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Colin sabre et tam-tam - Page 7

  • retour à Pleugriffet

    Il y a quelques temps est paru dans la presse un article dans lequel il était question d'un couple de suisses qui offrait deux tableaux de valeur à la commune de Pleugriffet pour la remercier de son accueil. Ce couple avait acheté un moulin (par le biais d'un bail emphytéotique...à vos dictionnaires -) il y a une trentaine d'années et ce, tout à fait par hasard. Empruntant le canal de Nantes à Brest, Kurt et Ursula Straub ont dû patienter à l'écluse 43 gérée par Bernardette  car elle prenait, comme tout salarié a le droit, sa pause-déjeuner et donc l'ouverture des vannes ne se ferait pas avant 13 heures. Pas du genre à chercher des embrouilles et surtout n'étant pas pressés, Ursula et Kurt sont descendus de leur bateau battant pavillon suisse, ont visité les environs et son tombés sur un moulin en ruine et ce fut le coup de cœur. Après des travaux conséquents, il y sont venus régulièrement et se sont bien intégrés à la commune, René Jégat le maire est devenu un grand ami. Ursula et Kurt Straub faisaient venir des artistes au moulin et par ailleurs possédaient une galerie souterraine à Genève.

    Pour l'instant, je ne me foule pas trop la cheville, je reprends des infos trouvées dans la Gazette et le Ouest-France. Les deux tableaux offerts à la commune sont des réalisations de Roland Dubuc ( décédé dans son atelier en 1998 en Normandie), artiste peintre qui venait régulièrement au moulin. Samedi dernier, je suis allé à la mairie voir de près ces deux œuvres singulières. Je tenais à préciser la gentillesse de la secrétaire de mairie (que j'avais eu dans la matinée au téléphone). 

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    Si j'aime beaucoup ces toiles représentant un Montmartre rêvé et enneigé, j'ai toujours un peu de mal avec ces encadrements un peu trop rustres et imposants. Mais l'essentiel n'est pas là. C'est l'occasion aussi d'évoquer la figure de Roland Dubuc, originaire de Normandie, peintre prolixe et connu dans le monde entier (mais pas suffisamment pour posséder sa page wkipédia. Il ne tient qu'à un passionné de s'y coller). Sur la fin de sa vie, ses toiles commençaient même à être bien côtées. Roland Dubuc n'était assurément pas un barbouilleur, le cadeau des époux Straub n'est donc pas une plaisanterie.

    Ensuite, je suis resté à Pleugriffet où il m'est arrivé des choses qui n'auraient pas du avoir lieu et que je ne raconterai que lorsqu'il y aura prescription. Par contre, sur les précisions du maire, je me suis rendu au culot voir l'ancienne éclusière qui habite désormais une grande maison dans un lotissement de la commune. Elle m'a accueilli avec gentillesse, m'a tout de suite tutoyé et je lui ai posé quelques questions prétextant l'écriture d'un livre (qui reste une possibilité). Elle m'a raconté sa vie d'éclusière, les conditions de travail et la maison de l'écluse où les conditions de vie étaient sommaires (d'autant qu'avec les 3 enfants et le mari, 5 personnes s'y serraient la ceinture). On a parlé évidemment du couple suisse avec qui elle a gardé de très bons contacts. Je voulais justement savoir si le fait de les avoir fait poiroter une heure devant l'écluse avait créé des dissensions entre eux...mais pas du tout. Vu ce qu'ils ont découvert grâce à elle, comment pourraient-ils leur en vouloir ? Après avoir quitté Bernadette, je me suis rendu sur les lieux de cette belle aventure.

    Aujourd'hui, l'écluse de Cadoret est habitée par la belle-fille de Bernadette. L'endroit est toujours aussi bien fleuri que sur les photos que m'avaient montré l'ancienne éclusière. 

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    J'ai discuté un peu avec la belle-fille et me suis promené autour de l'écluse, la fameuse écluse 43. L'endroit n'a pas beaucoup changé depuis que le bateau du couple suisse s'y arrêta. Le saule a sans doute beaucoup pleuré et grandi depuis ainsi que les sapins qui longent le halage sur lequel jadis et j'aime bien repenser à cette idée, des chevaux tiraient sur les péniches dépourvus de moteurs. Il fut une époque où c'étaient même des êtres humains qu'on appelait des haleurs, n'est-ce pas Arthur ? 

    Comme je descendais des Fleuves impassibles,
    Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
    Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
    Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

    J'étais insoucieux de tous les équipages,
    Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
    Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
    Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais....

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    Le moulin se situe sur la droite à une centaine de mètres de l'écluse. Chemin faisant, je donnais des coups de pied dans les feuilles mortes sans rencontrer aucune résistance. Comme une feuille est faible et fragile.  Le manoir n'est plus habité mais garde un côté coquet. Sans doute est-il un peu entretenu mais on sent que la végétation a envie de reprendre ses droits. 

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    De l'autre côté de l'Oust, les couleurs de l'automne étaient de toute splendeur.

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    Sur la boite à lettre envahie par le lierre, le nom Straub apparaît toujours et cela m'a fait un pincement au cœur. J'avais la haine de ce temps qui passe sur toutes les belles choses de la vie...j'imaginais les fêtes au manoir, les artistes installant leur chevalet devant le canal où passaient des péniches chargées de sable (mais pas de blé flamand et de cotons anglais).

    " Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
    Suspendez votre cours :
    Laissez-nous savourer les rapides délices
    Des plus beaux de nos jours !..........a-t-on envie de crier à chaque fois. 

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    Je suis resté encore un peu sur le pont. Je cherchais un peu dans cette plénitude et ce calme limpide quelque inspiration. C'est essentiel de s'imprégner des lieux. Les temps sont anciens mais certains lieux gardent toujours la mémoire de leur passé glorieux. Tout ici nous parle de ces temps enchanteurs et en tendant un peu l'oreille, on pourrait presque entendre de la musique venant du moulin. Grand Meaulnes, sors de ce corps ! Mais de la musique, il ne peut même plus en venir du moulin à eau qui a pris lui aussi pris sa retraite depuis longtemps. Il est un peu le symbole de ces lieux que la littérature, entre autres, a le devoir de sauver de l'oubli. 

