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goncourt

  • Goncourt 2015 : Mathias Enard ne perd pas la boussole.

    mathias-enard-boussole.jpgLe Goncourt 2015 ne m'est pas inconnu. J'avais lu un de ses romans en 2009. Il s'agissait de zone et je me souviens à peine de l'histoire, par contre je me rappelle du style. Le roman ne comprenait qu'une seule phrase: vieille manie française de mettre la forme au dessus du fond. Il avait fallu que je m'accroche et rester concentré, ne pas sauter une ligne au risque de perdre le fil du rasoir. Mais j'avais été fier de l'avoir terminé. Je l'avais comparé à Claude Simon. J'avais pressenti que cet auteur referait parler de lui. Je ne sais pas ce que vaut ce Boussole, prix Goncourt 2015 mais je viens de le télécharger et le lirai avant le début de l'année lithurgique. Il y est beaucoup question d'orientalismes et cela tombe bien, j'en ai un peu marre du nombrilisme des auteurs français. 

    Mais pour ça, il faut que je me remette un peu à lire en m'efforçant de me libérer de l'emprise d'internet et d'autres vaines distractions. 

    Loïc LT

  • CR249 : le sermon sur la chute de Rome - Jérôme Ferrari

    41UB8p0SLDL._AA278_PIkin4,BottomRight,-65,22_AA300_SH20_OU08_.jpgLe voici enfin le roman qui me réconcilie avec la littérature en cette année 2013, jalonnée de beaucoup de déceptions, je dois dire. J’aurais pu lire le sermon sur la route de Rome plus tôt mais les contraintes financières étant ce qu’elles sont, j’ai attendu sa sortie en poche (sur liseuse puisque la nouveauté technique qui date de pas très longtemps je pense, c’est que lorsqu’un roman sort en poche, sa version numérique est moins chère également, même si trop chère encore puisque du même prix que le livre-papier, voire plus, je ne sais plus).

    Je m’égare vers des considérations techniques, c’est mon inconscient qui travaille car j’ai peur de parler de ce roman. Il me dépasse, il est trop fort pour moi et je suis trop petit pour lui. Mais ne nous rabaissons pas. L’enchantement littéraire est accessible à tous.

    Le sermon sur la chute de Rome est un livre ambitieux mais quand même très accessible, je tiens à rassurer ceux que le titre rebuterait. Car en même temps qu’il dégage une certaine puissance, ce titre fait peur, on croit qu’on va lire un sermon sur la chute de Rome. Poouah, mais non, le sermon en question, écrit par Saint-Augustin n'apparaît de temps en temps que pour illustrer la vie très contemporaine de plusieurs générations d’une famille corse touchée par les coups du sort. Mathieu, arrière arrière petit-fils de ses arrières arrières grands parents suspend de brillantes études en philosophie à Paris et rentre au village corse de ses origines afin de reprendre un bar en compagnie de son ami d’enfance Libero. Le duo embauche de jolies filles, un guitariste chanteur et le troquet revit.

    Là est ma petite déception concernant ce roman. J’avais lu lors de sa sortie que ce bar devait pour Mathieu et Libero devenir un havre de paix, et se transformer en ‘meilleur des mondes possibles’, selon les concepts posés par Leibniz et un autre philosophe dont je ne sais plus le nom. Mais tout cela est faux ! le bar est un lieu glamour, les serveuses sont aguicheuses (dont la fameuse Annie qui a ‘la curieuse habitude d’accueillir chaque représentant du sexe masculin qui poussait la porte du bar d’une caresse, furtive mais appuyée, sur les couilles). Ce bar est tout sauf un café-philo. Ce doit être un malentendu. Mais ce n’est pas grave.

    Donc, le bar fonctionne à merveille, les vieux habitués cohabitent avec les jeunes, les couples se roulent des pelles et les serveuses qui logent toutes les quatre à l’étage font le bonheur de tout le monde. Mais cela ne peut pas durer, des tensions apparaissent, Libero devient de plus en plus tendu et autoritaire.

    Mathieu se réjouissait que la stabilité de cet équilibre n'ait finalement pas été menacée, il ne sentait pas les subtiles vibrations du sol sur lequel courait un réseau de fissures denses comme la toile d'une araignée, il ne percevait pas la réticence craintive avec laquelle les filles s'approchaient désormais de Libero

    ...

    Six mois plus tard,sans qu'il se fut aperçu de quoi que ce soit, l'Empire n'existait plus. Est-ce ainsi que meurent les Empires, sans même qu'un frémissement se fasse entendre?

