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famille

  • éloge de la crème anglaise

    Souvent les gâteaux au chocolat sont un peu secs alors pour relever le goût, on y ajoute un coulis de crème anglaise. Enfance ! On adorait la crème anglaise faîte maison. On peut évidemment l'acheter toute faîte mais comme on dit, "c'est pas pareil". 

    Alors, comme ma belle-mère (qui a tenu un restaurant à Villiers-Fossard ) nous fait une succulente crème anglaise, je vous propose donc, en ce dimanche triste qui préfigure un Demain que je déteste déjà (pour au moins trois raisons), un petit tuto "crème anglaise made in Normandie". Merci Mano

    Loïc LT


                             

     

  • Frère et soeur ( Michel Leiris )

    Pour faire descendre l'audience de son blog (que, sans fausse modestie, je trouve trop élevée ce ce moment), quoi de plus facile que de faire dans la poésie contemporaine ! 

    Mais cette note est une note à part entière et je la dédie à ma sœur. 

     

    Frère et sœur

    comme l'aiguille et le fil

    comme la larme et l'œil

    comme l'aile et le vent

     

    Frère et sœur

    comme la flèche et l'arc

    comme la foudre et le nuage

    comme les veines et le sang

     

    Un vent dur soufflera

    qui tarira la langue habile des sources

    fendillera les poteries d'argile noire

    dans la cave des gosiers

     

    Retournerons-nous jamais

    à nos moiteurs sacrées

    néfastes seulement pour ce qui craint la rouille

    nous qui sommes du fond de la mer?

     

    Il vous faut une explication ou vous êtes grands maintenant ? Michel Leiris est quand même plus abordable que Saint-John Perse ( dont je reparlerai).

    Les deux premières strophes se passent de commentaire. Ensuite, il faut comprendre que la complicité qui unit le frère et la sœur peut être mise à mal par le temps qui passe (métaphore du vent dur) et qui efface les joies de l'enfance et ce qui reste de l'enfance...au fond de la cave où sont entassés les vieilles bouteilles de cidre frelaté que faisait notre père. Je me souviens qu'on piétinait les pommes mélangées avec de la paille. Moi, je l'ai fait toujours, enfin, je crois. Pour bien écraser les pommes et faire couler le jus. Son cidre était imbuvable d'ailleurs, on n'en buvait jamais. Enfance ! On ne buvait jamais sauf quand on avait des invités. Notre père supportait peu l'alcool. 

    Dernière strophe. Cela se complique. Une question est posée qui sous-entend une réponse négative. On ne retournera évidemment pas à cette forme de "sacré" qui entoure l'enfance. Ma patrie, c'est l'enfance écrivait Marthe Bibesco. La patrie est un mot que je déteste mais si on lui retire sa connotation patriotique, il peut retrouver une certaine saveur et s'il s'agit de l'enfance, et bien, cette patrie a quelque chose de sacrée. 

    Un jour, il n'y a pas si longtemps, ma sœur avait scandé à des gens proches réunis autour d'elle "vous êtes mon terreau" et ça a fait son effet. Ce fut le clou de la soirée où étaient réunis des gens qui avaient partagés son enfance. Retournerons-nous jamais à nos moiteurs sacrées néfastes seulement pour ce qui craint la rouille nous qui sommes du fond de la mer ? Mon enfance ne fut pas un long fleuve tranquille - je ne vais pas m'étendre - mais je n'en garde pas un mauvais souvenir et je ne crains donc pas la rouille dont le temps la couvre inexorablement.

    Le fond de la mer ? Oui, l'homme est né dans l'océan...la soupe primitive dont le hasard a fait naître une cellule vivante... ou bien le poète n'a-t-il pas voulu parler de cette même matrice dont sont tous les deux issus le frère et la sœur ?

    Loic LT

  • fin de périple (06/07 février 2016)

    Après avoir quitté Langoëlan, je suis passé par Séglien et Locmalo.... mais ces deux bourgs étaient dépourvus de cabines. Bon, ne soyons pas trop sectaires, libérons-nous des contraintes ! Voici quelques photos de ces deux patelins acabines (néologisme sur le modèle de apatride). Les patelins acabines méritent quand même d'être cités même si je ne peux pas leur dédier une note entière. 

