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littérature - Page 6

  • le mouton noir

    Hier soir, je me suis amusé à faire un petit pastiche d'une chanson de Julien Doré (Corbeau blanc). Bon, le tout vaut ce qu'il vaut, ne casse pas des briques ni trois pates à un canard (de Gratot). Si vous avez une autre idée pour le titre, faîtes-moi en part, je trouve "l'ouvrier blanc" un peu trop ampoulé (et surtout trop proche du titre de la chanson). Le mieux, c'est de  lire le texte avec la mélodie de Doré en tête (d'ailleurs, j'ai remarqué qu'aujourd'hui pour écrire un "poème", fermez les guillemets, j'ai besoin d'un rythme et en particulier celui d'une chanson. Il me faut un tempo et celui du Corbeau blanc est parfait pour ça. Alors, j'écoute la chanson au casque et j'essaie de ne pas faire attention au texte et de me concentrer sur le rythme). 

     

    le mouton noir

     

    Ce matin je vous quitte

    Je quitte la salle et le divan

    Depuis mon îlot sympathique

    Je prends la route de GrandChamp

     

    Je prends des courbes accessibles

    Moi l'ouvrier qui se rend

    Là où chacun s'acquitte

    De missions trop prévisibles

     

    Je ne sortirai pas des lignes

    Tracées par les dirigeants

    Et respecterai les consignes

    Que j'appliquerai en récitant

     

    Des vers de Rimbaud extatiques

    Car je veux rester vivant

    Autour des presses robotiques

    Qui font des bruits assourdissants

     

    Puis des collègues me feront signe

    Que c'est l'heure du dénouement

    Et je rentrerai fatigué mais digne

    De ma journée dans ce tourment.

     

    Et si le soir, je suis en ruine

    Avec ma femme et mes enfants

    On se soulage et se câline

    En écoutant le corbeau blanc.

     

    Je dédie ce poème à ma sœur Léonie Aubois d'Ashby. Baou. — l'herbe d'été bourdonnante et puante.— Pour la fièvre des mères et des enfants. 

    Loïc LT 28.08.15

  • CR282 : Joseph - Marie-Hélène Lafon

     

    téléchargement (1).jpgMarie-Hélène Lafon est l'une des rares auteurs contemporaines qui s'attache à décrire le monde rural (voir mon compte rendu de l'un de ses précédents romans), si on enlève, sauf le respect tous les romans du terroir qui touche un public ciblé pas spécialement épris de littérature et cela fait du bien de sortir de Paris, des affres de la classe moyenne supérieure, des manigances des gens qui n'ont pas de problème d'argent et qui ne connaissent de la campagne que ce que les spots de pub donnent à  voir.  Je n'ai rien contre cette littérature boboïsante ou autofictive (Régis Jauffret, Emmanuel Carrère, Eric Reinhardt, Philippe Djian...) mais un moment, il faut aussi se dire que 90% du territoire national est rural (et que cette ruralité est diverse) et qu'il mérite qu'on l'écrive et avec style si possible (ce que fait MH Lafon)

    L'auteur raconte l'histoire d'un garçon de ferme, le genre de profession qui n'existe quasiment plus aujourd'hui (mais qui est peut-être appelé à renaître sous une autre forme du fait de l'agrandissement des exploitations). Joseph est à l'aube de ses 60 ans et se souvient de toutes les fermes où il a travaillé, des bons et des mauvais patrons, les bons et les mauvais moments. Joseph ne s'intéresse à rien d'autre qu'à l'élevage ; on n'a aucun reproche à lui faire sur ce point. Toute sa vie est contenue dans une valise qu'il traîne de ferme en ferme et dans laquelle entre autres, il amasse un petit pécule en prévision de ses obsèques car il a entendu dire que ça coûtait cher. Il ne voit plus beaucoup sa famille (son frère jumeau est restaurateur à Paris). Il n'a connu qu'une fille pendant quelques années et elle s'est barrée. Rien d'autres. Le travail à la ferme, les tristes veillées, et comme seul intérêt télévisuel, le patin artistique (étonnant d'ailleurs). 

    Mais la vie de Joseph n'est pas si tristement lisse qu'il n'y parait parce qu'alcoolique, sa vie de fermier modèle fut entrecoupée de cures dont il sortait frais comme un gardon avant de rechuter des mois ou des années plus tard. Comme dans ces campagnes reculées, on ne respecte pas la loi à la lettre, les flics avaient pour les conducteurs pris en flagrant délit des sortes de salles de dégrisement appelées les bleues, après quoi ils pouvaient repartir sans retrait de permis :

    Les gendarmes le lui disaient assez, tu devrais prévoir de finir par Ségur tu serais plus commode pour la bleue. Il se remplissait de vin ; l'été il cuvait dans la voiture qui lui servait de maison. Il dormait assis au volant, raide et la bouche ouverte, avec la ceinture de sécurité et la radio, les phares ou les codes allumés, les gens le connaissaient, dans chaque bourg il avait ses places pour se garer et le cantonnier ou quelqu'un d'autre, en passant, tournait la clef de contact pour que la batterie ne se décharge pas complètement. La voiture était la Peugeot du père qui tenait encore le coup ; après ses cuites Joseph nettoyait, surtout pour les odeurs. Il était très maigre, ses mains tremblaient, il n'envisageait pas les gens ; et quand on réussissait à attraper son regard qui vous traversait sans vous voir, on ne soutenait pas longtemps ce vertige. 

