Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

économie

  • paradoxes, suite

    Je ne sais pas si je parlerai ici de mon séjour dans le nord ouest de l'Irlande (ça dépendra de mon courage et de la rédaction ou pas d'un carnet de voyage papier ) mais je voulais quand même juste évoquer dans la continuité de la note précédente une partie des paradoxes de ce pays. 

    L'Irlande du Sud (qui je rappelle est une république qui fait partie de la zone euro et qui n'a rien à voir avec le Royaume-Uni) est avant tout un pays de culture anglo-saxonne c'est à dire plutôt libéral. Libéral dans les deux sens du terme, c'est à dire d'un point de vue économique (encore qu'il faudrait que je nuance) mais aussi dans la liberté laissée aux habitants de faire ce qu'ils veulent. Construire une villa au milieu de nulle part à 10 kms du premier village ? Pas de problème ! La compagnie électrique (privée sans doute) sera enchantée de se casser le cul à vous envoyer le jus (du coup l'aspect sauvage du Connemara est un peu gâché par tous ces pylônes et fils qui traversent les zones les plus touristiques, notamment cette petite île plantée (Derryclare Lough je crois ) de pins immortalisée par maintes cartes postales). 

    271015bb.jpg

    On ne le voit pas clairement sur la photo mais 3 fils électriques traversent ce lac devant lequel tous les amoureux aiment se faire photographier. Evidemment, à gauche et à droite, pylônes et poteaux se poussent du coude. Vous me direz, ce n'est pas grand chose mais dans le Connemara, ça choque, ça choque plus qu'en France parce ces espaces préservés pourraient être totalement dépourvus de toute trace humaine et parce que dans bien des cas, ces câbles ne servent qu'à alimenter une ou deux villas devant lesquels sont garés des berlines allemandes ou des pick-up.

    A côté de cela, on est loin de la Bretagne, rien ne pousse sur ces terres brûlées et caillouteuses. Impossible d'y donner un coup de charrue. Alors, on y laisse paître des moutons ou des chevaux, sans clôture, sans rien et à chaque fois la même question : comme les paysans font pour s'y retrouver ? Une vache n'y retrouverait pas son veau. Un peu plus loin, on est passé devant une foire aux bestiaux. 

     

    27102015 (171).JPG

    Je ne sais pas si ces paysans sont riches ou pas mais les grosses bagnoles garées sur le bord de la route m'amène à penser que oui. Enfin bref. Je m'égare. Je voulais parler des paradoxes de ce pays. Paysages sauvages/électrification. Paysans rustres et mal chaussés/villas luxueuses et grosses berlines. 

    Puisque c'est à la mode, j'ai remarqué aussi le peu d'intérêt que les irlandais portent pour l'écologie. Les bords de mer sont des déchetteries sauvages, et même au bord d'un petit lac du Connemara, tu peux ramasser une remorque de détritus. Dans ces espaces infinis, ça ne se voit pas mais le fait est. Les touristes n'y sont sans doute pas étrangers mais pour avoir côtoyé quelques autochtones, je peux vous dire que ces gens ne savent même pas ce que le mot écologie veut dire. Libéral donc...On n'attache pas sa ceinture de sécurité (une voiture dont le conducteur m'avait pris en stop après que je me sois perdu lors d'un footing nocturne était même dépourvue de tout système de ceinture), pas de radars au bord des routes, pas vu un seul flic. La bouteille de coca terminée, on la balance par la fenêtre. 

    Par ailleurs, mis à part en périphérie des grandes villes (Galway), l'industrie est quasi-inexistante. Par contre, la plus petite ville contient un nombre de commerces défiant l'entendement. Le bourg où nous créchions compte 1500 habitants (soit deux fois plus que mon bourg breton de 3000 habitants) mais dispose de 10 fois plus d'enseignes. C'est certes un peu une station balnéaire  (située au bord  de la baie de Galway dont la température de l'eau ne dépasse pas les 16 degrés au meilleur de l'été) mais même hors-saison, c'est à dire fin octobre, tous ces commerces sont plein de vie. Je ne me souviens plus très bien mais je crois qu'il y a 2 banques à Spiddal alors qu'il serait insensé qu'il y ait ne serait-ce qu'un distributeur de billets à Camors. En France, les petits bourgs perdent leur bureau de poste, ce qui n'est pas le cas en Irlande. Le moindre petit trou du cul dispose de son 'post-office' avec son guichetier (même si souvent, le bureau se situe à l'intérieur d'une supérette entre le rayon charcuterie et le rayon bières). 