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    Loïc LT  

  • CR306 : au commencement du septième jour - Luc Lang

    au commencement du septième jour.jpgJe continue à faire des fiches de lecture parce qu’à la base, c’est la raison d’être de ce blog, parce que ça m’oblige à écrire et aussi parce que je ne conçois plus lire un roman sans écrire ensuite ce que j’en ai pensé. Donc, il me reste des souvenirs des romans que j’ai lus avant 2006 mais cela reste juste de bons ou de mauvais souvenirs mais je n’ai plus le ressenti précis que j’en ai eu après la lecture. Aujourd’hui, faire un compte rendu me semble indispensable à tel point que lorsque je lis, je suis déjà dans l’optique du compte rendu. Je ne dis pas que c’est la finalité de la lecture, la lecture est avant tout un plaisir et la littérature un moyen de comprendre ce monde et l’intimité de mes congénères.

    Voici donc un petit préambule que je tenais à écrire car dernièrement, quelques gens de “la vraie vie” m’ont dit qu’ils lisaient mon blog avec plaisir sauf les comptes rendus de lecture...Je peux comprendre. Je ne veux pas être condescendant vis à vis de ceux qui ne lisent pas, ils ont d’autres occupations tout aussi louables mais si en plus il faut lire un compte rendu d’un roman qu’on ne lira jamais...quel intérêt ?  Ça ne peut intéresser que des lecteurs qui cherchent des idées de lecture et qui font des recherches sur tel ou tel roman.

    Passons maintenant au roman proprement dit, estampillé ‘rentrée littéraire 2016’, ça sort du four donc, c’est soumis à des critiques dans la presse spécialisée, c’est bien exposé dans les librairies et tout et tout (on peut peut-être même le trouver dans la médiathèque de Pleugriffet).

    Il s’agit d’un roman d’une facture assez conventionnelle. L’auteur nous raconte l’histoire d’une famille française aisée (pas locataire donc -). Thomas, le mari travaille dans une boite informatique où l’on fabrique des logiciels ayant pour but de surveiller à la trace les employés des entreprises acheteuses. On le critique beaucoup pour ça. Camille, sa femme, travaille en Normandie dans une multinationale et occupe un poste à grosses responsabilités où il faut signer de gros contrats et tout, ce qui fait qu’elle ne rentre dans la maison familiale à Paris que le weekend. Deux enfants. Famille normale. Puis le drame. Camille est victime d’un accident de voiture en rentrant de Normandie le vendredi soir. Après une longue hospitalisation, elle décède. Thomas ne comprend pas les circonstances de l’accident. Logiquement, pour rentrer, Camille prend l’autoroute Le Havre-Paris sauf que là, l’accident a lieu sur une petite départementale ne menant nulle part et donc où elle n’avait aucune raison d’être. Thomas mène sa petite enquête en examinant l’ordinateur de bord mais ses questions restent sans réponse. A ce moment du roman, j’ai dans l’idée que l’enquête sera l’objet du récit. Camille avait-elle une double vie ? Du fait de son poste sensible, a-t-elle subi un sabotage de la part des concurrents ? Mais on n’en saura pas plus. L’auteur laisse tomber l’affaire. Fin du livre 1. 

    Livre 2, on retrouve Thomas en montagne (Pyrénées ?)  dans la maison où il a grandi. Il y vient régulièrement. Son frère Jean y tient une bergerie. Thomas fait des excursions en montagne. Les enfants, Anton et Elsa sont heureux, ils participent aux travaux de la ferme et en hiver profitent des plaisirs de la neige. Jean adore ses neveux. On parle un peu de Pauline, la petite sœur partie au Cameroun ouvrir des dispensaires et puis on apprend aussi des secrets de famille, que le père n’est pas mort accidentellement justement du fait d'un de ces secrets. Je ne vais pas tout dévoiler.

    Livre 3, Thomas a laissé ses enfants à sa mère et retrouve Pauline après moult péripéties. Il s'accommode mal de la vie au Cameroun, de la chaleur, de la mentalité etc etc mais il s’y fait. Il suit Pauline dans ses pérégrinations et tente de la convaincre de rentrer en France mais elle refuse. Quand on vit longtemps en Afrique, même dans le plus profond dénuement, on ne veut pas rentrer (c’est le syndrome Rimbaud).

    Voici globalement de quoi il en retourne. Mon avis est mitigé. J’ai trouvé que la mort de Camille était vite passée au second plan même si le changement de vie de Thomas après l’accident est lié à ce drame mais le fait est qu’à la fin du roman, on n’en sait pas plus sur sa personnalité qu’au début. On voit bien sa fuite en avant mais jamais il n’est question du manque. La psychologie de Thomas reste un mystère. Seul l’amour (naturel) qu’il porte à ses deux enfants et  la façon dont il essaie de les soutenir est évoqué mais le malaise vient de ce qu’on a le sentiment que Camille n’est qu’un élément de sa vie et qu’il est passé à autre chose. Cette fuite en avant qui  suit (qui conduira à la perte de son boulot) est-elle une façon de provoquer une rupture brutale afin de ne pas s’apitoyer et vivre dans le deuil perpétuel ? Thomas apparaît pourtant comme un homme sensible mais on ne peut guère en dire plus. Un roman de 514 pages pouvait se permettre de pousser plus loin l’introspection. Ce ne fut pas le choix de Luc Lang qui a préféré faire de son roman une sorte de  road-movie avec un petit détour par la case "retour aux sources". Pour enfoncer le clou, le roman est truffé d’anecdotes qui n’apportent rien comme par exemple les détails techniques dans la boite informatique qui est plus un terrain de combat de coqs qu’une société soucieuse d’apporter satisfaction à ses clients.