    Le portrait de Joseph est aussi l'occasion pour l'auteur de nous décrire cette France inconnue, composée de petites fermes en train de disparaître. Mais elles existent encore dans des coins reculés (mais plus beaucoup en Bretagne). Dommage que le roman soit si court, il y avait tant de choses à dire sur le sujet. Moi, mon arrière-grand-mère était verratière et quand j'en ai parlé l'autre jour lors d'un repas de famille, tout le monde voulait en savoir plus, comme quoi, les questions sur la ruralité restent dans le subconscient des gens dont la plupart sont enfants ou petits-enfants de paysans. 

    Je sens MH Lafon tout à fait à même de nous écrire un livre sur le quotidien des exploitations intensives, car bien que l'on nous parle beaucoup de 'l'essor' du bio (qui est une bonne chose), c'est l'agriculture intensive qui nourrit les français et qui participe grandement à ses exportations. Je m'éloigne du sujet mais je peux vous dire que le bio représente bien peu de choses à côté de l'agrandissement des exploitations agricoles qui deviennent de véritables sociétés qui pour certaines traitent directement sur les marchés internationaux (et leurs travers : les produits dérivés). Mais Joseph, s'il est encore en vie,  est bien loin de ces considérations...

    parution : Buchet Chastel, août 2014, 144 pages, lecture sur kindle en mai 2015. note : 4.5/5

    Loïc LT

     

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  • CR279 : le dahlia noir - James Ellroy

    c4a6cca771ea9f848c4360957f31b42b.jpgJe vous parlais il y a peu du syndrome James Ellroy et bien je crois que j'en suis guéri. Il m'a fallu faire preuve de beaucoup de courage et je tiens aussi à remercier mes proches qui m'ont soutenu dans ce défi insensé : lire un roman de cet auteur américain réputé pour son écriture hermétique et son système narratif déstructuré. Pourtant, j'avais déjà lu un de ses méfaits, ( lune sanglante ) et je crois que je ne m'en étais pas trop mal sorti (mais le roman était court et assez abordable par rapport aux autres).

    Le dahlia noir est le roman le plus connu de James surtout depuis qu'il a été adapté au cinéma par  Gerald de Palmas (qui fait des mauvaises chansons mais qui parait-il ne commet pas des films américains de merde), film que j'ai téléchargé et qu'on va regarder un de ces soirs (bien que je n'aime pas trop ces situations où l'on regarde un film à deux et dont l'un des deux a lu le livre et ne peut donc s'empêcher d'ouvrir sa bouche pour dire ce qui va arriver). 

    Nous sommes dans les environs de Los Angeles, 2 ans après la fin de la seconde guerre mondiale. On découvre dans un terrain vague le corps d'Elizabeth Short, une jeune mythomane et nymphomane un peu paumée et qui rêvait de devenir actrice. Le corps est retrouvé en plusieurs morceaux et vidé de tout son contenu (désolé mais bon, je dis ce qui est). Devant l'émoi suscité à L.A, la police décide de mettre tous les moyens possibles sur l'enquête. Deux flics  sont au centre des opérations : le narrateur, Dwight Bleichert et Lee Blanchard, deux amis boxeurs usant de méthodes peu conventionnelles. Lee vit avec Kay, une fille qu'il a connu lors d'une affaire de vols dont elle était une des complices (affaire à propos de laquelle Lee n'est pas très net). Comme de fait, Lee traîne un lourd passé et ça ne tourne pas rond dans sa tête. Il se gave de médocs et veut venger Elizabeth pour venger la disparition inexpliquée de sa sœur à 14 ans. L'enquête patine et je vous épargne les détails. Lee disparaît de la circulation et Dwight est affecté à un autre service mais continue quand même à enquêter. Il se lit avec Madeleine, une bourgeoise mangeuse d'hommes, fille d'un des plus grands promoteurs immobiliers de Los Angeles. Il faut suivre et ne pas se laisser distraire, une seule phrase mal comprise et on est bon pour repartir du début. 

