Un moment, j’ai demandé à Gambetti de m’écouter sans m’interrompre.
Je n’appelle pas plan d’austérité les quelques mesurettes qui viennent d’être annoncées par François Fillon. Cela manque vraiment d’ambition. C’est à se demander si Sarkozy et les siens n’ont pas décidé de ruiner la France avant de décaniller en mai 2012. Franchement, je ne comprends pas. D’autant que l’occasion était unique : le gouvernement est impopulaire, le président encore plus. Tout se beau monde devine que dans quelques mois, une majorité de français optera pour l’alternance. Nicolas Sarkozy, qui n’a plus rien à perdre avait donc l’occasion de redorer son blason (pas auprès des français, c’est peine perdue mais auprès de l’histoire, ce qui compte le plus n’est-ce pas) en mettant en oeuvre une politique de rigueur digne de ce nom.
Je ne vais pas épiloguer sur les quelques mesures anecdotiques..songe qu’elles ne vont dégager pour 2011 qu’un milliard d’euros. Preuve de l’anecdote de la chose : Bercy vient de revoir à la hausse le montant du déficit pour 2011, soi 3.4 milliards de plus que prévu dont 1 milliard de charge de la dette supplémentaire à cause d’un chouya d’inflation en plus.
Une fois encore, on est en plein dans le discours perfomatif : le plan d’austérité n’existe que dans la bouche du premier ministre ou comme dirait Eric Chauvier comme le monstre sous le lit des enfants.
N’empêche : Il y avait moyen de supprimer ou suspendre purement et simplement pas mal de niches fiscales : les aides écologiques (qui ne profitent qu’aux riches et classes moyennes supérieures), la prime pour l’emploi, les exonérations diverses sur les contrats assurance-vie et pea, tva à 5.5% dans la restauration...j’en passe et puis par ailleurs oui, il faut que les plus aisés payent plus...pourquoi pas provisoirement mais à mon sens, il fallait prendre bien plus bas que le seuil de 500.000€ :100.000€ par an, voire 50.000€ (soit 4.000€/mois car un foyer est riche quand il gagne plus de 4000€/mois). Rien qu’avec tout ça, l’état pouvait se faire 20 milliards.
Mais une fois de plus le gouvernement n’a pas eu le courage de ses opinions. Peut-être que Sarkozy a encore quelque espoir de se faire réélire. Allez savoir.
Je ne me fais pas beaucoup d’illusion pour la suite des événements. Que ce soit Hollande ou Aubry (j’avoue avoir une préférence pour Hollande), le déficit et la dette se creuseront inexorablement (sauf croissance à plus de 3% par an dont plus personne ne croit). Les promesses électorales seront très vite rangées dans le placard du fond. Les marchés s’impatienteront et il arrivera la même chose au futur gouvernement socialiste français qu’à l’actuel gouvernement socialiste espagnol.
En France, au même titre que libéral, rigueur est considéré comme un gros mot. Alors que pratiquer la rigueur devrait être une politique par défaut. Une politique d’austérité n’a rien à voir avec une politique libérale. Ecoute moi bien Gambetti, Il faut gérer l’argent public en bon père de famille, c’est à dire, ne pas dépenser plus qu’on ne gagne et emprunter pour préparer l’avenir (avec comme pour les ménages un taux d’endettement ne dépassant pas les 40%..alors que pour le budget de la France, on est à 80%). Cela doit pouvoir se faire à condition de bien expliquer au peuple les enjeux et que celui ci accepte de faire des sacrifices. Je sais que c'est difficile car les français sont des grognards, ils aiment se poser en victime et dire que ce sont toujours les mêmes qui trinquent. Mais pourtant il faudra bien. Il en va du salut de notre modèle de protection sociale et de notre indépendance financière.
Et pour une fois, Gambetti était d’accord avec moi.
françois fillon
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conversation avec Gambetti (sur le problème de la dette)