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CR303 : il reste la poussière - Sandrine Collette
Je n'aurais jamais lu ce roman si je n'avais pas rencontré son auteure lors d'une séance de dédicace à Vannes alors que j'étais venu accompagner ma femme, fan du groupe Boulevard des Airs qui se donnait en showcase à l'espace culturel du Leclerc. Il y a avait tellement de monde dans la file d'attente que je m'en suis extirpé pour aller flâner dans la librairie et je suis donc tombé par hasard sur la table de Sandrine Collette et là, pour le coup, c'était un peu le boulevard désert (non, ce n'est pas tout à fait vrai mais j'avais vraiment envie de sortir ce jeu de mots - mais quand même c'était pas la foule - ). Sandrine Collette, que je ne connaissais pas est pourtant connue dans le milieu du polar et elle a même eu l'honneur d'être l'invitée de François Busnel dans la grande librairie.Je n'ai pas parlé beaucoup avec elle, je lui ai juste dit que le titre du roman était beau, elle m'a évoqué un peu le cadre de l'action (la Patagonie en Argentine) et puis je suis reparti dans la file d'attente et je suis revenu pour le prendre. Elle l'a dédicacé (pour Loïc, je pense que c'est la première fois que ce livre sera ouvert dans la file d'attente d'un concert...mais il faut une première fois à tout ! Amicalement ) et j'ai effectivement commencé à le lire dans la file qui avançait à reculons.Voici le contexte dont j'aurais pu me passer mais qui ne me vaudra pas une convocation au commissariat de Guémené-sur-Scorff.Parlons maintenant du roman. J'avais pas capté que le prix qu'avait obtenu l'auteure était le Landerneau Polar et non le Landerneau tout court. C'est après coup que je m'en suis aperçu. Va pour un polar. Hervé Le Corre dont je viens d'encenser un roman avait obtenu le même prix il y a 2 ans...alors...L'action se passe donc en Patagonie, dans une région hostile où il pleut tous les 33 du mois mais suffisamment quand même pour qu'on puisse élever des bœufs et des moutons qui se contentent des herbes sauvages et des maigres récoltes de foin. Une famille, la mère (une sorte de Vitalie Rimbaud en pire) et ses quatre fils. Les 2 fils aînés sont jumeaux, le troisième Steban est un demeuré, c'est "le débile" et le quatrième est Rafael, celui qui n'a pas connu son père alcoolique que sa mère a tué plus ou moins volontairement avant de le couler dans un marais lointain. Les fils bossent dur, la mère (dont on ne saura jamais le prénom) gère l'exploitation d'une main de fer et les jumeaux sont la terreur des deux plus jeunes. Les sentiments humains sont réduits à la portion congrue, il y a juste peut-être un peu d'affection entre les deux jumeaux, mise en avant quand l'un deux doit partir car "la mère" après avoir perdu une fois de plus au poker (car elle se rend parfois en ville pour affaires, pour boire et pour jouer) et n'ayant plus de thunes a dû se résoudre mais sans état d'âme à payer sa dette en donnant un de ses fils jumeaux qui doit donc partir dans une autre exploitation. (je ne parierais pas ma collection de la Pléiade sur l'exactitude grammaticale de cette dernière phrase)Dans ce roman noir et sec comme un coup de trique, les humains et les bêtes sont traités de la même façon, les fils sont encore plus malheureux que les bêtes car ils ne connaissent même pas le plaisir sexuel.Le héros est le petit Rafael, tête de turc des jumeaux, à qui il arrive une aventure. Il doit quitte l'estancia (c'est le nom qu'on donne aux grandes exploitations en Amérique du Sud) pour récupérer deux chevaux qu'il a négligemment laissés partir et il va faire une rencontre qui va changer sa vie et celle de cette "famille" uniquement liée par les liens du sang.Plus qu'un polar (pas d'enquête et police inexistante et c'est bien pour ça que c'est là-bas que se cache Xavier Dupont de Ligonnès, hein -) , j’appellerais ça plutôt un "roman noir" car il s'agit avant tout d'un drame familial dans une famille rurale rustre (comme on peut en trouver en France sauf en Bretagne) Le tout se déroule en quasi huis clos et on se doute qu'il ne va pas se terminer à cinq. Le style est splendide et la description des paysages saisissante (pourtant m'a dit l'auteure, elle n'est jamais allée en Patagonie).C'est une belle découverte. Merci Boulevard des Airs !lecture sept 2016, sur livre papier (et oui !), 302 pages, éditions Denoël/Sueurs Froides, parution janvier 2016, prix Landerneau Polar 2016, note : 4/5 ( Télérama aime beaucoup)Loïc LTLien permanent Catégories : 2016, compte rendu de lecture, littérature, littérature française, polar 0 commentaire -
recensement des cabines # 74 - Auray (56)
Dans la charte du recenseur que je me permets de modifier selon mon bon vouloir, il était stipulé de ne pas s'occuper des villes mais bon, je ne vais pas être convoqué au commissariat de Guéméné-sur-Scorff pour avoir enfreint cette contrainte que je me suis fixé tout seul ? Il faudrait que dans ce pays, les pouvoirs publics arrêtent de vouloir se mêler de tout.
