samedi 6 février 2016, suite (8ème bourg),
En ce début de soirée triste comme un bonnet de nuit, j'arrive enfin au terminus de ce périple, à savoir Trémargat, commune qui se situe à sept petits kilomètres au nord de Plounévez-Quintin. Comme de fait, je ne montrai pas plus vers le nord, l'avenir nous apprendra juste que je finirai la soirée et la nuit à Lanrivain qui se situe un chouye au nord-ouest de Trémargat. L'idée eut été de crécher à Trémargat mais dans ce bourg qui a déclaré son indépendance officieuse à l'état français, rien ne s'est vraiment passé comme prévu.
Faut-il que j'évoque la spécificité de ce village de 200 habitants qui a eu l'honneur d'être maintes fois l'objet de reportages dans les médias nationaux ? Je vais te laisser, hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère, travailler un peu et aller chercher sur la toile de quoi il en retourne.
Qu'attendais-je de ce village au crépuscule du soir et dans ce brouillard déprimant ? Peut-être un peu trop sans doute. La première entreprise fut, dans un petit bâtiment en pierre qui sert aussi à autre chose de trouver ce qui s’avérera être un simple combiné (numéro : 02 96 36 54 24).
Mais il ne s'agissait pas de faire la fine bouche. Je ne m'attendais pas à trouver ça (photo prise par ma fille aînée lors de son récent voyage en Italie) :
Voici donc le mobiphone et force est de constater que ce n'est pas la première attraction du bourg. Je ne me souviens plus s'il fonctionne ou pas mais je m'en foutais un peu. Le fait même qu'il existe me permettait d'aller visiter le village.
Mais je n'avais plus vraiment de force, j'étais comme anémié et je n'avais qu'une envie : aller me mettre à l'abri dans le mythique Trémargat Kafé où parait-il le soir des hippies de toutes générations refont le monde, rejoints par les paysans du coin barbus qui cultivent quelques pauvres lopins de terre , tout nus en chantant l'Internationale écologiste.
J'ai quand même fait un rapide tour du bourg, mais il pleuvait et mon paletot était tout trempé. Du coup, je n'ai quasiment pas pris de photos à part l'église Saint Ernestine de- Louvois, ce qui est un comble quand on devine ce qu' ont à foutre les écolos de Trémargat de ce lieu de culte où ils ne vont jamais à l'office ou à vêpres sauf pour l'entretien qu'ils sont tenus d'assurer puisque cette bande de gais lurons a pris les reines de la mairie en 1995.
Si mon ennemi politique préféré (Momo -) était venu avec moi comme c'était prévu au début, sans doute, aurions-nous été plus téméraires. Nous serions allés dans la campagne voir de quel bois se chauffent ces paysans qui se prosternent tous les soirs devant le portrait de José Bové. Mais, là, tout seul, sous la pluie, je n'avais plus de courage à rien. Je me suis mis à courir tel un fou comme si j'avais l'ankou à mes trousses. Je suis passé devant ce genre d'habitat mais à trop tirer sur la corde, à la fin, elle se casse.
J'aurais voulu parler avec des gens et pourquoi pas (puisqu’ici, on est semble-t-il ouvert et sur une planète verte et accueillante), trouver quelqu'un qui veuille bien me loger pour la nuit parce que je commençais un peu à me poser des questions sur le couchage. Rien à voir mais dans ma rapide visite du bourg, j'ai pu constater que paradoxalement, la plupart des véhicules était des 4X4 ou des pick-up.
Comme je n'avais pas envie de frapper aux portes, je me suis rendu à celle où l'on peut rentrer sans frapper, c'est à dire, celle du fameux troquet. Je suis rentré, j'ai dit bonjour à la serveuse qui faisait du tricot, j'ai commandé une bière, et fait un petit tour du propriétaire. C'est donc ici que le soir, on tire des plans sur la comète à coup de kalachnikov en bois non traité, qu'on prend des nouvelles des copains qui sont perchés dans les arbres de Notre-Dame-des-Landes ou qu'on évoque la cueillette de gui à venir. Quel moqueur je fais ! C'est vrai que j'aurais bien aimé qu'il y ait du monde pour pouvoir échanger mais il était inscrit que dans ce périple, l'être humain serait une espèce rare. Le bar était comme je l'imaginais mais la bibliothèque inaccessible. Il y avait des inscriptions et des affiches libertaires ou annonçant des concerts un peu partout mais aucun portait de Sarkozy.
La dame a bien voulu me prendre en photo, dégustant une bière. Voici donc la preuve que je suis bien allé à Trémargat, ce que n'ont pas fait des milliards d'êtres humains. J'ai demandé à la serveuse si je pouvais la prendre (en photo hein -) en train de tricoter mais elle a gentiment refusé. Tant pis.
Je suis sorti du café un peu désabusé quand même. Il pleuvait toujours et je ne savais que faire. Trémargat devait être le bourg le plus septentrional de ce périple qui ne marquera pas l'histoire de l'humanité mais il était hors de question que je retrouve la civilisation dès ce soir. Sur la carte des PTT, j'ai noté le bourg de Lanrivain qui se situe à 6 kms au nord ouest de Trémargat. J'opte pour cette solution. Il fallait bien que j'aille quelque part.
Trémargat, (22110), Côtes-d'Armor ,maire : Yvette Clément ( liste : Trémargat est un bourg ) , 200 huluberlus, reportage réalisé le 06 février 2016 ( arrivée à 16:11, départ à 17:24 -autant de temps quand même mais qu'est-ce que j'ai foutu ?) . temps : merdique. direction Lanrivain, 6 kilomètres au nord-ouest.
Loïc LT