Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

pleugriffet

  • retour à Pleugriffet

    Il y a quelques temps est paru dans la presse un article dans lequel il était question d'un couple de suisses qui offrait deux tableaux de valeur à la commune de Pleugriffet pour la remercier de son accueil. Ce couple avait acheté un moulin (par le biais d'un bail emphytéotique...à vos dictionnaires -) il y a une trentaine d'années et ce, tout à fait par hasard. Empruntant le canal de Nantes à Brest, Kurt et Ursula Straub ont dû patienter à l'écluse 43 gérée par Bernardette  car elle prenait, comme tout salarié a le droit, sa pause-déjeuner et donc l'ouverture des vannes ne se ferait pas avant 13 heures. Pas du genre à chercher des embrouilles et surtout n'étant pas pressés, Ursula et Kurt sont descendus de leur bateau battant pavillon suisse, ont visité les environs et son tombés sur un moulin en ruine et ce fut le coup de cœur. Après des travaux conséquents, il y sont venus régulièrement et se sont bien intégrés à la commune, René Jégat le maire est devenu un grand ami. Ursula et Kurt Straub faisaient venir des artistes au moulin et par ailleurs possédaient une galerie souterraine à Genève.

    Pour l'instant, je ne me foule pas trop la cheville, je reprends des infos trouvées dans la Gazette et le Ouest-France. Les deux tableaux offerts à la commune sont des réalisations de Roland Dubuc ( décédé dans son atelier en 1998 en Normandie), artiste peintre qui venait régulièrement au moulin. Samedi dernier, je suis allé à la mairie voir de près ces deux œuvres singulières. Je tenais à préciser la gentillesse de la secrétaire de mairie (que j'avais eu dans la matinée au téléphone). 

    PLEUGRIFFET291016 (61)t.JPG

    Si j'aime beaucoup ces toiles représentant un Montmartre rêvé et enneigé, j'ai toujours un peu de mal avec ces encadrements un peu trop rustres et imposants. Mais l'essentiel n'est pas là. C'est l'occasion aussi d'évoquer la figure de Roland Dubuc, originaire de Normandie, peintre prolixe et connu dans le monde entier (mais pas suffisamment pour posséder sa page wkipédia. Il ne tient qu'à un passionné de s'y coller). Sur la fin de sa vie, ses toiles commençaient même à être bien côtées. Roland Dubuc n'était assurément pas un barbouilleur, le cadeau des époux Straub n'est donc pas une plaisanterie.

    Ensuite, je suis resté à Pleugriffet où il m'est arrivé des choses qui n'auraient pas du avoir lieu et que je ne raconterai que lorsqu'il y aura prescription. Par contre, sur les précisions du maire, je me suis rendu au culot voir l'ancienne éclusière qui habite désormais une grande maison dans un lotissement de la commune. Elle m'a accueilli avec gentillesse, m'a tout de suite tutoyé et je lui ai posé quelques questions prétextant l'écriture d'un livre (qui reste une possibilité). Elle m'a raconté sa vie d'éclusière, les conditions de travail et la maison de l'écluse où les conditions de vie étaient sommaires (d'autant qu'avec les 3 enfants et le mari, 5 personnes s'y serraient la ceinture). On a parlé évidemment du couple suisse avec qui elle a gardé de très bons contacts. Je voulais justement savoir si le fait de les avoir fait poiroter une heure devant l'écluse avait créé des dissensions entre eux...mais pas du tout. Vu ce qu'ils ont découvert grâce à elle, comment pourraient-ils leur en vouloir ? Après avoir quitté Bernadette, je me suis rendu sur les lieux de cette belle aventure.

    Aujourd'hui, l'écluse de Cadoret est habitée par la belle-fille de Bernadette. L'endroit est toujours aussi bien fleuri que sur les photos que m'avaient montré l'ancienne éclusière. 