Hier soir, je me suis donc rendu à Auray, non pas pour aller à Vannes en courant, (ça j'ai déjà donné) mais pour assister à un mini-concert électro dans la chapelle du Saint-Esprit qui est le plus vieux bâtiment alréen. Cette chapelle sécularisée est aujourd'hui un lieu de culture et en l’occurrence, ce concert clôturait une exposition de Nastasja Duthois. J'ai toujours trouvé que la musique techno et une église allaient bien ensemble ( depuis une séquence de Basic Instinct peut-être) mais le concert en question n'était pas à la hauteur de ce que j'attendais (pas de jeux de lumière sur les grandes fenêtres de l'église démunis de vitraux). Mais j'ai quand même passé un bon moment. On sentait que le public n'était trop amateur d'électro et les gens allaient et venaient découvrant ou redécouvrant les fresques de Nastasja Duthois, comme celle-ci par exemple :
Mais je reviendrai sur cette soirée dans quelques secondes, juste après vous avoir parlé de cette cabine, qui s'est offerte à moi telle Pamela Anderson sur le bord d'un lac et son cœur sur mon cœur qui respire et l'horizon qui soupire...). Elle se situe juste à côté de la chapelle, c'est peut-être la dernière d'Auray mais je ne peux pas le garantir.
Hors service, je ne peux même pas donner son numéro d'appel puisque quelqu'un d'intelligent s'est amusé à changer des chiffres et puis la même personne sans doute, à mettre un numéro de téléphone sur l'appareil...peut-être Nastasja (oui, avec un Jet un S devant le T) Duthois, allez savoir...ces artistes contemporains sont capables de tout -)
Il y a bien un CRS pour surveiller l'édicule mais il est là depuis si longtemps qu'il n'a pas pris racine (difficile dans le bitume) mais il fait désormais corps avec le mur. Parfois, on se demande si les effectifs de police sont utilisés à bon escient, on a ici quand même une preuve flagrante que c'est pire que ce qu'on croyait (sur la première photo, on ne le voit pas, il était parti faire une ronde).
De la cabine, on a une belle vue de la façade sud de l'édifice. Le policier en faction m'a soufflé que cette chapelle est le dernier vestige de la commanderie d'Auray qui à partir du XIIème siècle s'était donnée comme mission de soulager les riches et les bien-portants.
A l'intérieur, ce n'était pas véritablement la fête. Rémi Pommereuil jouait (en première partie de Jumo) pourtant une électro assez emballante mais l'ambiance était studieuse et contemplative.
Une chose est sûre, cet endroit est fait pour une vraie soirée électro.
Bien que quelques fêtards ayant bu trop d'eau dansaient, le tout est quand même resté très sage. L'ennemi qui m'accompagnait s'est d'ailleurs barré très vite et je suis resté seul à errer dans cet espace tentant de comprendre le travail de Nastasja Duthois (dont la brochure précise qu'elle invite le visiteur à se perdre dans les interstices, à reconsidérer les attaches qui nous lient, nous soudent ou nous entravent) et de la raison de construire un nouveau rond-point sur une route droite sans carrefour du côté de Pluneret.
Sur cette toile (technique du dessin au fil), on aperçoit un groupe de gens dont on ne voit que la silhouette. Certains discutent, l'un est allongé, comme mort, d'aucuns tiennent un parapluie, d'autres tendent les bras, l'un semble courir et quelques uns semblent danser. Difficile à interpréter, mais précise encore la brochure, l'artiste nous retrace ses histoires au plus proche de l'humain, profile la solitude noyée par la foule, tisse des relations et fait naître des filiations. Ce tableau me semble aller dans ce sens.
Avant Jumo, Rémi Pommereuil a illustré de son électro acide et envoûtante cette exposition intitulée sauvage ordinaire.
Jumo a joué ensuite une techno déroutante et imprévisible.