    SPIDDAL251015 (42).JPG

    Une rue de Spiddal, tout petit bourg irlandais de rien du tout :

    SPIDDAL251015 (49).JPG

    Nous avions la télé dans le cottage mais pour le si peu qu'on l'a regardée, je peux vous dire que la programmation est totalement indigeste. Les chaines d'infos en continu sont mal foutues et l'écran est surchargé. Le drapeau national et de l'équipe de rugby locale flottent devant la quasi-totalité des maisons. A mon avis, la réunification n'est pas pour demain. 

    Mais le président de ce pays (où l'on adore les hamburgers et les blockbusters américains) est poète m'informe wikipedia. Il me semble d'ailleurs que le climat politique est très apaisé, sans doute parce que les irlandais n'ont que faire de l'Etat. Ils sont patriotes mais ne veulent pas que l'Etat intervienne dans leur vie, que ce soit en matière sociale ou dans ses missions régaliennes. 

    Pas vrai mesdames ? 

    27102015 (108).JPG

     Ou vous Monsieur ?

    IRLANDE281015 (158).JPG

    Loïc LT

  • cas d'école

    Le sujet de la Grèce est à peu près le seul sujet d'actualité qui m'intéresse (avec aussi le bordel islamiste au Moyen-Orient) parce que c'est un cas d'école. Jamais dans une démocratie européenne, un parti extrême était arrivé au pouvoir (encore qu'on peut considérer le gouvernement de Hongrie comme d'extrême droite) et cerise sur le gâteau, ce parti d'extrême gauche, Syriza,  prend les commandes d'un pays qui doit des milliards d'euros à 3 organismes internationaux et que la Grèce a encore besoin  d'argent. Or ces organismes ne veulent prêter que si Tsipras mène une politique de réforme contraire à celle pour laquelle il avait été élu. Je sais je l'ai déjà dit mais j'ai le droit de me répéter.

    Or l'autre jour, j'entends distraitement à la radio que les deux parties avaient trouvé un accord. Je me demandais bien quel accord ils avaient pu trouver à moins que l'une d'entre elles aient mangé son chapeau...Mais les médias exagèrent toujours. Il se trouve qu'il y a avait un juste de légers progrès dans la recherche d'un accord. Aujourd'hui, 06 juin, nous en sommes toujours à la case départ.

    Ouest-France, 06.06.15

    grèceOF060615.jpg

    Comme on voit donc, Tsipras est coincé, la Grèce a besoin d'argent frais...mais même pas pour elle, juste pour rembourser ses dettes et on ne veut le lui prêter que si le gouvernement se décide à mener des réformes 'libérales', si tant est qu'on considère que mener une politique d'austérité, c'est mener une politique libérale. Moi, je ne prends pas partie, je constate. Je salue le courage de Tsipras qui semble un fin négociateur mais je lui en veux d'avoir faire croire au peuple grec qu'il allait pouvoir honorer ses promesses alors qu'il connaissait très bien la situation financière du pays. 

    C'est un cas d'école parce que même si Syriza était arrivé au pouvoir dans un pays avec des finances saines, il n'aurait pas pu honorer ses promesses car la réalité économique (mondialisation, financiarisation, règles européennes) ne peut pas s'accommoder d'une politique d'extrême gauche (et encore moins d'extrême droite). Les Grecs ont donc fait une erreur en mettant ce parti au pouvoir. Le pays est en train de perdre son temps et moi aussi parce que je suis obligé de le répéter tous les 3 mois sur ce blog et que personne m'écoute !!

    A dans trois mois alors. Mon pronostic : élections anticipées en Grèce qui vont renforcer Tsipras, sortie de la Grèce de l'Union et dépôt de bilan du pays qui sera peut-être racheté par un fond d'investissement américain ou le Qatar

    Loïc LT, recenseur de cabines téléphoniques et économiste de comptoir. 

  • la dette grecque expliquée à mon quincaillier

    Le problème de la dette grecque fait partie des quelques sujets d'actualité qui m'intéressent. Nous sommes en présence d'un pays qui au début des années 2000 fait tout pour pouvoir rentrer dans la zone euro, tout,  c'est à dire surtout n'importe quoi : trafics de comptes, faux, mensonges etc (le tout parait-il  avec l'aide de  la banque d'affaire Goldman Sachs (qui n'en est pas à sa première magouille ) qui a du toucher pas mal de sous en échange de ses bons conseils). A côté de ça, nous avons les technocrates de Bruxelles, comme on dit qui n'y ont vu que du feu ou qui ont fait semblant de ne pas le voir, qu'en sais-je...mais je ne vois pas l'intérêt pour l'EuroGroupe de faire rentrer dans son giron un pays au bord du dépôt de bilan.

