Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Colin sabre et tam-tam - Page 54

  • désendettement # prendre l'argent là où il se trouve

    Devant cette dette abyssale générée par trente ans de laisser-aller et de manque de courage politique, les premiers qui sont mis à contribution sont les riches, ce qui est normal, mais le problème est que, à moins que l'on veuille les dépouiller totalement (et encore ça ne suffirait pas), un moment on se rend compte que ce n'est pas suffisant. Comme il n'est pas question de demander des efforts aux classes populaires, ce qui parait logique, il reste donc cette fameuse classe moyenne dont on ne cesse de dire qu'elle va mal, qu'elle a déjà donné assez, qu'il faut qu'on la laisse enfin tranquille. Je ne vais pas revenir sur cette notion de classe moyenne qui recouvre tant de réalités différentes..mais globalement quand même, on voit à peu près ce que c'est. Ici en Bretagne Sud, je me suis fait une petite représentation de la chose. Une famille de la classe moyenne c'est : deux salaires pour un total de 3000€ minimum, une maison assez grande (donc gros crédit sur 15 ou 20ans), deux voitures dont au moins une grosse berline (ou  monospace), deux enfants bien habillés et gâtés. La maison est de style contemporaine, plutôt spacieuse, bien équipée en électro-manager, hi-fi et informatique dernier cri. Le jardin fait 500m2 au mimimum et est bien entretenu (mais dispose rarement d'une piscine, réservée à la seule classe moyenne supérieure). La famille part en vacances au moins d'août, deux semaines au minimum ou trois (mais en général, les gens aiment se garder une semaine à la maison). Vacances en hiver aussi : une semaine au ski. Sinon pour les loisirs, et bien, les enfants font du sport. Socialement parlant, on reçoit plutôt beaucoup, on fait souvent la fête*on s'implique dans la vie de la commune via des associations ou l'amicale laïque (sauf qu'en Bretagne, beaucoup d'enfants sont scolarisés dans le privé..mais bon ça ne change rien).

    Ce que je me dis en voyant ça, c'est que cette classe moyenne qui soit disant déprime, et bien, à mon avis, elle a largement les moyens de contribuer beaucoup plus au redressement des finances publiques. C'est  dans son compte en banque que se situe la clé du désendettement. Il faut qu'elle paye plus d'impôt sur le revenu et aussi qu'on lui supprime toutes ces niches fiscales dont elle profite abusivement (emploi à domicile, travaux d'isolation...). Je vous dis que là est la clé et qu'il ne faut pas avoir peur de le dire. Jusque là, on fait tout pour la préserver parce qu'il y a cette idée reçue que c'est toujours elle qui trinque etc...mais c'est faux...et à force de la préserver, elle s'est bien enrichie, j'en suis convaincu !

    Concernant mon ménage, je ne sais pas où il se situe..dans un no man's land, semble-t-il, tant je réalise et ma compagne aussi qu'on n'a rien à voir avec cette classe moyenne dont je viens de parler... sans pour autant qu'on fasse partie des classes populaires. Nous avons assez pour vivre, on ne se plaint pas mais nous ne sommes pas, loin de là au niveau de la classe moyenne (raison de plus pour qu'elle casque -)))

    C'est dit. 

    Loic LT, 11.08.2012

    *'faire la fête', ça veut dire quoi au juste ?

  • l'histoire fade d'un non plagiat

    Vous voulez savoir pourquoi je suis en train de lire ouvrière de Franck Magloire alors que je viens de finir l'établi de Robert Linhart où il est également question du monde ouvrier, alors que je suis moi même ouvrier et que donc peut-être j'aurais dû en avoir assez de tout ça ? Nan, ba je m'en vais vous le dire quand même. Mais avant toute chose, je vous préviens, ce n'est pas très intéressant. C'est avant tout pour me faire plaisir, pour que dans quelques années en parcourant les archives de l'espèce de blog je retombe sur cette note que me rappelera combien je peux avoir les chevilles qui enflent parfois, combien un blogueur surestime ses capacités et sa capacité de nuisance. 

