Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Colin sabre et tam-tam - Page 13

  • recensement des cabines # 55 Rohan (56)

    En ce samedi 26 mars 2016, alors qu'on fête la mort de Jésus qui est mort mais pas encore ressuscité (encore que ses fonctions vitales devaient tranquillement se remettre en marche), j'ai bravé les intempéries pour me rendre en compagnie de mon désormais fidèle compagnon Kabino dans cette partie du Morbihan que je n'avais pas explorée. J'ai donc fait Bieuzy, Malguénac, Pleugriffet, Kerfourn, Réguiny et donc Rohan. Rohan est bien connue dans le Morbihan car c'est le berceau de la famille des Rohan dont l'un de ses descendants, Josselin de Rohan,  faisait encore de la politique (ou en fait encore, je ne sais pas) il y a peu. C'est donc dans une bourgade chargée d'histoire que j'entre, essuies-glace à fond les ballons et donc la première chose à faire pour un recenseur est de chercher la cabine (et non le garçon). J'ai cherché pendant 20 minutes, j'ai fait tous les coins de rue, le petit port (sur le canal de Nantes à Brest) et j'étais sur le point d'être très déçu lorsque je tombe sur ce panneau anodin. 

    ROHAN 260316 (2).JPG

    J'ai pilé et garé ma Talbot en double file (j'ai jamais su ce que voulait dire double file mais j'étais mal garé c'est tout ) et même si je ne m'attendais pas à une cabine proprement dite, au moins pouvais-je espérer un téléphone public. Je préfère les cabines évidemment mais je ne voulais pas quitter Rohan en faisant chou blanc donc je me suis rendu dans l'espace en question et qu'elle ne fut pas ma déception lorsque je constatai que l'endroit réservé au téléphone était nu mais laissait entrevoir qu'il avait accueilli un appareil servant aux autruis à communiquer entre eux à distance. 

     

    Je m'enquiers auprès d'un riverain passant par là et cet autrui sympathique m'informa qu'il passait ici tous les jours et que le téléphone était encore en place il y a une semaine (et comme disait Lévinas : la relation avec autrui peut être recherchée comme intentionnalité irréductible, même si l'on doit finir par y voir la rupture de l'intentionnalité). Les rohann260316.jpgMéchants étaient donc passés entre temps et je note que ce n'est pas la première fois qu'ils me devancent de peu. C'est pas possible, on dirait qu'ils concentrent toute leurs forces sur le Morbihan rien que pour m'emmerder. J'ai demandé à l'autrui s'il existait par hasard une autre cabine sur Rohan mais il me répondit que non. Je le remerciai et le vit repartir avec son fils vers de nouvelles aventures et puis je le vis revenir sur ses pas (contredisant ainsi Lévinas)  pour me dire qu'il y avait une cabine près du camping municipal et que peut-être y était-elle encore. Je le remerciai de cette information mais je ne me faisais pas beaucoup d'illusions. Quand les Méchants se déplacent dans un bourg, ils ne font pas le travail à moitié et nettoient tout sur leur passage, ce qui est logique lorsqu'on veut être un tant soit peu rentable. Mais bon, puisque j'étais sur place, il eut été stupide de ne pas aller vérifier car au fond, je ne connais pas le mode de fonctionnement des Méchants, ils sont secrets, n'avertissent même pas les communes, personne ne les voit jamais. C'est à se demander si ce sont des êtres humains. Beauchamp avait des informations sur eux mais le pauvre ne peut plus me renseigner (la mallette existe toujours mais le juge se refuse à me la rendre) et quand bien il serait encore en vie avec la mallette qu'il m'avait volée, il se serait bien gardé de me les divulguer. 

    Je file donc vers le camping qui se situe à l'orée du bourg et là, divine surprise, une cabine (la vraie, la belle, la moche, l'hideuse, la magnifique en alu, plus rectangulaire tu meurs),  était belle et bien là pour accueillir les touristes qu'ils arrivent en caravane, campings-car ou toiles de tente, chacun fait comme il veut (comme disait ma grand-mère m'avait rapporté ma sœur).

    ROHAN 260316 (6).JPG

    Kabino était content, il commençait à désespérer aussi. Il n'aime pas quitter un village sans avoir posé devant une cabine. Ah oui, je ne vous ai pas présenté Kabino, c'est la mascotte de mes recensements. C'est un camarade du Finistère qui m'a donné l'idée. La sienne s'appelle C.Mafor. Elle est plus moche que Kabino et à ce titre plus à l'unisson des édicules. 

    ROHAN 260316 (8).JPG

    Du coup, cabine étant, reportage obligatoire, retour dans le bourg...mais j'étais pressé, je n'ai pas pu l'épuiser comme fit Perec dans sa tentative d'épuisement d'un lieu parisien. Avant toute chose, situons un peu l'endroit. Rohan se situe dans le département du Morbihan, département le moins cité par les médias bien qu'étant le deuxième département le plus touristique de France.

    rohancarte.jpg

    Globalement, j'ai essentiellement recensé l'ouest avec un petite incursion du coté de Guer. Je ne sais pas si les Méchants me laisseront le temps de faire l'est, c'est à dire le pays Gallo (où l'on ne parle pas breton et où on joue aux palets au lieu des boules bretonnes). 

    Voici les halles de Rohan où Martine n'est jamais passée montrer sa nouvelle bicyclette. Nous sommes au cœur du bourg, un bourg qui dispose d'un peu près tous les commerces possibles. A noter que je n'ai pas pris de photos du port de plaisance au niveau du canal de Nantes à Brest. 

    ROHAN 260316 (25).JPG

    Vous êtes habitués à mes photos qui sont toujours du même type. Et oui, il se trouve que j'ai un faible pour ces maisons et commerces mitoyens avec des toits de ce genre et les fenêtres de toit qui vont avec. Ici, se situent les PTT et la maison de la presse. Ne vous inquiétez pas, je vais pas vous gaver avec ça, juste une autre et puis terminé. 

