Quelque part dans un appartement sommaire d'une ville afghane, une femme veille sur son mari, dans le coma suite à une blessure de guerre. Elle lui parle et lui dit tout ce qu'elle a sur le coeur, tout ce qu'elle n'a jamais osé ou pu lui dire. La pierre de patience est ce mari, inerte comme un caillou et auprès de qui elle peut enfin s'épancher et se livrer, ce qu'elle n'a jamais pu faire du temps où il était soldat et qu'elle lui était soumise. Dehors se font entendre de sporadiques coups de feu et l'on devine un spectacle de ruines.
Récit bien mené dont il est impossible de décrocher. Mots justes et très évocateurs. L'écrivain veut dénoncer la violence, l'extrémisme, le fanatisme religieux et la soumission de la femme qu'il induit. C'est bien tout ça. Et c'est à mille lieux de la tendance au nombrilisme des littérateurs français contemporains. Mais ça ne valait pas le Goncourt. Les membres du jury ont sans doute voulu montrer qu'ils étaient ouverts sur le monde. On va dire que c'est culturellement correct (mais je devrais pas : je ne supporte plus l'expression politiquement correct !!!). Je dis ça parce que c'est vraiment le sentiment que j'ai. Bien d'autres romans édités en 2008 étaient supérieurs à celui-ci. Plus ambitieux, plus étoffés. Encore que, comme on sait, quantité ne signifie pas forcément qualité. Mais quand même il y a des limites. Donc voilà, un Goncourt de plus dans l'escarcelle. Et qui sera totalement oublié dans trois mois.
note : 3.5/5
lecture du 08.01 au 09.01.09
à venir : le sucre, Georges Conchon.
Commentaires
Voilà bien le problème des prix... dont je n'ai que faire. Rahimi a traité ce sujet brûlant avec un nouveau souffle (qui parfois heurte mais... il y a souvent cette peur d'être face à la vérité). Je souhaite vivement que ce livre demeure parmi les quantités existantes.
Le pire, dans cette affaire, c'est que des nigauds comme vous ou moi ont dépensé quinze euros pour lire ça. Je suis virulent, mais là, c'en était trop. C'était un prix démago, rien de plus.
Je me moque pas mal du prix ou non, encore que je sois contente justement que grâce à ce prix, j'ai pu découvrir ce roman. Je l'ai trouvé très poétique, la mise en scène (car c'est là une des qualités de ce roman, etre un roman tout en parvenant à effleurer poésie et théatre tragique) est sobre et minutieuse, l'auteur parvient à sortir des ornières d'un sujet difficile. Pour moi, un très bon roman.
Bonjour M.Rahimi,
Je m'appelle Dipa Chakrabarti et je suis chercheuse indienne dans le domaine de la littérature francophone contemporaine. A présent je suis en passage à Paris pour avancer mes recherches.J'aimerais profiter de cette occasion de vous interviewer pour avoir votre regard sur cette étude. Je reste à Paris jusqu'au fin de décembre2009.
En attendant votre réponse,je vous en remercie,
Bien à vous,
Dipa Chakrabarti