Et je suis sorti et j'ai erré dans les rues calmes d'Auray. Derrière moi, la chapelle dominait les lieux. Ma mémoire ne devrait pas sélectionner cette soirée dans mes souvenirs à venir mais une découverte artistique, qu'elle soit musicale ou plastique n'est jamais une perte de temps.
Loïc LT
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CR302 : le grand jeu - Céline Minard
Lire des romans de la rentrée littéraire n'est pas une nécessité absolue d'autant plus lorsqu'on ne trouve rien qui nous tente. Mais bon, j'ai toujours l'espoir que comme dans la musique ou dans d'autres arts, la littérature évolue, sur la forme et sur le fond. Les auteurs français ont beaucoup donné dans l'expérimentation littéraire, il serait peut-être temps qu'ils renouent avec ce qui est le propre de la littérature : raconter une histoire (vraie ou fausse) de la façon la plus affinée possible. Mais apparemment, c'est trop demander. Evidemment, ce n'est pas une généralité mais quand même, globalement, c'est le reproche qu'on peut faire aux auteurs français : de se prendre pour des défricheurs quand on voudrait qu'ils soient des raconteurs.
Ce récit de Celine Minard partait d'une bonne intention : la narratrice décide, pour des raisons obscures (bien qu'elle égraine ici ou là une certaine forme de misanthropie) de s'isoler en haute montagne dans un caisson high-tech accroché à flanc de rocher et près d'un endroit où il lui est possible de cultiver un petit jardin et d'aménager un cellier. On n'a pas le droit non plus de savoir comment elle s'est prise pour faire installer tout cela mais on a, dans la première partie, le privilège de pouvoir suivre le cours de l'installation à tel point que j'avais l'impression de lire un bouquin scientifique, genre d'un géologue ou un chercheur en je ne sais quoi. Une fois installée, cette femme mystérieuse se lance dans des défis montagnards insensés, quittant son gîte quelques jours pour aller faire de l'alpinisme et accessoirement mettre sa vie en danger. Cette partie est tout aussi pénible et ne peut plaire qu'aux alpinistes amateurs.
Ce qui aurait pu changer la donne et mettre un peu d'émotion dans ce roman est sa rencontre avec une sorte d'ermite, qu'elle appelle "la nonne" avec qui elle parle très peu mais boit beaucoup de rhum. Je signale au passage que cette nonne est assez capée en alpinisme également. Mais cette relation qui aurait pu casser le caractère un peu trop technique de l'ensemble laisse un goût d'inachevé. Je n'ai jamais compris ce que l'une attendait de l'autre et j'ai encore moins compris les paragraphes méta-philosophiques qui closent chaque chapitre. Donc, je suis passé à côté de ce roman atypique, un brin perché (pardon pour le jeu de mots) et mal embranché.
Je ne fais pas une fixation sur le Goncourt mais je constate d'ailleurs que 'le grand jeu', malgré le fait que Céline Minard soit une auteure connue, ne figure pas dans la première sélection (pourtant très élargie) et je n'en suis pas surpris. Je ne le conseillerais même pas à Julie Schittly me faisant part de son souhait d'aller s'isoler quelques mois en haute montagne. Ce serait le desservir.
lecture sept 2016, sur liseuse kindle, 192 pages, éditions Rivages, parution août 2016, note : 1.5/5
Loïc LT
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recensement des cabines # 73 - Merlevenez (56)
Que faisais-je à Merlevenez (bourgade du sud du Morbihan qui n'a pas les pieds dans l'eau mais presque ) en ce samedi 10 septembre 2016 lourd et à moitié pluvieux ? Parfois, on se demande comment on arrive à certains endroits, sachant que la télétransportation ne fonctionne pas et que ce n'était pas un rêve. J'errais bien dans ce bourg en écoutant une playlist électro qui détonnait avec l'archaïsme des lieux. Mais qu'il est bon de se laisser bercer par une techno mélodieuse et de traîner ses savates dans un bourg avec comme seul objectif que de se laisser guider par le hasard.
Je marchais, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit. (en mode manque d'inspiration donc -). Cette chaumière typiquement bretonne a eu l'honneur d'être le premier cliché. Elle se situe à l'entrée du bourg en venant du nord, c'est à dire d'Hennebont.
Ensuite, l'occasion faisant les lardons, je me suis mis en recherche de ce que les moins de vingt ans regardent avec curiosité voire circonspection à savoir une cabine téléphonique. Arrivé au centre du bourg, alors que Bubble de Julian Jeweil excitait mes tympans, je repère très vite les PTT ( lieu où selon mes statistiques, il y a le plus de chance de trouver le Graal).