    Quelques années ont passé et par de savants subterfuges, les dirigeants grecs de gauche comme de droite ont réussi à cacher la bête immonde. Entre parenthèses, je signale que ce ne sont pas seulement les dirigeants qui sont responsables de cette gabegie mais également le peuple pour qui la fraude, le travail au noir et l'évasion fiscale sont un sport national (comme on dit). 

    Mais le mensonge ne peut plus tenir. Un peu comme le trader Nick Leeson dans sa fuite en avant, il arrive un moment où le pot aux roses est découvert. Il se trouve que l'Union  Européenne traverse en plus une sorte de crise financière dont pâtissent des pays très endettés comme l'Irlande ou le Portugal. Les autres galèrent aussi un peu mais ce n'est rien à côté de la Grèce qui avoue aux autorités européennes que sa dette publique est abyssale. Le pays est au bord du dépôt de bilan, les marchés ne veulent plus leur prêter d'argent ou alors à des taux prohibitifs. Décision est donc prise d'aider la Grèce à faire face à ses problèmes de trésorerie. Le FMI, la BCE et les Etats Membres de l'Union s'y accordent...mais évidemment, cela ne peut pas se faire sans contreparties. On ne va pas leur prêter d'argent  sans qu'ils s'engagent à mettre en  oeuvre des réformes de fond. C'est ce que font les gouvernements successifs mais la dette est si énorme et l'austérité imposée si forte que le PIB s'effondre, ce qui ne fait qu'amplifier la dette. Mais, on s'en doutait, le but était d'abord de remettre de l'ordre et de la discipline en territoire hellénique (ça fait toujours bien de sortir cet adjectif). Ce qu'on appelle la Troïka (BCE, FMI, Commission Européenne) continue à prêter de l'argent tout en veillant au grain. Il est incontestable que la Grèce fait des efforts mais le temps de la politique est plus court que celui de l'économie. Et comme dans la plupart des démocraties, les Grecs qui en ont raz le bol de trimer (alors qu'ils ne font que se sacrifier pour une bonne cause) décident de voter contre les sortants et choisissent un parti de gauche radicale. Aléxis Tsipras, leader du parti SYRIZA  devient premier ministre en promettant monts et merveilles et surtout le contraire de ce que la Troïka demande. 

    Mais il a la légitimité du peuple ! Il aurait également été élu s'il avait promis d'effacer totalement la dette grecque sans autres formes de procès et de faire un chèque de 10.000€ à chaque grec (car ce qu'il y a de bien quand on est dans l'extrême gauche, c'est qu'on peut promettre n'importe quoi, on sait qu'on ne sera pas élu....sauf que là, pas de chance, elle gagne l'élection). Donc, le voilà bombardé premier ministre avec pour l'épauler sur le problème de la dette Yanis Varoufakis, un économiste de gauche (bcbg et ne portant pas la cravate ) plein de certitudes et qui pense qu'il peut convaincre les allemands (entre autres) que l'austérité n'est pas le bon chemin. A peine le gouvernement Tsipras est-il installé qu'il commence direct par stopper les privatisations engagées et autres réformes salutaires mises en oeuvre par le gouvernement précédent. 

    Sauf que, une fois de plus, la Grèce a besoin de quelques milliards d'euros très rapidement. Les voici donc face à Merkel (la dame de fer), Hollande (le conciliant à la botte de Merkel) et les grands Argentiers européens. A la base, Tsipras et Varoufakis (vous me permettrez de ne ne pas respecter les accents divers qui affublent leurs noms) ne voulaient pas de cet argent. Le but était de stopper la perfusion. C'est en tout cas ce qui était scandé pendant la campagne. Mais la cigale ayant chanté tout l'été se trouva fort dépourvue lorsque l'hiver fut venu. Or en Europe l'hiver est rude, surtout en Allemagne. Les deux populistes s'aperçoivent une fois aux commandes qu'ils ont besoin d'argent frais. Zut, ils n'y avaient pas pensé avant. Il faut donc trouver un compromis avec les méchants créanciers libéraux. Tsípras et Varoufákis veulent bien finalement de cet argent mais veulent aussi pouvoir honorer leurs délirantes promesses de campagne. Pas possible répondent les allemands. On ne va pas vous prêter d'argent pour que vous le dépensiez à tort et à travers.

