1ère partie ici
Il y a des images qui me restent de Kercher, des choses anecdotiques mais qui lorsque je les vivais revêtaient une grande importance. Par exemple, ma sœur me parlait l’autre jour d’une toile de tente qui avait été plantée dehors. Je ne m’en souviens pas mais y-avait-on dormi ou cela servait-il de terrain de jeu ?
Mon grand-père possédait une Renault 6 verte (alors que mon père en avait une orange...quelle honte) puis après je crois qu’il l’a changée pour une Renault 5. Je me souviens qu’un jour nous sommes partis tous les trois, lui, mon cousin et moi chez un type chez qui mon grand-père devait donner ou récupérer quelque chose (je crois qu’il s’agissait d’une histoire de grain). Le voyage avait été long et j’étais tendu parce que je n’aimais pas quitter le cocon de Kercher. Arrivé sur place, mon grand-père a fait le tour de la ferme de long en large mais il n’y avait personne. Alors il est rentré sans agacement, sans le montrer en tout cas. Je ne l’ai jamais vu énervé de toute façon.
Est-ce qu’à Kercher, on mangeait dehors les jours de beau temps ? Nul souvenir.
Je me rappelle des verres à moutarde dont on se servait pour boire de l'eau...nouveauté pour moi aussi. A cette époque, c’étaient des figurines de dessins animés genre Goldorak dont était friand mon cousin.
En haut du village, il y avait une ferme mais ça avait l’air de tourner au ralenti...mais entre la maison de mon grand-père et la ferme, il y avait cette petite maison en pierre dans laquelle venaient de temps en temps, des gens, des femmes je crois, deux soeurs peut-être, je ne sais pas; je me souviens juste de leur 2CV. Encore une question à poser à mes tantes ? Qui étaient ces gens ?
Je ne vous parle même pas de voisines de Raymond à Talvern qui habitaient une petite maison dans laquelle on était allé une ou deux fois et à chaque fois, j’avais été impressionné par l'intérieur très soigné, très moderne, quelque chose d’inconnu pour moi. Et puis les filles m’intimidaient également...qui étaient-elles ?
Il y a 2 ans, je suis repassé avec mon père dans le village de Talvern mais ce n’était plus le même. Je n’ai pas retrouvé la petite maison mystérieuse, ni la forge et son foutoir insensé.
Je me souviens que derrière la maison de Raymond poussaient des ajoncs par centaines au milieu de gros cailloux, des menhirs presque. Je me demandais ce qu’il pouvait y avoir derrière cet endroit...je me demandais même si le monde ne finissait pas là. Je n’ai pas de souvenir de complicité avec Raymond. C’était un homme très distant mais je dois avoir oublié certains moments. Mais une chose est sûre, je n’aimais pas aller à Talvern même si c’était pour une visite et en voiture, j’étais rassuré que le trajet dure un peu. J’ai revu Raymond bien après lors de ma communion à Berloch et je crois qu’il m’offrit une montre...ou autre chose. Mais je ne veux pas être injuste avec lui, les souvenirs d’enfance sont ce qu’ils sont et on se fait des idées souvent fausses sur les gens. J'ai revu son fils des années plus tard à l'arrivée d'une course à pied.
Avec mon grand-père, c’était tout autre chose. Ce n’était pas un grand bavard mais il aimait nous faire découvrir des choses, je me souviens de ses éclats de rire et quand je pense à tous les malheurs qu’il avait déjà vécus à cette époque et que je ne réalisais pas, toute cette injustice me fait mal au cœur. Mais mon grand-père était heureux à Kercher. Il avait des chiens de chasse, je crois qu’il chassait un peu, son jardin et autrement en hiver, je ne sais pas trop comment il occupait son temps. Il avait des responsabilités à la commune, il devait voir sa fille Patricia et rendre visite à sa mère et son frère dans la maison de Persquen.
Longtemps il est venu nous voir à Berloch avec sa Renault 6 verte et je courais vers lui pour qu’il me prenne dans ses bras. Il me ramenait pour mon anniversaire des livres de la bibliothèque verte par paquet de 10 ( (c’est comme ça que j’ai découvert la série des Michel) et une chose m’intriguait mais je ne sais pas pourquoi. Où les achetait-il ? Je m’étais mis en tête qu’il existait à Persquen une librairie cachée surchargée de livres à tel point que lorsqu'on ouvrait la porte, on en faisait tomber. Il y a quelques années, j’ai fait un rêve à ce sujet.
Je me souviens un peu de mon arrière-grand-mère décédée en 1982. Elle nous distribuait toujours des bonbons qu’elle sortait de derrière les fagots ou du dessus d’une armoire rustique. Il lui manquait des dents et autrement tout est vague dans mon esprit. J’ai peu de souvenir de François, le frère de mon grand-père.
Ce que je réalise aujourd’hui, c’est qu’à cette époque Brigitte était très jeune puisque née en 1957, elle avait une petite vingtaine années. Je ne sais pas quand est apparu Antoine, son futur mari mais il m’impressionnait et j’avais toujours le sentiment qu’il préférait jouer (car il était très joueur) avec mon cousin (qu’il voyait plus souvent) qu’avec moi. Avec ma soeur, on a toujours trouvé qu'il ressemblait à Julien Clerc.
Et puis, que faisions nous ces étés à Kercher ? Je n’ai pas de souvenir de sorties à la mer ou autres... Richard, le mari d’Evelyne était-il toujours parmi nous ? Que de questions dont j’aimerais presque n’avoir jamais de réponses...Mais je peux les avoir et je ne pourrais pas m’empêcher de les avoir.
On voyait moins Patricia et Gérard...Je crois qu’ils ont habité à Bubry avant d’emménager dans l’ancienne ferme des parents de Gérard.
Et Richard ! Une personnalité. Il habitait à Paris et quand il a su que je faisais mon armée à Compiègne (1996), il m’a invité un week-end dans un restaurant très chic près de la gare du Nord, un restaurant où il avait ses habitudes et où je me sentais gauche. C’est la dernière fois que je l’ai vu et je ne sais même pas si Evelyne, sa femme, ma tante, était déjà décédée quand on s’est vu.
Puis après, je suis devenu comptable à Guéméné et le midi, lorsque nous allions déjeuner, on passait devant le cabinet vétérinaire où Patricia était secrétaire et je m’arrêtais lui dire bonjour. Et c’est à cette époque que rentrant à Berloch où j’habitais encore avant de trouver mon premier logement que je me suis arrêté deux fois au bar de Paulette à Persquen. Et je me suis arrêté aussi une fois voir un oncle qui habitait Persquen, un ancien ingénieur qui en imposait et qui avait toujours plaisir à m’accueillir. Vit-il encore ? Pour l’instant, je ne puis le dire. Et puis, j'ai revu une fois mon cousin Cédric aussi...du côté d'Arradon (port du Golfe du Morbihan). C'était totalement inattendu mais la probabilité existait puisqu'il avec acheté avec Brigitte la maison de Persquen et que lorsqu'on y vient en vacances, j'imagine qu'on ne passe pas ses journées à se promener dans le bourg...mais Arradon quand même...où je ne suis allé qu'une fois.
Que dire d’autres...je pourrais y passer la nuit mais un moment, les anecdotes deviennent des détails sans intérêt.
Loïc LT