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livre numérique

  • CR233 : Martin Eden - Jack London

    martin eden, jack londonAu début du XXe, sur la côte est des Etats-Unis, Martin Eden, marin au long cour, costaud, bagarreur traine sa misère de ports en ports jusqu'au jour où sauvant un jeune bourgeois d'une bagarre, il fait son entrée dans une maison bien tenue où il rencontre Ruth, une jolie et frêle demoiselle dont il devient éperdument  et secrètement amoureux. A partir de là, il n'a qu'une ambition : la conquérir et pour ce, il décide de parfaire son bagage intellectuel. Partant de très bas, il passe ses journées en bibliothèque et rentré dans sa piaule, il dévore des bouquins de toutes sortes jusqu'au bout de la nuit. Très vite, il se sent la fibre littéraire...il découvre qu'il dispose d'une grande aisance pour l'écriture. Il se met à écrire des poèmes, des nouvelles, des essais en tout genre qu'il expédie à des magazines. Tout est refusé. Pendant ce temps, Ruth finit par lui déclarer son amour mais lui demande de se trouver une situation car jamais ses parents n'accepteront qu'elle se marie avec un fainéant, pauvre et bourlingueur. Mais Martin Eden, croyant en son génie refuse. Il est convaincu que ce qu'il écrie finira par rencontrer le succès. En attendant, il sombre dans la pauvreté, passe des jours sans manger et doit déposer vêtements et vélos au Mont-de-Pieté. Il est rejeté de tous, saus de Brissenden un ami lettré et alcoolique avec qui il passe ses soirées à refaire le monde. Martin Eden s'intéresse aussi à la politique. Anti-système, il n'en reste pas moins anti-socialiste. Martin est nietzchéen. 

    Et puis, petit à petit, le vent tourne. Continuant à expédier ses manuscrits à gauche et à droite, ils finissent par être acceptés et à lui rapporter beaucoup d'argent. Entre temps, Ruth ne pouvant plus accepter sa situation avait mis fin à leur relation. Martin Eden devient un écrivain célèbre que tout le monde s'arrache. Mais alors qu'au tout début de sa carrière littéraire, il n'avait que dans l'idée de devenir célèbre pour l'amour de Ruth, aujourd'hui, tout cela lui semble vain. Il est dégouté par tous ces bourgeois qui le rejetaient avant et qui l'invitent à diner désormais. Martin Eden se sent plus proche des petites gens qu'ils connaissaient jadis et qui ne l'ont jamais laissé tomber. Il les arrose de sa générosité, puis, ces bonnes oeuvres exécutées, il décide de fuire, embarque sur le paquebot la Mariposa, sans trop savoir pour qui et pour quoi. Dans sa cabine, désoeuvré, déprimé, il décide d'en finir. Par le hublot et se jette à l'eau. Il nage jusqu'au bout de ses forces et puis se laisse submerger par les flots :

    Ses mains et ses pieds, dans un dernier sursaut de volonté, se mirent à battre, à faire bouillonner l'eau, faiblement, spasmodiquement. Mais malgré ses efforts désespérés, il ne pourrait jamais plus remonter ; il était trop bas, trop loin. Il flottait languissement, bercé par un flot de visions très douces. Des couleurs, une radieuse lumière l'enveloppaient, le baignaient, le pénétraient. Qu'était-ce ? On aurait dit un phare. Mais non, c'était dans son cerveau, cette éblouissante lumière blanche. Elle brillait de plus en plus resplendissante. Il y eut un long grondement, et il lui sembla glisser sur une interminable pente. Et, tout au fond, il sombra dans la nuit. Ca, il le sut encore : il avait sombré dans la nuit. Et au moment même où il le sut, il cessa de le savoir.