    Et puis finalement, parce qu'il faut bien trouver un compromis et parce que les français sont des couilles molles, bien représentés à la commission européenne par Pierre Moscovici, un gentil qui viendrait en aide à un vendeur de machines à écrire, on trouve une solution...mais on n'y comprend pas grand chose. Le gouvernement grec promet de mieux lutter contre l'évasion fiscale ( tarte à la crème récurrente dès lors qu'il faut trouver de l'argent et autres réformes abstraites comme la réforme de la fonction publique dont on sait pertinemment qu'elle ne se fera pas). Marché de dupes pour sauvetage provisoire des meubles. 

    On va bien rigoler (ou pleurer, ça dépend comment on voit les choses) dans quelques mois. Le gouvernement grec n'aura obtenu aucun résultat, se sera mis à dos la gauche de SYRIZA et tous ceux qui avaient voté pour eux se sentiront trahis. Les allemands vont reprendre les choses en main et Aléxis Tsípras dans l'impasse sera obligé de démissionner.

    Ensuite, il faudra que les Grecs élisent un gouvernement de raison (c'est à dire de centre gauche ou de centre droit, on s'en fout) et acceptent d'inscrire leurs efforts dans le temps. La sortie de la zone Euro ne me semble pas envisageable car une dévaluation de leur nouvelle monnaie augmenterait le niveau de la dette déjà énorme. 

    Voilà, j'ai écrit ça d'un trait de plume, je ne sais pas si j'ai tout bon mais c'est comme ça que j'ai compris, Mr le quincaillier. Vous, quand vous faîtes votre inventaire et que vous comptez 15 clous, vous ne dîtes pas que vous en avez 30 et quand vous faîtes votre caisse, vous ne notez pas sur votre registre le triple de ce que vous avez comptabilisé. A la limite, ce sont des gens comme vous qu'il faudrait à la tête de nos états. 

    Loïc LT, membre du MDQ et recenseur de cabines téléphoniques 

  • la valeur des fruits et des légumes

    Lors de C dans l'air sur F5 hier, quasi-unanimité pour dire que si les fruits et légumes sont si chers, c'est parce qu'il y a entente tacite entre les grandes surfaces...pourquoi pas mais alors, comment expliquer que ces mêmes fruits et légumes sont encore  plus chers sur les marchés et dans les petites épiceries indépendantes ?

    Et si entente il y a, comment se fait-il que depuis tout ce temps, elle n'aurait pas été dénoncé ne serait-ce que par une enseigne qui ainsi dans un premier temps aurait pû tirer son épingle du jeu avant d'entrainer les autres à sa suite ?

    Il y a quelque chose qui m'énerve dans cette émission, c'est que bien qu'il y ait souvent des avis contradictoires, il y a comme ça des questions évidentes que l'animateur et les invités devraient se poser mais qu'ils ne font pas. Ça semble toujours aller jusqu'au fond des choses...jusqu'à une certaine limite qu'ils se refusent à franchir. Par ailleurs, les plus pertinentes des petites questions des téléspectateurs qui passent en bas ne sont jamais posées. Du coup, on reste sur sa faim. 

    (ps : je sais, je suis très mauvais pour les titres)

    Loïc LT

  • croissance ! croissance ! croissance !

    Récemment le ministre de l'économie, Pierre Moscovici, Mosco pour les intimes s'est fendu d'une annonce estivale à propos de la croissance 2013, qui, estime-t-il se situera entre -0.1% et + 0.1%. Et puis, ça a fait polémique parce que d'aucuns ont pensé qu'il avait revu ses prévisions à la baisse. Vous savez ce qu'e j'en pense en étant vulgaire : c'est ni plus ni plus ni moins que de l'enculage de mouches. On veut en faire des tonnes avec trois fois rien. Que la croissance soit de -0.1% ou de +0.1% n'a aucune importance, c'est totalement imperceptible et ça ne change rien non plus aux finances publiques. Une  vraie croissance, comme les croissances d'antan, c'est une croissance à au moins 2.5% et mon intuition me pousse à penser que la France n'y parviendra plus jamais. Sans doute qu'il y aura des variations techniques à l'intérieur d'un tunnel allant de - 2% à 1% mais au-delà, je n'y crois parce que c'est devenu structurellement impossible.

    Maintenant, je voudrais savoir ce que les gens veulent. Admettons que par bonheur, nous revenions à une croissance annuelle de 4%. Que se passerait-il ? Les patrons seraient sans doute un peu plus enclin à augmenter les salaires (et encore...vous rappelez-vous de la période 1998-2002 comme une période de forte hausse des salaires ?) mais ces augmentations seraient largement effacées par l'inflation des matières premières, systématiques en période de forte croissance. Je pense avant tout au pétrole, qui en plus est resté à des niveaux très élevés pendant cette 'crise' (je mets toujours ce mot entre guillemets, je n'y ai jamais cru). Une croissance forte sur plusieurs années amènera le baril au delà des 200$ et le gazoil à 2€. Plus généralement, l'inflation sera plus forte et je ne parle même pas de l'immobilier qui, comme le pétrole, n'a pas véritablement baissé, et qui va repartir à la hausse privant ainsi les plus fragiles de la possibilité de devenir propriétaires. 