    ROHAN 260316 (36).JPG

    ROHAN 260316 (15).JPG

    Pour info, le magasin Gitem a mis la clé sous le paillasson mais a laissé un trousseau sur la porte. Par contre l'hôtel Le Rohan**, 15 place de la mairie est ouvert, la nuitée vaut 42€ pour 2 personnes et c'est le même prix si on est tout seul. Une demi-personne, c'est 21€ et si y'a personne, c'est gratuit. Il a l'air bien tenu (voir site) , dispose de six chambres chacune en l'honneur d'un pays. Au fond, on distingue le magasin de l'apothicaire et puis plus loin encore, on peut se refaire une beauté ici:

    ROHAN 260316 (35).JPG

    (gros plan sur l'enseigne Christelle Coiffure dont la fonction essentielle est de couper les cheveux des autruis ou de relooker ceux qui veulent changer la forme de l'ensemble des poils qui recouvrent nos crânes). Je pense que le salon est mixte....Mademoiselle... 

    ROHAN 260316 (20).JPG

    A Rohan, j'ai admiré nombre de ces petites maisons qui sont sans doute d'anciens commerces. Rohan est une ville forte et fière de son passé, consciente d'être dans le présent et confiante dans son avenir. 

    ROHAN 260316 (16).JPG

    Et puis, en allant vers le camping, je suis resté de marbre devant ces beaux rideaux et cet ensemble architectural qui demanderait peut-être une petite rénovation, au moins un ravalement de façade ( opération qui vise à conserver l'intégrité des murs d'un bâtiment. Le ravalement de façade demande des outils précis et un savoir-faire. Il est donc réalisé par des entreprises spécialisées dans la rénovation et le ravalement de façade. Des certifications existent dans le milieu du bâtiment quant à ce type précis de travaux, telles que la certification Qualibat en France -source wikipedia-). 

    ROHAN 260316 (10).JPG

    Rohan, (56580), Morbihan , maire :  Bernard Nizan (royaliste de gauche ) 1680  vassaux. cabine "modèle de Paris" à carte. numéro d'appel : 02 97 38 98 42. reportage réalisé le 26 mars 2016 ( arrivée à 16:14, départ à 17:07) météo : hideuse. 

    Loïc LT (rédaction le 27 03 2016, 22:00, tempête en cours)

  • fin de périple (06/07 février 2016)

    Après avoir quitté Langoëlan, je suis passé par Séglien et Locmalo.... mais ces deux bourgs étaient dépourvus de cabines. Bon, ne soyons pas trop sectaires, libérons-nous des contraintes ! Voici quelques photos de ces deux patelins acabines (néologisme sur le modèle de apatride). Les patelins acabines méritent quand même d'être cités même si je ne peux pas leur dédier une note entière. 

    Séglien :

    DSC03203.JPG

    Locmalo :

    Le brouillard était épais, on n'y voyait pas à cinq mètres. 

    DSC03226.JPG

    Ensuite, pour retourner chez moi, je suis passé par le bourg de Persquen, déjà recensé mais  je me suis arrêté histoire de humer l'air des lieux. Deux gentilles dames m'ont pris en photo devant la cabine téléphonique qui trônera un jour dans mon jardin dussé-je la voler. A Persquen, on a peu de risque de se faire surprendre !

    PERSQUEN 07 02 16 (1).JPG

    Comme j'avais encore un peu de temps, l'idée m'est venue de me rendre dans le village où vécut mon grand-père avant d'emménager dans le bourg. Evidemment, ça ne dira rien à personne mais je tenais à ce que cela soit ici. Le village s'appelle Kercher et le corps de ferme que mon grand-père louait n'est pas en ruine mais ne semble pas occupé toute l'année. 

    PERSQUEN 07 02 16 (10).JPG

    Je crois savoir, comme souvent dans la Bretagne intérieure que la maison est habitée par des anglais mais en tout cas, pas en ce moment. Lorsque j'y venais en vacances, il n'y avait pas d'herbe devant la maison. Pour le reste, rien n'a vraiment changé. J'imagine que plus loin devant la maison, il y a toujours ce chemin ombragé et caillouteux que mon grand-père empruntait pour aller cultiver son jardin. C'était un endroit humide où poussait du cresson. 

    PERSQUEN 07 02 16 (12).JPG

    Et puis, je me souviens très bien de cette grange à droite de la maison et d'un muret sur lequel je me revois en train de marcher. Bon, et sur la photo ci-dessus, on distingue une échelle de couvreur sur un toit. Toute cette partie du corps de ferme ne manque pas d'allure. 

    PERSQUEN 07 02 16 (13).JPG

    Je ne m'attendais pas à finir ce périple solitaire dans cet endroit ô combien symbolique. Quel bilan tirer de tout cela ? La mort de Beauchamp est-elle pure fiction ou est-elle réalité ?  J'en saurai plus le lendemain...et que me reste-t-il de tous ces bourgs : des images fortes et malgré la sinistrose qui s'en dégage, quelque part la promesse d'un bel avenir. J'y crois vraiment.  Ces bourgs ne mourront pas...je n'irai pas dire qu'ils finiront pas servir de refuges mais je pense que  quelque chose va se passer qui va surprendre tout le monde. Toutes les projections qu'on fait sur l'avenir s'avèrent souvent fausses. Allez savoir, peut-être que ces environs ne seront pas contre accueillir l'aéroport que les nantais ne veulent pas (un brin ironique sur ce coup-là).  Il n'y aura plus de cabines téléphoniques mais j'ai la conviction qu'un bourg peut survivre sans cabine, ce ne sera pas facile au début mais les gens sauront s'adapter...et désolé à ceux qui s'y reconnaîtront de ne pas m'être arrêté à Lescouët-Gouarec...

    Voici pour les puristes, le parcours depuis Rostrenen.

    locmalo,séglien,persquen, rostrenen

    Le soir, je suis rentré, j'ai allumé le feu, me suis lavé (ce que je n'avais pas fait depuis 48 heures) et j'ai mangé une pizza avant de m'endormir avec plein d'images en tête.

    fin de périple. 