    Ce fut une lecture agréable mais que j'ai pourtant failli interrompre tant je trouvais dans les premières pages le propos un peu simpliste : un pauvre, illettré et bagarreur qui tente de séduire une jolie bourgeoise à principes. Mais plus que l'histoire d'amour (de toute façon du début à la fin, je n'ai pas supporté Ruth, incapable d'aller au bout de ses sentiments), c'est tout le côté écriture et rapport avec les maisons d'édition qui m'a tenue en haleine. Cela nous ramène à une autre époque de la littérature où les auteurs pour être connus devaient avant tout publier dans des magazines, au risque d'y vendre leur âme afin de plaire au plus grand nombre. On suit Martin Eden dans son combat contre les éditorialistes et l'on devine que c'est l'histoire de Jack London que l'on suit. 

    lecture juin/juillet 2012, kindle, note 3.5/5

  • CR232 : le bouchon de Cristal - Maurice Leblanc

    45959_9814497.jpgAlors que j'avais aux alentours de quinze ans, je me rappelle clairement que m'étant mis subitement à lire, j'avais englouti tous les Agatha Christie que contenait la bibliothèque de Languidic, quelques autres auteurs britanniques (P.D James, Patricia Highsmith...), et ensuite, je m'étais replié sur des auteurs français dont Maurice Leblanc. J'ai découvert alors   les Arsène Lupin. Je me souviens d'une jubilation intense. Par contre, je ne me souviens plus vraiment des titres que j'ai lus. Peut-être le bouchon de Cristal en faisait-il partie. En tout cas, je n'en avais pas relu  depuis cette période. 

    Encouragé par le prix (tout Lupin pour deux euros sur liseuse) et peut-être inconsciemment par l'envie de retrouver un parfum d'adolesence, je me suis porté acquéreur des oeuvres complètes de Maurice Leblanc. Et j'ai choisi ce roman par hasard.

    C'est l'histoire d'un député qui pratique le chantage grâce à la possession d'une liste de noms de personnalités ayant trempés dans un scandale financier. Un peu par hasard  (un cambriolage qui tourne mal), Lupin se trouve impliqué dans l'affaire. Un peu par hasard aussi, la liste lui tombe sur le paletot...pour lui être subtilisée aussitôt. Arsène Lupin ne comprend rien, quelqu'un se moque de lui...pendant une bonne partie du roman, il est le dindon de la farce du député Daubrecq, le maître chanteur. Courses poursuites, espionnages, cambriolages se succèdent..le temps joue contre Lupin dont un ami est sur le point de se faire guillotiner. Et puis, alors qu'on croit Lupin vaincu, il l'emporte et tout finit bien. Évidemment. A quinze ans, ça m'amusait, ça me passionnait même...aujourd'hui, je trouve que c'est juste un peu divertissant..mais surtout prévisible et répétitif.  Mais ce qu'on recherche aussi en lisant Maurice Leblanc, c'est peut-être ce charme un peu désuet de la France de la belle époque, les moustaches qui frisent, le haut-de-forme, les décapotables et les magouilles de la IIIème république. A lire, en ce qui me concerne comme lecture intermédiaire. 

    lecture : mai/juin 2012, kindle, note : 2.5/5

  • littérature !

    Après avoir effectué quelques travaux de saison, lire devient à nouveau une envie pressante...ce n'est pas la première fois qu'en début de printemps, je traverse comme ça une sorte de passage à vide, peut-être un besoin d'asssimiler pour mieux repartir. Prendre du recul. Par exemple, ces derniers jours, je me disais que l'art français de la guerre d'Alexis Jenni m'avait plus marqué que je ne le pensais.

    La liseuse a quand même bien bouleversé ma vie de lecteur. C'est quand même fou comme truc. J'ai envie d'un livre, hop, il est à moi 30 secondes plus tard. J'ai déjà téléchargé tout Proust, tout Balzac, tout Hugo, tout Tchekov...2€ chacun...Le petit soucis avec les livres numériques est qu'il n'y pas de prix "poche". Un livre qui sort vaut environ 14€ en numérique (contre 20 pour la version papier) mais reste définitvement à 14, alors qu'en version papier, ça descend à 6. Au niveau confort de lecture, c'est le top, c'est simple, c'est identique à un livre papier. Ça n'a rien à voir avec un écran digital classique..l'écran kindle est sobre et ne fatigue pas les yeux et quand la lumière est éteinte, on ne voit rien. Les quelques personnes à qui j'en ai parlé sont restés indifférentes, ont semblé considérer ça comme un gadget sans importance. Cela devrait pourtant boter les écolos : plus de papier, plus de transport, le livre arrive à la maison, immatériel, comme tombé du ciel.