    Il ne s'agit pas de faire dans le pessimisme à tout crin, ce que je dis là est vrai,ce sont des fondamentaux des cycles en économie capitaliste. Je ne critique rien, je suis plutôt favorable au système capitaliste, qui, pour reprendre personne est le pire de tous à l'exception de tous les autres. Mais il faut arrêter de vouloir la croissance à tout prix. Celle-ci a des avantages certes (comblement des déficits publics, baisse du chômage) mais elle a surtout des inconvénients, dont, en plus de l'inflation,  celui souvent d'obliger les travailleurs à bosser plus et à subir plus de pressions. Et je ne parle même pas des conséquences écologiques. Et puis, on critique souvent la société de consommation (à juste titre) et on voudrait encore la pousser plus loin ?

    Je ne suis pas pour la décroissance, je suis pour une croissance maîtrisée. 1%, c'est bien. Le chômage est un faux problème. 97% de la population active a gardé son job. Les comptes publics : il faut supprimer une grosse partie des aides dont bénéficie la classe moyenne, sauf celles où je suis personnellement concerné. 

    Loïc LT

  • CR223 : le système Victoria - Eric Reinhardt

    Système-Victoria-Reinhardt.jpgEn 2007, j’avais eu un véritable coup de coeur pour Cendrillon, et j’en avais beaucoup parlé sur ce blog. Tous les blogueurs ont un peu comme ça leur auteur fétiche dont ils lisent tout. Entre temps, j’avais lu le moral des ménages qui m’avait laissé sur ma faim mais qui écrit avant Cendrillon, l’annonçait déjà.
    Voici donc, le système Victoria le dernier opus de Eric Reinhardt, sorti en août 2011 et que j’ai décidé de ne pas lire tout de suite tout comme on patiente devant un bon plat afin d’aiguiser l’appétit.
    Résumé : David Kolski, directeur de travaux est marié avec Sophie. Le couple a deux enfants. David est à la tête d’un chantier énorme : la construction de la plus haute tour de Paris. Un jour, par hasard, dans une galerie marchande, il a un coup de foudre pour Victoria de Winter, une magnifique quadragénaire, drh d’un groupe international de 12000 personnes et marié à un violoncelliste. Les deux amants  se retrouvent dans des chambres d’hôtel luxueuses que loue Victoria : on boit du champagne, on parle politique (elle est de droite et lui de gauche), et surtout on fait l’amour de façon totalement débridée. Professionnellement parlant, David subit les pressions du prometteur immobilier du fait du retard pris par le chantier. Victoria, quant à elle, voyage sur tous les continents et doit entre autres s’occuper d’une fermeture d’usine en Lorraine.
    Dès le début du roman, on est informé de la fin tragique de Victoria mais on ne sait pas pourquoi et comment. On sait juste que David n’y est pas totalement étranger mais on sait aussi qu’il n’est pas coupable. Petit à petit, l’auteur tisse sa toile. Il en profite, à travers le parcours des deux tourtereaux,  pour nous rappeler  ce qu’il  pense du système libéral, de l’impasse dans lequel il nous mène (toile de fond de Cendrillon également). Victoria, dans son combat quotidien avec les syndicats symbolise cette fuite en avant, ce jusqu’auboutisme et ce jusque dans sa sexualité dont elle ne s’interdit rien. Pendant qu’elle plane dans des sphères luxueuses de la jet-set planétaire, David (qui n’est pas trop à plaindre quand même avec son salaire de 4000€) est englué dans le cambouis de sa Tour Uranus. Il subit mais retrouve de la vigueur grâce à sa relation avec Victoria. Les deux amants en veulent toujours plus....jusqu’au drame final...