    Séglien :

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    Locmalo :

    Le brouillard était épais, on n'y voyait pas à cinq mètres. 

    DSC03226.JPG

    Ensuite, pour retourner chez moi, je suis passé par le bourg de Persquen, déjà recensé mais  je me suis arrêté histoire de humer l'air des lieux. Deux gentilles dames m'ont pris en photo devant la cabine téléphonique qui trônera un jour dans mon jardin dussé-je la voler. A Persquen, on a peu de risque de se faire surprendre !

    PERSQUEN 07 02 16 (1).JPG

    Comme j'avais encore un peu de temps, l'idée m'est venue de me rendre dans le village où vécut mon grand-père avant d'emménager dans le bourg. Evidemment, ça ne dira rien à personne mais je tenais à ce que cela soit ici. Le village s'appelle Kercher et le corps de ferme que mon grand-père louait n'est pas en ruine mais ne semble pas occupé toute l'année. 

    PERSQUEN 07 02 16 (10).JPG

    Je crois savoir, comme souvent dans la Bretagne intérieure que la maison est habitée par des anglais mais en tout cas, pas en ce moment. Lorsque j'y venais en vacances, il n'y avait pas d'herbe devant la maison. Pour le reste, rien n'a vraiment changé. J'imagine que plus loin devant la maison, il y a toujours ce chemin ombragé et caillouteux que mon grand-père empruntait pour aller cultiver son jardin. C'était un endroit humide où poussait du cresson. 

    PERSQUEN 07 02 16 (12).JPG

    Et puis, je me souviens très bien de cette grange à droite de la maison et d'un muret sur lequel je me revois en train de marcher. Bon, et sur la photo ci-dessus, on distingue une échelle de couvreur sur un toit. Toute cette partie du corps de ferme ne manque pas d'allure. 

    PERSQUEN 07 02 16 (13).JPG

    Je ne m'attendais pas à finir ce périple solitaire dans cet endroit ô combien symbolique. Quel bilan tirer de tout cela ? La mort de Beauchamp est-elle pure fiction ou est-elle réalité ?  J'en saurai plus le lendemain...et que me reste-t-il de tous ces bourgs : des images fortes et malgré la sinistrose qui s'en dégage, quelque part la promesse d'un bel avenir. J'y crois vraiment.  Ces bourgs ne mourront pas...je n'irai pas dire qu'ils finiront pas servir de refuges mais je pense que  quelque chose va se passer qui va surprendre tout le monde. Toutes les projections qu'on fait sur l'avenir s'avèrent souvent fausses. Allez savoir, peut-être que ces environs ne seront pas contre accueillir l'aéroport que les nantais ne veulent pas (un brin ironique sur ce coup-là).  Il n'y aura plus de cabines téléphoniques mais j'ai la conviction qu'un bourg peut survivre sans cabine, ce ne sera pas facile au début mais les gens sauront s'adapter...et désolé à ceux qui s'y reconnaîtront de ne pas m'être arrêté à Lescouët-Gouarec...

    Voici pour les puristes, le parcours depuis Rostrenen.

    locmalo,séglien,persquen, rostrenen

    Le soir, je suis rentré, j'ai allumé le feu, me suis lavé (ce que je n'avais pas fait depuis 48 heures) et j'ai mangé une pizza avant de m'endormir avec plein d'images en tête.

    fin de périple. 

    Loïc LT, 24/03/2016

  • séjour à Hauteville-sur-Mer # 1 soleil couchant et cabines de plages

    Avant de se rendre dans l'Otago Central, nous passons quelques jours à Hauteville-sur-Mer dans l'ouest du Cotentin où nous profitons d'un temps hideux. Mais nous gardons le moral, la Normandie sans la pluie, c'est pas vraiment la Normandie. 

    Mais hier soir, alors que j'étais en train de lire un roman du terroir sur la plage abandonnée (seuls quelques boulistes éméchés m'importunaient un peu au loin), un moment j'ai levé la tête et le spectacle qui s'est offert à moi était saisissant. Heureusement, j'avais eu la bonne idée d'emporter avec moi mon appareil numérique Sony Cyber-shot à visée électronique directe (sans oculaire) sur afficheur LCD et objectif fixe. J'ai réglé la luminosité juste comme il fallait. Préalablement, j'avais lâchement abandonné le Poulet sur le sable.

