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Colin sabre et tam-tam - Page 69

  • l'arbre d'or

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    Quatrième automne à Kerniel et je ne me souviens pas avoir déjà vu le pommier aussi beau. Pendant que les feuilles tombent et que les températures fléchissent tranquillement, Chloé continue à réciter des poésies de circonstance..

    Une feuille rousse
    que le grand vent pousse
    dans le ciel gris-bleu,
    l'arbre nu qui tremble
    et dans le bois semble
    un homme frileux,

    une gouttelette
    comme une fléchette
    qui tape au carreau,
    une fleur jaunie
    qui traîne sans vie
    dans la flaque d'eau,

    sur toutes les choses
    des notes moroses,
    des pleurs, des frissons,
    des pas qui résonnent :
    c'est déjà l'automne
    qui marche en sifflant sa triste chanson.

    Michel Beau

     

  • réunion de famille

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    01.11.2011

  • le Goncourt 2010 pour Mathias Enard

    9782742793624.jpgIl reste encore huit romans en course mais je vais quand même me risquer au pronostic. L’année dernière, j’avais vu juste mais c’était trop facile..trois femmes puissantes était moyen mais vu l’auteur, vu le propos, c’était joué d’avance.

    Voici la 2ème et avant dernière sélection pour cette année :


    Olivier Adam, le coeur régulier
    Thierry Beinstingel, retour aux mots sauvages
    Virginie Despentes, apocalypse bébé
    Mathias Enard, parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants
    Michel Houellebecq, la carte et le territoire
    Maylis de Kerangal, naissance d’un pont
    Chantal Thomas, le testament d'Olympe
    Karine Tuil, six mois, six jours

    Je parie sur Mathias Enard. Je n’ai pas lu son dernier roman (qui doit être très bon) mais je pense que le jury ne va pas passer à côté de l’opportunité de primer l’auteur de zone , cette espèce d’ovni littéraire  dont nous gratifia l’auteur il y a deux ans.
    Par ailleurs, par éliminations, je ne vois pas Houllebecq primé, le roman de Despentes est trop trash, celui d’Adam trop blanc, Kerangal vient d'avoir le Médicis, je n’ai pas lu les autres mais ils me semblent un peu en retrait.

     

     

  • CR189 : le coeur régulier - Olivier Adam

    le coeur régulier.jpgJe découvre cet auteur (né à Nancy, encore un..comment qu’une ville aussi moyenne peut sortir autant d’écrivains) qui a quelques romans derrière lui, une solide réputation et une tronche d’acteur.
    Le coeur régulier raconte l’histoire d’une femme (Sarah, la narratrice)) qui perd ses repères suite à la mort de son frère (Nathan) dont elle était très proche. Perdant son boulot peu de temps après, elle se rend au Japon dans une station balnéaire où son frère, alcoolique et dépressif était venu pour se suicider mais d’où en fin de compte, il a trouvé la rédemption. Sur place elle fait la connaissance d’un type dont l’occupation essentielle est d’empêcher les gens de se jeter à l’eau et ensuite de leur redonner goût à la vie.
    Sarah réalise l’impasse dans laquelle elle se situe. Devenue une bourgeoise mariée à un banquier gentil et conservateur, sa vie est à mille lieux de ses rêves d’adolescence. Nathan n’a jamais cessé de lui en vouloir au point de couper les ponts poussé par le mari de Sarah.  Le décès accidentel de Nathan est-il un suicide comme elle le pensait alors que justement Nathan semblait avoir retrouvé goût à la vie ? Errant le long des falaises, parmi les  bambous et dans les temples boudhistes, la narratrice réalise un gros travail d’introspection grâce auquel elle espère trouver une issue et sortir de la profonde dépression dans laquelle la jeter la mort de son frère.
    Le coeur régulier est un roman solide servi par un style limpide. Les descriptions y tiennent une place importante mais cela ne m’a pas du tout agacé. Il n’y a aucune longueur, toute semble naturel et frappé d’évidence...

    roman , paru en 2010

    éditions de l’Olivier, 232 pages

    lecture du 30/10 au 31/10/ 2010

    note : 4/5

     