C'est un bâtiment de PTT standard (voir s'il n'y a pas un recensement à faire de ce côté-là aussi tant ces bureaux d'origine sont de moins en moins courants) avec un étage qui a servi par le passé à loger la famille du directeur et dans lequel je ne rentrerais pas par effraction en pleine nuit, bien que ne croyant pas aux fantômes. Mais bon, comme vous avez pu le remarquer, il y a bien une cabine devant (fonctionnelle et portant le numéro 02 97 65 70 53). Le type habitant la maison en face (au fond de la photo) a eu la gentillesse de me prendre en photo et m'a fait cette annonce fracassante : il a travaillé aux ateliers de Kerpont où l'on fabriquait des cabines téléphoniques. Je m'étonne quelques heures plus tard de ne pas avoir été plus curieux, il avait sans doute beaucoup de choses à me dire.
Mais il aurait au moins pu me dire de réajuster mon col.
Même s'il ne me l'a pas dit (au fait, il m'a quand même dit qu'elle était régulièrement utilisée...), j'ai tout de suite repéré qu'il s'agissait du modèle T-X, successeur du modèle T1000 (celui de Saint-Congard), modèle constitué d'un endosquelette de métal dont le châssis est renforcé et adapté pour le combat (d'où la raison sans doute, menace terroriste étant, qu'elle n'ait pas été démantelée). Le combiné du téléphone est équipé d'un dard lui permettant d'injecter dans le corps des usagers des transjecteurs nanotechnologiques afin d'en prendre le contrôle à distance.
Continuant mon périple et écoutant désormais le titre Europa de Agoria, je tombe sur une autre cabine dans la rue qui descend vers le sud et au bout de laquelle se situe une chapelle. Egalement accessible aux handicapés cette cabine apparemment plus récente que la précédente ne cache cependant aucune innovation technologique. Je pense qu'elle a été installée ici pour faire diversion.
Egalement fonctionnelle, cela signifie qu'à Merlevenez, on peut s'appeler d'une cabine à l'autre. Il faudrait créer un label (au même titre que village fleuri, cité de caractère et tous ces machins) pour les communes permettant ce type de communication désuèt et dénué d'intérêt. (son numéro : 02 97 65 76 53).
Autre angle, version fusain :
C'était juste histoire de faire une belle transition avec la suite. Le vernissage d'une exposition de peinture multi-artistes avait lieu dans la chapelle de la Madeleine un peu plus bas.
Il y avait à boire et à manger, de l’impressionnisme et du figuratif. J'y suis resté un quart d'heures. On m'a gentiment proposé une coupe de champagne que j'ai arrogamment refusée.
liste des exposants : Josseline Allard (Plouhinec), Marie-Hélène Bardouil (Pont-Scorff), Sophie Bouchain (Riantec), André Bourlard (Merlevenez), Yannick Furault (Hennebont), Joël Garnier (Merlevenez), Raymonde Grouhel (Erdeven), Eloi Le Rolle (Erdeven), Jean-Paul Libessart (Merlevenez), Michèle Pacgagnini (Merlevenez). A moins que cette chapelle soit désacralisée, saluons l'ouverture d'esprit du curé de la paroisse qui abandonne ses locaux à une exposition de peinture profane.
Ce même jour, une fête foraine s'installait sur la pelouse de l'église du bourg (église Notre Dame des filles de joie). Décidément.
Je suis repassé par l'hyper-centre et pris des photos de quelques commerces fondamentaux et notamment les locaux très moches de l'auto-école :
Le ciel était gris par dessus les toits.
Maison néo-bretonne construite dans les années 70 (comme je les adore -) :
Le centre ville alterne rues aux murs blancs et rues colorée. Merlevenez synthétise la variété de l'architecture bretonne, avec ses chaumières, ses maisons des années 30, les néo-bretonnes donc et en périphérie bien sûr, des maisons contemporaines sans âme entassées les unes sur (ou sous) les autres. Quel géographe et sociologue je fais ! Déjà que je commence à dire n'importe quoi sur les cabines, comment puis-je être encore crédible...
Merlevenez, (56700), Morbihan , bourgmestre : Jean-Michel Corlay (depuis 2014), 3152 merlevenéziennes (quel horreur ce gentilé) , 2 cabines téléphoniques standard en bon état et en service situées l'une près de la Poste et l'autre dans la même rue (rue de la mairie) mais plus bas. reportage réalisé le 10 septembre 2016.