    Je ne fais que donner les grands traits de l'histoire. Ce n'est pas très important, on trouve des résumés partout. Ce qui vaut la peine d'être stipulée par contre , c'est l'écriture de James Ellroy. Cet auteur n'est pas du genre à faire les présentations, à expliquer au lecteur qui est qui et quoi et quoi. Le roman commence et on se croirait déjà à la centième page. Abondance de dialogues, beaucoup de termes techniques concernant le fonctionnement de la police, une écriture à l'arrache, de combat même dirais-je, au plus près de l'événement. Le lecteur n'a qu'à bien se tenir. James Ellroy n'est pas un moraliste ou un donneur de leçon, il écrit ce qui est point barre. La violence est omniprésente et l'humanité ne sort pas grandie du récit (et encore moins la police et notamment le procureur qui fait tout pour étouffer l'affaire parce qu'il veut se présenter les cuisses propres aux primaires républicaines ou démocrates, je ne sais plus). On devine à la lecture de ce roman que c'est exactement de la sorte que les choses se passaient dans la police de Los Angeles à la fin des années 40 (d'ailleurs le récit est inspiré d'un fait divers ressemblant qui émut la ville), c'est à dire qu'on est loin de l'image policée qu'on se fait de cette ville de l'est des Etats-Unis, ensoleillée, bourgeoise et tranquille. Il faut donc saluer le travail de documentation de l'auteur. 

    Quand on est bien rentré dans le roman, et bien finalement, on s'habitue vite au style et malgré (ou grâce à) son côté rentre-dedans, James Ellroy parvient à percer la psychologie de ses personnages aussi bien voire mieux que l'un qui ferait des grandes phrases descriptives. Chez cet auteur, c'est la succession des événements et la façon dont agissent  ceux qui les vivent qui nous permet de cerner le fonctionnement et la complexité du cerveau humain dans lequel le bien et le mal ont du mal à savoir sur quel pied danser. 

    Rivages/Noir, 2006, 504 pages, lecture sur kindle en avril 2015. note : 4/5

    Loïc LT

  • CR278 : le tramway - Claude Simon

    letramway.jpgEn matière de lecture, je n'aime pas rester sur une défaite et d'avoir interrompu la lecture du tramway il y a quelques années, en fut une. Je m'étais juré d'y revenir et j'ai profité du propos d'une quincaillière me laissant entendre que je ne lisais jamais de roman de la mouvance nouveau roman (dont aujourd'hui les auteurs publiés aux éditions de minuit poursuivent un peu le projet), pour y revenir. Je viens de le terminer ce soir un oeil sur ma liseuse et l'autre sur la deuxième saison de Broadchurch (série anglaise potable, en tout cas moins pire que d'autres). Admirez la prouesse : lire du Claude Simon, l'un des auteurs les plus difficiles qui soit tout en faisant autre chose ! Autant faire cuire des œufs et préparer une vinaigrette en même temps. Et mieux encore, je n'ai pas perdu le fil de l'histoire 

    Je ne sais pas si mes trois lecteurs connaissent Claude Simon (prix Nobel de littérature en 1985  décédé en 2005) mais pour vous donner une idée, voici les premières lignes du roman où le narrateur (qui se souvient qu'étant enfant il avait le privilège de pouvoir aller dans la cabine de pilotage d'un tramway conduit par ce qu'il appelle un wattman ) explique le fonctionnement de la manette de pilotage :

    tram.jpg

    L'un qui ne connaîtrait pas la prose de Simon et qu'on n'aurait pas averti serait déjà tombé de sa chaise. Toute l'oeuvre de l'auteur se résume dans ses quelques lignes (je me souviens que dans la route des Flandres, il lui avait fallu trois pages pour expliquer le dysfonctionnement de la serrure rouillée d'un poulailler), mais je vous rassure Claude Simon ne s'occupe pas uniquement des objets, au contraire même, il y a bien comme ça dans ses romans - un peu comme des parenthèses - des descriptions précises de 'choses' souvent mécaniques mais l'essentiel chez Simon, ce sont les sensations, ce que le tri accompli par la mémoire  nous  laisse de souvenirs épars et en l'occurrence ici, le narrateur est un vieillard gisant dans une chambre d’hôpital (à Paris je crois) et qui se souvient de sa jeunesse au lendemain de la première guerre mondiale dans une ville de bord de mer dont un tramway reliait le centre à la côte. Il se souvient qu'il l'empruntait pour aller et rentrer du collège, de la vie autour de ce véhicule, des hommes mutilés par la guerre, et du quotidien autour du trajet, les différences de classe et puis très vite la lente agonie de sa mère (son père était mort au combat) rongée sans doute par le crabe. Devenu orphelin, il est pris en charge par son oncle et sa tante ou que sa tante, je ne sais plus, (avec Simon, on a le droit de ne pas tout suivre). Mais comme je le stipulais, le récit qui n'est pas linéaire s'avère être plutôt une succession aléatoire de tableaux de cette jeunesse jaillissant  au gré des poussées de fièvre du narrateur dans sa chambre d'hôpital où sa vie ne tient qu'à des tuyaux et des bonbonnes de gaz. 

    On a tort de considérer Claude Simon comme  élitiste ou trop pompeux. Quand on sait à quoi s'en tenir et bien, cela se lit assez agréablement. Et puis quelque part, il n'y a pas plus vrai que cette littérature. A l'orée de la mort, fiévreux et branché de toute part, que peut-il traverser notre esprit si ce ne sont des bribes, des sensations voire même quand on sombre dans une demi-conscience des détails incongrus dont l'intérêt peut échapper au bien-portant ? N'est-ce pas ce qui nous arrive à tous lorsque malades et parvenant à trouver le sommeil 5 mns, des rêves étranges naissent de la fièvre ? 