    Les faits. Dans l'établi, l'intellectuel maoïste Robert Linhart raconte son immersion dans une usine Citroën en 1969. Se faisant passer pour un naïf provincial débarquant à Paris, il ambitionne (comme d'autres de ces camarades gauchistes ; ils appelaient ça l'établissement) de jeter les graines de la révolte ouvrière dans la fabrique de deudeuches. C'est un livre brillant et un moment, dans ce livre il écrit :

    les bourgeois s'imaginent toujours avoir le monopole des itinéraires personnels. Quelle farce ! Ils ont le monopole de la parole publique, c'est tout. Ils s'étalent. Les autres vivent leur histoire avec intensité, mais en silence'

    Ce passage me marqua. Après l'avoir lu, j'ai levé la tête et je me suis dit 'c'est bien dit et c'est tellement vrai". Et le soir, butinant sur le site Babelio où je suis inscris et où je passe du bon temps à ranger ma bibliothèque virtuelle, je tombe sur une citation extraite  du livre ouvrière de Franck Magloire postée par un membre de la communauté. Comment en suis-je arrivé à lire cette citation ? Je ne saurais dire. Peut-être que par enchainement d'associations dont seul internet à la clé, parce que je venais de finir un livre traitant du monde ouvrier m'emmena-t-on à lire des critiques et citations d'un autre livre traitant du monde ouvrier ?  Voici la citation extraite du livre de Franck Magloire :

    Les bourgeois s'imaginent avoir le monopole des itinéraires alors qu'ils n'ont que celui de la parole publique, c'est tout. Les ouvriers [...] vivent leur histoire avec une égale intensité mais en silence.

    Toute de suite, je me souviens avoir lu quasiment la même chose dans l'établi. Je fais quelques recherches et donc, je m'aperçois, comme peuvent le constater les quelques lecteurs qui me suivent encore que bien que se ressemblant beaucoup (trop pour que ce soit la hasard), les deux citations sont  légèrement différentes. De deux choses l'une, me dis-je : ou Franck Magloire cite Robert Linhart et donc les deux extraits devraient être totalement identiques où alors il le plagie (pensant que tout le monde a oublié l'établi sorti en 1980) en opérant quelques variantes. Je m'en refère donc auprès du membre de Babelio ayant posté la citation de Franck Magloire afin qu'il me renseigne sur la chose, je lui demande de me confirmer que la citation est bien présente telle quelle dans ouvrière. Mais je n'obtiens pas de réponse. Du coup, quelques jours plus tard, désirant connaître le fin mot de l'histoire (pénible j'en conviens), je me porte acquéreur de la version numérique du livre de Franck Magloire (qui pour l'anecdote habite pas loin de chez moi). Verdict : au bout de quelques pages, la citation s'offre à moi...elle est en italique et la narratrice (mère de l'auteur en fait) précise bien qu'il s'agit d'une phrase d'un autre :

    ...et il réinvente, il cite même pour m'en convaincre : 'Les bourgeois s'imaginent avoir le monopole des itinéraires alors qu'ils n'ont que celui de la parole publique, c'est tout. Les ouvriers [...] vivent leur histoire avec une égale intensité mais en silence'.

    Et moi qui croyais avoir pris un auteur en flagrant délit de plagiat, pensant être le seul (j'ai même fait des recherches en tapant des trucs du genre 'magloire linhart plagiat' et j'étais satisfait de constater qu'il n'y avait aucune réponse et je me voyais déjà tout fier de dévoiler le pot aux roses au monde entier ou tout du moins au microcosme littéraire, pour peu que les articles de mon blog tombe sous le regard de quelque individu du milieu littéraire qui aurait relayé l'information...pitoyable. Mais je suis quand même content que Franck magloire n'ait plagié personne et puis je prolonge évidemment la lecture d'ouvrière qui raconte la vie de sa mère ouvrière à l'usine Moulinex située près de Caen (et fermée aujourd'hui va sans dire). Mais quand même, le lecteur de Babelio qui cite Franck Magloire citant Robert Linhart, avouez (au fait, il y a encore quelqu'un ?) qu'il y avait de quoi se méprendre, non ?