    HAUTEVILLE250715 (1).JPG

    Ensuite, cliché à l'instant T, on peut rater une photo pour quelques secondes d’atermoiements.

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    Alors que le même jour en matinée, j'effectuais un footing (départ Blanville-sur-mer, ensuite passage à Saint-Malo-de-la-Lande, Tourville-sur-Sienne, Agon, Coutainville et retour à Blainville par la mer par les dunes, soit 22 kilomètres qui m'ont coûté une contraction au genou gauche qui me contraint à arrêter de courir après deux lièvres à la fois quelques jours), ma partenaire est allée faire un tour vers le nord pour voir ces fameuses cabines de pêcheurs que la mer va avaler dans quelques années. Regardez comme le ciel était bleu. C'était notre premier jour de vacances et sans doute le dernier jour de relatif beau temps (18° maxi quand même) mais la Normandie est agréable à visiter même par mauvais temps et qu'est ce que ça coûte d'enfiler un chandail marin et une polaire pour se protéger du froid ?

    GOUVILLE250715 (1).JPG

    Le bonheur est en Normandie. Lola lève les bras au ciel. Je suis persuadé qu'elle rêverait de dormir dans une de ces cabines.

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    L’aînée ne sait plus où donner de la la tête. 

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    Le bonheur est d'être avec les gens qu'on aime. Au moment où j'écris (27/07/15, 15:03), il tombe des trombes mais je préfère l'authenticité normande à la chaleur étouffante et au bling bling sudiste. 

    Loïc LT, 27.07.2015

  • avec un brin de nostalgie # 2

    1ère partie ici

     

    Il y a des images qui me restent de Kercher, des choses anecdotiques mais qui lorsque je les vivais revêtaient une grande importance. Par exemple, ma sœur me parlait l’autre jour d’une toile de tente qui avait été plantée dehors. Je ne m’en souviens pas mais y-avait-on dormi ou cela servait-il de terrain de jeu ?

    Mon grand-père possédait une Renault 6 verte (alors que mon père en avait une orange...quelle honte) puis après je crois qu’il l’a changée pour une Renault 5. Je me souviens qu’un jour nous sommes partis tous les trois, lui, mon cousin et moi chez un type chez qui mon grand-père devait donner ou récupérer quelque chose (je crois qu’il s’agissait d’une histoire de grain). Le voyage avait été long et j’étais tendu parce que je n’aimais pas quitter le cocon de Kercher. Arrivé sur place, mon grand-père a fait le tour de la ferme de long en large mais il n’y avait personne. Alors il est rentré sans agacement, sans le montrer en tout cas. Je ne l’ai jamais vu énervé de toute façon.

    Est-ce qu’à Kercher, on mangeait dehors les jours de beau temps ? Nul souvenir.

    Je me rappelle des verres à moutarde dont on se servait pour boire de l'eau...nouveauté pour moi aussi. A cette époque, c’étaient des figurines de dessins animés genre Goldorak dont était friand mon cousin.

    En haut du village, il y avait une ferme mais ça avait l’air de tourner au ralenti...mais entre la maison de mon grand-père et la ferme, il y avait cette petite maison en pierre dans laquelle venaient de temps en temps, des gens, des femmes je crois, deux soeurs peut-être, je ne sais pas; je me souviens juste de leur 2CV. Encore une question à poser à mes tantes ? Qui étaient ces gens ?

    Je ne vous parle même pas de voisines de Raymond à Talvern qui habitaient une petite maison dans laquelle on était allé une ou deux fois et à chaque fois, j’avais été impressionné par l'intérieur très soigné, très moderne, quelque chose d’inconnu pour moi. Et puis les filles m’intimidaient également...qui étaient-elles ?

    Il y a 2 ans, je suis repassé avec mon père dans le village de Talvern  mais ce n’était plus le même. Je n’ai pas retrouvé la petite maison mystérieuse, ni la forge et son foutoir insensé.