    A vouloir trop en dire, à vouloir épuiser son sujet, Luc Lang a oublié l’humain, les conséquences de la perte d’un être proche. Et je dois être plus con que la moyenne, je ne comprends pas le titre. J’ai plusieurs interprétations mais peu importe, je ne l’aime pas, il est trop long et fait mal aux oreilles.

    lecture octobre 2016, sur liseuse kindle , (544 pages en version papier), éditions Stock, parution août 2016, note : 2/5

    Loïc LT

    (correction ortho et coquilles à venir)

  • recensement des cabines # 77 - Larmor-Plage (Morbihan)

    On n'est jamais aussi bien qu'à certains endroits. Dimanche 23 octobre, 09h00, il fait frais, la pluie menace et sur la place c'est le marché dominical. Je m'arrête furtivement devant l'étalage d'un vendeur de vêtements marins et la seule chose qu'il me dit c'est que c'est pas chinois. J'avais rien demandé moi mais cet argument de vente m'a paru inutile, déjà parce que je n'avais pas l'intention de lui acheter quoi que ce soit et ensuite, le fait que ce ne soit pas chinois ne veut pas dire que c'est français. C'est d'ailleurs ce que je lui ai répondu 'mais ce n'est pas français non plus ?'. Il me répond 'non, c'est portugais' et pour ne pas partir fâchés, je lui lance une réplique qui ne restera pas dans les annales de Larmor 'ba c'est européen, c'est déjà ça'. 

    Il faisait vraiment frais, le vent donnait du fil à retordre aux vendeurs du marché sans compter qu'un policier municipal contrôlait que tout ce monde était bien en règle. Il ne faisait donc pas bon vendre à Larmor-Plage en ce 23 octobre 2016. Alors on est rentré dans un bar (le Cytrus de mémoire) prendre un café et comme ils ne vendaient pas de croissants, je suis allé en acheter. Chemin faisant, j'ai revu la cabine près du Crédit Mutuel de Bretagne, celle que j'avais pris lorsque j'étais venu en mars voir MH Lafon.

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    Je ne me souvenais plus mais quelqu'un m'avait pris en photo. 

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    Après être revenu au café (dans lequel Prisca ne dansait pas sur la table) ,  elle m'a raconté, tandis que nous dévorions nos croissants et un far pour ma pomme,  qu'elle était venue à Larmor-Plage avec Chloé il y a quelques semaines, qu'elle avait vu cette cabine, qu'elle l'avait photographiée et qu'un autre type en faisait de même. Surpris par cette coïncidence, ils ont engagé une brève discussion et il s'avère que le mec la prenait en photo pour rappeler à la mairie que cette laideur n'avait rien à faire si près de l'église...qui le soir où je suis allé, brillait de mille feux. 

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    Il faut suivre hein ? Parce que j'évoque le présent et différents moments du passé....et encore ce n'est pas fini parce que j'ai pris mes plus belles photos de Larmor-Plage pendant l'été 2013. Mais je ne sais pas si j'aurai le courage de les mettre. Mais bon, donc, nous sommes au bar, croissant, far, grand café et vue sur le triste marché.

    recensement des cabines, cabine téléphonique, larmor-plage, océan atlantique

    Et préalablement, en arrivant dans la ville, Prisca m'a offert une cabine clé en main, une cabine qu'elle avait découvert lors d'un rencard avec un amant ou un autre truc dans le genre. Cette cabine se situe plus loin de la mer. C'est vraiment une chance qu'elle soit recensée ici parce qu'elle se situe dans un endroit où elle n'a rien à faire, où il n'y a rien à faire, rien à voir. On se demande parfois pourquoi des endroits existent. 

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    J'ai pas envie de parler plus de ces édicules. Larmor-Plage vaut mieux que ça. C'est une station balnéaire très prisée par les pleugrifétois et accessoirement par les lorientais et anecdotiquement, plus vers l'est, beaucoup de  villas de luxe sont les demeures des joueurs du FC Lorient. C'est un brin cossu et le front de mer est magnifique. Je ne m'en lasse jamais. Lors des grandes marées, la mer vient s'abattre contre ces maisons des années 30 et régulièrement la presse se fait l'écho de quelques désagréments subis par ces bâtiments qui en verront d'autres. 

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    En fouillant dans mes archives, je tombe sur cette cabine qui doit se trouver sur la promenade le long de la mer. J'avais complètement zappé celle-là. Photo prise le 22 juillet 2013, jour où je prenais mon pied dans l'océan Atlantique. Voyez comme mon visage respire le bonheur et les joies de la baignade. 

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    Ce blog n'est pas un guide touristique. Tapez Larmor-Plage dans Google et vous aurez des photos à la pelle. Moi je vous dis juste que cette ville dispose de trois cabines, et que c'est assez rare pour si peu d'habitants (en hiver) et je vous dis aussi que ce 23 octobre 2016, on a bu un café très tôt le matin, ensuite, on a voulu aller se promener sur le bord de mer et il s'est mis à fortement pleuvoir alors on est rentré dans une librairie-papeterie où on a fait le plein de magazines et comme en sortant, c'était toujours pareil, je me suis proposé pour aller chercher le parapluie dans la voiture pendant que Prisca m'attendait à l'abri de la devanture de ladite papeterie. On était garé à 5 minutes devant cet immeuble à propos duquel on a échangé une discussion après s'être garé. Globalement, on était d'accord sur tout. L'architecture tient encore la route mais l'ensemble a besoin d'un rafraîchissement. Mais là, ce soir, en le revoyant, je me demande pourquoi on a tant causé d'un immeuble pas si moche que ça en fait. 

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    Je suis revenu avec le parapluie troué mais à peine étions-nous sur le front de mer, déjà à chercher un restaurant pour déjeuner (alors que je n'avais pas encore digéré mon far) qu'il devenait difficile de marcher, de tenir le parapluie sans manche et de garder sa mauvaise humeur. Alors, on a quitté Larmor-Plage un peu amers. Cette note est à l'image de cette balade. Triste et terne. C'est bien aussi que l'écrit soit à l'image de l'état d'esprit. N'empêche qu'une note 'cabine' avec trois cabines....vous m'en direz tant. 