     Loïc LT, 19:10

  • CR234 : les corrections - Jonathan Franzen

    51FCSW78VNL._SL500_AA300_.jpgJonathan Franzen est le "grantauteuraméricain" du moment. Télérama le dit, Arte le dit et surtout le NY Times dont il a fait la une l'affirme. Les américains sont comme ça, il leur faut tout le temps un écrivain au dessus du lot, un écrivain qui écrase tout. Mais pas n'importe quel écrivain...car Jonathan Franzen n'est pas le Marc Levy ou le Guillaume Musso US. Rien à voir. Franzen est un vrai grand auteur qui fait de la littérature, n'est-il pas. Accesoirement nous fait savoir un récent reportage d'Arte qui lui était consacré, Franzen est ornithologue et n'hésite pas à enfourcher son 4X4 pour aller étudier les piafs dans le désert de  Mojave. Par ailleurs, mr Franzen en a marre qu'on lui pose toujours les mêmes questions sur le 11 septembre 2002.

    Ensuite, il s'agit de lire du bonhomme son ouvrage le plus connu, le plus vendu etc à savoir les corrections, publiées au début de ce siècle. La lecture de ce bouquin de 700 pages s'est faite prosaïquement. Mon parti pris était de commencer par la première page et de les tourner au fur et à mesure que je les terminais. Après quelques mois de lecture uniquement sur liseuse, ça m'a fait tout bizarre d'avoir des pages à tourner. Je trouvais presque ça fatigant. Nous étions en ces temps là en vacances aux confins de Lot, nous roulions et visitions beaucoup de ces petits villages charmants nichés au coeur des vallées verdoyantes et le soir, rentrés dans notre maison mobile (parlons français), la fatigue avait raison de nous et je n'avais pas trop le courage de parcourir avec mes yeux des mots (et dont la succession composaient des phrases faisant sens). En rentrant dans le Morbihan, comme il me restait encore 15 jours de ce qu'on appelle vulgairement des congés payés (mis en place en 1936 par le Front Populaire, Articles L223-1 à L223-17 du code du travail), j'ai terminé cette lecture avant de finalement juger le roman plutôt moyen, même si je dois reconnaitre que le Franzen en question a beaucoup de talent...mais son problème, je pense est que comme moi dans cette note, trop de place est laissé à des futilités, des anecdotes et des détails qui sont autant de subterfuges qui servent à cacher l'absence d'histoire en fin de compte.

    Et l'histoire, quelle est-elle au juste ? C'est celle de la classe moyenne ! la fameuse middle class américaine sur laquelle les auteurs américains ne cessent de gloser afin, parait-il de nous montrer ce qui se cache derrière les apparences honorables et sérieuses, pour faire apparaitre la rouille sous le vernis. A travers la famille Lambert (parents en retraite et les trois enfants et petits enfants), Franzen nous apprend donc que pour ainsi dire tous les américains sont chtarbés. Plus qu'une histoire, il s'agit avant tout d'un instantané. Il y a des passages bidonnants, la plupart des protagonistes sont pathétiques, quelques situations sont cocasses mais mon à mon sens le compte n'y est pas. Des auteurs comme Philip Roth, Russel Banks ou Paul Auster décrivent largement aussi bien la société américaine sans avoir besoin de tout déballer. 

    Est-ce une raison pour ne pas lire freedom qui est déjà sur ma kindle ? pas sûr !

    lecture : juillet 2012, Points, 694 pages, note : 3/5

     

    franzen-times.jpg


  • coup de coeur : *l'établi* de Robert Linhart

    57.jpg

    Fin 1968, l'intellectuel maoïste Robert Linhardt décide de se faire embaucher dans l'usine Citroen de Choisy afin de vivre au quotidien avec les ouvriers et de tenter d'y instiller ses idées révolutionnaires. Ce livre est un document incroyable sur la condition ouvrière, vu ici sous l'angle unique la la lutte des classes. C'est un parti pris évidemment mais n'empêche que c'est un livre très fort doublé d'une oeuvre littéraire. Pendant 2 jours, je me suis senti presque communiste. 