Loïc LT
Je n'ai jamais compris cette obsession qu'ont les bretons de vouloir des palmiers dans leurs jardins. En général, ils vieillissent très mal et on voit clairement qu'ils sont malheureux.
playlist electro # 09 2016
. Square 1 - Paul Kalkbrenner
. Bubbles - Julian Jeweil
. Vorfreude - Thomas Schumacher
. Ringo - Joris Voorn
. Carny - Pleasurekraft
. Maeva - Joris Delacroix
. Berlin - Underset
. Flockentanz - Boris Brejcha
. Plein Ciel - N'To
. Toi - Worakls
. Europa - Agoria
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recensement des cabines # 72 - Saint-Congard (56)
Voici un peu plus d'un mois que nous nous rendîmes à Saint-Congard et beaucoup d'eau a coulé sous le pont enjambant l'Oust depuis, ce pont non loin duquel nous déjeunâmes à l'ombre d'un frêne ou d'un charme, j'ai toujours du mal à identifier certains grands arbres, car quels qu'ils soient, ils ne se laissent pas impressionner par les figures de ma fille qui a décidé depuis quelques temps de vivre la tête en bas ce qui n'est pas facile à gérer au quotidien et par exemple le jour de la rentrée, elle a eu un mal fou à rentrer dans le car sans compter qu'ensuite tous les voyageurs se sont foutus d'elle, ce qui est d'ailleurs étonnant car ledit car était encore vide. Toujours est-il qu'à Saint-Cougar, elle pouvait s'en donner à cœur joie...
Pendant que Lola exerçait ses facéties, nous déjeunions sous une table en bois d'arbre (pour être encore plus à l'ombre) et regardions passer les péniches en faisant des coucous aux gens qui se rendaient de Nantes à Brest ou le contraire (parce que l'Oust fait partie du canal de Nantes à Brest qui permet mais c'est une évidence, de rejoindre ces deux villes par eau douce). Ceci dit, peu de gens ayant à faire ce trajet, pour des raisons professionnelles par exemple, utilisent ce moyen de transport aquatique.
Un moment, alors que l'on profitait du calme des lieux et du bonheur de vivre dans un pays en paix, une adolescente de 16 ans et demi à peu près est venue vers nous. Elle nous fit part de son inquiétude car elle avait rendez-vous avec des amis près du pont sur la rivière l'Oust mais ils n'étaient pas là or elle n'avait aucun moyen de les joindre. Lui ai-je spontanément proposé d'utiliser mon smartphone portable sans fil ou pour faire mon malin, lui ai-je dit qu'il y avait une cabine téléphonique pas très loin (repérée par mes filles dès notre arrivée) ? Je ne saurais dire...Mais bon, peu importe, elle a téléphoné et puis m'a remercié et environ 20 minutes plus tard, il s'est avéré que lesdits amis étaient en fait un ami, c'est à dire son copain. J'étais fier d'avoir pu permettre à ce couple d'amoureux de se retrouver avant d'aller folâtrer par monts et par vaux.
La cabine en question se situe en bas du bourg , pas très loin de l'aire où nous nous trouvions. Il s'agit du modèle T1000 et sa particularité est d'être constitué d'un alliage polymimétique, ce qui lui permet de se liquéfier et de se reformer rapidement. Il faut vraiment être un fin connaisseur car elle ressemble à n'importe quelle cabine.
De cette cabine, quand on regarde vers le nord, on a une vue d'ensemble sur ce village dans lequel il est difficile de se garer car il n'y a que les saints qu'on gare.
Quelques tracteurs perturbaient la tranquillité des lieux mais personne n'en veut aux paysans de travailler, surtout quand ils sont souriants et qu'ils vont cheveux aux vents entretenir, récolter, nourrir et exercer d'autres activités nobles qui font la beauté de la France qu'on aime.
Celui-ci qui part sans doute récolter du foin ou de la paille conduit un Deutz modèle D 40 06 dont la construction s'est arrêtée en 1981. Il ne peut rouler qu'à 25 kmh (et encore moins quand il tire une remorque) et dispose sous le capot d'un moteur F3L912 de 3 cylindres offrant une puissance maximale de 35 chx, ce qui n'en fait pas un foudre de guerre certes mais qui permet quand même d'exécuter moult travaux à moindre prix.
Pour le reste, ce bourg discret, situé dans le sud-est du Morbihan non loin de Malestroit et du célèbre Rochefort-en-Terre est agréable et joliment fleuri que ce soit par la commune ou les contribuables.
Nous serions bien restés aux bord de l'eau et à flâner dans ce bourg coquet pourvu d'une cabine en alliage polymimétique portant le numéro 02 97 43 50 53 et d'une boulangerie réputée qui fait croire qu'elle est à vendre alors que c'est pas vrai mais nous avions à faire ailleurs...