    Loïc LT, 24/03/2016

  • recensement des cabines # 54 Langoëlan (56)

    dimanche 07 février 2016 ( 15ème bourg du périple)

    Je me souviens que lorsque je travaillais à Guémené-sur-Scorff, nous allions parfois déjeuner  dans un curieux restaurant de Langoëlan où tout était aménagé façon musée et où l'on avait le droit à un bol de soupe avant même  d'avoir commandé quoi que ce soit. Pour aller de Guémené à Langoëlan, nous longions la vallée du Scorff et je trouvais les paysages magnifiques. J'ai gardé de ce petit bourg un souvenir particulier et donc, revenu dans le Morbihan après Rostrenen-la-Triste, je n'étais pas malheureux de passer par Langoëlan, bien que n'ayant aucune certitude quant à la présence d'une cabine. Mais rien que de revoir ce village me mettait en joie. 

    recensement des cabines,cabine,cabine téléphonique,langoëlan,morbihan,scorff

    Une fois arrivé sur place, ce fut la déception. Alors soit j'ai idéalisé le passé (sauf la vallée du Scorff qui serpente indolente dans la Bretagne intérieure) , soit ce bourg n'a jamais été celui que je croyais et que seul son restaurant avait un intérêt. Comme de fait, il est à l'image de ses congénères du pays Pourlet mais il est moins moche que Priziac.

    Si le village ne dispose pas de publiphone, un téléphone public est fixé à l'abri sous l'escalier de la maison d'un ou plusieurs individus de sexes inconnus. 

    LANGOELAN 07 02 16 (13).JPG

    On fait avec ce qu'on a et comme je voulais à tout prix évoquer ce bourg, je n'ai pas fait mon difficile et de toute façon, un simple téléphone public même s'il ne dispose pas d'une cabine est éligible...et puis, ici, il y avait un abri tout prêt alors à quoi bon s'emmerder à affubler le téléphone d'un habitacle étroit. Je ne peux rien dire de plus de ce téléphone si ce n'est qu'il est bien conservé et que peut-être même qu'il fonctionne. Par contre, je n'ai pas trouvé son numéro d'appel. Il s'agit apparemment d'une machine à pièces. Je ne vais pas m'attarder sur la chose ou alors je pourrais m'amuser à épuiser l'endroit comme le fit Perec à propos d'une rue, évoquer la canette au sol, le numéro 8, la gouttière, la boîte à lettres, imaginer la vie des individus vivant au dessus de ce téléphone. Certains soirs, bien en jambes, je suis capable d'écrire le rien d'un endroit, le tout d'une non-vie. 

    Chers lecteurs, mes dissemblables inconnus, vous savez mon affection pour ces rues désertes mais fatigue étant, je n'arrivais plus à tenir mon Sony à l'horizontal. Mais voici à quoi ressemble Langoëlan, un dimanche après-midi de février. Combien d'humains se cachent derrière ces mornes maisons et qui ne sont, comme moi,  pas encore au courant de la mort de Beauchamp ( et quand bien même ils le sauraient, ne le connaissant pas, cela leur aurait fait une belle jambe) ? 

    LANGOELAN 07 02 16 (8).JPG

    L'église Saint-Barnabé est tout en pierre et accueille de temps en temps des chrétiens catholiques, religion majoritaire dans ce coin de la Bretagne. Globalement, les catholiques croient qu'il y a une vie après la mort depuis qu'un dénommé Jésus qui vécut il y a 2000 ans, se faisant passer pour le fils de Dieu l'annonça a qui voulait bien l'entendre. Je ne suis pas fan des églises de type gothique mais celle-ci n'est pas la pire (elle est d'ailleurs classée monument hystérique depuis le 24 avril 1925 - source wikipedia-). 

    LANGOELAN 07 02 16 (15).JPG

    Le clocher indique 14h50, les nuages sont menaçants et Langoëlan est triste à mourir. Après Rostrenen, le chemin de croix continue !

    LANGOELAN 07 02 16 (18).JPG

    Je ne mettrai pas ma souris à la poubelle mais je me demande si ce n'est pas dans ce restaurant fermé que nous aimions tant aller avec Marc, Elisabeth, Christophe, Marie-Christine et d'autres que j'oublie. Ce siècle n'avait que 2 ans, Chirac était président et moi pas encore trentenaire, je vivais un peu n'importe comment, plutôt en solitaire mais à l'affût de la moindre rave party. J'aimais la mode, je mettais des chaussures brillantes et je roulais vite à travers les routes sinueuses de l'Armorique Intérieure. 

    LANGOELAN 07 02 16 (6).JPG

    14 ans plus tard, le monde a changé, Langoëlan qui n'était déjà pas très réveillée s'est endormie et des fous furieux sèment la terreur au nom de leur dieu. Mais Langoëlan est loin de ces turpitudes et l'on vend du carburant au bar de l'amitié à un prix que la décence m'empêche de divulguer.  Mais l'essentiel est que le bar porte bien son nom.

    LANGOELAN 07 02 16 (31).JPG

    Voici une 206 blanche mais ce n'est pas la mienne (d'ailleurs la mienne c'est une Talbot 206) et je suis toujours rassuré de tomber sur des bagnoles  plus dégueulasses que la mienne. 

    LANGOELAN 07 02 16 (33).JPG

    Au revoir Langoëlan, peut-être un jour, peut-être une autre fois. 

    LANGOELAN 07 02 16 (34).JPG

    Langoëlan, (56160), Morbihan , maire :  Yann Jondot ( sans étiquettes non plus, cette manie qu'ils ont...c'est quand même bien pratique de garder les étiquettes quand on veut savoir à quelle température laver un paletot sans manches ) 403 administrés. reportage le 07 février 2016 ( arrivée à 13:53, départ à 14:11, le clocher avait tout faux alors), météo : à l'image du village. 

    Loïc LT 

  • recensement des cabines # 53 Rostrenen (22)

    dimanche 07 février 2016 (14ème bourg du périple)

    Rostrenen compte un peu plus de 3.000 habitants m'apprend Wikipedia, c'est à dire l'équivalent de Camors et pourtant j'ai toujours eu le sentiment que c'était une petite ville genre Hennebont ou Ploërmel. Ce n'est que ce soir, 22 mars soit quelques semaines après ce périple dont il me tarde de terminer le compte rendu que j'apprends que c'est un petit bourg du centre-Bretagne. C'est fou comme on se fait des idées parfois. Je croyais aussi qu'il se situait dans le Finistère. Bon, trêve de bavardage, je n'ai pas envie de traîner dans cette note. 

