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prix goncourt

  • CR251 : au revoir là-haut - Pierre Lemaitre

    412Lh92RjsL._AA278_PIkin4,BottomRight,-43,22_AA300_SH20_OU08_.jpgAlors que fusent les dernières balles de la guerre 14-18 , Albert et Edouard, deux soldats de la même compagnie sont les témoins des méfaits de leur chef, le lieutenant d’Aulnay-Pradelle. Ce dernier, afin de motiver ses troupes et ainsi se couvrir d’honneur avant l’armistice assassine froidement deux poilus qu’il avait envoyés en éclaireurs. Edouard qui sauve Albert d’un ensevelissement provoqué par le lieutenant se fait démolir la tronche par un obus. Aidé d’Albert qui commet un vol de papiers, Edouard ne souhaitant pas retrouver sa famille bourgeoise se fait passer pour mort et prend l’identité d’un soldat tombé sur le front. Les deux hommes qu’un lien indéfectible unis  emménagent dans un petit appartement poisseux de Paris. Edouard est défiguré, n’a plus de mâchoire, se cache derrière des masques et se drogue avec de la morphine qu’André a bien du mal à lui trouver. Artiste dans l’âme, il dessine pendant qu’Albert additionne les petits boulots. Puis, rendu fou par la morphine il décide de monter une escroquerie impensable : dessiner des monuments aux morts, en faire un livret et les vendre aux communes et se barrer avec les acomptes avant que l’on s’aperçoit de la supercherie. Dans un premier temps, Albert, plus raisonnable refuse..mais il finit par accepter. Parallèlement, comme le monde est petit (surtout dans les romans où ça aide quand même), Henri d’Aulnay-Pradelle qui fait des affaires un peu louches dans les cimetières militaires se marie avec la soeur d’Edouard…Albert qui a besoin d’argent pour monter l’escroquerie accepte un poste de comptable que lui propose le père d’Edouard (qui croit son fils mort, je le rappelle pour ceux qui suivraient pas).

    Dans ce roman apocalyptique et désenchanté, on voit bien que tout le monde va droit dans le mur, consciemment et avec application. C’est une histoire absolument effrayante et qui fait mal aux êtres humains que nous sommes , incapables de tirer les leçons de l’histoire. La traîtrise, la cupidité et l’inconscience guident nos actes. La fraternité et l’amour mettent du baume au cœur mais trop peu.

    Pierre Lemaitre est spécialisé dans le polar et cela se sent dans ce roman écrit à la façon des grands nouvellistes du début du XXème. L’écriture sobre est au service de l’histoire.  C’est à tel point que bien que j’en ai pris l’habitude sur la kindle, je n’ai pas surligné un seul passage. 

     

    lecture : novembre 2013

    Albin Michel

    Kindle / 577 pages

    note : 4/5

  • CR146 : les ombres errantes - Pascal Quignard

    9782246637417.gifprésentation de l'éditeur : " Il y a dans lire une attente qui ne cherche pas à aboutir. Lire c'est errer. La lecture est l'errance. "

    mon avis :...en 3 extraits :

    "L'aurore est au jour ce que le printemps est à l'année c'est à dire ce que le bébé est au mort."
    (p78)
    ah, merci Mr Quignard pour cette pensée profonde.

    "On ne peut être à la fois  un gardien de prison et un homme évadé". (p143)
    Ça se discute...mais pas envie de m'appesantir.

    "Nous venons de l'eau comme nous venons de la mer. D'abord nous descendons des bactéries. Puis nous descendons des singes." (p167)
    Encore merci, Mr Quignard, avant de vous lire, je pensais qu'on descendait d'Adam et Eve.

    Je n'irais pas jusqu'à dire que tout est à l'avenant mais avec ces trois extraits, on est tout à fait dans l'esprit des ombres errantes : beaucoup de bavardages inutiles, des pensées qui se veulent profondes..mais qui accouchent d'une souris..et c'est truffé de références plus ou moins mythologiques et greco-romaines, histoire d'emballer tout ça comme il faut. En conclusion, je ne sais pas ce qu'a voulu transmettre Quignard avec cet essai. Qu'est-ce qu'il a voulu nous dire ? Que l'art c'est beau, que lire c'est chouette, que la vie, c'est souvent dur et puis au final, ça finit par la mort. Voilà en fait le message de l'auteur.
    Je pense que Pascal Quignard est un auteur surestimé ( à ranger dans la même catégorie que Pierre Michon).
    Ou alors, c'est moi. Je dois être un lecteur au QI limité.
    C'est au choix.

    roman, paru en 2002 (prix Goncourt)
    Grasset, 188 pages
    lecture du 13/02 au 15/02/2010
    note : 1.5/5

  • réforme du prix Goncourt

    L'annonce du prix Goncourt m'énerve (un peu) tous les ans tant on sait toutes les tractations qu'il y a derrière, les enjeux économiques etc. Autant de choses qui n'ont rien à voir avec la littérature..et je sais que c'est une banalité que de le dire. Tout les fins lettrés le disent et même les moins fins.
    Mais plutôt que se plaindre, cherchons des solutions.
    J'ai imaginé deux réformes possibles :
    - que le jury n'existe plus et que le  prix Goncourt soit décerné directement par le président de la république, en son âme et conscience, qu'il ait lu ou pas les livres et sans qu'il ait besoin de se justifier de quoi que ce soit.
    - que le jury (composé des membres actuels ou pas, peu importe) s'enferme pendant les trois mois précédent le Goncourt (c'est à dire pendant la période où les livres sont publiés) dans un hôtel particulier, qu'ils soient coupés du monde et qu'on leur remette tous les livres de la rentrée, sans le nom de l'auteur et sans le nom de la maison d'édition, les livres étant tous de format identique et ressemblant sauf le contenu. Et qu'ensuite, ils se coltinent les romans et qu'ils décident du meilleur.
    Et là, le prix Goncourt signifierait vraiment quelque chose.