    PLEUGRIFFET291016 (118).JPG

    J'ai discuté un peu avec la belle-fille et me suis promené autour de l'écluse, la fameuse écluse 43. L'endroit n'a pas beaucoup changé depuis que le bateau du couple suisse s'y arrêta. Le saule a sans doute beaucoup pleuré et grandi depuis ainsi que les sapins qui longent le halage sur lequel jadis et j'aime bien repenser à cette idée, des chevaux tiraient sur les péniches dépourvus de moteurs. Il fut une époque où c'étaient même des êtres humains qu'on appelait des haleurs, n'est-ce pas Arthur ? 

    Comme je descendais des Fleuves impassibles,
    Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
    Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
    Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

    J'étais insoucieux de tous les équipages,
    Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
    Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
    Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais....

    PLEUGRIFFET291016 (122).JPG

    Le moulin se situe sur la droite à une centaine de mètres de l'écluse. Chemin faisant, je donnais des coups de pied dans les feuilles mortes sans rencontrer aucune résistance. Comme une feuille est faible et fragile.  Le manoir n'est plus habité mais garde un côté coquet. Sans doute est-il un peu entretenu mais on sent que la végétation a envie de reprendre ses droits. 

    PLEUGRIFFET291016 (136).JPG

    PLEUGRIFFET291016 (140).JPG

    De l'autre côté de l'Oust, les couleurs de l'automne étaient de toute splendeur.

    PLEUGRIFFET291016 (9).JPG

    Sur la boite à lettre envahie par le lierre, le nom Straub apparaît toujours et cela m'a fait un pincement au cœur. J'avais la haine de ce temps qui passe sur toutes les belles choses de la vie...j'imaginais les fêtes au manoir, les artistes installant leur chevalet devant le canal où passaient des péniches chargées de sable (mais pas de blé flamand et de cotons anglais).

    " Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
    Suspendez votre cours :
    Laissez-nous savourer les rapides délices
    Des plus beaux de nos jours !..........a-t-on envie de crier à chaque fois. 

    PLEUGRIFFET291016 (7).JPG

    Je suis resté encore un peu sur le pont. Je cherchais un peu dans cette plénitude et ce calme limpide quelque inspiration. C'est essentiel de s'imprégner des lieux. Les temps sont anciens mais certains lieux gardent toujours la mémoire de leur passé glorieux. Tout ici nous parle de ces temps enchanteurs et en tendant un peu l'oreille, on pourrait presque entendre de la musique venant du moulin. Grand Meaulnes, sors de ce corps ! Mais de la musique, il ne peut même plus en venir du moulin à eau qui a pris lui aussi pris sa retraite depuis longtemps. Il est un peu le symbole de ces lieux que la littérature, entre autres, a le devoir de sauver de l'oubli. 

    PLEUGRIFFET291016 (154).JPG

    Loïc LT  

  • marathon de Vannes 2016 (façon roman)

    DSC08838.JPG

    Au début du roman, le narrateur nous présente une foule de gens déguisés en coureurs à pied. Ils attendent le départ d’une course sur une route qui longe les remparts de Vannes. On apprendra plus tard qu’il s’agit du marathon de Vannes, édition 2016. Il décrit une ambiance festive. Il est neuf heures du matin et un feu d’artifice illumine le ciel pourtant déjà bien lumineux de la capitale du Morbihan. Ensuite, l’auteur attire l’attention du lecteur vers un type qui s’appelle Loïc et qui discute avec deux autres types d’une drôle d’affaire qui lui est arrivée la veille dans un bus de Pleugriffet (pour faire court, il s’était accroché avec un voyageur au long cou portant sur sa tête un chapeau qui était entouré d’un ruban et cet excentrique ne cessait de le bousculer dès que l’autobus tanguait un tant soit peu et le pire c’est que le soir, il est retombé sur le même type qui buvait une bière au Bistroquet et qui agaçait un autre consommateur parce que ce dernier avait décalé les boutons de son pardessus) . Loïc a une petite quarantaine d’année, ressemble à Mr Tout le Monde et porte le dossard 1428 nous précise l’auteur. Ensuite, une centaine de pages est consacrée à la biographie de ce type natif d’Hennebont et qui recherche obstinément et contre le sens commun un type qui s’appelle Beauchamp qui apparaît furtivement dans un roman de Patrick Modiano. Comment un homme qui mène une vie normale et ne présentant aucune anomalie psychiatrique peut-il prétendre retrouver un personnage de roman ? Chaque être humain recèle bien des mystères. 