  • tant d'automne

    311020103314.jpgSeul ce weekend, je n’ai parlé à personne (si ce n’est à une caissière). J’ai passé mon temps à dormir, errer, lire et jardiner. Hier après-midi, j’ai installé des pas japonais et le chat courrait après les feuilles mortes que les bourrasques  faisaient voler. En soirée, le vent est tombé mais la pluie est repartie de plus belle. Elle n’a cessé de tomber de la nuit et j'étais heureux sous la mansarde à entendre son champ régulier.  Ce matin, je me suis réveillé très tôt et comme je me voyais mal me rendormir, je me suis dit que je regarderais bien un vieux film (j’ai passé ma soirée de samedi à  foutre tous films en dvd sur mon tout nouveau disque dur externe sur lequel il y a tant de place qu’une vie ne peut suffire à le remplir). J’ai effectivement commencé à visionner un film d’Antonioni mais je me suis vite rendormi. Au réveil, il faisait jour, je suis sorti, le temps était calme et j’ai fait un tour de jardin. J’étais fier de mes pas japonais que j’ai enjambés plusieurs fois (je vois déjà Chloé se les faire à cloche pied..). Il est de moments où l’on se sent en osmose avec les éléments. Toutes ces couleurs automnales, cette douceur, le bruit d’une tronçonneuse au loin, les vapeurs qui se dégagent de la forêt...heureux celui qui sait profiter des saisons, saisir l’éternité dans chaque instant..Je suis rentré, ai fait un café...avec le changement d’heure, la matinée n”en finit pas..
    Je me complais assez dans la solitude parce que je sais qu’elle est provisoire, parce que je sais que ce soir, je vais retrouver ma compagne et mes filles. Sinon, je pense qu’elle me serait insupportable.
    iI est 18:30, il fait déjà nuit. Je viens de terminer un roman. J’ai allumé un feu. Direction gare d’Auray. adieu ma solitude !

  • histoires de grand-mères

    928742130.jpgLa grand-mère de ma femme a vu défiler 99 printemps, autant d’automne et donc, avec un peu d’avance, je me permets de dire qu’elle est centenaire. Elle vit seule dans un petit bourg du Cotentin depuis que son mari a rendu l’âme il y a presque dix ans. On va la voir à peu près deux fois par an. C’est toujours le même cérémonial. D’abord Prisca l’appelle pour l’avertir de notre venue (à cet âge-là, les gens n’aiment pas être pris au dépourvu). On arrive, on se gare, on distingue déjà sa silhouette à la porte. Elle s’aide d’une canne (mais ne porte pas de lunettes!).
    On se dit bonjour, on rentre, on s’installe dans un salon  d’où on distingue au loin un bras de mer. Elle nous sert des gâteaux ou des crèmes qu’elle a préparé et l’on boit des sortes de liqueurs sucrées. On discute alors, il faut parler fort. Pendant ce temps, les filles s’amusent, se roulent par terre et leur arrière-grand-mère les regarde avec beaucoup d’affection. Personnellement, j’essaie toujours de l’interroger sur ce qu’elle a vécu, comme les lendemains de la guerre 14-18 (elle se rappelle être allé en calèche en 1918 voir son père hospitalisé à Paris suite à une blessure de guerre). La dernière fois qu’on y ait allé, elle m’a prêté un livre. “née comme ça” de Denise Legrix. Dans ce livre, l’auteur raconte comment elle a vécu sans jambes et sans bras. Ce n’est pas mon genre de lecture, mais là, je me sens un peu obligé. On va sûrement retourner la voir autour de noël, et connaissant la grand-mère, il y a de grandes chances qu’elle me demande si je l’ai lu. Hasard de l’histoire, quelques jours après la visite, j’apprends à la radio le décès de Denise Legrix dont je  ne savais pas l’existence avant que mémé en parle. Pour l’anecdote, la dame est morte a 100ans. (le tableau en illustration est d’elle ; peint avec la bouche).
    Le même jour qu’elle me prêta ce livre, l’idée lui vient de nous offrir un tableau accroché dans l’une des chambres jadis occupées par un de ses enfants (elle en a eu 5 dont le père de Prisca). Pour la première fois, je monte à l’étage pour voir ce tableau. Incroyable : trois des chambres de l’étage ne sont plus utilisées depuis au moins trente ans, voire plus. La déco est restée telle quelle ! Véritable voyage dans le temps ! ..quant au tableau, il n’a aucun intérêt et son cadre est horrible. On n’a pas osé le lui dire et on lui répondu hyprocritement “on va réfléchir”.
    La grand-mère dispose d’un jardin qu’elle ne peut plus entretenir. Un voisin le fait pour elle. Par contre, il y a une chose qu’elle fait tous les jours et ce depuis le décès de son mari : le relevé des températures minimum et maximum. Tout est compilé dans des cahiers. Si vous voulez savoir quel temps il  a fait en Normandie le 18 octobre 1964 ou le 21 février 1983, prenez contact avec la grand-mère !

