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le sytème victoria

  • CR223 : le système Victoria - Eric Reinhardt

    Système-Victoria-Reinhardt.jpgEn 2007, j’avais eu un véritable coup de coeur pour Cendrillon, et j’en avais beaucoup parlé sur ce blog. Tous les blogueurs ont un peu comme ça leur auteur fétiche dont ils lisent tout. Entre temps, j’avais lu le moral des ménages qui m’avait laissé sur ma faim mais qui écrit avant Cendrillon, l’annonçait déjà.
    Voici donc, le système Victoria le dernier opus de Eric Reinhardt, sorti en août 2011 et que j’ai décidé de ne pas lire tout de suite tout comme on patiente devant un bon plat afin d’aiguiser l’appétit.
    Résumé : David Kolski, directeur de travaux est marié avec Sophie. Le couple a deux enfants. David est à la tête d’un chantier énorme : la construction de la plus haute tour de Paris. Un jour, par hasard, dans une galerie marchande, il a un coup de foudre pour Victoria de Winter, une magnifique quadragénaire, drh d’un groupe international de 12000 personnes et marié à un violoncelliste. Les deux amants  se retrouvent dans des chambres d’hôtel luxueuses que loue Victoria : on boit du champagne, on parle politique (elle est de droite et lui de gauche), et surtout on fait l’amour de façon totalement débridée. Professionnellement parlant, David subit les pressions du prometteur immobilier du fait du retard pris par le chantier. Victoria, quant à elle, voyage sur tous les continents et doit entre autres s’occuper d’une fermeture d’usine en Lorraine.
    Dès le début du roman, on est informé de la fin tragique de Victoria mais on ne sait pas pourquoi et comment. On sait juste que David n’y est pas totalement étranger mais on sait aussi qu’il n’est pas coupable. Petit à petit, l’auteur tisse sa toile. Il en profite, à travers le parcours des deux tourtereaux,  pour nous rappeler  ce qu’il  pense du système libéral, de l’impasse dans lequel il nous mène (toile de fond de Cendrillon également). Victoria, dans son combat quotidien avec les syndicats symbolise cette fuite en avant, ce jusqu’auboutisme et ce jusque dans sa sexualité dont elle ne s’interdit rien. Pendant qu’elle plane dans des sphères luxueuses de la jet-set planétaire, David (qui n’est pas trop à plaindre quand même avec son salaire de 4000€) est englué dans le cambouis de sa Tour Uranus. Il subit mais retrouve de la vigueur grâce à sa relation avec Victoria. Les deux amants en veulent toujours plus....jusqu’au drame final...

    Bien que ce roman soit passionnant, qu’il se lise comme un polar et qu’on ne s’ennuie pas un instant (mention spéciale pour les pages où il est question de la maladie de la femme de David), j’ai trouvé que l’auteur caricaturait beaucoup les choses (mais peut-être force-t-il volontairement le trait). Cette Victoria est vraiment "trop" pour être crédible : trop belle, trop raffinée, trop intelligente, trop “bonne”, trop cultivée, trop bien placée. David, lui est la caricature du bobo de gauche (ceci dit , ce type de bobos existe vraiment, c’est ce qui m’attriste...). Jusque la destination finale de David qui après le drame, seul et déprimé va s’enterrer dans un hôtel situé dans ...la Creuse, on ne fait pas plus cliché .
    Ceux qui n’ont pas aimé Cendrillon n’aimeront pas plus celui-là. Quant à moi, modeste smicard de province dont le monde écrit dans ce roman est totalement étranger, j’ai dévoré ses 522 pages en quelques jours, dont les 400 dernières le jour de l’an. J’aime cette introspection très poussée dont font preuve les personnages, cette auto-analyse qu’ils s’imposent, un peu à la manière de Milan Kundera, disais-je à Gambetti, mais en développant même plus. La prose de Reinhardt n’est pas minimaliste. Au contre, elle est ample et vertigineuse...et allez, je l’utilise..JUBILATOIRE. Par ailleurs, par rapport à Cendrillon, le système Victoria est plus classique dans sa construction. Pas de multiplication du même personnage cette fois ci mais un récit palpitant, enlevé qui  ne laisse pas indifférent.
    Malgré les quelques réserves, un coup de coeur encore une fois !

    lecture : du 28.12.2011 au 01.01.2012
    stock, 522 pages
    année de parution : 2011
    note : 4.75/5