    La chute du bar et de l’empire entrent en résonance. Les phrases toutes aussi belles et envoûtantes les unes que les autres se succèdent. Parallèlement au  destin de ce bar, l'auteur nous embarque parfois à la découverte des vies de personnages secondaires, avec toujours ce même recul et sous l'angle historico-psychanalytique (pardon pour le néologisme). C’est trahir ce roman que de le commenter tant il se suffit à lui-même. Alors pour finir, je laisse une nouvelle fois la parole à l’auteur :

    Virginie n'avait jamais rien fait dans sa vie qui pût s'apparenter, même de loin, à un travail, elle avait toujours exploré le domaine infini de l'inaction et de la nonchalance et elle semblait bien décidée à aller jusqu'au bout de sa vocation.

    lecture : septembre 2013

    Acte Sud. kindle, 208 pages

    sortie: août 2012

    note :4.5/5

     

     

  • CR224 : l'art français de la guerre - Alexis Jenni

    9782070134588FS.gifS’il l’art français de la guerre n’avait pas remporté le plus célèbre prix littéraire français, je ne l’aurais jamais lu, tout juste aurais-je parcouru sa 4ème de couverture et alors, j’aurais passé mon chemin.  Mais voilà, il y a quelques années, je me suis juré de lire tous les nouveaux goncourt (l’année suivante la consécration des bienveillantes, ouf j’ai eu chaud), alors celui-là n’a pas fait exception à la règle. Car non seulement le sujet ne m’intéressait pas (les guerres subies et menées par la France dans la deuxième partie du XXème siècle à travers le regard du Victorien Salagnon, un soldat-peintre qui les aura toutes faites), en plus c’est un pavé de 630 pages et enfin, on peut dire que la critique l’a diversement appréciée, voire même ignorée (télérama ne l’a même pas chroniqué).
    Ce roman n’a donc rien pour lui...à part d’être le Goncourt 2011 (et encore, est-ce un gage de qualité ?).
    Lecture vient d’être faite...en 15 jours..avec des hauts et des bas, des moments d’agacement, d’autres d’ennuis et puis certains autres plus exaltants. des sentiments variables donc mais globalement quand même un certain malaise devant cette France telle que décrite par Alexis Jenni. Ce n’est pas tant le rappel de ce que furent les méthodes employées par l’armée française lors des guerres coloniales (qui n’ont rien à envier aux méthodes des khmers rouges) mais c’est cette description de la France contemporaine uniquement axée sur les problèmes de violence urbaine, d’émeutes dans les banlieues, de cohabitation entre les “races” etc. On a vraiment l’impression à lire ce livre que la France de 2010 est devenu un pays de non-droit, où les gens ont peur et se calfeutrent. Des groupes armés s’organisent pour tenter de maintenir l’ordre (telle la bande de Mariani à Voracieux-les-Bredins). Le propos de Jenni est de dire en quoi le poids de l’histoire se ressent dans le présent, d’où l’explication de cette violence généralisée. Soit. Mais j’ai vraiment trouvé cette vision de la France d’aujourd’hui un peu restrictive.
    D’un autre côté, le héros du livre, Victorien Salagnon n’est pas si inhumain que son parcours pourrait le faire penser. A plusieurs reprises, on le sent dégoûté par les méthodes employées par ses camarades. Et Il trouve dans la peinture à l’encre ce supplément d’âme qui le rend différent des autres. Victorien Salagnon représente le compromis  entre la rigueur de l’armée et une certaine élégance française, ce en quoi il peut servir de modèle au narrateur du roman, un type un peu désabusé et en quête d’identité,  à qui il apprend à peindre.
    Un pavé qu’on parvient à terminer ne peut pas être foncièrement mauvais (je viens encore de caler sur le tambour de Gunter Grass) mais c’est quand même une lecture fastidieuse. En bon petit soldat de la littérature, il m’a fallu de la discipline (50 pages par jour au minimum)  pour vaincre l’ennemi. Je signe la fin des hostilités.

    Et voici la critique d'une étudiante bretonne....de 18 ans. La France a de l'avenir !


    lecture : du 02.01.2012 au 15.01.2012
    Gallimard, 632 pages
    année de parution : 2011
    note : 2.5/5

  • le Goncourt 2010 pour Mathias Enard

    9782742793624.jpgIl reste encore huit romans en course mais je vais quand même me risquer au pronostic. L’année dernière, j’avais vu juste mais c’était trop facile..trois femmes puissantes était moyen mais vu l’auteur, vu le propos, c’était joué d’avance.

    Voici la 2ème et avant dernière sélection pour cette année :


    Olivier Adam, le coeur régulier
    Thierry Beinstingel, retour aux mots sauvages
    Virginie Despentes, apocalypse bébé
    Mathias Enard, parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants
    Michel Houellebecq, la carte et le territoire
    Maylis de Kerangal, naissance d’un pont
    Chantal Thomas, le testament d'Olympe
    Karine Tuil, six mois, six jours

    Je parie sur Mathias Enard. Je n’ai pas lu son dernier roman (qui doit être très bon) mais je pense que le jury ne va pas passer à côté de l’opportunité de primer l’auteur de zone , cette espèce d’ovni littéraire  dont nous gratifia l’auteur il y a deux ans.
    Par ailleurs, par éliminations, je ne vois pas Houllebecq primé, le roman de Despentes est trop trash, celui d’Adam trop blanc, Kerangal vient d'avoir le Médicis, je n’ai pas lu les autres mais ils me semblent un peu en retrait.