    Je ne suis pas le meilleur commentateur de Claude Simon. Il a ses adeptes qui se réunissent parfois secrètement en colloques (dans un château de Cerisy-la-Salle) lors desquels j'imagine on ne doit pas beaucoup se marrer (mais peut-être quand même plus qu'à un spectacle de Anne Roumanov ou lors d'un meeting de l'ump) .Vous savez, entre eux, les intellos ne se racontent pas de blagues de Toto mais ils possèdent leur propre sens de l'humour, un peu comme ceux qui s'esclaffaient lors de l'émission Apostrophe sur des sujets ne prêtant pas pourtant à l'hilarité. 

    éditions de minuit, 2001, 144 pages, lecture sur kindle en avril 2015. note : 4/5

    Loïc LT

  • CR277 : territoires - Olivier Norek

    compte rendu de lecture, kindle, polar, roman, roman policier, olivier norek, banlieue, Si je ne m’abuse, c’est la première fois que je commente un roman paru chez Michel Lafon,  maison qui en général ne fait pas dans la dentelle. Avec territoires, Olivier Norek n’en fait pas non plus mais une chronique lue je ne sais plus où m’avait mis l’eau à la bouche. Au départ j’avais peur du syndrome James Ellroy (qui conduit à ne déjà plus rien comprendre au bout de quelques minutes de lecture) mais la crainte s’est vite dissipée, territoires faisant partie des romans qui vous happent dès le début. Point de fioritures, point de blabla et de descriptions inutiles, l’auteur n’est pas un fan du nouveau roman ! De l’action avant toute chose, des chapitres courts, un rythme soutenu pour une histoire  tout à fait crédible. Il faut dire qu’en sa qualité de flic (en disponibilité), Olivier Norek connaît son sujet, en particulier ici la mainmise d’un gang sur une ville de la banlieue parisienne. Il y a bien quelques clichés, comme par exemple la personnalité du capitaine Coste trop genre Belmondo dans le solitaire ou la rivalité un peut trop exagérée pour être honnête entre la brigade des stup  et la BAC, encore que sur ce dernier point, il y a sans doute du vrai.

    Olivier Norek nous plonge donc dans le quotidien de la police dans une cité gangrenée par la violence et dont la drogue est la seule planche de salut pour les dealers et pour les consommateurs. Si ce ne sont les flics qui font ce qu’ils peuvent, c’est à dire la plupart du temps pas grand chose, l’Etat est aux abonnés absents, la maire est de mèche avec les caïds vers qui elle détourne des subventions afin de maintenir un semblant de paix. Ce qui met le feu aux poudres dans la bonne ville de Malceny ( ou de braves  retraités sont forcés de cacher des pains de cocaïne et des liasses de billets dans leurs appartements), c’est qu’un nouveau caïd a décidé de remplacer le précédent en le dézinguant ainsi que toute son équipe. Victor Coste qui devait prendre quelques jours de congés avec son amie ( cliché polar aussi) doit reporter le départ et prendre les choses en main, aidé par une équipe d’attachants gais lurons. Mais cette tentative de reprise en main dans ces zones de non-droit ne se fait pas sans dommages. Sur l'ordre de la maire , la police municipale provoque les jeunes pour faire éclater des émeutes afin que la ville de Malceny soit sous le feu des projecteurs et  pour que la maire qui n’avait déjà pas les cuisses propres puisse obtenir du ministère de la ville des subventions supplémentaires afin de satisfaire le nouveau chef de gang (dont le lieutenant est un gosse de 12 ans) . Mais l’équipe de Coste assure et le tout finit à la fin du roman (je sais, c'est pas drôle).

    En plus d’être un bon polar, ce roman nous montre le quotidien d’une ville de banlieue (dont la dernière quincaillerie a fermé depuis longtemps si tant est qu’il y en a déjà eu une et où le terme de ‘vandalisés’ semble bien faible pour décrire ce qu’il advient des cabines téléphoniques), la misère sociale, la violence, le trafic de drogues et montre l’impuissance des politiciens qui en sont réduits à devoir partager leur maigre pouvoir avec des malfrats. Je ne pense pas que ce soit exagéré même si pour pimenter le roman l’auteur a condensé le pire de ce que peut subir ce type de ville.

    Evidemment, ce n’est pas de la littérature mais ce n’était pas l’intention de l’auteur qui a rempli son cahier des charges et qui avec ce genre de roman réaliste n'a pas dû se faire que des amis.