    Parti de Kergrist-Moëlou à 12:26, je suis arrivé à Rostrenen dans les côtes-d'Armor donc à 12:51. Il n'y a que 10 kilomètres entre les deux bourgs, j'ai donc pris mon temps. De toute façon, personne ne m'attendait nulle part et je n'avais toujours pas été informé du tragique décès de Beauchamp. j'allais donc tranquillement par monts et par vaux, contemplant le paysage changeant...changeant à tel point que parti de kergrist-Moëlou avec un temps relativement beau, je suis arrivé à Rostrenen sous la flotte. Mais je redescendais vers le sud et pour moi ça veut dire beaucoup.

    googlemaprostrenen.jpg

    Je n'ai pas un grand souvenir de Rostrenen. Je vois de longues rues aux murs sales, des espaces vides, quelques commerces peu avenants et donc, c'est décidé, je vais faire une note courte. 

    ROSTRENEN 07 02 16 (18).JPG

    Il y a un grand commerce de vêtements indépendant au centre-ville. VETEMENTS P. LE GUEN. C'est assez rare et je doute qu'on se pousse aux portillons aux heures de pointes le samedi après-midi.  C'est indiqué en solde sur la vitrine mais comme toute l'année sans doute. 

    ROSTRENEN 07 02 16 (23).JPGC

    Et pour vous achever le moral, voici la rue avec le Crédit Mutuel de Bretagne, qui est bien seul dans le coin, le CMB qui a maille à partir en ce moment avec la fédération nationale du Crédit Mutuel (qui voudrait plus ou moins l'absorber). J'ai du mal à comprendre les tenants et les aboutissants de cette affaire intéressante et je ne crois pas que c'est à Rostrenen que j'en saurai plus, premièrement parce qu'on est dimanche et deuxièmement parce que je m'en fous. 

    ROSTRENEN 07 02 16 (9).JPG

    Alors, voici le clou du spectacle, j'ai nommé la CABINE TELEPHONIQUE, ô combien rutilante de Rostrenen ! Raymond Depardon ne serait pas resté insensible devant cet endroit glauque, moche et moisi. Faut-il aimer les cabines pour s'arrêter là où plus personne ne met les pieds (à part peut-être pour poster des lettres mais les gens préfèrent aujourd'hui utiliser les téléfax) ?

    ROSTRENEN 07 02 16 (31).JPG

    Bac blanc, étude d'une photo : nous vous demandons de nous décrire la photo ci-dessous et de nous faire part de ce qu'elle nous dit de la société actuelle. Merci de respecter le schéma thèse, antithèse, foutaise. Inutile dans votre dissertation de faire de longs discours sur le numéro de téléphone, vous pourrez éventuellement le jouer au loto samedi prochain. En attendant, à vos stylos et bon courage. Vous avez quatre heures. 

    ROSTRENEN 07 02 16 (35).JPG

    C'est avec cette épreuve scolaire que se termine mon passage éclair Rostrenen, le tout dans la joie, la luxure et sous la flotte. Prochaine destination : Langoëlan qui rime avec Morbihan. Adieu les Côtes-du- Nord (je voulais le sortir une dernière fois). J'ai passé quand même 24 heures dans le 22, y ai même pioncé et si je  ne garde pas un grand souvenir des paysages et des bourgs (à part Gouarec et Sainte-Tréphine), je crois que je ne me rappellerai plus de rien de ce séjour enchanté dans quelques semaines. 

    Loïc LT, le 23 03 2016 (reportage réalisé le 07 février de la même année)

  • - Naissance, Yann Moix, lecture en cours. extrait.

    Facebook ne doit pas tout phagocyter alors j'avais promis de mettre un extrait de naissance sur mon mur mais non, je vais le mettre ici. C'est plus personnel ici. Je m'y sens mieux.  C'est un extrait émouvant en même temps qu'hilarant. Un grand-père vient de vivre le suicide de sa fille et de son mari qui étaient endettés jusqu'aux cous et donc ils laissèrent une orpheline, Anne-Marie déjà perturbée psychologiquement, qui était passionnée de dictionnaires et qui avait toujours à portée de mains le Nouveau Larousse illustré 1939 et son grand-père dut se résoudre à la tuer. Elle n'avait pas d'avenir. 

    Mais le grand-père, malheureux et abattu s'était mis l'idée, pour rendre hommage à l'enfant et se faire pardonner par-delà les cieux, d'apprendre par cœur le Nouveau Larousse Petit Larouse Illustré 1939. Pendant des années, il mit à exécution, dans le silence et le recueillement, au milieu des sépultures et des cyprès, ce projet masochiste, encyclopédique, débile.

    Le dictionnaire devenant un territoire parallèle où il régnait autrement, mon grand-père (car oui, c'est aussi le grand-père du nourrisson Yann Moix, note de moi-même) se fabriquait des jours à thèmes, j'entends : des jours à lettres. Sa vie commença de s'écouler non plus chronologiquement mais alphabétiquement. Les mois se composaient pour lui de vingt-six jours ou plutôt de vingt-six lettres. Un jour en d (quatrième jour de son mois dictionnarial) consistait par exemple à ne voir la vie qu'en d, ainsi que Piaf la vie en rose. Il s'arrangeait avec science pour que l'angle d'existence de cette journée particulière fût entièrement gouverné par les mots débutant par cette lettre, ce qui donnait à son discours (et par conséquent à sa pensée) une forme inédite et originale. Ce jour-là, il évitait par exemple la particule affirmative oui pour lui préférer jusqu'à minuit pile son équivalent russe da. Il allait poser sur la tombe d'Anne-Marie des dahlias, des daturas et des dauphinelles. Il planta autour de la pierre un daphné. Muni d'une daille, sorte de faux à manche court, il disparaissait dare-dare en forêt regarder des daguets, alias dagards, jeunes cerfs qui portent leurs premiers bois. Évitant les dardières (pièges à chevreuil, genre de mammifère ruminant de la famille des cervidés qu'il allait chasser les jours en c à cheval), il cherchait à apercevoir des daines, femelles du daim, que les chasseurs appelaient dines, mais l'honneur était sauf puisque dine débutait tout également par la lettre du jour. Pour vos calendriers, vous avez  vos saints. Lui avait ses lettres. Il était positiviste à sa manière.

    Au déjeuner ou au dîner, il exigeait, toujours en mode d, des plats des daubes, demandant expressément à ma grand-mère d'utiliser une daubière. Une daurade faisait aussi très bien l'affaire. Au dessert, une dariole ou un dartois lui étaient généralement servis. Il concluait ses repas par quelques dattes en dégustant un daïkiri. Il jouait avant de se coucher aux dames ou aux dés. Le lendemain, à la même heure, ce serait aux échecs. Une abeille appelée simplement abeille en jour a était rebaptisée dasypode en jour d. Jour d où, pour terminer cette fastidieuse mais bien réelle liste d'exemples, il déblatérait (ou daubait, encore) sur les gens dont le patronyme commençait par cette lettre ; les Dupuis en prenaient pour leur grade ("des débiles"), de même que les Da Costa (" des demeurés"). 