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    Loïc LT

  • marathon de Vannes 2016 (façon roman)

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    Au début du roman, le narrateur nous présente une foule de gens déguisés en coureurs à pied. Ils attendent le départ d’une course sur une route qui longe les remparts de Vannes. On apprendra plus tard qu’il s’agit du marathon de Vannes, édition 2016. Il décrit une ambiance festive. Il est neuf heures du matin et un feu d’artifice illumine le ciel pourtant déjà bien lumineux de la capitale du Morbihan. Ensuite, l’auteur attire l’attention du lecteur vers un type qui s’appelle Loïc et qui discute avec deux autres types d’une drôle d’affaire qui lui est arrivée la veille dans un bus de Pleugriffet (pour faire court, il s’était accroché avec un voyageur au long cou portant sur sa tête un chapeau qui était entouré d’un ruban et cet excentrique ne cessait de le bousculer dès que l’autobus tanguait un tant soit peu et le pire c’est que le soir, il est retombé sur le même type qui buvait une bière au Bistroquet et qui agaçait un autre consommateur parce que ce dernier avait décalé les boutons de son pardessus) . Loïc a une petite quarantaine d’année, ressemble à Mr Tout le Monde et porte le dossard 1428 nous précise l’auteur. Ensuite, une centaine de pages est consacrée à la biographie de ce type natif d’Hennebont et qui recherche obstinément et contre le sens commun un type qui s’appelle Beauchamp qui apparaît furtivement dans un roman de Patrick Modiano. Comment un homme qui mène une vie normale et ne présentant aucune anomalie psychiatrique peut-il prétendre retrouver un personnage de roman ? Chaque être humain recèle bien des mystères. 

    Dans le second chapitre, on revient sur la ligne de départ. 16 octobre 2016, 9h30. Un tir d'obus de mortier retentit et les 1800 coureurs entassés et joyeux dévalent la route qui mène vers le port de Vannes et Loïc court en compagnie d’un des deux camarades prénommé Auguste avec qui il discutait de cette fameuse affaire arrivée la veille. L’auteur nous apprend qu’ils ont décidé de faire le début de la course ensemble (le troisième larron étant parti devant). Au début tout se passe bien, ils courent plus vite que prévu et Auguste demande parfois à Loïc de ralentir. Après avoir quitté le port, ils se retrouvent très vite en campagne et Loïc fait part alors à Auguste que c’est impressionnant de se retrouver en pleine cambrousse alors que quelques minutes avant ils couraient au centre ville. Le duo court toujours ensemble mais Loïc mène la cadence et ses lèvres bougent alors qu’il ne parle pas, bizarre. On apprendra plus tard qu’il se récite le bateau ivre sans fin pour oublier le mouvement de ses jambes.

    Après la campagne, les coureurs longent le golfe du Morbihan et reviennent en ville et  certains commencent déjà à être dans le dur notamment Auguste, mais Loïc, solidaire jusqu'à une certaine limite l’attend. Au 23e km, Auguste donne plus ou moins l’autorisation à Loïc de partir devant. Ce dernier ne se fait pas prier et jusque la fin, il ne  cesse de doubler, doubler sans fin, il court même plus vite qu’au début. Il ramasse des coureurs comme le cantonnier les feuilles mortes et toujours récite le poème de Rimbaud qui lui donne cette force d’oublier la douleur car même s’il court sans difficulté, il sent bien qu’il n’est pas qu’une ombre qui court mais un corps humain de 75 kgs qui commence à se demander pourquoi le type qui le gère l’oblige à tous ces efforts.

    maratonvannes.jpgL’auteur nous montre bien cette dualité entre la difficulté de faire avancer un corps à une allure soutenue et l’état d’esprit qui anime ce corps. C’est l’occasion aussi de nous faire découvrir le parcours atypique de Loïc, féru de littérature, mais en même temps amateur de football et de marchés financiers et ce fameux soir où lors d’un rassemblement politique, il s’écria soudain “le capitalisme est un humanisme”.

    Dans le dernier chapitre, on retrouve le coureur qui atteint enfin son but. Il rentre sur le stade de Kercado après 42 kilomètres de course et en profite pour doubler une dizaine d’éclopés ne voyant pas la moitié de leur misère. L’auteur ne rentre pas dans les détails techniques mais sur la dernière page, on a le droit à un relevé avec le temps final (3h40 pour un objectif de 4h00 et 331e/1800).

    Ce roman laissera tout le monde sur sa faim. Les amateurs de courses à pied n’y verront que des digressions sans intérêt sur la vie et les passions d’un coureur à pied dont la vie ne présente pas beaucoup d'intérêt  et les littéraires trouveront le style quelconque. Ce livre ne devrait donc pas rencontrer son public...à part peut-être le protagoniste lui-même....et encore. 


    “le coureur ivre”, 228 pages, éditons PleugriffretEdi. parution : octobre 2016. disponible nulle part.

    Loïc LT (sur la photo du haut, suis à droite à un mètre du ballon rose)

  • tentative d'explication : danser sur la table - Vincent Delerm

    Toi, tu disil me manque, tant de choses je n'sais pas, toutes les choses qui me manquent”.

     

    Toujours je reste là, effacé, incapable de parler fort comme ça, de danser sur la table

     

    Toi, depuis le départ, tu as raté cent fois, un amour, une histoire

    Un geste maladroit, un garçon inflammable

    Et une autre que toi a dansé sur la table

     

    Toi, tu dis ‘je préfère les étés sous les toits, La plage, le rayon vert’.

    Je fais ça juste là, pour retirer le sable. 

    Ne me demandez pas de danser sur les tables. 

     

    Toi, tu disil me manque tant de choses tu sais toi, 

    Toutes ces choses qu'il me manque, 

    Et ma vie passera, et ma vie incroyable

    Et je vivrai comme ça sans danser sur la table”. 