     

    Interview de l'auteur sur le site de Marianne

     

    éditions Michel Lafon, parution : 09/2014, lecture mars 2015, 394 pages, kindle. 4/5

     

    Loïc LT

  • CR276 : dans son propre rôle - Fanny Chiarello

    dans son propre rôle.jpgLors de la promotion de son précédent roman en 2013, je me souviens avoir été subjugué par son passage à l'émission la Grande Librairie sur France 5. Vêtue de rouge et rayonnante de beauté, elle illuminait le plateau et puis quand elle a pris la parole, il s'est avéré qu'en plus la dame, pourtant sans doute peu habituée de ces grands-messes télévisuelles savait trouver les mots et le ton pour vendre son roman une faiblesse de Carlotta Delmont (un roman au montage particulier qui ne me tentait pas)...mais je vais arrêter là sur le sujet de Fanny Chiarello (née à Béthune en 1974, c'est à dire comme moi, sous Pompidou) ma femme en deviendrait jalouse. Et je me suis juré de lire le suivant quoi qu'il advienne fut-il un éloge de la vie monastique ou une critique de la permaculture. 

    Depuis, l'auteur a écrit quelques romans pour l'Ecole des loisirs (maison que je connais très bien, mes filles y ont été abonnées via l'école..et il est loin d'être impossible que l'une d'elles a lu du Fanny Chiarello) et puis elle est revenue à la littérature proprement dite avec la sortie de dans son propre rôle en 2015. 

    Je le dis de suite : je n'aurais pas lu ce roman s'il avait été écrit par quelqu'un d'autre que cet auteur. La quatrième de couverture m'aurait laissé indifférent (et on ne peut pas tout lire) :

    Une farandole silencieuse au clair de lune accueille Fennella pour son arrivée à Wannock Manor, cette vaste demeure aristocratique où elle débutera dès le lendemain matin, à six heures, comme domestique.
    Pendant ce temps, Jeanette pleure rageusement sur le cadavre d'une mouche dans une suite du Grand Hôtel de Brighton, où elle est femme de chambre.
    Deux scènes de la vie quotidienne, en Angleterre, en 1947. Deux existences que tout semble séparer, dans ce pays où les différences de classe sont encore un obstacle infranchissable entre les êtres.
    Fennella a perdu la parole à la suite d'un traumatisme. Jeanette est une jeune veuve de guerre qui a perdu tout espoir dans la vie. Une lettre mal adressée et une passion commune pour l'opéra vont provoquer leur rencontre et bouleverser leurs destins.
    Le cheminement intérieur de deux femmes en quête d'absolu et d'émancipation, c'est ce que raconte ce roman sombre comme le monde dans lequel elles semblent enfermées, et lumineux comme l'amour qui les pousse à s'en libérer.

    Je rassure ceux qui ne sont pas attirés par ce genre (dont je fais partie), la passion pour l'opéra de ces deux domestiques sert juste de prétexte à leur rencontre. L'essentiel est ailleurs. Ce roman à l'écriture très riche mais sans afféterie est avant tout l'histoire de deux femmes aux tempéraments différents mais que les soubresauts de l'histoire additionné à une erreur d'adresse postale vont faire se rencontrer. On plonge au cœur des années d'après guerre et si l'Angleterre se reconstruit (en gardant évidemment son modèle aristocratique aujourd'hui encore loin d'être enterré), la population garde encore les stigmates du conflit, Fennella et Jeanette sont deux veuves parmi des milliers d'autres (encore que concernant Fennella, on ne peut pas parler de veuvage). Elle sont toutes les deux domestiques dans deux villes différentes et Fennella, muette depuis un traumatisme de guerre décide de rencontrer Jeanette parce qu'elle pense que cette dernière de par sa passion pour l'opéra (et pour Kathleen Ferrier en particulier) a quelque chose à lui apporter et parce que Fennella sans trop en avoir conscience est lasse de sa condition de domestique, tout comme Jeanette qui n'a que faire de ses collègues mais dont le chagrin est plus fort que l'ambition.

    Je serais trop macho en affirmant que ce roman est plutôt écrit pour les femmes...que la plume de Fanny Chiarello est d'une sensibilité avant tout féminine..mais dans son propre rôle est tout sauf un roman féministe. Il  nous rappelle avant tout la difficulté de faire le deuil de celui avec qui on voulait lier sa vie, l'aberration aristocratique anglaise et le déterminisme qu'elle induit. 

    Le petit reproche que je ferais (et que je fais souvent notamment concernant les liaisons dangereuses) est que les discussions entre les deux domestiques (Fennella s'exprimant via un carnet) sont trop raffinées pour être crédibles, l'auteur ne parvenant pas à prêter sa plume à ses personnages. 

    Pour le reste, c'est bien construit, Fanny Chiarello possède sans conteste l'art du roman et elle a ce génie, ce talent de tous les gens nés sous Pompidou -).