    La nuit, après avoir feuilleté Daudet ou Diderot ( à moins que ce ne fût Dickens), il sortait dans un dancing ( peut-être celui de Kergrist-Moëlou, note de moi-même). Au matin, quand il revenait, il était fin prêt pour entamer une journée sous les auspices de la lettre e, une lettre qu'il aimait particulièrement parce qu'elle était riche en mots. [...] Les jours les plus délicats étaient relégués en fin de mois, comprenez : en fin de dictionnaire, w, x, y, z. Ils n'étaient guère aisés à remplir et les auteurs à  lire, Walt Whitman, Xénophon, Yeats, Zola semblaient, une fois lues les aventures de Zig et Puce, moins accommodants qu'Alphonse Allais, Barjavel, Agatha Christie ou Georges Courteline, Walt Disney, Eluard, Feydeau, Sacha Guitry, Hergé, Ionesco, Alfred Jarry, Kipling, Loic Le Tortorec et Gaston Leroux, Marivaux, Nietzsche, l'Oulipo, Pagnol, Queneau, Jules Renard, Georges Simenon et Emmanuel Signoret, Mark Twain, Honré d'Urfé et Jules Verne. Se trouve dans cette liste un intrus. Trouve-le, lectrice (les hommes ne lisent pas). (et cet intrus, ce n'est pas le fait d'avoir mis mon nom, note de moi-même).

    Naissance (page 563-564)

    On retrouve à travers cet extrait un peu burlesque le style Moix. On n'a le droit de ne pas aimer. la prose de l'auteur est foisonnante, riche de références de toutes sortes et on doit souvent se coltiner des listes sans fin. On a l'impression que Moix veut épuiser son sujet, tout dire pour ne pas qu'on lui reproche après d'avoir oublié tel auteur, telle plante ou telle guerre ou telle espèce de papillons. En ce sens, sa démarche ressemble à celle de Pérec dans la vie, mode d'emploi, un pavé aussi (mais deux fois moins épais que Naissance) que j'ai lu et qui m'avait été conseillé par une fille qui me boude parce que je ne lui ai pas dit merci comme il faut pour un truc. Je ne lui en veux pas et je suis certain qu'elle adorerait Naissance

    Loïc LT  

  • recensement des cabines # 52 Kergrist-Moëlou (22)

    dimanche 07 février 2016 (13ème bourg du périple)

    Alors comme ça, au lieu d'aller directement à Rostrenen, je suis remonté vers le nord pour me rendre à Kergrist-Moëlou ? Je me demande plus d'un mois après ce périple si je suis la même personne. En tout cas, les détails bouton droit des photos sont formels. J'ai fait un détour par Kergrist-Moëlou avant d'aller à Rostrenen. 

    kergristmoeloumap.jpg

    J'arrive sur zone à midi, l'heure de l'apéro. Il fait toujours aussi beau et c'est toujours l'hiver. Au printemps, les photos des recensements seront plus verdoyantes mais il faut vivre avec les saisons. Et il y a de belles photos à prendre en hiver aussi. Regardez cet arbre dénudé et ce ciel bleu pâle, je trouve qu'il y a quelque chose qui parle aux hommes, je ressens les ondes mobiles et hertziennes qui traversent les paysages, c'est magnifique. 

    kergrist-moëlou

    J'ai eu un peu de mal à trouver la cabine de ce charmant village. Ils auraient voulu la cacher qu'ils n'auraient pas mieux fait. Elle est accolée à un bâtiment en face de la mairie et elle détonne un peu dans cette ambiance minérale. D'un point de vue strictement esthétique, son retrait ne sera pas une grosse perte mais cette commune qui a longtemps été administrée par des maires communistes a peut-être du mal à se séparer d'un symbole du service public. 

    KERGRIST MOELOU 07 02 16 (5).JPG

    Je me suis pris en photo devant mais pourquoi n'y suis-je pas rentré pour relever le numéro et voir si elle fonctionnait ? Plus d'un mois plus tard, je suis incapable de le dire. Il y avait pourtant bien un téléphone à l'intérieur mais certaines photos me font douter quant à la présence des panneaux de FT, ce qui m'aurait découragé. Ceci explique peut-être cela. Je peux juste dire une chose : c'est un appareil à carte. 

    KERGRIST MOELOU 07 02 16 (39).JPG

    Par ailleurs, le bourg est de ce genre-là, c'est à dire coquet comme tout. Pas âme qui vive dans les rues, Kergrist-Moëlou était à moi. J'aurais pu courir tout nu autour de l'église que personne n'aurait rien vu. Après coup, on regrette de ne pas avoir osé faire certaines choses. 

    KERGRIST MOELOU 07 02 16 (6).JPG

    Ça monte pour atteindre la chapelle Notre-Dame, il faut signaler quand même qu'on se situe en altitude (262 m). Vous pouvez rire mais pour la Bretagne, c'est déjà pas mal. 

    KERGRIST MOELOU 07 02 16 (17).JPG

    Sur cette photo de traviole, vous avez l'ensemble des commerces du bourg, c'est à dire le refuge, un bar-restaurant et puis plus loin un dancing. 

    KERGRIST MOELOU 07 02 16 (14).JPG

    Ah non, je me suis trompé, il y a ça aussi à la sortie du bourg :

    KERGRIST MOELOU 07 02 16 (42).JPG

    Je reviens quand même sur le dancing qui mérite qu'on s'y arrête. Guinche-t-on toujours là-dedans le dimanche après-midi ou entre-t-on en transe sur de la techno le samedi soir jusqu'au petit matin ? Je pose la question mais je ne peux y répondre. En tout cas, je n'ai jamais vu pareille entrée de discothèque. 

    KERGRIST MOELOU 07 02 16 (21).JPG

    Je viens juste de m'apercevoir que ce dancing avait un nom : les mimosas. C'est joli, engageant et c'est tout à l'honneur de ce petit bourg de disposer d'un endroit pour s'éclater. Sinon, et bien, comme dans tous ces villages, j'ai eu le droit à quelques enseignes désuètes. C'est obligatoire dans un village de centre-Bretagne, sinon t'as une amende.