    Là, je suis en train de lire un coin de table de Claude Chevreuil, un roman sur la genèse du tableau de Fantin-Latour. J'ai toujours un peu de mal quand la littérature prend des libertés avec l'histoire mais cette réserve faite, c'est un livre agréable dont j'aurais l'occasion de parler dans le CR229.

    ignace_henri_fantin-latour_-_un_coin_de_table_-_1872.jpg

  • CR222 : autoroute - François Bon

    9782814501775.main.png.pagespeed.ce.la50XaiCMw.pngS’embarquer sur l’autoroute. Partir de Paris, et ne jamais sortir de l’autoroute. Pour la beauté des paysages. Quand on descend vers le sud, quand on remonte vers l’est, comment ça se transforme, les plantes, les reliefs. On s’arrête à chaque parking, chaque péage, chaque station-service, on parle avec les gens. On leur demande de nous parler.(p7)

     

    Deux types décident de faire un reportage de sept jours sur l’autoroute A6. L’un, Verne filme et l’autre, François Bon le narrateur, écrit. . On suit les deux routards d’aires en aires, de péages en péages. Les deux compères captent tout, le banal et l’insolite, comme par exemple ce couple sur une aire de repos qui recherche une alliance balancée quelques mois plus tôt suite à une dispute mais depuis ça va mieux alors équipé d’un détecteur de métaux, le mari ne désespère pas de trouver. Il y a aussi ce type qui du fait de problèmes conjugaux se refuse à quitter l’autoroute....quelques tranches de vie comme ça qu’on n’imagine pas lorsqu’on emprunte les autoroutes et qu’on ne fait pas attention à autre chose qu’à sa route et sa destination. Et puis, François bon dont on  connaît le talent pour ce type de littérature, parvient même à rendre la chose poétique :

    “la station service Fina Dijon nord a ceci de particulier qu’elle s’inscrit dans une courbe montante, qu’on l’aperçoit donc de très loin comme juste déposée par hélicoptère sur les champs très verts, le grand auvent blanc éclairé dans le plein jour et la boutique comme un intérieur offert et brillant.” (p85)

    voire même parfois, à faire rire..moi en tout cas, ce passage où il interroge le type qui s’occupe de l’entretien d’une aire de repos :

    “le pénible, en fait, c’est les gazons à tondre. Je n’aime pas tondre le gazon. Je conduis la tondeuse, je roule dans un sens, je roule dans l’autre sens, et à quoi ça ressemblera toujours : un vieux tapis mité, où personne ne s’essuie les pieds. Je fais des variantes, au milieu trois fleurs, au bord quelques herbes sauvages et qui le regarde, qui me dira merci ? Si je ne tondais plus ce gazon, qui viendrait me le reprocher, et pourtant c’est le règlement, mercredi et vendredi : tondre le gazon....(p32).

     

    François Bon nous prouve que la littérature peut trouver matière dans le quotidien, voire même le sublimer, un peu comme il le fit quelques temps plus tard avec Paysage Fer. Il y a une cohérence dans son oeuvre, quelque chose de résolument moderne. Et il ne faut pas s'étonner que le même homme soit l'un des plus vibrants acteurs et défenseurs de la littérature numérique. 

    Et à ce propos,  je me souviendrai toute ma vie de autoroute pour avoir été ma première lecture sur liseuse (kindle). J’en reparlerai peut-être si le choeur mendie.