     

    . en italique : la femme parle

    . en caractère gras : le type parle

    Ce qui me perturbe dans cette chanson triste comme un dimanche soir pluvieux, c’est de savoir qui s’exprime à tel moment et surtout qui ne veut pas danser sur la table. Spontanément, je vois un couple avec un homme effacé, qui n’aime pas trop faire la fête, qui préfère les étés sous les toits, la plage, le rayon vert (?) et une femme plus délurée, qui s’ennuie dans le couple et à qui il manque un homme exubérant capable de danser sur la table, n’importe quand ou en fin de soirée. La femme s’ennuie à tel point que son mari finit par admettre que depuis le départ de leur relation, elle a raté cent fois un amour...une histoire, un homme inflammable et du coup c’est une autre qu’elle qui a dansé sur la table (donc, l’idée c’est que c’est la femme qui veut danser sur la table ? ) et donc le type qui dit qu'elle a raté tout ça accepte d'être trompé ?

    Donc, je vois ça comme ça mais le texte prête à confusion. De toute façon, l’histoire de ‘danser sur la table’ est une métaphore de ce grain de folie qui manque dans la vie de ce couple. 

    Le texte est très court, mon commentaire aussi. Il est très court et plus simple qu’il en a l’air..il faut juste bien placer la ponctuation parce qu’il n’est pas évident au départ que ce soit le mec qui dit ‘je préfère les étés sur les toits….’ On le devine juste par rapport à ce qu’on a lu avant. C'est le problème avec Vincent Delerm, c'est qu'il écrit comme il parle. 

    Dans la dernière strophe, la femme se fait fataliste, elle ne semble pas vouloir changer de vie ‘et je vivrai comme ça sans danser sur la table’. Et quand elle dit ‘ma vie incroyable’, c’est évidemment de l’ironie, sa vie de merde en fait.

    Vous pouvez retrouver ce titre sur Deezer ou autrement, en vidéo dans la note d'avant. 

    Bon, j'y vais, on va souper. Je vais m'installer à table et faire mon ronchon. Les paysans ne parlent pas à table !

    Loïc LT, psychanalyse de bazar.

     

  • nouvel album - Vincent Delerm répond présent.

    album "à présent". Vincent Delerm. octobre 2016

     

    chanson française,musique,variété française,vincent delermJ’allais intituler cette note en attendant Doré mais je me suis ravisé, ça aurait rabaissé Vincent Delerm. Bien sûr qu’on attend avec impatience la livraison finale du nouvel album de Doré (mais je pense que les quatre titres qu’il a déjà sortis sont les meilleurs) mais le nouvel opus de Vincent Delerm ne mérite pas cette soumission.

    Je n’ai lu aucun papier concernant à présent (genre dans Télérama, Libé ou la Gazette du Centre Morbihan) par peur d’être influencé. J’ai juste lu un gros titre je ne sais plus où sur l’air du temps que Vincent Delerm semble avoir capté et je suis obligé de reprendre cette expression tant elle colle bien à cet album aussi prévisible venant de Delerm que déroutant.

    Prévisible parce que ce chanteur  a, depuis le virage des piqûres d’araignée,  trouvé un filon et creusé un sillon qui peut toucher certains et laisser d’autres de marbre. Je fais partie des premiers. Grand fan du cinéaste Claude Sautet, je ne peux m’empêcher de retrouver dans les chansons de Delerm une façon de raconter son époque avec une sensibilité à fleur de peau qu’on retrouve chez le réalisateur. Et comme on gagne en sagesse avec l’âge (sauf moi), et que Delerm touche d’abord le public de sa génération, chaque nouvel album semble plus abouti et surtout parle encore plus au public en question, c’est à dire aujourd’hui aux jeunes quadras (dont je suis encore -).

    Déroutant, parce que pour enrober ses textes (qui ne sont pas travaillés façon Doré, Delerm préfèrant le style “parlé’, procédé qui peut donner du fil à retordre parfois, je sais de quoi je parle), il s’est entouré d’un orchestre symphonique où se succèdent cordes et cuivres et autres instruments. On notera également que le piano est mis en avant à tel point qu’on en perçoit toute la mécanique.

    Venons-en aux chansons. L’album compte 11 titres dont l’un un été, situé au milieu de l’album est une délicieuse symphonie comme pour reposer l’auditeur et le faire réfléchir sur ce qu’il a déjà écouté et le préparer à la suite.

    L’album parle d’amour, du couple (plus que jamais enclin à la monotonie lorsqu’on dépasse 40 ans - voir titre danser sur la table sur lequel je reviendrai-), du charme féminin (je ne veux pas mourir ce soir en écho à l'actualité), du bonheur présent (à présent), de la promesse de l’avenir (la vie devant soi), la nostalgie de l’enfance (le garçon, magnifique autobiographie)...

    Vincent Delerm maîtrise parfaitement l’art de la variété française et comme il sait que sa voix est un peu plaintive, des chœurs féminins l’accompagnent pour équilibrer le tout afin de donner sur le fond comme sur la forme à cet album une note plus optimiste qu’il n’y paraît.

    Cet album me touche profondément parce qu’il montre que l’homme même filant vers le quart de siècle est plein de failles, de doutes, empreint de nostalgie (et empreint d'emprunts), autant de raisons pour lesquelles il faut profiter du présent...

     

    Nous sommes les yeux, les larmes, en retrouvant trente ans après sur notre enfant les mêmes alarmes pour les choses qui nous alarmaient. Nous sommes la vie ce soir, nous sommes la vie à cet instant et je te suis sur le trottoir et je te regarde à présent...à présent. (titre à présent)

     

    Ma préférée est danser sur la table mais j’y reviendrai ; elle vaut une note à elle toute seule, voire une thèse. 