    Bien que ce roman soit passionnant, qu’il se lise comme un polar et qu’on ne s’ennuie pas un instant (mention spéciale pour les pages où il est question de la maladie de la femme de David), j’ai trouvé que l’auteur caricaturait beaucoup les choses (mais peut-être force-t-il volontairement le trait). Cette Victoria est vraiment "trop" pour être crédible : trop belle, trop raffinée, trop intelligente, trop “bonne”, trop cultivée, trop bien placée. David, lui est la caricature du bobo de gauche (ceci dit , ce type de bobos existe vraiment, c’est ce qui m’attriste...). Jusque la destination finale de David qui après le drame, seul et déprimé va s’enterrer dans un hôtel situé dans ...la Creuse, on ne fait pas plus cliché .
    Ceux qui n’ont pas aimé Cendrillon n’aimeront pas plus celui-là. Quant à moi, modeste smicard de province dont le monde écrit dans ce roman est totalement étranger, j’ai dévoré ses 522 pages en quelques jours, dont les 400 dernières le jour de l’an. J’aime cette introspection très poussée dont font preuve les personnages, cette auto-analyse qu’ils s’imposent, un peu à la manière de Milan Kundera, disais-je à Gambetti, mais en développant même plus. La prose de Reinhardt n’est pas minimaliste. Au contre, elle est ample et vertigineuse...et allez, je l’utilise..JUBILATOIRE. Par ailleurs, par rapport à Cendrillon, le système Victoria est plus classique dans sa construction. Pas de multiplication du même personnage cette fois ci mais un récit palpitant, enlevé qui  ne laisse pas indifférent.
    Malgré les quelques réserves, un coup de coeur encore une fois !

    lecture : du 28.12.2011 au 01.01.2012
    stock, 522 pages
    année de parution : 2011
    note : 4.75/5

  • Pour un passage aux 32 heures

    En 1998, la France passait aux 35 heures et c’est grâce à cette  réforme que j’ai obtenu mon premier cdi. Je suis resté 6 ans dans un cabinet comptable avant de me faire lourder comme un malpropre. J’étais en détresse morale et les responsables ne m’ont laissé aucune chance. Avec le recul, je me dis que j’aurais dû me mettre en arrêt au lieu de m’obstiner à venir au boulot pour faire n’importe quoi. Enfin bref, je m'égare..les 35 heures, c’était chouette, en même temps, je n’ai pas connu les 39 heures. Aujourd’hui, je pense qu’il faut faire un pas supplémentaire et passer aux 32 heures. 8 heures au taf par jour, multiplié par 4 et hop week-end le jeudi soir. Ce serait bien que cela se fasse au niveau de l’Europe pour des raisons d’harmonie évidemment. Ce serait un signal fort envoyé au monde entier : “nous les européens, puisque de toute façon nous avons perdu la guerre économique, et bien, perdu pour perdu, profitons de la vie. Faisons de l’Europe, un havre de paix dans un monde de fous”.
    Ce n’est pas une idée totalement saugrenue (Michel Rocard qui est l’un des rares socialistes à peu près crédibles l’avait émise). Et je ne pense pas que ça nous pénaliserait. Il faut bien comprendre que depuis le temps que l’économie s’est mondialisée et bien, tout ou presque tout ce qui était délocalisable l’a été. Les entreprises qui sont restées en Europe ont de bonnes raisons de le faire. Le secteur tertiaire est très peu délocalisable, l’agriculture non plus, les petits commerces etc. Et puis le fait de donner un jour de week-end de plus à tous les européens ne serait pas sans incidence sur la consommation en général et de loisirs (voyages, culture, bricolages etc), et pas sans incidence sur l’emploi aussi.
    Mais en attendant que les 32 heures soient possibles, nous avons une grosse dette à rembourser et pour quelques temps, je ne sais trop combien, je crains qu'il va falloir bosser un petit peu plus. Une idée : supprimer pour une durée limitée (genre 3 ans) la 5ème semaine de congés payés....et la somme dégagée serait totalement affectée au remboursement de la dette. Au bout de 3 ans, on fait le bilan et on voit si on continue ou pas (pour moi, il faut revenir à un taux d’endettement de 35%...le maximum qu’on autorise aux ménages).  Les travailleurs et les travailleuses peuvent l’accepter si en contrepartie le gouvernement s’engage à faire passer la durée légale à 32 heures ensuite.
    Il faudrait que j’en parle à Gambetti.

  • conversation avec Gambetti (sur le problème de la dette)

