Dans la charte du recenseur que je me permets de modifier selon mon bon vouloir, il était stipulé de ne pas s'occuper des villes mais bon, je ne vais pas être convoqué au commissariat de Guéméné-sur-Scorff pour avoir enfreint cette contrainte que je me suis fixé tout seul ? Il faudrait que dans ce pays, les pouvoirs publics arrêtent de vouloir se mêler de tout.
Hier soir, je me suis donc rendu à Auray, non pas pour aller à Vannes en courant, (ça j'ai déjà donné) mais pour assister à un mini-concert électro dans la chapelle du Saint-Esprit qui est le plus vieux bâtiment alréen. Cette chapelle sécularisée est aujourd'hui un lieu de culture et en l’occurrence, ce concert clôturait une exposition de Nastasja Duthois. J'ai toujours trouvé que la musique techno et une église allaient bien ensemble ( depuis une séquence de Basic Instinct peut-être) mais le concert en question n'était pas à la hauteur de ce que j'attendais (pas de jeux de lumière sur les grandes fenêtres de l'église démunis de vitraux). Mais j'ai quand même passé un bon moment. On sentait que le public n'était trop amateur d'électro et les gens allaient et venaient découvrant ou redécouvrant les fresques de Nastasja Duthois, comme celle-ci par exemple :
Mais je reviendrai sur cette soirée dans quelques secondes, juste après vous avoir parlé de cette cabine, qui s'est offerte à moi telle Pamela Anderson sur le bord d'un lac et son cœur sur mon cœur qui respire et l'horizon qui soupire...). Elle se situe juste à côté de la chapelle, c'est peut-être la dernière d'Auray mais je ne peux pas le garantir.
Hors service, je ne peux même pas donner son numéro d'appel puisque quelqu'un d'intelligent s'est amusé à changer des chiffres et puis la même personne sans doute, à mettre un numéro de téléphone sur l'appareil...peut-être Nastasja (oui, avec un Jet un S devant le T) Duthois, allez savoir...ces artistes contemporains sont capables de tout -)
Il y a bien un CRS pour surveiller l'édicule mais il est là depuis si longtemps qu'il n'a pas pris racine (difficile dans le bitume) mais il fait désormais corps avec le mur. Parfois, on se demande si les effectifs de police sont utilisés à bon escient, on a ici quand même une preuve flagrante que c'est pire que ce qu'on croyait (sur la première photo, on ne le voit pas, il était parti faire une ronde).
De la cabine, on a une belle vue de la façade sud de l'édifice. Le policier en faction m'a soufflé que cette chapelle est le dernier vestige de la commanderie d'Auray qui à partir du XIIème siècle s'était donnée comme mission de soulager les riches et les bien-portants.
A l'intérieur, ce n'était pas véritablement la fête. Rémi Pommereuil jouait (en première partie de Jumo) pourtant une électro assez emballante mais l'ambiance était studieuse et contemplative.
Une chose est sûre, cet endroit est fait pour une vraie soirée électro.
Bien que quelques fêtards ayant bu trop d'eau dansaient, le tout est quand même resté très sage. L'ennemi qui m'accompagnait s'est d'ailleurs barré très vite et je suis resté seul à errer dans cet espace tentant de comprendre le travail de Nastasja Duthois (dont la brochure précise qu'elle invite le visiteur à se perdre dans les interstices, à reconsidérer les attaches qui nous lient, nous soudent ou nous entravent) et de la raison de construire un nouveau rond-point sur une route droite sans carrefour du côté de Pluneret.
Sur cette toile (technique du dessin au fil), on aperçoit un groupe de gens dont on ne voit que la silhouette. Certains discutent, l'un est allongé, comme mort, d'aucuns tiennent un parapluie, d'autres tendent les bras, l'un semble courir et quelques uns semblent danser. Difficile à interpréter, mais précise encore la brochure, l'artiste nous retrace ses histoires au plus proche de l'humain, profile la solitude noyée par la foule, tisse des relations et fait naître des filiations. Ce tableau me semble aller dans ce sens.
Avant Jumo, Rémi Pommereuil a illustré de son électro acide et envoûtante cette exposition intitulée sauvage ordinaire.
Jumo a joué ensuite une techno déroutante et imprévisible.
Et je suis sorti et j'ai erré dans les rues calmes d'Auray. Derrière moi, la chapelle dominait les lieux. Ma mémoire ne devrait pas sélectionner cette soirée dans mes souvenirs à venir mais une découverte artistique, qu'elle soit musicale ou plastique n'est jamais une perte de temps.
Loïc LT