    Loïc LT 


  • CR305 : tropique de la violence - Natacha Appanah

    tropique de la violence.jpgLe souvenir de l'étranger m'habite. A chaque fois qu'un ado désoeuvré est livré à lui-même dans un pays exotique, je repense tout le temps à Meursault et tente de trouver des points communs. En plus, ici, Moïse, le héros de ce roman polyphonique voit sa mère adoptive s'écrouler sous ses yeux (sans doute victime d'une crise cardiaque) et au lieu d'appeler les secours, il reste de marbre, fait comme si de rien n'était, dort même dans la maison puis s'en va rejoindre le bidonville de Mayotte, portant sa casquette NY. Cette mère adoptive, c'était la Française qui l'avait adopté après qu'il ait été abandonné par une réfugiée arrivée illégalement des Comores via un bateau de fortune (appelé kwassa là-bas si je me souviens bien). La mère l'élève comme un enfant blanc, il fréquente les beaux quartiers, l'école française et puis après son décès brutal, comme poussé par un instinct primitif, il rejoint les lieux de ce qu'il est au fond : un enfant du pays. Il traîne alors dans l'immense bidonville de Mayotte qu'on appelle là-bas Gaza et fait la rencontre de Bruce, le chef de gang qui va précipiter sa perte.

    Le roman polyphonique n'est pas trop ma tasse de thé. Je préfère qu'il n'y ait qu'un seul narrateur et j'ai déjà expliqué la raison plein de fois sur ce blog et je n'ai pas envie de redire pourquoi. Nonobstant ce dispositif, tropique de la violence tient la route et vaut surtout pour sa valeur documentaire. On imagine mal que la république française (dont Mayotte est le 101ème département mais politiquement l’affaire pose toujours problème) compte un territoire où règne une telle violence, à part évidemment dans des quartiers bien délimités où les français  vivent comme dans des ghettos de luxe.

    En dehors de cela, la personnalité de Moïse est attachante en même tant qu’agaçante. Le parallèle avec Meursault n'est donc pas dénué de fondement. Moïse souffle le chaud et le froid, relit sans cesse le même livre (l'enfant et la rivière de Henri Bosco) mais est attiré par le danger.

    Les services sociaux de l’Etat Français ou des ONG  en prennent pour leur grade (il ne servent à rien sauf à se faire vandaliser leurs locaux) et Mayotte non plus n'en sort pas grandi malgré des descriptions époustouflantes des plages et de la nature luxuriante (faut que je fasse gaffe à ce que je raconte parce que je connais quelqu'un - très bien même - qui connaît quelqu'un qui y est en ce moment).

    Tropique de la violence vaut le détour et Mayotte aussi paraît-il ! C’est une destination touristique peu prisée mais pour ceux qui souhaitent s’y rendre en partant de Pleugriffet via le Canal de Nantes à Brest (hein Julie Schittly), on peut débuter son voyage en partant de  l’écluse de Cadoret en navigant sur l’Oust et puis une fois arrivé à Nantes, couler son bateau d’une manière ou d’une autre (perceuse avec gros forêt, masse, dynamites…) et se rendre à l’aéroport, prendre le  premier avion pour Paris et à Paris trouver une hypothétique correspondance pour Mayotte. Il faut arrêter de voir des difficultés là où il n’y en a pas. Les choses sont souvent plus simples qu’elles en ont l’air.

    lecture octobre 2016, sur livre papier (emprunt médiathèque Quatro à Baud), 175 pages, éditions Gallimard, parution août 2016, note : 3/5. 

    Loïc LT

  • D'une publicité dans la Gazette (du Centre Morbihan)

    Elle est présente en première page et puis deux ou trois fois à l'intérieur de cet hebdomadaire local qui ratisse comme l'indique son nom tout le centre Morbihan ( mais Pleugriffet surtout). Ma femme est tombée dessus (mais elle ne s'est pas fait mal, je vous rassure)  pendant le petit dèj et m'a demandé si rien ne me choquait.

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    Je ne sais pas si j'ai trouvé la réponse de suite. J'étais moi-même en train de me poser des questions sur le bon sens de certains journalistes (un article avec ce titre : y-a-t-il trop d'étrangers sur Terre ? m'avait interpellé ce matin-là. Pour moi, ce titre ne veut rien dire à part qu'il y a trop d'extraterrestres sur notre planète mais ce n'est évidemment pas ce que voulait dire le sociologue Augustin Barbara dans son point de vue). 

    Cette publicité - dans la Gazette n°1885 dont une page est consacrée à un artiste de Pleugriffet nommé Tahar Ichalalen (et non Ichalen comme l'écrit la Gazette) qui travaille le bois d'arbre ( son site : skuldhurtaar.jimdo.com ou cliquez directement ici ) et qui est arrivé à Pleugriffet en bateau en 2008 mais n'a pas acheté de moulin - présente deux défauts.

    Le premier est qu'on ne sait pas ce que vend la boutique. A première vue (pardon du jeu de mots), on penserait à des lunettes. Et bien non, ce sont des chaussures.

    Le deuxième défaut est le nom de la boutique : de toute les façons. Ma femme m'a dit qu'il manquait un S à toute, ce que j'ai confirmé. J'ai regardé sur GoogleMap comment se présentait la vitrine, hélas, le cliché date de 2008 et le magasin n'existait pas. De toute façon (pas de S ici -) , il n'y a pas photo, que Google le veuille ou non,  ( car il y a à boire et à manger dans les réponses...même les pages jaunes ne mettent pas de S mais la page de Locminé Commerce en met), il y a un S à toute. A la limite, on pourrait considérer que le nom d'un magasin constituant un nom propre, on peut l'orthographier comme on veut. Mais c'est un argument léger comme 10kgs de plumes. 

    Mais moi, je m'en fous, je n'ai pas besoin de lunettes et quand bien même j'en aurais besoin, je n'irais pas en acheter dans un magasin qui vend des chaussures 1, rue du Fil à Locminé.

    Enfin, pour illustrer cette note triste comme ce dimanche matin brumeux, voici un exemple du travail de Tahar, artiste polyvalent qui a le bonheur d'exercer ses talents à Pleugriffet (mais je ne suis plus très sûr qu'il soit arrivé en bateau en fait). 

