucinante. Le plus dur dans la vie, ce n'est pas de se lever tôt le matin, de bosser, d'élever ses enfants, d'avoir une vie sentimentale harmonieuse, le plus dur est de ne ne pas se laisser attirer par le précipice.
C'est gai ce que je dis !
Le premier vers me rappelle un vers de Guillevic. Imagine que tu te promènes en forêt, que tu as toute ta raison et que tout à coup sur le bord du chemin, un caillou se met à te parler, puis se tait pour toujours. Tu es certain de ne pas avoir eu de vision, tu as vécu une réalité. Et bien, lorsque tu vas rentrer chez toi, encore choqué (pour le moins !), vas-tu dire à ta femme (ou ton mari) ou tes enfants (ou pas) qu'une pierre t'a parlé ? Non, tu ne vas pas le dire car ce n'est pas crédible.
J'ai envie de considérer ce poème de Sylvia Plath de la sorte. La poétesse cherche à nier, à fuir sa folie. N'accepte pas d'avoir entendu parler une limace. Pour quelle raison on enfermerait l’inoffensif acide acétique dans une boite scellée ? Oublie cette vue.
Ensuite, je pense qu'on est plus dans l'autobiographie. Sylvia Plath a aussi vécu des années heureuses et il n'est pas impossible que la vue d'un anneau en or offert par son mari luisant au soleil n'était qu'un mensonge amoureux et les prémices d'un chagrin.
...le chagrin, l'hiver, le retour à Londres peut-être. L'hiver 1962 où elle est rentrée seule à Londres avec ses deux enfants fut rude. Toujours ces visions, ce chaudron qui discute, on évite le reflet des miroirs et la mer du Nord est triste. La seule saison qui vaille, c'est l'amour mais cet amour n'est plus. Il est temps de partir.
Quelle cohérence à ce poème ? Le combat contre la folie.
Loïc LT

Tous les deux ans à peu près, j’apprends l’existence d’un auteur américain présenté comme un très grand. C’est ainsi que je ne connaissais pas James Salter jusqu’il y a quelques mois lorsqu’il a sorti son dernier roman (et qui sera effectivement son dernier puisqu’il est mort peu après).
Je vous parlais il y a peu du syndrome James Ellroy et bien je crois que j'en suis guéri. Il m'a fallu faire preuve de beaucoup de courage et je tiens aussi à remercier mes proches qui m'ont soutenu dans ce défi insensé : lire un roman de cet auteur américain réputé pour son écriture hermétique et son système narratif déstructuré. Pourtant, j'avais déjà lu un de ses méfaits, ( 
mot de l'éditeur : En fréquentant les cinémas miteux de Los Angeles, Jonathan Gates découvre l'oeuvre fascinante de Max Castle. Jeune prodige, celui-ci a tourné quelques films avant de tomber dans l'oubli. L'élucidation des mystères qui entourent la vie et l'oeuvre de Castle va devenir une véritable obsession pour Gates. A l'issue de sa quête, qui va le mener des sommets de l'industrie cinématographique jusqu'au coeur des sociétés secrètes, où plane l'ombre des cathares, il apprendra l'incroyable vérité sur ce maître des illusions que fut Max Castle et mettra au jour un étonnant complot.
Pearl Buck entreprend de nous raconter l'histoire de sa mère, Carie, une américaine d'origine hollandaise qui, à la fin du XIX, décide d'aller porter la parole de l'évangile en Chine, en compagnie de son mari, Andrew. Sur place, les deux missionnaires sont confrontés à la misère de la population, tellement insupportable pour Carie qu'elle préfère alors aider plutôt que convertir...contrairement à son mari, plus pieux et pour qui le salut de l'âme prévaut sur le reste. Carie est décrite comme une femme haute en couleur, sensible mais rieuse, généreuse, gracieuse et amoureuse de son Amérique dont elle ne cesse de regretter les paysages et les habitants. Jamais abattue, Carie n'est pourtant pas épargnée par les malheurs et elle perdra quatre de ses sept enfants.
le mot de l'éditeur : Dans une petite ville du New Hampshire, Wade Whitehouse, la quarantaine passée, est un homme brisé. Abandonné par sa femme, en passe d’être quitté par sa maîtresse, alcoolique, violent à ses heures, dépressif, il rumine ses échecs et vivote en travaillant, tantôt policier municipal, tantôt puisatier. Mais un citoyen en vue est tué. Accident de chasse ou meurtre ? L’événement fait basculer le fragile équilibre mental que Wade avait réussi à préserver. Dès lors, dévoré par l’obsession de découvrir un hypothétique assassin, il s’enfonce, au propre comme au figuré, dans un désert de neige et de glace. Affliction est le récit de l’effondrement d’un homme ordinaire, pris au piège d’une vie ratée depuis l’enfance, confisquée par la tyrannie paternelle. Russell Banks dénonce là magistralement les valeurs viriles véhiculées par un certain mythe américain.