    Loïc LT

    éditions de l'Olivier, parution : janvier 2015, lecture : mars 2015, kindle, 236 pages. note : 4/5

  • CR275 : Vernon Subutex - Virginie Despentes

    compte rendu de lecture,virginie despentes,littérature,littérature française,livre,kindle,roman,culture,rockPendant que je traînais ma misère dans ces tristes bourgs de la Bretagne intérieure disposant de cabines en piteux état, je lisais aussi surtout le soir et souvent la nuit le dernier opus de Virginie Despentes intitulé Vernon Subutex. Du même auteur, j’avais déjà lu apocalyspe bébé en 2010, et il m’avait beaucoup plu me rappelle mon médiocre compte rendu que je viens de relire. D’ailleurs en le relisant, je me suis fait la réflexion qu'avec Vernon Subutex, Virginie utilise toujours la même technique : un personnage central, en l'occurrence ici Vernon autour de qui gravitent des personnages secondaires qui rentrent et qui sortent du roman, et qui reviennent parfois ou pas. Cette multitude de protagonistes représente la principale difficulté pour le lecteur, surtout pour moi qui ai la mémoire défaillante (et le rythme de lecture aléatoire). La prochaine fois, je prendrai des notes dans le carnet de moleskine qui ma sœur m’a offert.

    Le roman raconte l’histoire d’un disquaire parisien d’une cinquantaine d’années qui se fait appeler Vernon Subutex (j'ai oublié son vrai nom) et qui, dans les années 90, doit déposer le bilan comme tout disquaire qui se respecte (et comme tout quincaillier). Dans un premier temps, il vit de la vente de son fond de commerce (affiches, vinyles collectors) mais très vite il se retrouve sans rien. Il se met alors à squatter chez différents amis chez qui il lui arrive différentes péripéties. Par l'intermédiaire d'un de ses amis, il croise lors d'une soirée le chemin d'un scénariste qui songe à réaliser un documentaire sur Alex Beach, un chanteur à succès, ami de Vernon, qui vient de mourir d’une overdose dans sa baignoire. Or il se trouve que Vernon dispose d’un enregistrement d’une interview que le chanteur lui a accordée. Beaucoup de gens sont intéressés par cette cassette et une certaine femme qui se fait appeler la Hyène (une sorte de Lisbeth Salender ) et spécialisée dans les recherches de ce genre entre en jeu, engagée par le scénariste afin de retrouver celui qui détient l'enregistrement.

    Mais après avoir exégérément profité de la bonté de ses amis (tous anciens clients du disquaire et amateurs d’une musique aujourd'hui défunte qu’on appelait le rock - qui tient d’ailleurs une place prépondérante dans le roman -), Vernon qui a sa fierté se retrouve SDF et vit cette situation avec une certaine philosophie. Il fait des rencontres dans le milieu, des anciens amis essaient de le sortir de ce pétrin mais Vernon refuse. Ce premier tome se termine de la sorte. Il ne peut pas tomber plus bas.

    Tout comme dans apocalypse bébé, j’ai apprécié le style trash et brut de décoffrage de l’auteur qui ne s'embarrasse pas des tabous et du politiquement correct. Dans ce roman décoiffant, se côtoient, des lesbiennes, des transsexuels, des drogués, des fachos car c'est un fait que Despentes a un penchant pour les anticonformistes, genre de ceux qu’on ne risque pas de trouver au bar Le Celtic de La Chapelle-Neuve. C’est donc une vision lucide mais partielle de notre société que nous propose l’auteur. C’est son fil rouge et j’aime les auteurs qui gardent une certaine cohérence (comme Philip Roth ou Philippe Djian) dans leur oeuvre.

    Du coup, je vais être gentil et lui mettre une note supérieure à celle que j’ai mis sur Babelio: 3.5/5. Pas plus car je ne peux pas occulter le fait que j’ai été dans le dur au milieu du roman au point que je me suis demandé si je devais continuer..mais si vous avez le même soucis que moi, un conseil : ne le lâchez-pas.

    Le tome 2 est prévu pour mai 2015.

    Loïc LT

    éditeur : grasset, parution : janvier 2015, lecture : kindle, 400 pages (pour les 2 tomes ? ). lecture : février et mars 2015

  • CR273 : pas pleurer - Lydie Salvayre

    PHO69ae8f36-285a-11e4-975e-a3dfdd16c4d0-300x450.jpgLa plupart des français ignore totalement  ce qui s’est passé en Espagne au milieu des années 30 et pour cause la guerre civile espagnole n’est étudiée ni au collège ni au lycée. Il faut bien faire des choix dans cette période où il faut  déjà traiter la crise de 1929, la montée et la prise de pouvoir des nazis en Allemagne, le Front Populaire en France. Et puis, globalement, on passait et on passe toujours très normalement encore beaucoup de temps à parler des deux guerres. Ce n’est pas un reproche, c’est juste, je le répète qu’il faut bien faire des choix.

    J’avoue humblement qu’avant de lire ce roman, je ne savais pas du tout comment le général Franco avait pris le pouvoir en Espagne et je savais encore moins qu’en 1936, il s’est passé dans ce pays des événements remarquables pendant desquels les communistes, les libertaires et les nationalistes se sont affrontés violemment certes mais au cours desquels et malheureusement ou heureusement peut-être, des tentatives de mises en place de systèmes alternatifs à des niveaux locaux ont transformé une partie de la population en doux rêveurs libérés des contraintes de la religion et de système quasi-féodal qui fonctionnait jusque là (malgré que l’Espagne était une république depuis pas mal de temps déjà).