    Ma grand-mère aussi est toujours en vie..Elle a 88 ans (très jeune à comparé) et est atteinte de la maladie d'alzheimer. Elle vit dans une maison spécialisée dans le centre-Bretagne. Je m'en veux de ne pas aller la voir. Je m'en voudrais encore plus lorsque j'apprendrai son décès (alors il faut..pour les fêtes de  noël, c'est promis).. Il y a quelques années, l'idée lui avait piqué d'écrire ses mémoires. Et c'est ce qu'elle a fait dans un cahier d'écolier. J'ai lu quelques phrases et je dois dire que j'ai été agréablement surpris. Chez cette ancienne paysanne, un peu rustre et dévote, sommeille une femme qui s'est posé un tas de questions sur le monde, sur les hommes, sur le progrès...

    Nos grand-mères sont épatantes !

    Loïc, 11:55

  • CR188 : apocalypse bébé - Virginie Despentes

    virginie-despentes-apocalypse-bebe.jpgUne enquête pour disparition menée par deux détectives privées lesbiennes sert de prétexte à une succession de portraits très fins de gens plus ou moins normaux ayant côtoyés la disparue, une adolescente prénommée Valentine. Un peu trash (comme il se doit avec Despentes) mais une vraie énergie se dégage de ce roman. Le procédé m’a rappelé un peu celui utilisé par André Gide dans les faux monnayeurs...le récit met en scène des personnages qui rentrent et qui sortent pour ne plus réapparaître ou très peu. Et à chaque fois, c’est l’occasion d’un roman dans le roman, d’une tranche de vie; ce qui au final nous  donne un roman varié et reflétant à sa façon les différentes strates de la société française des années 2010.
    Dommage que le final soit un peu grand guignolesque.

    Mais , c’est pour moi une agréable surprise car j’avais un mauvais à priori sur Virginie Despentes. Or, il s’agit pour l’instant du meilleur de tous les prétendants au Goncourt 2010 que j’ai lus (trois au total),
    Je vais lire maintenant le coeur régulier d’Olivier Adam mais ayant explosé mon budget culture du mois d’octobre, je ne peux pas l’acheter. La bibliothèque du bourg ne l’a pas non plus. Il me reste donc une solution : le voler. Je tiens aux courant mes trois lecteurs du chapardage à venir (c'est pas drôle -)))

    roman , paru en août 2010

    éditions Grasset, 343 pages

    lecture du 24/10 au 28/10/ 2010

    note : 4/5

  • CR187 : incidences - Philippe Djian

    philippe-djian-incidences.jpgMarc, la cinquantaine, vit avec sa soeur dans une maison de campagne. Il est enseignant en fac et additionne les conquêtes parmi ses étudiantes. Un jour, il se réveille avec l’une d’entre elle mais son corps est sans vie. Il décide alors de s’en débarasser en le jetant dans un ravin que lui seul connait. Ensuite, il va bosser et oublie cet “incident”. Marc a des problèmes relationnels avec son responsable de département et ne supporte pas que ce dernier fasse la cour à sa soeur Marianne. Par ailleurs, Marc débute une liaison avec Myriam, la belle-mère de l’étudiante disparue. Celle liaison fait scandale.
    Mais la malchance poursuit Marc. Lors d’un banal contrôle de police, un flic meurt d’une crise cardiaque dans ses bras. Ne souhaitant pas d’ennuis, il décide une nouvelle fois de jeter ce corps embarrassant dans le ravin...
    Revoilà donc Djian, fidèle à lui-même. La série doggy bag est terminée mais il continue dans la même veine : une histoire décoiffante, des personnages barrés et désinhibés, une société pudibonde dans un monde en déliquescence. C’est divertissant, bon le style est un peu pauvre certes mais pour une fois qu’un auteur français ne nous prend pas la tête avec la forme..Cependant, je ne mettrai pas 4/5 car i'ai trouvé qu’incidences était un peu en dessous de l'excellent impuretés.

