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Colin sabre et tam-tam - Page 83

  • réforme du prix Goncourt

    L'annonce du prix Goncourt m'énerve (un peu) tous les ans tant on sait toutes les tractations qu'il y a derrière, les enjeux économiques etc. Autant de choses qui n'ont rien à voir avec la littérature..et je sais que c'est une banalité que de le dire. Tout les fins lettrés le disent et même les moins fins.
    Mais plutôt que se plaindre, cherchons des solutions.
    J'ai imaginé deux réformes possibles :
    - que le jury n'existe plus et que le  prix Goncourt soit décerné directement par le président de la république, en son âme et conscience, qu'il ait lu ou pas les livres et sans qu'il ait besoin de se justifier de quoi que ce soit.
    - que le jury (composé des membres actuels ou pas, peu importe) s'enferme pendant les trois mois précédent le Goncourt (c'est à dire pendant la période où les livres sont publiés) dans un hôtel particulier, qu'ils soient coupés du monde et qu'on leur remette tous les livres de la rentrée, sans le nom de l'auteur et sans le nom de la maison d'édition, les livres étant tous de format identique et ressemblant sauf le contenu. Et qu'ensuite, ils se coltinent les romans et qu'ils décident du meilleur.
    Et là, le prix Goncourt signifierait vraiment quelque chose.

    On en est loin...mais quand même, bravo à Marie Ndiaye.

  • novembre au féminin

    nov.jpgPour commencer ce mois de novembre, j'ai emprunté à la bibliothèque trois femmes puissantes (lecture en cours) de Marie Ndiaye (probable lauréat du prix Goncourt 09) et les heures souterraines de Delphine de Vigan et comme j'avais pour la suite plus ou moins l'intention de lire hors-champ de Sylvie Germain (que je vais emprunter également ayant dépassé mon budget d'achat de livres 2009 - les temps sont durs -,) je me suis dis tiens, 3 romans féminins, continuons sur notre lancée..ça tombe bien, la peine du menuisier de Marie LeGall me tente bien.
    Et s'il reste du temps (mais on pourra toujours empiéter sur décembre, il faut que j'arrête avec cette manie qui consiste à ne pas avoir de lecture en cours d'un mois sur l'autre), je lirai enfin les années de Annie Ernaux, cadeau du père-noël 2007.
    Ce n'est quand même pas normal que dans la liste des livres lus depuis l'ouverture de ce blog, seuls 8% sont écrits par des femmes.

    Et par ailleurs, je peux déjà vous dire, après en avoir lu une centaine de pages, que le Marie Ndiaye est très bon.*

    * bien que j'ai une petite contrariété d'ordre technique avec ce roman...une phrase dont je ne comprends ni le sens ni la forme. Si certains d'entre mes lecteurs (il en reste) ont lu ce livre et voudraient m'aider, je veux bien qu'on en parle. Ça m'enlèverait un poids...

     

  • CR125 : fictions - Jorge Luis Borges

    fictions.jpgle mot de l'éditeur : "Des nombreux problèmes qui exercèrent la téméraire perspicacité de Lönnrot, aucun ne fut aussi étrange - aussi rigoureusement étrange, dirons-nous - que la série périodique de meurtres qui culminèrent dans la propriété de Triste-Le-Roy, parmi l'interminable odeur des eucalyptus. Il est vrai qu'Eric Lönnrot ne réussit pas à empêcher le dernier crime, mais il est indiscutable qu'il l'avait prévu..."

    mon avis : Pour parler franchement, je n'ai pas compris grand chose à ce livre mais le peu que j'ai compris valait le détour. Il s'agit d'une recueil de 17 nouvelles avec comme tronc commun une mise en abime de la littérature à travers de récits fantastiques où il est question de création, d'histoire et de mémoire littéraire. Me fais-je comprendre ? Bon mais si j'avais un conseil à vous donner, ce serait de n'en lire que deux :


