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le chanteur

Dans les années 80, on ne réalisait évidemment pas qu'on était dans une période qui allait marquer de façon singulière l'histoire de la pop music, on ne se demandait pas ce qui resterait de ces années 30 ans plus tard, les enfants et les ados encore moins les adultes. 30 ans plus tard, l'expression "les années 80" parle à tout le monde, surtout dans le domaine musical. Aujourd'hui comme il y a 10 ans, les jeunes s'éclatent sur les tubes de ces années, avec un peu d'ironie et de second degré. On écoute les partenaires particuliers ou Début de Soirée les soirées de fête, on connait les textes pas cœur mais on ne les aime pas au point d'en écouter chez soi le soir lorsque le chat dort près de la cheminée. 

Comme de fait, ces années marquent un tournant, elles sont un pont entre les années 70, c'est à dire pour schématiser les années disco et les années 90 où tout part dans tous les sens que ce soit au niveau de la variété, de la pop, du rock et de l'électro avec quand même un point commun : les chansons aussi nulles soient-elles sont plus sophistiquées car l'ordinateur participe à leur création. Elles confirment ce que les années 70 avaient initié : le synthétiseur et l'ordinateur deviennent des éléments essentiels qui permettent ce qui était jusque là impossible. 

Globalement donc, les années 80 ont vu se succéder des tubes fabriqués tous un peu de la même façon : une mélodie entêtante (seul élément où l'humain devait encore faire preuve de créativité), des synthétiseurs, une boite à rythme et accessoirement pour la caution acoustique, le saxo. Le texte passe au second plan. 

Etienne Daho fait partie des artistes qui ont commencé dans les années 80 utilisant les recettes décrites ci-dessus. Il était un parmi tant d'autres, ni mieux, ni pire. Dans ces années , le nez dans le guidon, on ne réalisait pas que la plupart des chanteurs et groupes de cette décennie n'avaient pas plus d'avenir qu'un ou deux tubes. La décennie suivante a décimé la plupart des "stars" de la précédente. Au début des années 90, il y a eu la période "dance music" et plus étouffée pour le grand public, la techno, cette musique bizarre sur laquelle dansaient des jeunes dans des champs ou des entrepôts désaffectés. Les années 80 étaient derrière nous et Etienne Daho fait partie de ces quelques chanteurs qui ont réussi à en survivre. En 1991, il sort l'album Paris Ailleurs qui engendre 5 tubes (des attractions désastre, saudade, comme un igloo, les voyages immobiles, un homme à la mer). Ensuite, il se fait plus discret et puis revient en 1996 avec Eden, un album presque concept, une sorte d'ovni nimbée d'électro, un album qui fait moins de tubes que le précédent mais qui confirme qu'il faudra continuer à compter avec lui. A cette époque, je ne suivais pas sa carrière. Il ne me dérangeait pas mais ne m'enthousiasmait pas non plus. Mais je crois quand même que c'est avec Eden que j'ai commencé à me dire qu'il fallait peut-être que je lui porte une oreille plus attentive. 

Le premier album de Daho que j'ai acheté est un best-of, intitulé singles, sorti en 1998, avec comme couverture une photo sur laquelle on le voit courir sur une piste d'aéroport devançant un avion qui décolle (ou qui atterrit). Je ne me souviens plus de la motivation de cet achat mais je pense que cette magnifique photo n'y est pas pour rien et puis sur le fond, je commençais à vraiment apprécier ce chanteur, survivant des années 80 et qui continuait à poursuivre une carrière (loin de la dahomania des années 80) cohérente et le tout avec élégance et discrétion. Quand il a sorti Eden, j'étais persuadé qu'il allait ensuite continuer à creuser le sillon électro mais c'était mal connaitre le "rennais". Corps et Armes sorti en 2000 reste à mon avis son meilleur album mais c'est un album avant tout pop et symphonique. La plupart des fans de Daho mettent cet album au dessus de tous. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais me concernant, cet album est sorti à un moment où ma vie a pris une sorte de virage et sa qualité mêlée à ces circonstances font que Corps et Armes reste pour moi un album à part. 

Dans les années 2000, Daho continue son bonhomme de chemin. Ce n'est plus un faiseur de tubes (d'ailleurs Corps et Armes n'en contient pas même si un titre comme ouverture n'est pas passé inaperçu et gagne en popularité avec les années) mais il garde un public fidèle. Personnellement je suis allé le voir deux fois en concert et j'ai découvert une bête de scène, un puriste qui ne laisse rien au hasard mais qui laisse quand même place au hasard. Daho l'assume : il aime que les choses soient bien faîtes et il aime ce qui est beau. L'esthétique compte beaucoup chez lui. Les années passent et il continue à sortir des albums toujours très introspectifs, travaillés et raffinés. Le dernier date de 2013 et s'intitule les chansons de l'innocence retrouvée. Ce n'est pas mon préféré mais il contient 3 ou 4 titres que j'écoute régulièrement. 

En 2015, des médias ( Arte par exemple qui a fait un reportage sur le chanteur) ont commencé à considérer que plus qu'un dandy pop sans voix, Daho était en fait un monument de la chanson française. Sans rien faire mais grâce à des années de travail et de rigueur, Daho est devenu l'égal des grands. Je sais que beaucoup de gens sont indifférents au personnage et à ses chansons presque trop ciselées mais à 60 ans et plus jeune que jamais et quoi qu'il fasse désormais, Etienne n'a plus rien à prouver. Le passé l'a confirmé, l'avenir est devant lui.

Loïc LT

Commentaires

  • J'ai bien aimé lire votre article c'est très intéressant comme sujet. C'est vrai que si on regarde bien les jeunes d'aujourd'hui on remarque que certains titres ne se sont pas perdu :)

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