résumé : Quand on a été un caïd et qu'on se retrouve les flics au train, fauché comme les blés, avec deux gosses à charge, on peut toujours essayer de s'adresser aux copains.
Mais si les copains sont rangés des voitures et ne veulent pas se mouiller, on en est réduit à se rabattre en solitaire sur des petits coups miteux.
Abel en a fait l'amère expérience.
Seulement voilà : la vengeance, ça existe, et Abel a le coup de flingue facile...
mon avis : Je crois avoir déjà expliqué pourquoi je n'aimais pas le cinéma et je n'ai pas envie de me répéter (sauf sur demande) mais j'ai quand même quelques réalisateurs fétiches, qui à mon sens sortent du lot parce que quelque part ils ont fait (ou font) quelque chose de supérieur au cinéma, quelque chose qui se rapproche de la littérature. Jean-Luc Godard, Jacques Demy et Quentin Tarantino en font partie..ainsi que, Claude Sautet.
Avant de faire ses grandes fresques socio-bourgeoises des années giscardiennes, Sautet a réalisé dans les années 60 de bons petits polars dont classes tous risques, adaptation d'un roman de José Giovanni. C'est la raison pour laquelle j'avais acheté ce polar (paru chez Gallimard dans la fameuse série noire) il y a quelques années. N'ayant jamais trouvé l'opportunité de le lire, je me suis enfin décidé à l'ouvrir par une rieuse matinée d'automne.
Et quelques jours plus tard, par une journée toute aussi rieuse, lorsque je l'ai achevé d'un browning 7.65, mon premier sentiment fut que Sautet avait été très fidèle au roman. Ce roman est un polar d'excellente facture, sans fioriture qui nous plonge dans le monde du grand banditisme des années 50 avec son lot d'amitiés viriles, de coups bas et de reconversions mal assumées. Rien à redire, c'est bien envoyé, efficace et haletant.
Et la mort d'un truand est l'occasion pour Jose Giovanni de proposer au lecteur quelques considérations métaphysiques (p199).
Gibelin n'avait pas senti venir la mort. Il était passé sans souffrance, du stade de l'évanouissement à celui de cadavre. De son goût de l'argent, de sa ténacité, de sa manière d'aimer sa femme, de son habitude de se moucher en pressant toujours sur la même narine, il ne restait rien qu'une carcasse vide qui n'accomplirait plus aucun geste, et que personne ne rencontrerait jamais plus.
roman, parution 2tr 1958
Gallimard, série noire n°428, 248 pages
lecture du 10/10 au 12/10/09
note : 4/5
à venir : affliction, Russel Banks