    KERGRIST MOELOU 07 02 16 (4).JPG

    On ne va pas finir sur cette enseigne qui ne vendait que de la bière Corona. Voici un if qui est plus vieux que la chapelle stipule l'écriteau. Il aurait 700 ans, c'est à dire qu'il a été planté bien des siècles après la décapitation de la mère Tréphine. Pourquoi les ifs ont-ils souvent le tronc creux de la sorte ? Je pose une question mais je ne peux y répondre (et Lévinas non plus).  En tout cas, jardiniers amateurs, je vous déconseille d'en planter, je pense que la croissance est lente et que comme tout être humain, vous pouvez au mieux atteindre les cent ans. 

    KERGRIST MOELOU 07 02 16 (22).JPG

    Kergrist-Moëlou, (22110), Côtes-d'Armor , maire : Martine Connan ( liste : les divas du dancing ) , 651 administrés. reportage le 07 février 2016 ( arrivée à 12:02, départ à 12:26), cabine "modèle de Paris" à carte. météo : beau. direction Rostrenen si tout se passe bien. 

    Loïc LT  

  • Martine fait de la bicyclette...au Faouët

    Il y a quelques années, un type de Lannion s'était aperçu par hasard que les marches que l'on voit page 9 dans Martine fait de la bicyclette ( dessin de Marcel Marlier, belge évidemment) sont la copie conforme des marches de l'escalier de Brélévenez, bien connu des lannionnais. Cela créa une petite sensation dans cette ville du Trégor et j'avais trouvé étrange que personne ne s'en était rendu compte tant d'années après la sortie du livre (1971). 

    Martine fait de la bicyclette, lannion, eccalier de brélévenez

    Et bien, aujourd'hui, je suis en mesure de ne pas être certain de supposer que dans ce même volume de Martine, que les halles que l'on voit page 13 sous lesquelles se déroule un marché et où Martine est fière de montrer son nouveau vélocipède à ses amis sont les halles du Faouët dans le Morbihan. Ce ne sont pas les halles en elles-mêmes qui m'y font penser (encore que) mais ce sont les maisons au fond qui ressemblent à celles qui existent encore aujourd'hui (qui sont surtout des commerces comme le Central Bar et un institut de beauté). Il se trouve que je connais très bien Le Faouët, puisque j'y ai travaillé quelques années dans un cabinet comptable et puis, excusez du peu, c'est le bourg où j'ai rencontré ma future femme. 

    J'ai pas mal de photos du Faouët mais aucune prises dans l'angle qui pourrait prouver mes dires. La prochaine fois que j'y vais (à la crêperie la Sarrasine, va sans dire), je m'occupe du problème. Comme ça, les costarmoricains feront moins leurs malins ! Enquête à suivre donc !

    Martine fait de la bicyclette, le faouët, les halles

    Loïc LT

     

  • recensement des cabines # 51 Sainte-Tréphine (22)

    dimanche 07 février 2016 (12ème bourg du périple)

    Après Corlay, j'avais programmé de me rendre à Kergrist-Moëlou avant de redescendre vers Rostrenen et puis enfin rejoindre la civilisation (je veux dire le Morbihan), mais un moment, je suis tombé sur un panneau qui m'a interpellé : Sainte-Tréphine. Par miracle, j'ai réussi à choper une connexion internet et j'ai appris que Sainte-Tréphine était une commune à part entière, peuplée de seulement 200 contribuables mais commune quand même. Je me suis laissé tenté par ce joli petit nom fleurant bon la Bretagne profonde et pourtant peu convaincu que l'endroit dispose de l'objet qui nous intéresse. 

    googlemapsaintetrephine.jpg

    Mais c'est à croire que les dieux de la téléphonie étaient avec moi puisque ce bourg niché au milieu de nulle part, perché à 160 mètres d'altitude, oublié de la République et des camions de surgelés dispose d'une cabine en bonne et due forme. Je ne me souviens plus si l'appareil fonctionne (je n'en étais plus là) mais par contre j'ai le souvenir d'un sentiment de quiétude et de relâchement. J'ai discuté avec un riverain qui jardinait sur la chaussée fraîchement enrobée  mais je n'ai aucun souvenir du contenu de la discussion si ce n'est qu'il m'apprit qu'il avait entendu sur la TSF qu'un meurtre avait été commis le matin même à Saint-Nicolas-du-Pélem. Sans plus de précision, cette information m'a laissé de plomb bien que je ne souhaite pas la mort des gens. Autrement, je crois qu'on a parlé de choses consensuelles et de la difficulté de faire pousser des légumes dans du goudron. enfin bon autant de sujets qui évitent toute envie de s'en prendre aux mains. Une chose est certaine; nous n'avons pas évoqué le philosophe Emmanuel Lévinas, celui-là même qui a proféré un jour alors qu'il sortait de sa douche :

    L'Autre n'est authentiquement autre que s'il n'est pas que ce qu'il est, s'il déborde sa définition dans l'être

    J'ai erré autour de la cabine, me suis pris en photo, je n'étais pas pressé. Le ciel était bleu et le matin plein de promesses. 

    SAINTE TREPHINE 07 02 16 (3).JPG

    Faut-il que les organisateurs pensent qu'il y a du passage dans ce village de 200 habitants (dont 80% de retraités et une bonne partie qui vit dans des hameaux) pour venir coller des affiches ici ? Donc, on nous signale un fest-noz à Mur-de-Bretagne le samedi 06 février et un autre à Lanrivain le 30 janvier. Les deux étaient passés mais qu'importe c'est la démarche même qui m'étonne. 

    La cabine est accolée à la mairie du village tenue de main de maître par Georges Galardon, qui, m'informe Google serait le pdg de Triskalia, une grosse coopérative bretonne (mais pas candidat aux primaires du RPR).

    SAINTE TREPHINE 07 02 16 (9).JPG

    A part cet habitant avec qui j'ai discuté avant de partir, je n'ai vu personne alors j'ai dû me prendre en photo devant la cabine du bourg de Sainte-Tréphine qu fut l'épouse de Conomor (VIème siècle après le trouduc), un sentimental ayant horreur du sang mais qui l'a décapita. Elle a ensuite été ressuscitée par Saint-Gildas (on nous signale pas si elle avait récupéré sa tête) et a même pu donné naissance à un fils nommé Trémeur (dont il existe encore aujourd'hui des descendants à Radenac). 