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    Loïc LT

  • recensement des cabines # 76 - Pleugriffet (56)

    En ce samedi 26 mars 2016, alors qu'il pleuvait des hallebardes, personne à Pleugriffet ne s'attendait à voir débarquer le recenseur de cabines et pourtant, c'est bien lui qui a garé sa R11 électrique rutilante un peu n'importe comment sur un trottoir. 

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    Le recenseur a fait une visite rapide puisqu'il avait par ailleurs dans la journée déjà visité Bieuzy, Crédin, Guern, Kerfourn, Malguenac et qu'il lui restait encore à faire Réguiny et Rohan. C'est donc incognito et affublé d'un bonnet ridicule qu'il a arpenté les rues du bourg de Pleugriffet. Les habitants calfeutrés dans leur demeure ne pouvaient s'empêcher de regarder par les fenêtres cet hurluberlu prenant des photos de tout et n'importe quoi. 

    Le recenseur qui courait dans tous les sens et marchait à reculons a fait un état des lieux architectural du bourg constatant avec indifférence une certaine hétérogénéité (néo-bretonnes, chaumières, années 30..), donnant au tout un charme suranné propre à ces villages qui ne doivent leur survie qu'à l'obstination de certains à ne pas déguerpir par le premier bus Macron passant dans le coin. 

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    Mars étant les jonquilles (ou les narcisses, c'est pareil) donnaient un peu de couleur à la vie.

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    La boulangerie de Anne et Fabrice Legeai était ouverte et le recenseur a eu l'indélicatesse de noter la faute d'orthographe sur le panneau annonçant les spécialités maison. Il y a des choses qui ne se font pas surtout quand on n'est pas soi-même exemplaire en la matière. 

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    Allez, je reprends la main, j'en ai marre de la 3ème personne du singulier. Ba oui, j'assume et je l'ai déjà dit. Je tolère les fautes dans les mails ou autres mais pas sur les vitrines. Quand on installe sa vitrine, la moindre des choses est de vérifier autant que faire se peut si tout est en ordre. Bon, je ne vais pas me faire d'amis sur cette affaire-là....l'essentiel est que le pain est bon (et que le far soit sans pruneaux). 

    Cette maison avec des beaux rideaux doit être un ancien bar qui s'appelait le Nemrod qui, si mes recherches s'avèrent correctes signifie le chasseur en français. Beaucoup de troquets portent ce sobriquet en Bretagne. 

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    Voici ce qu'on pourrait appeler l'artère principale de Pleugriffet. Le bar s'intitule le Bistroquet et c'est le seul qui reste avec le café de la Place qui se situe quelque part mais où, sur la place sans doute. 

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    L'église Sainte Ernestine de Louvois est de style moderne et demanderait un ravalement de façade dans les coins. Le recteur Père Michel Gautier (qui a aussi en charge Radenac, pauvre de lui) est secondé par Raymond Pasco, diacre de son état. Cette note est trop sérieuse, presque trop grave. Est-ce la monotonie des lieux qui m'a ôté mon second degré Celsius ? On fera avec. Une note ne fait pas une autre. 

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    Venons-en désormais à l'objet de la note : la cabine téléphonique. L'autre jour, Beauchamp me l'a envoyée par texto en me laissant deviner où elle se situait et je ne l'ai pas reconnue. Lorsqu'il m'a dit qu'elle posait à Pleugriffet, je lui ai même répondu que je n'avais pas visité ce bourg, preuve en est qu'il m'a marqué !

    Pas plus que l'édicule, le ridicule ne tue pas ! J'étais accompagné de Cabino ! C'était avant son décès et j'ai une pensée émue pour lui. Il m'a accompagné dans beaucoup de  périples et s'est retrouvé dans bien des positions ! Merci pour tout Cabino et que le dieu des peluches te garde !

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    Cette cabine fonctionne parfaitement mais qu'en direction de celle de Radenac. Son numéro est le 02 97 22 40 53. Les pleugriffétoises qui trompent leur mari sont donc tranquilles quand elles veulent discuter avec les radenacois qui trompent leur femme. Je ne sais pas si c'est drôle ça. Et pourtant, je ne peux pas toujours mettre mes blagues lourdes sur le compte de la fatigue.

    J'ai plein d'autres photos mais je suis las de ce monde ancien ! J'ai rejoint ma R11 et il pleuvait tellement que j'ai eu du mal à la reconnaître. 

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    Et quand je suis parti, je ne savais même plus quel bourg je quittais. 

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    Et ce soir, en écoutant le requiem de Gabriel Fauré, j'ai écrit ça. A prendre ou à laisser. J'assume. 

    Pleugriffet, rien n'y fait
    Plus j'y pense, moins j'avance.
    Toute idée sur le champ se défait
    Et il ne reste que béance.

    À moins que...

    Enchanté de te connaître,
    Pleugriffet.
    Caresse-moi de promesses
    Avant de disparaître.

    Attends de disparaître !
    Bourg breton,
    Car je voudrais te soumettre
    Des questions

    Dis-moi ce que tu caches
    Derrière ta triste mine
    Combien d'enfants dans tes flaches
    Ont trempé leur blue-jean

    Dis-moi ces couples cachés
    Tard le soir derrière l'if
    Si vieux que le clocher
    Le pense primitif.

    Parle moi des eaux calmes
    Du canal qui refoule
    Et des elfes qui se pâment
    Quand les hommes se saoulent

    Et puis surtout, raconte
    Ta cabine mal famée
    Si moche que j'ai honte
    Sur mon blog d'en parler...