    On en est loin...mais quand même, bravo à Marie Ndiaye.

  • Voici le lauréat du prix Goncourt 2009

    Sans l'avoir lu (il ne m'intéresse pas plus que ça) et quinze jours avant son annonce officielle, je vous annonce que le prix goncourt 2009 sera attribué à :

     

    Trois_femmes_puissantes_Marie_NDiaye_kapak_20090827.jpg

    Et pour prouver que je ne raconte pas de bêtises, je jure de lire un roman de Guillaume Musso s'il s'avère que c'est un autre qui l'emporte (c'est dire si j'ai confiance -)))

     

  • CR103 - la vie devant soi - Romain Gary

    050720091490.jpgprésentation de l'éditeur : signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975.
    Histoire d'amour d'un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive : Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que « ça ne pardonne pas » et parce qu'il n'est "pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur". Le petit garçon l'aidera à se cacher dans son « trou juif », elle n'ira pas mourir à l'hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré « des peuples à disposer d'eux-mêmes » qui n'est pas respecté par l'Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu'à ce qu'elle meure et même au-delà de la mort.


    mon avis : roman très touchant, mimi comme tout, plein de fraicheur, d'innocence et de générosité dans les sentiments et de tolérance dans le propos. Amusant aussi lorsque Momo confond certains termes (par exemple pour lui, se faire avorter signifie se faire anesthésier). Et puis, il s'agit aussi et avant tout même, d'un plaidoyer en faveur de l'euthanasie.
    Ceci dit, je partage un peu l'avis de Charles Dantzig (dont le dictionnaire égoïste de la littérature française est devenu une bible pour moi), qui écrit à propos de Romain Gary : "quand on lit Gary, on passe son temps à enlever ce qu'il a mis en trop, les explications, les adjectifs, les adverbes, les clichés".

    un autre avis ici (que je partage)

    extrait : ( p136, Momo à propos de Madame Rosa) : Moi je pense qu'on ne respecte pas assez les vieilles putes, au lieu de les persécuter quand elles sont jeunes. Moi si j'étais en mesure, je m'occuperais uniquement des vieilles putes parce que les jeunes ont ds proxynètes mais les vieilles n'ont personne. Je prendrais seulement celles qui sont vieilles, moches et qui ne servent plus à rien, je serais proxynète, je m'occuperais d'elles et je ferais règner la justice. Je serais le plus grand flic et proxynète du monde et avec moi personne ne verrait jamais une vieille pute abandonnée pleurer au sixième étage sans ascenseur.

    roman, paru en 09 1975
    folio, 274 pages
    lecture du 01.07 au 05.07.09
    note : 3.5/5
    à venir : les déferlantes, Claudie Gallay

  • CR68 - Syngué sabour, pierre de patience - Atiq Rahimi

    SynguésabourPierredepatience.jpgQuelque part dans un appartement sommaire d'une ville afghane, une femme veille sur son mari, dans le coma suite à une blessure de guerre. Elle lui parle et lui dit tout ce qu'elle a sur le coeur, tout ce qu'elle n'a jamais osé ou pu lui dire. La pierre de patience est ce mari, inerte comme un caillou et auprès de qui elle peut enfin s'épancher et se livrer, ce qu'elle n'a jamais pu faire du temps où il était soldat et qu'elle lui était soumise. Dehors se font entendre de sporadiques coups de feu et l'on devine un spectacle de ruines.

    Récit bien mené dont il est impossible de décrocher. Mots justes et très évocateurs. L'écrivain veut dénoncer la violence, l'extrémisme, le fanatisme religieux et la soumission de la femme qu'il induit. C'est bien tout ça. Et c'est à mille lieux de la tendance au nombrilisme des littérateurs français contemporains. Mais ça ne valait pas le Goncourt. Les membres du jury ont sans doute voulu montrer qu'ils étaient ouverts sur le monde. On va dire que c'est culturellement correct (mais je devrais pas : je ne supporte plus l'expression politiquement correct !!!). Je dis ça parce que c'est vraiment le sentiment que j'ai. Bien d'autres romans édités en 2008 étaient supérieurs à celui-ci. Plus ambitieux, plus étoffés. Encore que, comme on sait, quantité ne signifie pas forcément qualité. Mais quand même il y a des limites. Donc voilà, un Goncourt de plus dans l'escarcelle. Et qui sera totalement oublié dans trois mois.

    note : 3.5/5
    lecture du 08.01 au 09.01.09
    à venir : le sucre, Georges Conchon.