    - Pierre Ménard, auteur de Quichotte : il s'agit d'un type qui décide de réécrire Don Quichotte de Cervantes à l'identique. extrait :
    Il ne voulait pas composer un autre Quichotte - ce qui est facile - mais le Quichotte. Inutile d'ajouter qu'il n'envisagea jamais une transcription mécanique de l'original ; il ne se proposait pas de le copier. Son admirable ambition était de reproduire quelques pages qui coïncideraient - mot à mot et ligne à ligne - avec celle de Miguel de Cervantès. (p45)
    et ce passage à se pouffer de rire :
    Comparer le Don Quichotte de Ménard à celui de Cervantès est une révélation. Celui-ci, par exemple, écrivit (Don Quichotte, première partie, chapitre IX) :
    "...La vérité, dont la mère est l'histoire, émule du temps, dépôt des actions, témoin du passé, exemple et connaissance du présent, avertissement de l'avenir."
    Rédigée au XVIIe siècle, rédigée par le "génie ignorant" Cervantès, cette énumération est un pur éloge rhétorique de l'histoire. Ménard écrit en revanche :
    "...La vérité, dont la mère est l'histoire, émule du temps, dépôt des actions, témoin du passé, exemple et connaissance du présent, avertissement de l'avenir."
    L'histoire, mère de la vérité, l'idée est stupéfiante. Ménard, contemporain de William James, de définit pas l'histoire comme une recherche de la réalité mais comme son origine. La vérité historique, pour lui, n'est pas ce qui s'est passé ; c'est ce que nous pensons qui s'est passé.
    (p51)

    - la bibliothèque de Babel où il est question d'une bibliothèque géante qui contient tous les livres. Et pour gagner du temps (puisque c'est bientôt l'heure de l'apéro), voici le résumé qu'en fait wikipedia :

    "Il s'agit d'une bibliothèque de taille gigantesque contenant tous les livres de 410 pages possibles dont toutes les salles hexagonales sont disposées d'une même manière. Les livres sont placés dans des étagères comprenant toutes le même nombre d'étages et recevant toutes le même nombre de livres. Chaque livre a le même nombre de pages et de signes écrits au hasard ; l'alphabet utilisé comprend toujours vingt-cinq caractères.

    On peut donc dire que la Bibliothèque contient tous les ouvrages qui ont déjà été écrits ainsi que tous les autres, parmi un nombre immense de livres sans aucun contenu lisible (puisque chaque livre peut n'être constitué que d'une succession de lettres ne formant rien de précis dans aucune langue). Celle-ci est habitée par une race d'hommes qui ne connaît que ce monde, à la recherche du livre ultime, d'une révélation ou de la Vérité."

    Et j'ajoute que le titre de cette nouvelle est aussi celui d'une célèbre collection littéraire (et ce n'est évidemment pas un hasard).


    recueil de nouvelles, paru en 1957
    traduction : essentiellement P.Verdevoye et Ibarra
    folio n° 614, 185 pages
    lecture du 26/10 au 29/10/09
    note : 2.5/5
    à venir : le promontoire, Henri Thomas

  • découverte musicale

    En rentrant du boulot et toujours aussi admiratif devant cette forêt colorée s'étendant à perte de vue devant moi, j'écoutais France inter (émission de Yves Calvi) et je suis tombé sur ça :

     

    C'est d'abord la musique qui m'a subjugué, un brin french touch et gentiment répétitive. Pas de refrains, juste une longue récitation, un texte bourré de références culturelles mais sans que ça ait l'air de vouloir étaler. La voix du monsieur (Arnaud Fleurent-Didier) est juste bien et j'ai vécu ces trois minutes intensément. Mais en fait, ce soir, à 22h18, je ne suis plus si convaincu qui cette chanson me plaise..mais il n'en reste pas moins que je me souviendrai de ces quelques minutes en apesanteur.

  • CR124 : affliction - Russell Banks

    affliction.jpgle mot de l'éditeur : Dans une petite ville du New Hampshire, Wade Whitehouse, la quarantaine passée, est un homme brisé. Abandonné par sa femme, en passe d’être quitté par sa maîtresse, alcoolique, violent à ses heures, dépressif, il rumine ses échecs et vivote en travaillant, tantôt policier municipal, tantôt puisatier. Mais un citoyen en vue est tué. Accident de chasse ou meurtre ? L’événement fait basculer le fragile équilibre mental que Wade avait réussi à préserver. Dès lors, dévoré par l’obsession de découvrir un hypothétique assassin, il s’enfonce, au propre comme au figuré, dans un désert de neige et de glace. Affliction est le récit de l’effondrement d’un homme ordinaire, pris au piège d’une vie ratée depuis l’enfance, confisquée par la tyrannie paternelle. Russell Banks dénonce là magistralement les valeurs viriles véhiculées par un certain mythe américain.