    Un petit extrait savoureux pour mettre en bouche  (avant un hypothétique compte rendu) ? Un jour , un des grands directeurs, entouré de proches collaborateurs viennent faire une petite visite :

    "Trois heures et demi. Qu'est-ce que c'est que ça, encore ? L'atelier est envahi. Blouses blanches, blouses bleues, combinaisons de régleurs, complets-veston-cravate... Ils marchent d'un pas décidé, sur un front de cinq mètres, parlent fort, écartent de leur passage tout ce qui gêne. Pas de doute, ils sont chez eux, c'est à eux tout ça, ils sont les maîtres. Visite surprise de landlords, de propriétaires, tout ce que vous voudrez (bien sûr, légalement, c'est des salariés, comme tout le monde. Mais regardez-les : le gratin des salariés, c'est déjà le patronat, et ça vous écrase du regard au passage comme si vous étiez un insecte). Élégants, les complets, avec fines rayures, plis partout où il faut, impeccables, repassés (qu'est-ce qu'on peut se sentir clodo, tout à coup, dans sa vareuse tachée, trouée, trempée de sueur et d'huile, à trimbaler des tôles crues), juste la cravate un peu desserrée parfois, pour la chaleur, et un échantillon complet de gueules de cadres, les visages bouffis des vieux importants, les visages studieux à lunettes des jeunes ingénieurs frais émoulus de la grande école, et ceux qui essayent de se faire la tête énergique du cadre qui en veut, celui qui fume des Marlboro, s'asperge d'un after-shave exotique et sait prendre une décision en deux secondes (doit faire du voilier celui-là), et les traits serviles de celui qui trottine tout juste derrière Monsieur le Directeur le plus important du lot, l'arriviste à attaché-case, bien décidé à ne jamais quitter son supérieur de plus de cinquante centimètres, et des cheveux bien peignés, des raies régulières, des coiffures à la mode, de la brillantine au kilo, des joues rasées de près dans des salles de bain confortables, des blouses repassées, sans une tache, des bedaines de bureaucrates, des blocs-notes, des serviettes, des dossiers... Combien sont-ils ? Sept ou huit, mais ils font du bruit pour quinze, parlent fort, virevoltent dans l'atelier. Le contremaître Gravier a bondi hors de sa cage vitrée pour accueillir ("Bonjour, Monsieur le Directeur... blablabla... Oui, Monsieur le Directeur... comme l'a dit Monsieur le chef de service adjoint de... prévenu... les chiffres... ici... la liste... depuis ce matin... blablabla... Monsieur le Directeur") et Antoine le chef d'équipe court aussi se coller à la troupe, et même Danglois, le régleur du syndicat jaune, sorti d'on ne sait où, ramène sa blouse grise et son tas de graisse pour accompagner ces messieurs. Et tout ce beau monde va, vient, regarde, note, vous bouscule au passage, envoie chercher ceci, envoie chercher cela.
    Au milieu, leur chef, Monsieur le directeur de je ne sais plus quoi (mais très haut dans la hiérarchie Citroën, proche collaborateur de Bercot, s'il vous plaît), Bineau. Gros, l'air autoritaire, sanglé dans un complet trois pièces sombre, rosette à la boutonnière. Il a une tête de type qui lit le Figaro à l'arrière de sa DS noire étincelante, pendant que le chauffeur à casquette fait du slalom dans les embouteillages. Il mène la danse, Bineau. L'air pas commode avec ça : on n'aurait pas intérêt à essayer de lui raconter des histoires. Regard perçant, ton cassant, soyez précis, soyez bref, je comprends vite, mon temps c'est beaucoup d'argent, beaucoup plus que vous n'en verrez passer dans l'année. Un vrai meneur d'hommes. Mieux : un manager. L'œil fixé sur la courbe irrégulière du cash-flow.