    Un moment, j’ai demandé à Gambetti de m’écouter sans m’interrompre.
    Je n’appelle pas plan d’austérité les quelques mesurettes qui viennent d’être annoncées par François Fillon. Cela manque vraiment d’ambition. C’est à se demander si Sarkozy et les siens n’ont pas décidé de ruiner la France avant de décaniller en mai 2012. Franchement, je ne comprends pas. D’autant que l’occasion était unique : le gouvernement est impopulaire, le président encore plus. Tout se beau monde devine que dans quelques mois, une majorité de français optera pour l’alternance. Nicolas Sarkozy, qui n’a plus rien à perdre avait donc l’occasion de redorer son blason (pas auprès des français, c’est peine perdue mais auprès de l’histoire, ce qui compte le plus n’est-ce pas) en mettant en oeuvre une politique de rigueur digne de ce nom.
    Je ne vais pas épiloguer sur les quelques mesures anecdotiques..songe qu’elles ne vont dégager pour 2011 qu’un milliard d’euros. Preuve de l’anecdote de la chose : Bercy vient de revoir à la hausse le montant du déficit pour 2011, soi 3.4 milliards de plus que prévu dont 1 milliard de charge de la dette supplémentaire à cause d’un chouya d’inflation en plus.
    Une fois encore, on est en plein dans le discours perfomatif : le plan d’austérité n’existe que dans la bouche du premier ministre ou comme dirait Eric Chauvier comme le monstre sous le lit des enfants.
    N’empêche : Il y avait moyen de supprimer ou suspendre purement et simplement pas mal de niches fiscales : les aides écologiques (qui ne profitent qu’aux riches et classes moyennes supérieures), la prime pour l’emploi, les exonérations diverses sur les contrats assurance-vie et pea, tva à 5.5% dans la restauration...j’en passe et puis par ailleurs oui, il faut que les plus aisés payent plus...pourquoi pas provisoirement mais à mon sens, il fallait prendre bien plus bas que le seuil de 500.000€ :100.000€ par an, voire 50.000€ (soit 4.000€/mois car un foyer est riche quand il gagne plus de 4000€/mois). Rien qu’avec tout ça, l’état pouvait se faire 20 milliards.
    Mais une fois de plus le gouvernement n’a pas eu le courage de ses opinions. Peut-être que Sarkozy a encore quelque espoir de se faire réélire. Allez savoir.
    Je ne me fais pas beaucoup d’illusion pour la suite des événements. Que ce soit Hollande ou Aubry (j’avoue avoir une préférence pour Hollande), le déficit et la dette se creuseront inexorablement (sauf croissance à plus de 3% par an dont plus personne ne croit). Les promesses électorales seront très vite rangées dans le placard du fond. Les marchés s’impatienteront et il arrivera la même chose au futur gouvernement socialiste français qu’à l’actuel gouvernement socialiste espagnol.
    En France, au même titre que libéral, rigueur est considéré comme un gros mot. Alors que pratiquer la rigueur devrait être une politique par défaut. Une politique d’austérité n’a rien à voir avec une politique libérale. Ecoute moi bien Gambetti, Il faut gérer l’argent public en bon père de famille, c’est à dire, ne pas dépenser plus qu’on ne gagne et emprunter pour préparer l’avenir (avec comme pour les ménages un taux d’endettement ne dépassant pas les 40%..alors que pour le budget de la France, on est à 80%). Cela doit pouvoir se faire à condition de bien expliquer au peuple les enjeux et que celui ci accepte de faire des sacrifices. Je sais que c'est difficile car les français sont des grognards, ils aiment se poser en victime et dire que ce sont toujours les mêmes qui trinquent. Mais pourtant il faudra bien. Il en va du salut de notre modèle de protection sociale et de notre indépendance financière.
    Et pour une fois, Gambetti était d’accord avec moi.

  • conversation avec Gambetti (sur la réalité de la crise)

    La crise (je mets toujours ce mot entre guillemets, je ne l'assume pas, voyez-vous) est avant tout une affection qui touche le langage. On dit que nous sommes en crise donc nous le sommes (je mets là en avant m’a dit un collègue le concept du discours performatif : c’est le fait de parler d’une chose qui la rend réelle).  Après personne ne prend la peine de vérifier sa réalité dans le quotidien. Tout juste va-t-on balancer des poncifs du genre “la vie est chère, il  y a de plus en plus de pauvres”. Ça ne mange pas de pain et ces idées reçues maintes fois ressassées depuis aussi longtemps que le capitalisme existe nous confirme dans l’idée de la crise.
    Gambetti m’affirmait que le système capitaliste était à bout de souffle, qu’il était en train de s’auto-détruire. Je ne comprends pas pourquoi il m’a dit ça : lui même a un bon job et il vit dans une belle maison nichée au coeur d’une vallée luxuriante. En fait pour lui comme beaucoup de monde, la crise n’a d’existence qu’à travers le discours médiatique. Si les médias lui avaient fait croire que depuis 5 ans l’Europe connaissait une forte expansion, ça aurait été pareil. Il l’aurait intégré au réel à peu près aussi facilement que la crise (je dis à peu près car le français se méfie toujours des médias quand ils sont trop positifs).
    Mais bon sang, ai-je répondu à Gambetti, va dans les bars, les restaurants, sur les plages, sur les aires d'autoroutes, regarde les maisons sortir de Terre, les files d'attente dans les supermarchés, les grosses bagnoles...elle est où la crise financière dans tout ça ? Pour 80% des gens, la crise est un concept abstrait dont ils ne découvrent la réalité que par les médias. Pour les autres, c'est dur, crise ou pas crise, ça l'a toujours et ça le sera toujours. C'est le principe même du système que de laisser des gens sur le bord de la route (tout en les aidant par la redistribution, ce qui est normal) pour que les autres aient envie de se battre pour ne pas rejoindre les premiers...et puis pour que les premiers gardent l'espoir d'y arriver.
    Il ne peut pas exister de système idéal où tout le monde serait heureux (encore que les plus pauvres ne sont pas tout le temps les plus malheureux) car il s'effondrerait sur lui-même car les gens ne verraient pas l'intérêt de se casser le cul.