    Dans le second chapitre, on revient sur la ligne de départ. 16 octobre 2016, 9h30. Un tir d'obus de mortier retentit et les 1800 coureurs entassés et joyeux dévalent la route qui mène vers le port de Vannes et Loïc court en compagnie d’un des deux camarades prénommé Auguste avec qui il discutait de cette fameuse affaire arrivée la veille. L’auteur nous apprend qu’ils ont décidé de faire le début de la course ensemble (le troisième larron étant parti devant). Au début tout se passe bien, ils courent plus vite que prévu et Auguste demande parfois à Loïc de ralentir. Après avoir quitté le port, ils se retrouvent très vite en campagne et Loïc fait part alors à Auguste que c’est impressionnant de se retrouver en pleine cambrousse alors que quelques minutes avant ils couraient au centre ville. Le duo court toujours ensemble mais Loïc mène la cadence et ses lèvres bougent alors qu’il ne parle pas, bizarre. On apprendra plus tard qu’il se récite le bateau ivre sans fin pour oublier le mouvement de ses jambes.

    Après la campagne, les coureurs longent le golfe du Morbihan et reviennent en ville et  certains commencent déjà à être dans le dur notamment Auguste, mais Loïc, solidaire jusqu'à une certaine limite l’attend. Au 23e km, Auguste donne plus ou moins l’autorisation à Loïc de partir devant. Ce dernier ne se fait pas prier et jusque la fin, il ne  cesse de doubler, doubler sans fin, il court même plus vite qu’au début. Il ramasse des coureurs comme le cantonnier les feuilles mortes et toujours récite le poème de Rimbaud qui lui donne cette force d’oublier la douleur car même s’il court sans difficulté, il sent bien qu’il n’est pas qu’une ombre qui court mais un corps humain de 75 kgs qui commence à se demander pourquoi le type qui le gère l’oblige à tous ces efforts.

    maratonvannes.jpgL’auteur nous montre bien cette dualité entre la difficulté de faire avancer un corps à une allure soutenue et l’état d’esprit qui anime ce corps. C’est l’occasion aussi de nous faire découvrir le parcours atypique de Loïc, féru de littérature, mais en même temps amateur de football et de marchés financiers et ce fameux soir où lors d’un rassemblement politique, il s’écria soudain “le capitalisme est un humanisme”.

    Dans le dernier chapitre, on retrouve le coureur qui atteint enfin son but. Il rentre sur le stade de Kercado après 42 kilomètres de course et en profite pour doubler une dizaine d’éclopés ne voyant pas la moitié de leur misère. L’auteur ne rentre pas dans les détails techniques mais sur la dernière page, on a le droit à un relevé avec le temps final (3h40 pour un objectif de 4h00 et 331e/1800).

    Ce roman laissera tout le monde sur sa faim. Les amateurs de courses à pied n’y verront que des digressions sans intérêt sur la vie et les passions d’un coureur à pied dont la vie ne présente pas beaucoup d'intérêt  et les littéraires trouveront le style quelconque. Ce livre ne devrait donc pas rencontrer son public...à part peut-être le protagoniste lui-même....et encore. 


    “le coureur ivre”, 228 pages, éditons PleugriffretEdi. parution : octobre 2016. disponible nulle part.

    Loïc LT (sur la photo du haut, suis à droite à un mètre du ballon rose)