    mon avis : Russell Banks faisait partie de ces grands romanciers us qui manquaient à mon tableau de chasse et avant de commencer j'avais dans l'idée d'avoir entre les mains un bon roman, avec une bonne histoire, un environnement et un cadre bien présentés, des personnages finement décrits (autant d'éléments caractéristiques du roman américain contemporain)...et au bout du compte, il s'avère que je ne m'étais pas trompé.
    La vie et le destin de Wade m'ont beaucoup émus, sa descente aux enfers est très poignante et le final tragique est bouleversant et je l'ai senti venir en espérant qu'il n'advienne jamais. Je me suis un peu reconnu dans cette vie car on a tous ses faiblesses, ses fêlures, ses rancoeurs et finalement tout cela ne tient qu'à un fils, qu'à un rien. Nos équilibres psychologiques sont instables et la frontière entre le bien et le mal est ténue. On a tous un peu de Wade en nous.
    Mais ce qu'on n'a pas tous, ce sont ces forêts à perte de vue,cette nature enneigée de novembre à avril, des shérifs, des pick-up, du whisky Canada Club, et des feux tricolores qui se balancent sur des fils en travers des routes, tout cet environnement qui constitue le cadre de la tragédie..un goût de Fargo (frère Coen) et de Rambo quand il rentre au bercail.
    Affliction est un grand roman.

    roman, paru en 1992
    traduction : Pierre Furlan
    Actes sud (Babel), 486 pages
    lecture du 19/10 au 26/10/09
    note : 4.5/5
    à venir : fictions, Jorge Luis Borgès

  • CR123 : classe tous risques - José Giovanni

    classetousrisques.gifrésumé : Quand on a été un caïd et qu'on se retrouve les flics au train, fauché comme les blés, avec deux gosses à charge, on peut toujours essayer de s'adresser aux copains.
    Mais si les copains sont rangés des voitures et ne veulent pas se mouiller, on en est réduit à se rabattre en solitaire sur des petits coups miteux.
    Abel en a fait l'amère expérience.
    Seulement voilà : la vengeance, ça existe, et Abel a le coup de flingue facile...


    mon avis : Je crois avoir déjà expliqué pourquoi je n'aimais pas le cinéma et je n'ai pas envie de me répéter (sauf sur demande) mais j'ai quand même quelques réalisateurs fétiches, qui à mon sens sortent du lot parce que quelque part ils ont fait (ou font) quelque chose de supérieur au cinéma, quelque chose qui se rapproche de la littérature. Jean-Luc Godard, Jacques Demy et Quentin Tarantino en font partie..ainsi que, Claude Sautet.
    Avant de faire ses grandes fresques socio-bourgeoises des années giscardiennes, Sautet a réalisé dans les années 60 de bons petits polars dont classes tous risques, adaptation d'un roman de José Giovanni. C'est la raison pour laquelle j'avais acheté ce polar (paru chez Gallimard dans la fameuse série noire) il y a quelques années. N'ayant jamais trouvé l'opportunité de le lire, je me suis enfin décidé à l'ouvrir par une rieuse matinée d'automne.
    Et quelques jours plus tard, par une journée toute aussi rieuse, lorsque je l'ai achevé d'un browning 7.65, mon premier sentiment fut que Sautet avait été très fidèle au roman. Ce roman est un polar d'excellente facture, sans fioriture qui nous plonge dans le monde du grand banditisme des années 50 avec son lot d'amitiés viriles, de coups bas et de reconversions mal assumées. Rien à redire, c'est bien envoyé, efficace et haletant.

    Et la mort d'un truand est l'occasion pour Jose Giovanni de proposer au lecteur quelques considérations métaphysiques  (p199).
    Gibelin n'avait pas senti venir la mort. Il était passé sans souffrance, du stade de l'évanouissement à celui de cadavre. De son goût de l'argent, de sa ténacité, de sa manière d'aimer sa femme, de son habitude de se moucher en pressant toujours sur la même narine, il ne restait rien qu'une carcasse vide qui n'accomplirait plus aucun geste, et que personne ne rencontrerait jamais plus.

    roman, parution 2tr 1958
    Gallimard, série noire n°428, 248 pages
    lecture du 10/10 au 12/10/09
    note : 4/5
    à venir : affliction, Russel Banks