    Je me souviens que derrière la maison de Raymond poussaient des ajoncs par centaines au milieu de gros cailloux, des menhirs presque. Je me demandais ce qu’il pouvait y avoir derrière cet endroit...je me demandais même si le monde ne finissait pas là. Je n’ai pas de souvenir de complicité avec Raymond. C’était un homme très distant mais je dois avoir oublié certains moments. Mais une chose est sûre, je n’aimais pas aller à Talvern même si c’était pour une visite et en voiture, j’étais rassuré que le trajet dure un peu. J’ai revu Raymond  bien après lors de ma communion à Berloch et je crois qu’il m’offrit une montre...ou autre chose. Mais je ne veux pas être injuste avec lui, les souvenirs d’enfance sont ce qu’ils sont et on se fait des idées souvent fausses sur les gens. J'ai revu son fils des années plus tard à l'arrivée d'une course à pied.

    Avec mon grand-père, c’était tout autre chose. Ce n’était pas un grand bavard mais il aimait nous faire découvrir des choses, je me souviens de ses éclats de rire et quand je pense à tous les malheurs qu’il avait déjà vécus à cette époque et que je ne réalisais pas, toute cette injustice me fait mal au cœur. Mais mon grand-père était heureux à Kercher. Il avait des chiens de chasse, je crois qu’il chassait un peu, son jardin et autrement en hiver, je ne sais pas trop comment il occupait son temps. Il avait des responsabilités à la commune, il devait voir sa fille Patricia et rendre visite à sa mère et son frère dans la maison de Persquen.

    Longtemps il est venu nous voir à Berloch avec sa Renault 6 verte et je courais vers lui pour qu’il me prenne dans ses bras. Il me ramenait pour mon anniversaire des livres de la bibliothèque verte par paquet de 10 ( (c’est comme ça que j’ai découvert la série des Michel) et une chose m’intriguait mais je ne sais pas pourquoi. Où les achetait-il ? Je m’étais mis en tête qu’il existait à Persquen une librairie cachée surchargée de livres à tel point que lorsqu'on ouvrait la porte, on en faisait tomber. Il y a quelques années, j’ai fait un rêve à ce sujet.

    Je me souviens un peu de mon arrière-grand-mère décédée en 1982. Elle nous distribuait toujours des bonbons qu’elle sortait de derrière les fagots ou du dessus d’une armoire rustique. Il lui manquait des dents et autrement tout est vague dans mon esprit. J’ai peu de souvenir de François, le frère de mon grand-père.

    Ce que je réalise aujourd’hui, c’est qu’à cette époque Brigitte était très jeune puisque née en 1957, elle avait une petite vingtaine années. Je ne sais pas quand est apparu Antoine, son futur mari mais il m’impressionnait et j’avais toujours le sentiment qu’il préférait jouer (car il était très joueur) avec mon cousin (qu’il voyait plus souvent) qu’avec moi. Avec ma soeur, on a toujours trouvé qu'il ressemblait à Julien Clerc.

    Et puis, que faisions nous ces étés à Kercher ? Je n’ai pas de souvenir de sorties à la mer ou autres... Richard, le mari d’Evelyne était-il toujours parmi nous ? Que de questions dont j’aimerais presque n’avoir jamais de réponses...Mais je peux les avoir et je ne pourrais pas m’empêcher de les avoir.

    On voyait moins Patricia et Gérard...Je crois qu’ils ont habité à Bubry avant d’emménager dans l’ancienne ferme des parents de Gérard.

    Et Richard ! Une personnalité. Il habitait à Paris et quand il a su que je faisais mon armée à Compiègne (1996), il m’a invité un week-end dans un restaurant très chic près de la gare du Nord, un restaurant où il avait ses habitudes et où je me sentais gauche. C’est la dernière fois que je l’ai vu et je ne sais même pas si Evelyne, sa femme, ma tante, était déjà décédée quand on s’est vu.

    Puis après, je suis devenu comptable à Guéméné et le midi, lorsque nous allions déjeuner, on passait devant le cabinet vétérinaire où Patricia était secrétaire et je m’arrêtais lui dire bonjour. Et c’est à cette époque que rentrant à Berloch où j’habitais encore avant de trouver mon premier logement que je me suis arrêté deux fois au bar de Paulette à Persquen. Et je me suis arrêté aussi une fois voir un oncle qui habitait Persquen, un ancien ingénieur qui en imposait et qui avait toujours plaisir à m’accueillir. Vit-il encore ? Pour l’instant, je ne puis le dire. Et puis, j'ai revu une fois mon cousin Cédric aussi...du côté d'Arradon (port du Golfe du Morbihan). C'était totalement inattendu mais la probabilité existait puisqu'il avec acheté avec Brigitte la maison de Persquen et que lorsqu'on y vient en vacances, j'imagine qu'on ne passe pas ses journées à se promener dans le bourg...mais Arradon quand même...où je ne suis allé qu'une fois.