    (Juste des pensées comme ça. À trier...le canal qui refoule...euh oui. À Pleugriffet, il refoule -)

    visite le samedi 26 mars 2016. Arrivé à 17:18, départ à 17:28 (10 minutes sur zone donc, tu m'étonnes que je l'avais zappé). Maire : René Jégat. 1200 habitants. Le bourg se situe dans un champ entre Pontivy et Josselin. Puisqu'on parlait de fautes, à signaler sur le site officiel du bourg qu'on a écrit "ballade" au lieu de "balade". Faute courante mais quand même -)

    Loïc LT  

     

  • CR304 : les gens dans l'enveloppe - Isabelle Monnin

    les gens dans l'enveloppe.jpgQuelques personnes parfois me demandent d’écrire un livre (roman ou autres). Ecrire, c’est chouette, mais il faut avant tout avoir le talent pour ça et je suis le mieux placé pour savoir que je ne l’ai pas et par ailleurs il faut une idée. Et l’idée, je ne l’ai pas. Je parle de ça parce que les gens dans l’enveloppe, c’est avant tout une idée géniale ! Sur Internet, l’auteure achète sans trop savoir pourquoi une enveloppe contenant des photos défraîchies d’une famille quelconque. Ensuite, passée l’interrogation sur la raison pour laquelle une famille se débarrasse de ses photos, une idée lui vient. A partir de ces clichés (rarement légendés), elle va écrire un roman. C’est la première partie du livre. Dans ce roman, en s’appuyant évidemment sur les photos et en attribuant des prénoms aux gens (sauf ceux dont la photo donne le nom), elle imagine l’histoire de cette famille dont elle ne sait rien, pas même l’endroit où elle habite. Le personnage central est une jeune fille très belle qui s’appelle Laurence et qui attend désespérément le retour de sa maman qui a fui avec son amant en Argentine. Plus tard, elle part d'ailleurs en Argentine à sa recherche (j'espère qu'elle n'est pas tombée sur les rustres du CR303 -)...pour ceux qui suivent ce blog...

    Ensuite, une idée géniale appelant une idée lumineuse, elle se décide à aller à la rencontre de cette famille, sans être trop certaine de pouvoir la retrouver. Les photos datent et elle n’a que très peu d’éléments à part que les gens habitent en Bourgogne. A partir d’un petit indice (un rectangle blanc sous l’horloge du clocher), elle parvient à trouver le lieu. Il s’agit du bourg de Clerval dans le Doubs. Elle se rend sur place et aidée par des clervalois férus d’histoire locale, elle retrouve la trace de la famille. Elle prend contact. Ceux qui étaient âgés sur les photos sont morts et les plus jeunes ont vieilli (comment parler pour ne rien dire) . La famille se prête au jeu. Et évidemment, leur histoire n’a rien à avoir avec celle inventée par l’auteure.

    Donc le livre se divise en deux parties : le roman et l’enquête. Le roman m’a laissé sur ma faim. J’ai trouvé qu’il manquait de souffle et d’ambition. Quand on a une si belle idée, on l’exploite au maximum. L’enquête par contre m’a complètement chamboulé. A force de s'immiscer dans la famille, Isabelle Monnin a fini par s’attacher à elle. Son projet est devenu une obsession. Son but était de retrouver une jeune fille qu’on voit sur la photo (Laurence) dont les parents se sont séparés  mais c’est Michel, le père de Laurence qui s’avère être le personnage central. Il est le lien entre les grands-parents décédés et sa fille Laurence qui vit dans une villa moderne de Clerval. Michel a 67 ans au moment de l’enquête, sa vie est derrière lui mais l’arrivée d’Isabelle Monnin avec son enquête aussi étrange qu’incongrue va lui donner un second souffle et il va se nouer un lien très fort entre lui et Isabelle (même si à la base, c’était mal parti car elle a voulu faire croire qu’elle voulait acheter la maison de famille ce que Michel a mal pris). J’abrège bien sûr, toute la famille est de la partie et l’enquête est l’occasion aussi d’évoquer Clerval ( à défaut de Persquen) , bourg de 1000 habitants assez industrialisé et les mutations qu’il a connues. La famille M (évidemment, l’auteure a la délicatesse de ne pas dévoiler le vrai nom), ses déboires, ses joies, ses peines, Clerval, l’histoire de France, c’est tout cela qui est convoqué dans ce récit. C'est une famille banale, tout comme Clerval et avec si peu de matière (ou avec ce trop plein de matière, tout dépend comment on conçoit la littérature) Isabelle Monnin nous livre un objet littéraire non identifié plus modianesque que les romans de Modiano. Au milieu du bouquin, entre le roman et l’enquête, le livre contient quelques photos trouvées dans l’enveloppe (j’ai mis celle de Laurence en bas de la note). 

    Il y a beaucoup d’émotion sur la fin, quand l’enquête se termine. Le compositeur et chanteur Alex Beaupain (que j’adore par ailleurs) met le tout en musique et certains membres de la famille acceptent de chanter (et Michel, lui, il parle dans le titre -Clerval, Serge - du brocanteur qui est venu vider la maison de famille en prenant entre autres les photos que l’auteure retrouvera plus tard sur le net). J’ai terminé le roman à l’aube et je me suis surpris à pleurer...pour Michel et puis je ne sais pas. Pour le temps qui passe et qui laisse quoi de nos vies à part des photos qui vieillissent mal...peut-être aussi parce qu'on a tous quelque chose de cette famille M.

    Et moi, si j’avais trouvé une enveloppe avec les photos d’une famille inconnue qu’en aurais-je fait ?

    (Sinon, avis aux célibataires, sachez qu’à Clerval sur le pavé, y’a des filles à marier, yen a des petites et des grandes, elles sont toutes à marier, mais personne ne les demande)...chansonnette écrite par un ancien curé de Clerval et qui sert de base à quatre chansons de Alex Beaupain. (Moi, à la maison, pour rigoler quand je la chante, je change les grandes en moches, c'est pas drôle hein ?)

    lecture sept/oct 2016, sur livre papier (et oui, encore !), 408 pages, éditions JC Lattès (livre de poche), parution septembre 2015, note : 4/5. Grand merci à celle qui me l'a conseillé

    Merci à Julie Schittly pour la découverte. 

    Loïc LT

    Voici Laurence ( née en 1975 et fille de Michel et Suzanne), avec son beau pull rayé que sa grand-mère a dû lui tricoter, son regard fugueur et la belle tapisserie derrière. A quoi ressemble-t-elle aujourd'hui, mère de deux enfants et habitant une maison moderne de Clerval ?

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