    Je ne vois pas ce qui pourrait remplacer le capitalisme, assénai-je à Gambetti. Aucun théoricien économique n'a encore rien trouvé quoi que ce soit car il se confronte tout le temps à la nature même de l'être humain qui est d'être libre, consumériste et dont le penchant individualiste est plus fort que son attirance pour la collectivité. Et quand bien même, un esprit éclairé trouverait un système alternatif et que ce dernier était porté par un parti politique qui arriverait au pouvoir et le mettrait en oeuvre (admettons hein...), il n’y aurait pas d’autre solution pour que ce nouveau système s’installe dans la durée, d’empêcher que des élections aient lieu car à chaque fois, ce serait la menace de voir un parti pro-capitaliste les gagner.

  • [actualité] la "crise" de la classe moyenne, le retour

    classe moyenne, société, crise, économieTous les trois quatre ans les journalistes nous ressortent l’idée que la classe moyenne est en crise. Ça les pique comme ça, on ne sait pas pourquoi. Si, on devine pourquoi : ça touche pas mal de monde et l’idée de classe moyenne est suffisamment abstraite pour qu’on puisse en dire n’importe quoi..et évidemment, à chaque fois, il ne leur ait pas dur de trouver un pingouin qui vient de sortir un bouquin sur la question.
    Je dis ça parce j’ai entendu des débats à la radio sur ce thème deux fois en trois jours...deux fois de trop...à chaque fois ça m’a énervé. Tant de suffisance de la part des journalistes et des sociologues en énonçant des contre-vérités m’horripilent au plus haut point.
    On veut nous faire croire que la classe moyenne d’aujourd’hui esr plus pauvre que celle des trente glorieuses et même que celle des années 80, qu’elle serait sur le point de tomber sous le seuil de pauvreté..comment comprendre alors toutes ces berlines qui me doublent sur l’autoroute, ces maisons contemporaines immenses qui sortent de terre dans le petit bourg où j’habite, comment comprendre que le montant de l’épargne de la dite classe moyenne n’a jamais été aussi élevé, que les stations de ski affichent complet, que lors des deux derniers noel, des records de consommation ont été battus..etc etc
    Perso, je fais partie de la classe moyenne, de la classe moyenne inférieure on va dire, puisque je suis payé au smic (ma compagne un peu plus). Et bien, on s’en sort. Oh, ce n’est pas toujours facile, on n’a pas trop le droit à l’erreur, mais on s’en sort...et ça vaut le coup de se battre..et je n’ai aucune leçon à recevoir de ces journalistes et sociologues de pacotilles qui ne savent pas de quoi ils parlent, qui ne connaissent pas la vie des millions de français qui s’en sortent et qui rigolent pas mal de s’entendre dire qu’ils sont en crise.
    Tiens, je ne devrais pas dire ça. Ce matin, sur radio-bobo (france inter, va sans dire), on cherchait des solutions pour sauver la classe moyenne.  Youpi ! Un économiste dont j’ai oublié le nom (un certain Pikety je crois) proposait de prélever 15 milliards d’euros en plus par an sur les 3% de français les plus riches pour les redistribuer à la classe moyenne..pas aux pauvres, hein, juste à la classe moyenne..et bien, c’est chouette ça ! Pourquoi s’en priver. Un calcul à l’emporte-pièce (15 milliards d’euros divisés par 40 millions de français moyens multiplié par le nombre de français moyens composant mon foyer) m’indique que cela me rapporterait 1500€ par an... banco ! vive la crise de la classe moyenne !...champagne..ah, mais non, je risque pas de devenir imposable avec ça ? A moins que ce ne soit pas compté...à suivre.

    loïc lt, 22.00

     

    * photo par Raymond Depardon