    Que dire d’autres...je pourrais y passer la nuit mais un moment, les anecdotes deviennent des détails sans intérêt.

     

    Loïc LT

  • avec un brin de nostalgie # 1

    Tôt le matin lorsque personne n'est levé, le silence règne dans la maison, j'ouvre les volets et la nature avec tous les tons de vert s'offre à moi. Les oiseaux chantent, je vois de temps en temps un chat passer, voire même un chevreuil. Rien ne bouge encore au front des palais. Je ris au wasserfall blond qui s'échevelle à travers les sapins : à la cime argentée je reconnais la déesseJe prépare un café, parcours le Ouest-France et ensuite, soit je lis, soit je surfe soit j'écris et en ce matin du 16 mai 2015, je suis décidé à écrire.

     

    Le 14 mai 2015, je me suis rendu au village de Persquen pour le fameux recensement que vous savez (qui viendra après).  Ce n'était pas un reportage photos comme un autre puisqu'il y a deux bourgs qui comptent dans mon enfance, Languidic, celui où j'ai grandi et Persquen, celui où vivait mon grand-père maternel, Émile LB.

    Mon grand-père est né en 1923 à St-Caradec-Tregomel dans une ferme de peu sans doute, toujours est-il que le père de mon grand-père, François en plus d'exploiter une petite ferme était le jardinier et garde-chasse du manoir de Kerohel en Persquen (connu pour avoir abrité Marion du Faouët aux alentours de 1740) . Sa femme, Marie, qui habitait avec lui dans une dépendance du manoir (je présume) était verratière, c'est à dire que les éleveurs venaient à Kerohel avec leurs truies.

    Mon grand-père n'a pas vécu toute sa vie à Persquen (bourg je précise situé dans le nord du Morbihan, c’est à dire dans le centre de la Bretagne, une zone où l’exode rural a dépeuplé les villages) puisqu'après la guerre, après avoir été maraîcher et livreur de lait en région parisienne, il s'est engagé dans la gendarmerie où il fut affecté à la surveillance des aéroports (Orly, Bourget). Il se maria avec avec Ambroisine Morvan (une femme de Persquen) dont je n'ai aucun souvenir car elle est décédée d'un cancer deux ans et demi après ma naissance. Le couple s'est donc installé à Paris, dans un logement de fonction je suppose (à Dugny) et je suppose aussi que ma grand-mère était mère au foyer. Ils eurent 4 filles, Marie-Claire, ma mère, l'aînée, Patricia, Evelyne et Brigitte. C'est à Paris que mon père a rencontré sa future épouse, Marie-Claire. Je ne me souviens plus très bien de ce que mon père faisait à Paris mais j'ai le vague souvenir qu'il m'avait dit qu'il gérait une auberge de jeunesse catholique ou un truc dans le genre. Donc, coup de foudre comme on dit et sans doute aussi le fait que tout le monde était originaire du même coin de Bretagne a-t-il créé des affinités.

    Dans les années 50 (ou début des années 60 ?) , ma grand-mère Ambroisine est tombée malade et pendant qu'elle était soignée de la tuberculose à l'hôpital Val-de-Grâce à Paris, ma mère et Evelyne furent scolarisées à l'école des soeurs de Persquen, Patricia fut mis en garde à Kerohel pendant que Brigitte encore toute petite était gardée par une nourrice. Guérie de la tuberculose, le destin s'acharna contre elle puisqu'elle décéda d'un cancer le 25 février 1976.

    Lorsque j'ai fait mon reportage photo le 14 mai, je suis rentré dans l'enceinte de cette école des soeurs où ma mère et Evelyne ne durent pas passer que du bon temps...et tout est à l'abandon, les tables et les pupitres sont entassés dans le préau. Par contre, l'intérieur des bâtiments n'est pas si insalubre et doit servir à quelque chose mais à quoi. Tout à l'heure, j'ai eu ma tante Patricia au téléphone et elle m'a dit qu'il n'y a encore pas longtemps, les locaux de cette ancienne école de bonne-sœur étaient utilisés par le curé pour faire la messe en hiver, la grande église Saint-Adrien n'étant pas chauffée.