    SAINTE TREPHINE 07 02 16 (4).JPG

    Les rues de Sainte-Tréphine serpentent autour de l'église portant le même nom (et qui contient en son sein également la chapelle de Saint-trémeur (si vous avez tout suivi, vous savez qui c'est). 

    SAINTE TREPHINE 07 02 16 (14).JPG

    Je n'ai pas arpenté le bourg car je n'avais pas trop le temps, cette halte étant imprévue mais de la chapelle, j'ai pris le temps de m'imprégner de l'esprit des lieux, encore marqué par le triste destin de Shirley-Monica Tréphine que son mari décapita sur la place publique encore dépourvue de cabine téléphonique. Un bourg ne se remet pas d'un tel drame même des siècles plus tard. Il faudrait presque que l'Etat verse une pension à vie à tous ces habitants encore inconsciemment sous le choc. 

    SAINTE TREPHINE 07 02 16 (7).JPG

    L'église Sainte-Tréphine contient d'ailleurs les reliques de Shirley-Monica, présentes dans un sarcophage. Par ailleurs et pour achever le lecteur, j'informe que Saint-Trémeur dispose également d'un sarcophage dans l'enclos accolé à la chapelle. Mais moi, je n'avais que faire de ces légendes et tournoyais autour de cette maudite cabine qu'on peut joindre au numéro  02 96 29 56 24. Toujours la même question et encore plus dans un patelin de 200 dépressifs ; depuis quand la sonnerie n'a pas retenti ? Voici quand même une photo de cette fameuse chapelle chargée d'histoire :

    SAINTE TREPHINE 07 02 16 (19).JPG

    Les 200 tréphinois ne vivent pas tous dans le bourg et on salue le facteur chargé de la tournée tréphinoise et surtout le courage des oiseaux qui bravent le vent glacé en ces lieux hostiles. 

    SAINTE TREPHINE 07 02 16 (23).JPG

    Sainte-Tréphine, (22480), Côtes-d'Armor , maire : Georges Galardon ( liste : Tréphinois ensemble, tréphinois toujours) , 208 tréphinois. reportage le 07 février 2016 ( arrivée à 11:00, départ à 11:43), cabine "modèle de Paris" : 02 96 29 56 24. direction : Kergrist-Moëlou

    Loïc LT

  • CR294 : traversée - Marie-Hélène Lafon

    traverséemars2016.jpgC'est un tout petit essai composé d'une petite dizaine de courts chapitres dans lequel l'auteure* se remémore la géographie de son enfance, une géographie qui se résume aux abords de la ferme de ses parents dans le Cantal. Il y a la rivière (la Santoire dont elle a failli choisir le nom comme nom d'auteure), les prés, les bois, les chemins de terre. Les enfants participent aux travaux de la ferme mais déjà Marie-Hélène voit poindre en elle un horizon plus lointain dont ses escapades dominicales sont les prémices. Comme toujours avec Marie-Hélène Lafon, les phrases et les mots sont soupesés et dosés méticuleusement, la place de la virgule est ici et non là. Le texte doit être l'exact reflet de la pensée. En ce sens, chez M-H Lafon, la forme compte beaucoup mais ce n'est pas au détriment du fond, contrairement à certains écrivains français qui, à force de chercher la phrase idéale ne songent même pas à savoir s'ils ont quelque chose à dire. Je me suis retrouvé dans ce texte. Et j'en connais d'autres qui n'y seront pas insensibles.

    Plutôt que continuer à disserter et faire une note plus longue que l'essai, laissons Marie-Hélène Lafon s'exprimer :

     

    Je dis on, nous, les enfants, les trois ; j'écris aussi on et nous pour les lignées paysannes qui nous ont précédées, côté père et côté mère, et continuent jusqu'à ma génération, née au début des années soixante. Quelque chose du je commence là, entre nous et on, dans ce nom, dans ce on, et à cet infime endroit du monde, dans la fente où, dès l'enfance, je sais que je ne vivrai pas comme l'ont fait ceux qui, avant moi, furent paysans pour les siècles des siècles. La géologie et la géographie des choses ne se séparent pas de leur histoire ; je sais que je partirai parce que les adultes autour de moi le disent avec des mots et des phrases qui scandent la fin d'un monde. Les filles surtout sont vouées à partir et le font par l'école, les études, le travail qui se trouve dans les villes ; je ferai comme toutes, je serai les autres ; avant ça, entre dix ans et dix huit ans, je prends la mesure, ou les mesures comme on dirait les mensurations, pied à pied pas à pas, depuis le creux de la fente jusqu'au bord du ciel, de ce monde premier que je quitterai et qui ne me quittera pas. Le corps immuable du pays s'inscrit dans ma mémoire et dans mon corps qui grandit et devient, entre dix ans et dix-huit ans ; c'est un corps à corps ; ça se fait évidemment à mon insu, ça me traverse et je ne choisis pas ; la poussée des choses est sourde et puissante, organique, elle commande et puis c'est tout. (pages 19-20) 

    lecture en une demi-heure le 16 mars 2016, sur papier, collection 'paysages écrits'**, éditions Guérin, 48 pages, parution en  2013  non noté. 

    * auteure : Féminisation de auteur (barbarisme non reconnu par l'Académie française).

    **Collection 'paysages écrits' : chaque année, la collection invite un auteur contemporain à composer un texte inédit en toute liberté en s'inspirant de ses paysages familiers qu'ils soient intimes ou géographiques. 

    Loïc LT

  • recensement des cabines # 50 Corlay (22)

    dimanche 07 février 2016 (11ème bourg du périple)

    Voilà, c'est Corlay qui a l'honneur d'être le cinquantième bourg bénéficiant d'une note sur l'espèce de blog ! C'est le hasard et ses habitants verront à quel point ça ne changera pas leur quotidien. Je voulais descendre vers le sud mais je ne sais pas pourquoi le nom Corlay me tentait bien. Les bourgs a deux syllabes ont souvent un supplément d'âme. Donc, j'ai pris la parallèle de l'équateur et je suis arrivé à Corlay à 10:00.

    googlemapcorlay.jpg

    J'arrive à Corlay le portefeuille vide mais le coeur vaillant. A ce moment, j'ignorais évidemment le drame qui venait de se dérouler à Saint-Nicolas-du-Pélem. Attention, je ne dis pas que je ne suis pas le coupable, je vous donne une version, comme je l'ai fait à l'inspecteur Monamour mais qui vous dis que je dis la vérité ? En tout cas, ce n'est pas le décès de Beauchamp (que j'ignorais ou pas en arrivant à Corlay) qui allait changer mon programme. Je ne souhaite pas la mort des gens mais pour ainsi dire je ne connaissais pas Beauchamp ; pour moi c'était juste le type qui m'avait volé ma mallette. 