    C’est à cet été paradisiaque de 1936 que nous invite Lydie Salvayre à travers le regard de Montse, une fille d’un foyer modeste qui 70 ans plus tard émigrée en France raconte à sa fille en quoi cet été a changé sa vie. Elle habite un petit village espagnol rural qui décide de passer en autogestion en août 1936 sous l’impulsion de son frère José, un libertaire charismatique acharné qui arrive à convaincre la population d’abandonner tout système de propriété..mais après quelques jours, les gens prennent peur et préfèrent se tourner vers Diego, un fils de bonne famille converti au communisme (au grand dam de ses parents) et admirateur de Staline. La rivalité entre José et Diego ne fait que commencer. Dépité, José quitte le village en compagnie de Montse, sa soeur pour se rendre dans une ville proche où une anarchie bon-enfant s’est installée. Montse vit alors les plus beaux jours de sa vie dans cette ville où tout le monde s’embrasse, où tout est gratuit et où l’amour est réinventée. Montse y connaîtra justement l’amour. Mais pour je ne sais plus quelle raison, José et Montse (enceinte) rentrent au village où Diego, le fou de Staline a pris les commandes de la mairie.

    Parallèlement à cette histoire, l’auteur évoque à travers le désarroi de Georges Bernanos (un écrivain français catholique exilé aux Baléares), les atrocités commises par les nationalistes avec l’assentiment de l’Eglise Catholique.

    Je ne vais pas vous dire comment finit cette histoire mais je peux juste rappeler que l’utopie libertaire devenue réalité pendant quelques mois a été vaincue par les nationalistes qui donnent le pouvoir au général Franco. Mais en ma qualité de membre du MDQ, je n’arrive pas à comprendre comment les libertaires et les communistes, qui pour moi sont un peu dans le même combat, aient pu se détester et s'entre-tuer à ce point. La nationalistes ont profité des divisions d’une gauche égoïste et dessoudée…

    L’énergie romanesque que Lydie Salvayre a mis au service de l’histoire est parfaite. La plume de l’auteur est virevoltante et contrairement à certains, je n’ai pas été agacé par l’usage du ‘fragnol’ (sorte de patois parlé par Montse mélangeant le français et l’espagnol) qui donne à ce roman une coloration ibérique bienvenue. Le jury du Goncourt a sans doute couronné le meilleur roman de l’année 2014. En tout cas, un livre qui peut plaire à Julie Schittly

     

    lecture : janvier 2015, kindle, Seuil, 268 pages, parution : août 2014. 4.5/5

     

    Loïc LT

  • CR272 : Meursault, contre-enquête - Kamel Daoud

    854869.jpgJ’ai d’abord relu L'Étranger mais je ne sais pas si c’était indispensable car on peut comprendre et apprécier cette contre-enquête sans avoir lu le roman de Camus. L’auteur revient en effet assez longuement sur Meursault, sa personnalité et le meurtre. Cela m’amuse d’ailleurs de penser que la lecture de Meursault contre-enquête donnera à certains l’envie de lire L'Étranger pour la première fois alors que c’est l’inverse qui semble le plus logique.

    De donner une suite à un des romans les plus connus au monde paraît prétentieux et puis on se dit  qu’avec une telle idée l’auteur savait qu’il allait forcément attirer un minimum de lecteurs, plus en tout cas que s’il avait décidé de mener la contre-enquête d’un meurtre quelconque d’un arabe lambda qui n’aurait pas eu l’honneur de la littérature.

    Pour ce faire, l’auteur s’est permis de prendre quelques libertés avec la réalité (si on peut parler de réalité) puisqu’il part du principe que c’est Meursault qui a écrit L'Étranger ce qui veut dire qu’il a échappé à la peine de mort. Ici c’est le frère de la victime qui s’exprime très longtemps après les faits. C’est un vieillard et il veut rendre justice à son frère qui n’est pour des millions de lecteurs que la victime anonyme de Meursault, 

    Ce qui est amusant dans ce roman, c’est que Haroun, le narrateur, frère de Moussa (la victime) se heurte au fait que le meurtre n’a jamais eu lieu puisqu’il n’est que le final d’une oeuvre littéraire. Mais il ne se pose jamais la question de savoir pourquoi on n’a jamais retrouvé le corps de son frère, ni l’endroit où le meurtre s’est produit, qu’on n’ait plus eu de nouvelles de Raymond ni d’aucuns témoins, qu’on n’ait pas de trace du procès...Tout ce qu’il reste de concret de ce meurtre, c’est un roman écrit par le meurtrier, un roman magnifique et connu mondialement. C'est un peu comme s'il s'agissait d'une rêverie d'un quincailler qui se prend pour le frère d'un type mort dans un roman. 