    roman , paru en 2010

    éditions Gallimard , 233 pages

    lecture du 18/10 au 22/10/ 2010

    note : 3.75/5

  • années lycée (suite)

    ... et je me souviens aussi que par au moins deux fois, pressés par le lycée victor hugo, nous sommes descendus dans la rue et que pour mes camarades comme pour moi, le but était uniquement de sécher les cours...d’ailleurs les cortèges se dissipaient très vite et alors, nous nous rendions dans l’arrière salle du pmu pour jouer au billard.
    Je ne me rappelle plus de la raison d’être officielle de ces manifestations (il n’y avait pas une histoire de sélection pour l'entrée à l’université ?) mais de toute façon, pour la plupart d’entre nous, on s’en foutait.
    Il faut avoir le courage de le dire, car nous l’avons à peu près tous vécus, les lycéens n’ont pas de conscience politique et si certains d’entre eux, un peu plus mûrs que la moyenne, commencent à avoir des convictions, elles ne sont pas assez solides pour justifier quelque action.
    Ne pas avoir maths, c’est chouette, on n’aime pas ce prof, traîner dans les rues entre potes et rentrer chez soi plus tôt, sortir de l’ordinaire et entendre parler de soi le soir à la télé, telles sont les réelles motivations des lycéens. Pourquoi aucun journaliste n’a le courage de dire ? Pourquoi l’autre matin sur france inter, Thomas Legrand est-il allé chercher midi à quatorze heures ?

    Pour le reste, c’est différent..les salariés, les fonctionnaires ne manifestent pas pour le plaisir. Ils perdent de l’argent chaque jour de grève. Mais ils le font par conviction..A tort sans doute, mais le fait est. Reconnaissons leur de s’intéresser à la vie de la cité, de bousculer leur quotidien pour défendre une cause. Ils sont bien moins nombreux que ce que disent les syndicats, et même que de ce que dit le police (selon certains comptages plus poussés mais restés confidentiels, tu penses..) mais ils sont bien organisés, c’est bien relayé par les médias et puis l’opinion publique les soutient. au pouvoir d'en tirer les leçons.
    Mais les lycéens..arrêtons la mascarade.

    loïc, 8h23

  • CR186 : naissance d'un pont - Maylis de Kerangal

    Naissance-d-un-pont.jpgA chaque rentrée littéraire, autant j’hésite à lire certains livres, je me tâte, j’hésite, je tergiverse, j’ergote, autant celui-là s’est imposé à moi dès sa sortie parce que le titre m’a sauté aux yeux et parce que je suis amateur de ce qu’on pourrait appeler de la littérature industrielle. Lorsque les écrivains s’emparent d’une usine ou ici d’un chantier, on a eu il y a quelques mois centrale d’Elisabeth Filhol et en cet automne 2010, le nouveau roman de Maylis de Kerangal dans lequel il est question de la construction d’un pont près de la ville américaine imaginaire de Coca.
    Comme on dit dans ces cas là, le pont est donc le personnage principal du livre..on suit évidemment l’histoire de quelques individus (John Johnson dit le boa, l’instigateur, Diderot, le maître d’oeuvre, Sanche, le grutier, Summer, la responsable du bétonnage..) mais aucun ne se détache vraiment. Le pont s’érige. Il nécessite deux cent millions de tonnes de béton, quatre vingt mille d’acier, cent vingt neuf mille kilomètres de câbles. Mais un chantier n’existant pas sans contre-temps, les écologistes obtiennent une suspension des travaux de trois semaines afin de permettre aux oiseaux peuplant les lieux de se reproduire, un mouvement social oblige la direction à faire quelques concessions..
    L’idée est bonne, le style très beau mais tout le temps de la lecture, j’ai toujours eu l’impression d’en être à la présentation. Tout est juste effleuré comme si l’écrivain avait été un peu dépassé par l’entreprise..Et puis, tout se passe un peu trop normalement dans ce roman pas assez romanesque.

    roman , paru en 2010

    éditions Verticales , 317 pages

    lecture du 07/10 au 16/10/ 2010

    note : 2.5/5

    à venir : incidences, Philippe Djian