  • conversation avec Gambetti # été 2012

    Enfin, si j'ai bien compris, le gouvernement de gauche aide les riches à se payer une voiture électrique ou hybride grâce au malus que les pauvres payent en achetant des voitures polluantes ? C'est à peu près ça le truc non ? (puisqu'on le sait, une voiture électrique vaut dans les 30.000€, aide gouvernementale inclue et que donc pas à portée des pauvres).

    A France Inter, l'autre matin, on était plutôt plutôt enthousiaste et l'on se permettait même de dire que si Le Figaro jugeait que ce plan "tombait à plat", c'était avant tout parce que le Figaro était un journal d'opposition...Alors, je ne doute pas que cette aide va aider les journalistes de Radio France a remplacer leur voiture....pour le reste, tout cela me désespère. Hollande n'a rien fait en 3 mois, tout est repoussé aux calendres grecques...on créé des commissions à la pelle, on met en place des chantiers etc...et personne ne dit rien. La France dort ! Comme s'il n'y avait pas de problème de dette, de délocalisation...ah, pardon, j'oubliais notre omniprésent ministre de l'enfoncement productif..cela lui n'a pas peur, on voit bien qu'il se démène -)))

    On est cerné ! Tout le pouvoir est aux mains du parti socialiste (exécutif, législatif, villes, collectivités locales), les journalistes disent amen à tout (en dehors du Figaro, bien seul), et on n'entend plus ceux qui sous Sarkozy parlaient d'Etat UMP (Bayrou, Kahn) alors que la mainmise actuelle du PS mériterait quand même un minimum de résistance. 

    Sinon, j'ai un peu honte de moi. J'ai remarqué en effet que depuis que la gauche est au pouvoir, je suis content quand il y a des mauvaises nouvelles genre des plans sociaux, alors que justement je ne voulais pas avoir cette attitude qu'avait la gauche quand elle était dans l'opposition. Ça doit être humain, je ne sais pas.

    C'est en substance ce que je disais hier soir à Gambetti. 

     

  • CR233 : Martin Eden - Jack London

    martin eden, jack londonAu début du XXe, sur la côte est des Etats-Unis, Martin Eden, marin au long cour, costaud, bagarreur traine sa misère de ports en ports jusqu'au jour où sauvant un jeune bourgeois d'une bagarre, il fait son entrée dans une maison bien tenue où il rencontre Ruth, une jolie et frêle demoiselle dont il devient éperdument  et secrètement amoureux. A partir de là, il n'a qu'une ambition : la conquérir et pour ce, il décide de parfaire son bagage intellectuel. Partant de très bas, il passe ses journées en bibliothèque et rentré dans sa piaule, il dévore des bouquins de toutes sortes jusqu'au bout de la nuit. Très vite, il se sent la fibre littéraire...il découvre qu'il dispose d'une grande aisance pour l'écriture. Il se met à écrire des poèmes, des nouvelles, des essais en tout genre qu'il expédie à des magazines. Tout est refusé. Pendant ce temps, Ruth finit par lui déclarer son amour mais lui demande de se trouver une situation car jamais ses parents n'accepteront qu'elle se marie avec un fainéant, pauvre et bourlingueur. Mais Martin Eden, croyant en son génie refuse. Il est convaincu que ce qu'il écrie finira par rencontrer le succès. En attendant, il sombre dans la pauvreté, passe des jours sans manger et doit déposer vêtements et vélos au Mont-de-Pieté. Il est rejeté de tous, saus de Brissenden un ami lettré et alcoolique avec qui il passe ses soirées à refaire le monde. Martin Eden s'intéresse aussi à la politique. Anti-système, il n'en reste pas moins anti-socialiste. Martin est nietzchéen. 