     

    lecture : décembre 2011

    publie.net , 168 "pages"

    année de parution : 1998 (papier)

    note : 4/5

  • du livre numérique

    L’offre de livres est encore limitée mais il existe désormais sur le marché au moins 5 lecteurs numériques performants. Personnellement, autant j’ai vite tiré un trait sur les cd pour passer au mp3, autant je ne me sens pas du tout prêt à me débarrasser du livre papier. Car si je n’étais  pas attaché au disque laser,  il en est tout autrement des livres. J’aime l’objet-livre, les belles couvertures, les belles collections, les vieux poches, leurs odeurs, les bibliothèques bien ou mal rangées, j’aime traîner dans les librairies ou chez les bouquinistes. Bon, ce sont des arguments qu’on entend beaucoup lorsqu’il est question de défendre le bon vieux livre en papier. Mais pour moi, ce sont vraiment des arguments de taille. Quitte à passer pour un vieux con, je le dis et le redis, je n’aurai jamais de lecteur numérique. Et puis par ailleurs, je passe déjà beaucoup trop de temps devant des écrans divers et variés et comme  je suis, allez, plutôt un lecteur vorace, ça ferait encore deux trois heures à rajouter par jour. Alors niet.
    Mais je ne suis pas contre le fait que cela se généralise mais à condition que cohabitent ensemble livres papier et livres numériques. Il y a sans doute moyen de s’arranger. Le marché tranchera..et je suis quelqu’un qui fait confiance au marché.

    loïc, 00:07.

  • zone de réception (3) - "ferroviaires" de Sereine Berlottier

    754dad9da839e64652d3da4ab1411fac.gifEntre le moment où j'ai débarqué sur le site publie.net, que je me suis décidé à l'achat d'un livre numérique et qu'enfin je choisisse ce livre, il s'est passé quoi...3 minutes. J'ai donc jeté mon dévolu sur ferroviaires de Sereine Berlottier, livre qui serait dans le même esprit que les passagers de Roissy Express de François Maspero (mon livret de chevet) ou de paysage fer de François Bon (celui-là même qui gère publie.net).

    C'est vrai que je suis, plus que personne, attaché au livre en sa qualité d'objet...l'odeur de colle, les pages écornées, les annotations...etc, tout cela compte pour moi. Mais c'est vrai aussi qu'il faut être absolument moderne ! Alors, à suivre...

    Loïc, 15h20

    présentation du livre par François Bon :

    Sereine Berlottier a publié chez Fayard un livre étonnant et angoissant, Nu précipité dans le vide, marche enquête vers le suicide de Gherasim Luca, avec archives et bibliothèques, mais surtout travail sur la répercussion intérieure de cette approche, l’ombre active et grandissante qui se fait en vous-même dangereuse.

    Elle a récemment publié à La Rivière Echappée (collection dirigée par François Rannou), Chao praya, et est membre de la rédaction de remue.net.

    J’ai toujours eu fascination (et cette mise en ligne pourrait paradoxalement être dédiée à Julien Gracq) à comment l’outil littérature pouvait inscrire du réel ne disposant pas encore de sa propre représentation. Lorsque j’ai écrit "paysage Fer", la ligne de train Paris-Nancy me permettait une remontée vers mon propre temps, la province, l’échelle des villes, le travail (métallurgie, mines) à son origine. J’ai cette même fascination pour le paysage urbain, et ce que Edward Hopper, par exemple, nous a appris pour sa saisie cinétique. Récemment encore, sur le même trajet qu’explore, 1ère moitié aller, 2ème moitié retour, le texte de Sereine Berlottier, j’avais fait une série de photographies.

    Ce qui est fascinant, c’est comment la littérature, à condition de se charger de l’expérience poétique, du dessin de la phrase, peut aborder ces cinétiques, ces géométries, cet anonymat, et la répétition des jours (aller-retour professionnel de Paris à la bibliothèque d’une ville nouvelle, mais pas besoin d’en parler, ce n’est pas évoqué dans le texte, et il est écrit longtemps après qu’on ne le fait plus, ce trajet...

    Si cette rubrique s’appelle Zone risque, on est en parfaite cohérence.