Alors, au revoir Saint-Cougar (du nom de l'église dédiée à toutes les femmes âgées attirées par les lycéens et étudiants), nous ne t'oublierons pas et la France peut être fière de toi qui ne baisse pas les bras et qui n'a pas peur de la modernité comme le démontre ces éoliennes qui dominent tes collines verdoyantes.
Saint-Congard , (56140), Morbihan , bourgmestre : Daniel Brulé (depuis 2014), 749 congardaises, cabine téléphonique standard en bon état (mais hors service) située près de la mairie au bord de la D764. reportage réalisé le 06 août 2016. Si une autre note succède à celle-ci dans quelques jours, c'est que je serai sorti vivant et psychologiquement indemne (pensez à indemnité si vous vous des envies de foutre 2 m à indemne, zut quoi) du semi-marathon Auray-Vannes qui a lieu dimanche et dont la préparation m'occupe pleinement corps et âme.
Loïc LT
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poème naïf
Poème naïf*
Nous discutions de rien affalés sur un banc
Lorsqu’apparut soudain s’engageant sur le square
Une mignonne comme il est courant de voir
Dans ces bourgs situés au cœur du Morbihan.
La créature alors ménageant son effet
D’un pas sûr se rendit vers la cabine qui
Était la raison de notre présence ici
Bien que mon compagnon n’y voyait point d’attrait.
Dix minutes plus tard, ayant fini sa pioche
Je m’enquiers du bouquin dépassant de sa poche.
On n’a pas bien compris mais de nous s’approchant
On a parlé d’Orwell et de son oeuvre culte
Qu’elle cherchait en vain dans tous ces édicules
Dans lesquels aujourd’hui s'empilent les romans.
Loïc LT (25.08.2016)
* sur une histoire vraie (square près de la chapelle à Grand-Champ)
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soirée ciné : l'économie du couple - Joachim Lafosse
Suis-je objectif lorsque je dis qu’il n’y a pas beaucoup de villes auxquelles on s’attache autant qu’à Lorient ? Sans doute pas, mais admettons que si. Je n’ai jamais habité dans cette ville portuaire, qui d’un point de vue architectural n’a rien pour elle puisqu’elle a été complètement détruite en 1944. Mais j’y ai fait deux ans d’étude, mes deux filles y sont nées, je suis fan de son équipe de football et pour des raisons diverses, je l’ai toujours considéré comme ma ville de cœur. Et c’est pour ça que ce soir, en sortant de la séance du cinéma, je me sentais bien alors que la nuit était tombée et que la vie nocturne avait pris le relais, une vie nocturne post-festival qui n’est pas pour me déplaire car je n’ai jamais pu supporter cette manifestation folklorique.
Nous nous sommes donc rendus tous les quatre au Cinéville, les filles pour voir Insaisissable et Prisca et moi pour prendre une leçon d’économie. Bizarre dans un cinéma me direz-vous..Et bien le fait est que le film l’économie du couple porte bien son nom parce que son sujet principal consiste dans la problématique financière d’un couple en perdition. Les deux ex-amoureux, parents de deux jumelles de 6 ou 7 ans n’ont d’autres choix que de continuer à cohabiter ensemble car ils ne sont pas d’accord sur la part qui revient à chacun...elle, considère qu’elle a le droit aux deux tiers et lui pense que c’est 50-50. C'est la raison de tous les coups de gueule, parce qu’en dehors de ça, le désamour qui est présent dès le début du film ne nous est pas expliqué. Il y a juste lors d’une soirée où elle avait invité des amis que Marie dit qu’elle ne supporte plus Boris pour ce qu’il est, pour ses gestes, pour le son de sa voix etc etc. C’est épidermique, elle n’aime plus cet homme. Lui, par contre semble toujours amoureux d’elle et dans cette période de cohabitation fait comme si la vie continuait comme avant espérant peut-être qu’à force, elle reviendra sur sa décision. Mais son attitude désinvolte agace Marie qui a plus de caractère que Boris qui ne baisse cependant pas les bras. Les enfants sont malheureux, va sans dire et en fin de compte…. l’histoire semble bien banale.