     

    classe-tous-risques-movie-1960.jpg
  • CR foulées du Golfe 2009 (Vannes)

    golfe181009.jpgJ'ai participé ce matin aux foulées du Golfe à Vannes, un 13kms plutôt plat qui part du centre de Vannes et qui longe ensuite la côte du côté de la Rabine et de Conleau, pour finir au stade de Kercado. Mon objectif était de faire moins de 55mns. L'année dernière, à cette même course, j'avais réalisé 56 avec l'impression de pouvoir faire beaucoup mieux.
    Et ce matin, par une météo idéale,  j'ai réalisé la course de ma vie : passage au 5kms en 19.57, au 10 en 40.59 (mon record au 10) pour terminer en 53.17 soit un chrono de rêve. 14.6KMH ! Les 15 ne sont pas loin. Et de bonnes sensations tout le long de la course et une bonne gestion grâce notamment à mon cardio-fréquencemètre que j'avais décidé d'embarquer exceptionnellement (je ne l'utilise en général qu'à l'entraînement).
    Au stade de Kercado, après l'arrivée je constate qu'on est encore peu nombreux à avoir fini, moins de 100 je pense (alors qu'on était 1200 au départ) et ça me fait bizarre. Je me sens heureux et je me dis que les longues heures d'entraînement commencent à payer, que ça demande des sacrifices, du temps, une hygiène de vie mais que ça en vaut la peine.
    Du coup, rentré à la maison, champagne pour fêter ça et puis aussi surtout pour l'anniversaire de ma petite Chloé qui fête ses 7ans aujourd'hui.

    prochaine course : une corrida de 10kms quelque part vers la fin-décembre.

    temps : 53.17mns (14.63KMH)
    cardio moyen :178 (96% FCM), max: 185 (à l'arrivée)
    classement senior H : 40/212
    classement total : 70/1096

  • CR122 : la vérité sur Marie - Jean-Philippe Toussaint

    La_verite_sur_Marie.jpg

    le mot de l'éditeur : L'orage, la nuit, le vent, la pluie, le feu, les éclairs, le sexe et la mort. Plus tard, en repensant aux heures sombres de cette nuit caniculaire, je me suis rendu compte que nous avions fait l'amour au même moment, Marie et moi, mais pas ensemble. La Vérité sur Marie n'est pas à proprement parler une suite, mais un prolongement de Faire l'amour (2002) et Fuir (Prix Médicis 2005).

    mon avis : En ce moment, je suis très éditions de minuit, j'aime cette maison, ses auteurs, la ligne générale..mais ça n'empêche pas des déceptions et ce roman de JP Toussaint en fait partie. Je reconnais  bien à l'auteur un certain talent pour organiser le récit, pour surprendre le lecteur par une sorte de va-et-vient du narrateur mais le fond de l'histoire m'a laissé de marbre. Car de cette Marie finalement, on n'en sait finalement très peu et en tout cas on est loin d'en savoir la vérité. Par contre, pour une raison qui m'échappe, l'écrivain s'est attaché à décrire minutieusement le passage à la frontière d'une cheval de course, les tracasseries administratives qui vont avec et le voyage en avion ou à décrire l'intervention du SAMU venu secourir Jean-Christophe de G le nouvel amant de Marie...Dans un roman de 200 pages, je me pose la question de savoir s'il n'aurait pas été plus judicieux de réduire ces événements à leur plus simple expression pour se concentrer sur l'essentiel
    - Cette manie que j'ai de dire ce qu'il aurait fallu faire alors que je ne suis pas capable d'écrire une nouvelle de trois pages-

    Mais quand même, puisqu'une seule phrase ou un seul paragraphe d'un roman peur suffire à considérer qu'on n'a pas perdu de temps à le lire (on en parlait quelque part), voici celui-ci (page 169/170) :

    Aussi curieux que cela puisse paraître, je plaisais à Marie, je lui avais toujours plu. D'ailleurs, je m'étais aperçu que je plaisais, peut-être pas aux femmes en général, mais à chaque femme en particulier, chacune croyant être la seule, par sa perspicacité singulière, son regard pénétrant et son intuition féminine, à repérer en moi des qualités secrètes qu'elles s'imaginaient être les seules à pouvoir détecter. Chacune d'elles était en fait persuadée que ces qualités invisibles, qu'elles avaient décelées en moi, échappaient à tout autre qu'elle-même, alors qu'elles étaient en réalité très nombreuses à être ainsi les seules à apprécier mes qualités secrètes et à tomber sous le charme. Mais il est vrai que ces qualités secrètes ne sautaient pas aux yeux, et que, à force de nuances et de subtilités, mon charme pouvait passer pour terne et mon humour pour éteint, tant l'excès de finesse finit par confiner à la fadeur.

    roman, paru en 09/2009
    éditions de minuit, 205 pages
    lecture du 14/10 au 16/10/09
    note : 2.5/5
    à venir : classes tous risques, José Giovanni

     

    jean_philippe_toussaint.jpg