    Mon grand-père rendit les armes en 1975 et passa dans le privé en devenant surveillant d'une maison d'édition, les éditions Rombaldi, situées boulevard Saint-Germain à Paris. On a quelques exemplaires des livres de cette maison à Berloch, ce sont de gros bouquins assez rébarbatifs avec des illustrations tristes. Cette maison rééditait des grands auteurs comme Bazin et Genevoix. Le couple LB vivait dans les locaux de cette maison d'édition et ma grand-mère s'occupait de l'entretien du hall et autres petites intendances .

    Après la mort de sa femme, mon grand-père étant né en 1923 avait donc 53 ans et décida de rentrer à Persquen peu après avec Patricia et Brigitte. Sa mère habitait une maison avec son mari François dans le bourg de Persquen. Je ne l'ai pas connu et j'ai toujours entendu dire qu'il est mort d'une crise cardiaque en se rendant aux toilettes (ou en y revenant). Toujours est-il qu'il n'y avait pas de place pour Émile dans cette maison où vivait aussi François, l'un de ses deux frères, un mécanicien agricole qui travaillait à Bubry (l'autre frère Raymond était ouvrier en menuiserie et selon moi plutôt artisan (il avait conçu pour mon père et ma mère un ensemble lit-armoire dans un style rustique typiquement breton, ensemble qui a toujours été un sujet de moquerie à Berloch tant nous le trouvions horrible mais qui à bien des égards est finalement un véritable chef d’oeuvre du genre) qui deviendra mon parrain et qui habitait une maison qu'il avait fait construire sur les hauteurs d'un village aux confins de Persquen (Talvern) en bas duquel un forgeron foutait un de ces bordels qui empiétait même sur la route.

    Mon grand-père loua donc une maison dans un corps de ferme abandonné au hameau de Kercher à quelques kilomètres du bourg. C'était une grande maison avec plein de bâtiments agricoles autour.

     

    Ma mère est décédée en 1979. J'avais six ans et ma sœur 4. Je n'ai pas bien réalisé les événements. Je n'étais pas malheureux et je n'ai pleuré que lorsque j'ai vu mon père pleurer.

    C'est la première fois que je le voyais ainsi et je pensais qu'il n'y avait que les enfants qui pleuraient. Lorsque ma mère est décédée, ma grand-mère, Elisa (dite Marie) est venue s'installer à la maison à Berloch pour aider mon père à nous élever. C'est à partir de cette période que j'ai commencé à aller régulièrement en vacances à Kercher. Les filles de mon grand-père travaillant et vivant à Paris (à part Patricia, mariée avec Gérard, un mécanicien travaillant à Guéméné) venaient passer quelques semaines de vacances auprès de leur père en été et elles en profitaient pour nous prendre quelques jours (quinze jours ?) avec elles. Ces séjours à Kercher étaient pour moi des moments de stress et en même temps d'excitation. J'adorais mon grand-père, il ne grondait jamais, il vivait tranquillement et mes tantes Brigitte et Evelyne étaient prévenantes à nos égards. Et puis, elles ramenaient avec elle leurs habitudes de Paris à des années lumière de ce que je pouvais vivre à Berloch. J'avais l'impression de vivre dans un autre pays. On avait le droit de faire des choses qu'il était insensé de faire chez nous comme lire le soir au lit ou bien regarder des films jusque la fin (comme Papillon avec Steve McQueen dont j’ai, je ne sais pas pas pourquoi gardé un souvenir inoubliable) . On se rendait dans un supermarché de Pontivy ce que jamais nous ne faisions à Berloch où le boulanger-épicier ambulant nous alimentait en denrées de base que mon père ou ma grand-mère complétaient par quelques courses dans les magasins du bourg de Languidic (genre la coop). Donc, ma première expérience du supermarché eut lieu lors d'un de ces séjours à Kercher. Je me rappelle avoir croisé une fois au supermarché (Continent ?) mon instit de l'école St-Donatien -une école rurale posée au milieu d'un champ à Languidic- et je trouvais insensé que ces deux mondes si différents puissent se rencontrer et en même temps j'étais fier de leur présenter mes tantes parisiennes (encore que j'étais excessivement timide alors je ne sais pas comment la rencontre a pu se passer).