J’ai aimé ce film car le jeu des acteurs est juste, il n’y a pas de débauches de moyen (d’ailleurs l’essentiel des scènes se joue entre la cuisine et le salon), c’est un film qui colle à son époque et personnellement, c’est ce que je recherche dans le cinéma...qu’il soit au plus proche de la réalité. Dans la voiture, en rentrant, Prisca était plus réservée. Elle pense que le cinéma doit permettre de s’évader, de voir autre chose que ce que l’on voit au quotidien. Je respecte cet avis et je ne suis pas contre un James Bond de temps en temps. Mais je me suis régalé de toutes les scènes de ce film, un peu comme si je regardais un Sautet. Et c’est vrai que ça se répète un peu mais à chaque fois, comme dans un jeu d’échec, chacun tente d’avancer ses pions pour tenter de faire craquer l’autre. Dans ce “drame budgétaire’, la musique (le prélude en si mineur de Bach) est à l’image du film, c’est comme une ritournelle qui ne semble pas trouver sa conclusion un peu comme ce couple qui tourne en rond pour une question d’argent. Mais dans l’esprit du réalisateur, est-ce que “l’économie” n’était à prendre qu’au premier degré ? Je pense que non. Ce couple en crise avait-il la possibilité de faire l’économie de sa désunion ? Vers la fin, on constate un petit revirement. L’affection semble revenir. Marie accepte de prendre la main de Boris, accepte de danser avec lui et même, dans un moment de désir, de faire l’amour. Il ne manquait pas grand chose pour que ce couple se retrouve. Mais Marie avait dès le début, pris une décision ferme et n’a jamais voulu y revenir (d'ailleurs, on n'est pas dupe de ces soi disant week-ends qu'elle va passer seule chez son amie Lucie...là, c'est moi qui subodore -). Un moment, la mère de Marie dit quelque chose de très juste qu’on remarque d’ailleurs dans nos quotidiens : un peu comme on jette des objets qu’on n’a plus besoin ou qu'on renouvelle du matériel non obsolète, de plus en plus les couples considèrent que l’amour est une denrée jetable, qui en appelle une autre....discutable.
l’économie du couple, 2016. réalisation : Joachim Lafosse. acteurs principaux : Bérénice Béjo, Cédric Kahn, Marthe Keller. film franco-belge. ma note :4.5/5
Loïc LT
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(course à pied) - trail de Gourin le 14 08 16. Souffrance sur les hauteurs
Les montagnes noires n'ont de montagnes que le nom car elles ne culminent qu'à 350 mètres. N'empêche que lors de cette fameuse course - le trail des crêtes des montagnes noires - (où j'ai fini dans les derniers mais battu quand même un record : celui de ma plus longue distance parcourue dans une course: 33 kms), on avait vraiment l'impression parfois d'être en haute montagne. Parfois, on devait même escalader des rochers avec des cordes et sur certaines pentes, il fallait avancer comme des singes, fou rire garanti. Il faisait chaud et je courais avec mon meilleur ami.On avait décidé de ne pas se quitter. On aurait été enchaîné, ça aurait été pareil.
J'ai beaucoup souffert. Dans les 10 derniers kilomètres, mes jambes étaient telles des traverses sncf. Je ne pouvais plus les articuler. Avec les crampes, en plus, c'était l'enfer sur la terre armoricaine. Et comme on savait que nos familles nous attendaient sur la ligne d'arrivée, on voulait quand même arriver en courant, fiers et dignes, ce qui était, même si c'était plat sur la fin, un sacré défi mais on y ait arrivé quand même ! Les traverses sncf ont bien voulu se plier un peu. Quand je suis arrivé, je me suis écroulé et on a passé un bel après-midi entre amis sur les bords du Scorff.
Mais avec le recul avec mon ami, on en garde un souvenir mémorable.
'La douleur diminue quand elle est partagée.' Charles Albert Demoutier
prochaines courses :
- semi-marathon Auray-Vannes, le 11 septembre 2016
- marathon de Vannes, le 16 octobre 2016 (avec un nouveau record de distance en vue).
Loïc LT
photos de l'enfer (prises par Bobby LeBouhellec, lien ici ):
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recensement des cabines # 71 - Sainte-Hélène-sur-Mer (56)
Quand j'étais ado, nous n'avions pas l'habitude d'aller à la mer qui ne se situait pourtant qu'à une demi-heure de Languidic. Par ailleurs, je n'avais pas appris à nager en école primaire. Alors, lorsque tonton Michel m'a offert un vélo qui ressemblait un peu à celui-là,
je me suis mis à pédaler, j'allais souvent autour du Blavet et puis un jour je me suis dit "pourquoi ne pas aller à la mer ?". J'avais quoi 16 ans et demi, jouant rarement les tombeurs même si parfois je me retrouvais souvent groggy avec des larmes plein le coeur (après avoir été largué par Loraine ou Sophie, hein, je meuble ikea).