    Et puis, petit à petit, le vent tourne. Continuant à expédier ses manuscrits à gauche et à droite, ils finissent par être acceptés et à lui rapporter beaucoup d'argent. Entre temps, Ruth ne pouvant plus accepter sa situation avait mis fin à leur relation. Martin Eden devient un écrivain célèbre que tout le monde s'arrache. Mais alors qu'au tout début de sa carrière littéraire, il n'avait que dans l'idée de devenir célèbre pour l'amour de Ruth, aujourd'hui, tout cela lui semble vain. Il est dégouté par tous ces bourgeois qui le rejetaient avant et qui l'invitent à diner désormais. Martin Eden se sent plus proche des petites gens qu'ils connaissaient jadis et qui ne l'ont jamais laissé tomber. Il les arrose de sa générosité, puis, ces bonnes oeuvres exécutées, il décide de fuire, embarque sur le paquebot la Mariposa, sans trop savoir pour qui et pour quoi. Dans sa cabine, désoeuvré, déprimé, il décide d'en finir. Par le hublot et se jette à l'eau. Il nage jusqu'au bout de ses forces et puis se laisse submerger par les flots :

    Ses mains et ses pieds, dans un dernier sursaut de volonté, se mirent à battre, à faire bouillonner l'eau, faiblement, spasmodiquement. Mais malgré ses efforts désespérés, il ne pourrait jamais plus remonter ; il était trop bas, trop loin. Il flottait languissement, bercé par un flot de visions très douces. Des couleurs, une radieuse lumière l'enveloppaient, le baignaient, le pénétraient. Qu'était-ce ? On aurait dit un phare. Mais non, c'était dans son cerveau, cette éblouissante lumière blanche. Elle brillait de plus en plus resplendissante. Il y eut un long grondement, et il lui sembla glisser sur une interminable pente. Et, tout au fond, il sombra dans la nuit. Ca, il le sut encore : il avait sombré dans la nuit. Et au moment même où il le sut, il cessa de le savoir.

    Ce fut une lecture agréable mais que j'ai pourtant failli interrompre tant je trouvais dans les premières pages le propos un peu simpliste : un pauvre, illettré et bagarreur qui tente de séduire une jolie bourgeoise à principes. Mais plus que l'histoire d'amour (de toute façon du début à la fin, je n'ai pas supporté Ruth, incapable d'aller au bout de ses sentiments), c'est tout le côté écriture et rapport avec les maisons d'édition qui m'a tenue en haleine. Cela nous ramène à une autre époque de la littérature où les auteurs pour être connus devaient avant tout publier dans des magazines, au risque d'y vendre leur âme afin de plaire au plus grand nombre. On suit Martin Eden dans son combat contre les éditorialistes et l'on devine que c'est l'histoire de Jack London que l'on suit. 

    lecture juin/juillet 2012, kindle, note 3.5/5

  • [politique] l'effort, quel effort ?

    Notre gouvernement socialiste vient soit disant d'annoncer "un plan de rigueur qui ne dit pas son nom" dixit les journalistes qui veulent nous faire croire que le 1er ministre nous ment, qu'il nous cache qu'il va nous faire souffrir. Car les journalistes ne sont pas dupes, ils ont remarqué la supercherie ! le gouvernement nous ment ! c'est bien une cure d'austérité qui attend les français !...heureusement qu'ils sont là les journalistes..sans eux, les français ne se seraient aperçus de rien...OUHHHHHHHH

    Trève de plaisanterie..j'avoue que je suis lassé de tout ça..lassé qu'on nous fasse croire qu'on nous fait croire qu'on nous ment, marre de la communication et du faux semblant. Concrètement, il y a quoi d'ambitieux dans ce collectif budgétaire ? Les entreprises vont payer un peu, les riches un chouya...et puis basta..les classes populaires et moyennes seront épargnées...soit 95% de la population française ! Malgré tout on nous vend ce plan "de rigueur qui ne dit pas non nom" comme un plan juste et ambitieux qui va redresser les finances publiques de la nation...7.5 milliards d'euros soit....0.004% du montant global de la dette (7.5/1800). J'ai dû faire le calcul deux fois pour m'en convaincre. Mais c'est bien ça.