    Je me souviens de ces vacances à Persquen comme de moments d'insouciance. Evelyne avait un fils qui avait un peu près mon âge alors nous jouions ensemble à des jeux divers, nous partions en vadrouille avec le grand-père (il cultivait un jardin au bout d'un chemin interminable, en descente qui menait à un endroit très humide où poussait du cresson), il nous montrait régulièrement son képi qu'il gardait religieusement et qui nous impressionnait mais j'avais quand même un complexe d'infériorité par rapport à mon cousin. Mieux habillé, plus classe en général, je l'enviais mais il ne se la ramenait pas. Nous avions moins de 10 ans et ce n'est pas une période où on se cherche des poux (dont ma tête était couverte d'ailleurs -). Il arrivait aussi que je fasse des séjours dans les séjours en allant passer quelques jours à Talvern chez mon oncle et parrain Raymond (frère de mon grand-père), sa femme Jeanine et leur fils Thierry (que je ne voyais jamais) dont la chambre était tapissée de posters de clubs de foot (impressionné j'étais) mais ces séjours n'étaient pas de tout repos parce que les scènes de ménage étaient récurrentes et les assiettes volaient souvent . Je me souviens même d'une bagarre générale dans le village dont j'ai du mal aujourd'hui à définir qui et pourquoi se battaient avec qui. Jennine est décédée d'un cancer très jeune en 1981, ensuite j'ai beaucoup moins vu mon parrain à part quand il venait à la maison à Berloch avec sa nouvelle campagne.

    A chaque fois qu'on partait en vacances à Persquen, c'était pareil. L'oncle Richard et la tante Evelyne venaient nous chercher à Berloch (moins souvent Brigitte et Antoine je crois ; on ne voyait pas beaucoup Antoine très occupé par son travail). Les adultes restaient discuter. Richard parlait beaucoup et son accent alsacien résonne encore dans mes oreilles. Evelyne était plus discrète et toujours très gentille avec nous. Le parcours Languidic-Persquen dans la R18 pourtant pas si long (une demi-heure à peu près) me semblait interminable, il y avait des virages et comme j'étais timide je n'osais pas dire que j'avais envie de dégobiller. L'envie souvent se concrétisait et je vous épargne les détails.

    Je ne sais pas combien j'ai fait de séjours à Persquen. Avec le temps, on a tendance à exagérer les choses. Mais une chose est sûre, lorsque mon arrière-grand-mère est décédée en novembre 1982, et ensuite François en 1984 (qui vécut donc seul dans la maison pendant deux ans environ), mon grand-père s'est installé dans la maison du bourg (après quelques rénovations) et jamais on n'a passé de vacances dans cette maison. Donc, nos vacances à Kercher se sont déroulées sur une période assez courte (4 ans à peu près quand même).

    Quand mon grand-père a emménagé dans le bourg, la donne a changé. J'avais grandi forcément. Nous rendions des visites à mon grand-père avec mon père, sa nouvelle femme, ma nouvelle petite sœur et ma sœur. A partir de cette période, j'ai commencé à perdre de vue mon grand-père et quand il est décédé en 1997, j'étais sous les drapeaux et je m'en suis atrocement voulu (alors que j'avais mon permis de conduire depuis des années)  de ne pas être allé le voir plus souvent. Je crois que je comptais pour lui. J'étais le fils aîné de sa fille aînée, et je l'ai abandonné. Mais je crois que les dernières années de sa vie ne furent pas simples (problèmes de santé et autres) . N'empêche.

    Loïc LT

    A venir : reportage photos à Persquen (qui malgré ces 300 habitants dispose d'une cabine!)

  • la chaussure (sur la plage)

    Voilà bien mes filles : en train de se marrer autour d'une vieille chaussure rejetée par la Manche. C'est pour ça que j'aime les enfants (mais les miens avant tout -), pour cette capacité à s'émerveiller pour un rien, à s'amuser avec peu de chose.

    Elles sont très complices toutes les deux, elles se sont créés des codes qu'elles seules comprennent. C'est très touchant.

     

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