La plage la plus proche était Plouhinec et se situait à 28 kms de Languidic. Je me souviens très bien du trajet : Languidic (cabine) - Brandérion (Cabine) - Nostang (Cabine) - Sainte-Hélène (Cabine) puis Plouhinec (cabine ?). Je partais donc en début d'après-midi sans rien dire à personne, sans serviette ni maillot de bain et je me sentais bien !
Ah ! cette vie de mon enfance, la grande route par tous les temps, sobre naturellement, plus désintéressé que le meilleur des mendiants, fier de n'avoir ni pays, ni amis, quelle sottise c'était - Et je m'en aperçois seulement ! (AR)
A la différence de Rimbaud, je me complaisais dans ma solitude. Je n'étais pas forcément un être épanoui mais c'est avec un brin de nostalgie que je me souviens de cette époque où je découvrais la littérature, la natation (et n'ayant pas de maillot de bain, je me baignais nu sur la plage déserte)...et l'économie aussi parce que je me rappelle que je posais plein de question à mon père sur la bourse parce qu'il y avait ce fameux encart avec les cotations dans le Ouest-France dont je ne comprenais rien.
Donc, j'enfourchais mon vélocipède et partais, libre comme le vent. Languidic, Brandérion, Nostang. A Nostang, les marécages commencent à signaler que la mer n'est pas loin mais c'est en arrivant dans le bourg de Sainte-Hélène que je me sentais proche du littoral.
Il y avait l'avant Saint-Hélène et l'après. Aujourd'hui donc, après une introduction autobiographique longue et nostalgique, je vous fais visiter le bourg de Sainte-Hélène, qui s'appelle depuis peu officiellement Sainte-Hélène-sur-mer (raison du changement : trop de Sainte-Hélène en France). C'est une connaissance qui m'a informé de la présence d'une cabine dans ce joli bourg de caractère. Elle se situe à sa sortie direction Plouhinec au milieu d'un parking triste et près d'une cité pavillonnaire.
Son numéro d'appel est le 36 60 35 (on est dans le Morbihan, est-il encore utile que je vous donne les 4 premiers chiffres ?). Quand on appelle, ça sonne et quand la sonnerie d'une cabine retentit on est surpris, on a l'impression de se retrouver 30 ans en arrière ou dans un téléfilm de Maigret. C'est une cabine à carte mais je ne me risque plus à tenter d'émettre d'appels.
Le centre bourg est caractéristique des bourgs côtiers du Morbihan. Les murs sont blancs ou en pierre, les routes bitumées et pour peu qu'il fasse beau (comme en ce 13 août 2016) il n'y a pas beaucoup de contribuables à traîner dans la place.
Quelques-uns cependant prennent du bon temps sur la terrasse de l'un des deux cafés du village (le Napoléon), café qui se situe à côté de l'épicerie moderne.
Sainte-Hélène-sur-mer apporte un soin particulier au fleurissement du bourg. De grandes vasques contiennent des hortensias, pétunias, heuchères et autres fleurs en plastique aux couleurs marquées.
De l'autre côté du Napoléon, il y a cette maison devant laquelle nous nous sommes arrêtés quelques instants. On a discuté avec son habitant qui nous a pris pour des touristes. Je n'ai pas démenti. Je me sens toujours un peu touriste quand je visite des bourgs.
photo parmi d'autres...
A la fin, j'étais las de ce monde ancien. Après avoir lu les messages laissés par des retraités dans l'abribus,
je me suis endormi dans cet abri sempiternellement parrainé par Groupama, je me souviens avoir rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, baiser montant aux yeux des mers avec lenteur, la circulation des sèves inouïes et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs :
Sainte-Hélène-sur-mer , (56700), Morbihan , bourgmestre : Pierre Le Fur (depuis 2014), 1156,3 hélénois, cabine téléphonique accessible handicapés et pouvant recevoir des appels d'offres. reportage réalisé le 13 août 2016.
Loïc LT
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le bateau ivre (version finale)
Je n'aime pas trop l'idée de toujours se filmer, (d'autant que je n'aime ni me voir ni ma voix), je préfère l'écriture mais pour le projet bateau ivre, il fallait que je me filme. Donc, c'est terminé. Le poème est acquis, il est dans la boite, la diction est loin d'être parfaite, la forme non plus mais je ne suis pas acteur. Le bateau ivre, c'est fini, il est coulé. Il resurgira dans ma vie en épave (mais vous savez, même les épaves ont la trempe des braves...).
Loïc LT