    A Corlay, la cabine téléphonique se situe près de la poste, un horrible bâtiment dans le genre de ce qui se faisait à une époque et en plus avec des barreaux aux fenêtres puisque jadis les PTT détenaient beaucoup d'argent liquide. 

    CORLAY 07 02 16 (9).JPG

    (A propos des PTT, j'ai remarqué quelque chose d'amusant ces derniers jours. Alors que les le sigle PTT n'existe plus depuis 1991, on voit le long des départementales où l'on enterre des lignes des petites pancartes jaunes avec indiqués dessus eau, edf et PTT. Donc, depuis 25 ans, ils n'ont pas changé leurs petites pancartes, à quoi bon après tout...il suffit de se comprendre. Le fonctionnaire d'EDF ne va pas se poser de questions en voyant un panneau PTT. Mais amusant quand même que ces choses immuables.)

    Quelqu'un m'a pris en photo mais qui je ne sais plus, un quidam sans doute puisque je ne vois pas qui d'autre qu'un quidam pouvait passer à cet endroit à cette heure matinale. Heureusement qu'il existe encore des quidams qui errent dans les rues sans trop savoir où aller. 

    “Il y a des êtres mystérieux, toujours les mêmes, qui se tiennent en sentinelles à chaque carrefour de notre vie.” Patrick Modiano ( villa triste)

    CORLAY 07 02 16 (10).JPG

    Mais jamais je ne croise d'originaux ou de curieux qui ont envie de discuter, de me détrousser ou si c'est une fille de me rouler une pelle. Ainsi va la vie du recenseur, qui en l'occurence ici n'a pas bien fait son boulot puisque je ne suis pas rentré dans l'habitacle pour vérifier tout ce qu'il y avait à vérifier. Au bout d'un moment, on se lasse. 

    Euh, je raconte des conneries en fait, il n'y a plus de mobiphone dans cette cabine comme l'atteste cette photo prise par le même quidam Lambda.

    CORLAY 07 02 16 (11).JPG

    J'atteste que Corlay est un joli petit bourg. Mirez par exemple cet institut de beauté intitulé discrètement Swan, endroit accueillant et d'où l'on doit sortir  belle comme une princesse pour aller à vêpres.

    CORLAY 07 02 16 (12).JPG

    Un jour, ce bar fermera et puis, tombera en ruine et alors on décidera de le démolir. Cent ans plus tard, sur de vieilles photos, les habitants regretteront qu'on ait démoli les symboles d'une époque. Il en va de même de la Poste. Il faudrait avant de tout détruire penser l'avenir très lointain au lieu de crier 'mon dieu que c'est moche'.

    CORLAY 07 02 16 (6).JPG

     En dehors de ces bâtiments, un peu en marge du centre-ville, Corlay vaut bien un petit détour. 

    CORLAY 07 02 16 (18).JPG

    Le bourg costarmoricain compte son lot de commerces abandonnés. C'est dur de choisir l'élu, celui qui pourrait être potentiellement vu par toute la planète. Allez tranchons pour cette droguerie. 

    CORLAY 07 02 16 (21).JPG

    Mais j'aurais pu tout aussi bien pu choisir cette chose. Sur la porte, c'est marqué Jacquard Français, indication qui mérite qu'on s'y arrête. Moi, quand j'entends ou lis Jacquard, je pense aux pulls moches qui étaient revenus un peu à la mode dans les années 90. Alors figurez-vous que Jacquard Français existe encore, dispose d'un site internet et qu'on y vend presque tout pour la maison...sauf des pulls. Je crains pour les corlaysiens qui y croyaient encore que ce magasin ne sera jamais repris et je ne vais même pas prendre la peine d'expliquer pourquoi. Qu'EDF fasse déjà son boulot et on pourra en reparler mais bon, ce serait perdre notre temps. 

    CORLAY 07 02 16 (25).JPG

    Ce café intitulé Carpé Diem (qu'on doit y être bien près de l'âtre le soir quand il fait froid dehors et que le pot-au-feu est presque prêt)  qui ose le rose occupe un bâtiment érigé en 1615. Il fait café, tabac, presse et je suis sûr qu'on peut y faire dormir son cheval. Je ne vois point de boucle d'attache pour la plus noble conquête de l'homme (quoi qu'en zoomant j'ai quelques doutes à certains endroits) mais j'imagine bien des écuries à l'arrière. 

    CORLAY 07 02 16 (23).JPG

    Quand on sort du Carpé Diem, des vieux panneaux de signalisation nous mettent dans l'embarras. Où aller et pour que faire ? Moi, ça ne m'impressionne pas, je ne vais dans aucune de ces deux directions. Je ne suis pas influençable. 

    CORLAY 07 02 16 (15).JPG

    Voici une autre vue du bar et plus loin, on croit deviner l'enseigne d'un apothicaire et tout au fond, il m'est d'avis que c'est la mairie. Il y a encore plein d'endroits sympas à Corlay mais je ne peux pas tout mettre. Je garde les photos en stock, pour moi, bien au chaud. 

     

    CORLAY 07 02 16 (28).JPG

    La preuve que Corlay vit encore  : on y fait même de l'exportation (juste de jeunes bovins mais il faut un début à tout). 

    CORLAY 07 02 16 (26).JPG

    Corlay, (22320), Côtes-d'Armor , maire : Pierre-Yvon Corbel ( liste : -ensemble, réouvrons Jacquard Français-) , 980 corlaysiens. reportage le 07 février 2016 ( arrivée à 10:00, départ à 10:49)  météo : se couvrant. direction : Sainte-Tréphine

    Loïc LT

    CORLAY 07 02 16 (38).JPG

    J'ai pas trouvé les piles ! Pourtant, j'avais besoin, je commençais déjà à manquer d'énergie.