    Le récit de Kamel Daoud est en ce sens une mise en abîme littéraire assez jubilatoire. Je crois que Julie Schittly serait d'accord avec moi. 

    Haroun, personnage littéraire au même titre que Meursault se donne le  droit de réponse, et cette contre-enquête prise de façon purement factuelle n’est pas sans intérêt. Elle permet de nous replonger dans l’ambiance de la guerre d’indépendance et des relations entre les Pieds-Noirs et les Algériens. A travers la vie de Haroun, on découvre le quotidien de l’Algérie colonisée.  Le soleil est aussi accablant que dans L'Étranger et l’écriture quasiment aussi sèche.

    Mais plus qu’un exercice de style, c’est à un exercice littéraire que nous convie l’auteur. En plus de m’avoir donné le vertige, il m’a permis de me replonger dans L'Étranger (que je n’ai pas étudié à l’école)  qui s’était effacé de mes écrans radar depuis très longtemps.

    lecture : janvier 2015, kindle, Actes Sud, parution : mai 2014. 4/5

    Loïc LT

  • CR270 : au château d'Argol - Julien Gracq

    product_9782070111626_180x0.jpgAu château d’Argol ouvre le tome 1 de la pléiade consacrée à Julien Gracq, un auteur dont je n’avais lu qu’un seul roman...et quel roman. Ecrit en 1938 et refusé par Gallimard avant d’être accepté par José Corti, c’est aussi le premier roman de l'auteur qui a déjà quand même 29 ans.

    J’avais lu le rivage des Syrtes dans un livre publié chez José Corti chez qui si j’ai bonne mémoire, il faut toujours séparer les pages au couteau...du coup quand on est encore à ça, je ne me pose même pas la question de savoir si cet éditeur dispose d’un département ‘ebooks’. Autant demander à une quincaillerie de se doter d’un site internet.

    Argol est décrit comme un château de type médiéval perché sur une falaise rocheuse au milieu d’une forêt armoricaine à l'extrémité du Finistère. On ne sait pas trop quand l’action se situe mais j’opterais pour le 19e siècle. Sur les conseils d’un ami, Albert, le héros de cette histoire hilarante, achète ce château et il y arrive un jour sans armes ni bagages et est tout de suite envoûté par cette bâtisse imposante.

    Au début, on a plus ou moins dans l’idée qu’on va lire un roman assez conventionnel d’autant que les descriptions du château et de la nature environnante abondent. Les choses se compliquent lorsqu’Albert reçoit la visite de son grand ami Herminien (une sorte de Gambetti en moins fantasque). Ce dernier est accompagné d’une fille prénommée Heide (à qui j’ai donné le visage de l'actrice Jean Seberg). Herminien et Albert entretiennent une grande complicité intellectuelle et philosophique en particulier et mènent des discussions interminables. Heide y participe vaguement. De toute façon, on a bien compris que sa raison d’être dans cette histoire est de foutre le bordel. C’est le troisième élément, l’intrus, la femme et la fin des haricots.

    Subrepticement, le roman glisse vers le surréalisme et les balades en forêt se transforment en quête mystique . Les trois tristes lurons après une baignade suicidaire en mer perdent de la consistance pour devenir comme des esprits. On ne sait pas trop si Albert tombe amoureux de Heide, on ne comprend pas trop le comportement de Herminien. Un jour, alors que le conflit cordial bat son plein,  les deux amis se retrouvent dans une chapelle nichée dans la forêt et Herminien se met à jouer de l’orgue. C’est un moment clé du roman mais je ne saurais dire en quoi. Ensuite, Albert retrouve Heide nue et blessée au bord d’une rivière et Herminien qui s’était absenté revient et se fait mal en descendant de son cheval.

    Mais qu’importe, le récit se défait des faits et flotte par delà les landes et les rivages avant de se faufiler dans les couloirs sombres du sinistre château. Puis les corps se fragilisent  et les trois tristes s’affaiblissent, le huis clos se termine mal mais on est presque soulagé que cet enfer armoricain se termine.

    Je signale à toutes fins utiles que ce roman comprend des descriptions interminables..mais admirables et qu’il ne contient aucun dialogue. Le tout donne l’impression que l’auteur a voulu, pour son entrée en littérature, en mettre plein la vue.

    Pour l’anecdote, si le château d’Argol est sorti de l’imagination de Gracq, le bourg d’Argol situé à l’entrée de la presqu’île de Crozon existe bien et selon wikipedia signifierait ‘en perdition’.

    Globalement, je déconseille fortement à mes 3 millions de lecteurs, la lecture de ce déroutant mais trop ennuyant roman.

    L’année commence tristement sur l’espèce de blog...avec ce compte rendu glauque à souhait et les événements récents qui me laissent encore complètement prostré.

     

    lecture : janvier 2015, la pléiade tome 1. note : 2/5

     

    Julien-Gracq-Au-Chateau-dArgol.jpg 

    J'ignore qui a peint cette aquarelle représentant le château en question. Cliquer juste sur l'image pour accéder au site. 

    Loïc LT