    C'est juste pitoyable..moins que de la poudre aux yeux...un voile, que dis-je, un mirage lointain, abstrait, indistinct, une abstraction...

    Soit disant, tout le mondre devait participer à l'effort de redressement...mais quasiment tout le monde est épargné...trop de chance ! Comment les grecs n'y ont pas pensé plus tôt : pour résoudre une dette abyssale, il suffit en fait de taxer un peu plus les entreprises et les riches..mais pas trop quand même, juste un peu. 

    Décevant d'autant que j'avais été agréablement surpris que Ayrault fasse de la lutte contre les déficits sa priorité...A titre personnel, je devrais m'en satisfaire car je fais parti de ces gens qui ne vont rien payer en plus et qui au contraire vont recevoir un peu plus. 

    C'est nul et navrant. Plus dure sera la chute. On en reparlera. 

  • que nul mort ne renaisse jamais...

    0:43 : fin de lecture "Martin Eden" - Jack London

    «De trop de foi dans la vie,
    De trop d’espoir et de trop de crainte
    Nous rendons grâce en une brève prière
    Aux Dieux qui nous en délivrent.
    Et grâce leur soit rendue
    Que nulle vie ne soit éternelle.
    Que nul mort ne renaisse jamais,
    Que même la plus lasse rivière
    Trouve un jour son repos dans la mer. »

    Swinburne

  • [jardin] le coin des imperata cylindrica 'red baron'

    C'est une graminée que je voulais absolument. 5 plants de imperata cylindrica 'red baron' ornent le coin d'un parterre où l'on trouve également deux fusains, un rosier, des fetuques bleues et un arbuste vert dont j'ignore le nom. C'est un parterre où la terre est très lourde mais il est bien exposé. Hélas, le soleil est aux abonnés absents depuis quelques mois en Bretagne. Juillet démarre très mal mais on est habitué : nous n'avons pas eu un été digne de ce nom depuis 2003 (la nature est juste : pas d'hiver rigoureux en Bretagne...du coup pas d'été du tout...c'est peut-être mieux comme ça, j'ai vu des photos horribles de bambous cramés par le gel dans l'est de la France et la Belgique).

    Ceci dit, mes imperata cylindrica 'red baron' ont une belle couleur. Elles me plaisent beaucoup. Dimanche dernier, j'en ai racheté une de plus lors d'un vide-grenier.

    imperata red baron

  • Protéger son enfant

    Aujourd'hui, Chloé a eu quelques petits soucis à l'école. Une copine lui a fait comprendre qu'elle ne l'aimait pas. C'est une histoire de filles, c'est compliqué. A la sortie de l'école, Prisca l'a récupérée  effondrée et en larmes...elle a essayé de recoler les morceaux sur place avec les protagonistes et une des mamans...Mais la blessure est restée et rentrée à la maison, Chloé n'a rien voulu manger alors que d'habitude, à l'heure du goûter, elle mangerait une brioche à elle toute seule. Lorsque je suis rentré, j'ai fait les bisous à tout le monde, suis sorti dans le jardin et Prisca m'a rejoint et elle m'a tout raconté, posément. Cela m'a fait mal au coeur, c'était comme un coup de poignard...je ne supporte pas que  mes filles soit malheureuses, qu'elles se sentent exclues, rejetées...J'ai vu Chloé naître, et c'était miraculeux...inespéré...c'était un bébé très expressif et en même temps très fragile. Elle porte en elle toute l'histoire compliquée de ses parents...toutes ces failles et ces secrets de famille...Je crois tout comprendre de l'intérieur de Chloé, ce qui la travaille, ses délires métaphysiques..elle est la bonté même, il n'y a aucune méchanceté en elle..parfois, si elle est incomprise, c'est parce qu'elle a une façon maladroite de se défendre...c'est Chloé. Je la comprends..je l'aime trop...je déteste ceux qui lui font du mal...c'est plus fort que moi. cela vient des tripes, ce soir, je voulais juste dire ça. 

    llt