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livre - Page 9

  • mort à crédit

    Mort à crédit, que je viens de commencer est un pavé et clôturera cette année de lecture..C’est un bouquin que j’ai acheté à la fin du XXème siècle et qui depuis est bien placé dans ma petite bibliothèque made in ikea, ce meuble qui se situe dans un coin de la salle et auprès duquel mes rares invités ne s’approchent jamais...Ce livre me rappelle un type que j’avais rencontré dans un régiment de Compiègne lors de mon service militaire. Il s’appelait Guy et il aimait Nietzsche et Céline...et je me souviens qu’il m’avait dit que Mort à crédit l’avait plus impressionné que voyage au bout de la nuit.
    Je ferme donc les volets quelques jours.

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  • CR193 : le moral des ménages - Eric Reinhardt

    514N19H2HRL._SS500_.jpgJe me suis procuré ce livre juste après avoir lu Cendrillon que je range au panthéon des romans français contemporains..Si le moral des ménages n’a pas la même ambition que son successeur, on y retrouve à peu la même verve, la même violence dans la description de la société française. Manuel Carsen, le narrateur qui est devenu un chanteur médiocre, revient sur son enfance et n’a pas de mots assez forts pour dénoncer le mode de vie de ses parents et en particulier son père, un giscardien  complexé, à qui il reproche de faire le jeu des puissants tout en restant un minable représentant en photocopieurs. La classe moyenne en prend pour son grade et cette charge dure les trois quarts du roman (et dans la forme, m’a rappelé un peu extinction de Thomas Bernhard) et puis alors que cela devient un peu longuet (même si émaillées de quelques scènes assez poilantes à propos de la libido naissante de Manuel dont le désir à la vue du corps d’une fille pas si belle qu’il l’avait imaginé s’éloignait comme les loupiotes d’une chalutier partant vers la haute mer), le propos se retourne dans la dernière partie lorsque le narrateur devient une narratrice en la personne de la fille de Manuel qui considère avec un profond mépris la triste vie de son “artiste’ de père à qui elle préfère la vie honorable de ses grands-parents.
    Du coup, on ne sait sur quel pied danser lorsque l’on referme ce roman dont j’ignore la part autobiographique..Mais on peut se passer de celui-ci et se concentrer sur Cendrillon qui reprend (entre autre) le thème de cette classe moyenne si chère à l’auteur.

    roman , paru en 2002

    le livre de poche, 222 pages

    lecture du 10/12 au 15/12/ 2010

    note : 3.5/5

  • CR192 : l'attrape-coeurs - J.D. Salinger

    51FV05TVM3L.jpgLe narrateur de ce célèbre roman (dont l’action se situe dans les années quarante ou cinquante, c’est pas très important) s’appelle Holden Caulfied, un adolescent issu de la petite bourgoisie new-yorkaise. Il vient d’être viré de son collège pour manque de résultats et tout. Alors comme il n’est pas pressé de rentrer chez lui l’annoncer à ses parents, il erre dans la ville, d’hôtels en hôtels, de bars en discothèques  en passant par Central Park et cherche à renouer avec de vieilles connaissances et tout..ce faisant, il nous fait le récit de son enfance, de ses amours, de ses années d'étude
    C’est un roman très touchant car Holden n’est pas un mauvais bougre mais on sent qu’il est capable du pire à tout moment (c’est pour ça que j’ai été rassuré à la fin de savoir qu’il allait gentiment  retourner à l’école) et puis Holden est un altruiste qui a le coeur sur la main (son affection pour sa petite soeur est émouvante)..un attrape-coeurs...Somme toute, c'est est un adolescent banal, c’est à dire un être immature avec plein de certitudes mais qui en même temps se questionne sur le monde des adultes, sur la sexualité etc...ce qui nous donne quelques maximes du genre “c’est marrant, suffit de s’arranger pour que quelqu’un ne pige rien à ce qu’on lui dit et on obtient pratiquement  tout ce qu’on veut” (je connais une personne qui arrive tellement à embrouiller les gens quand elle leur demande un truc que ces derniers n’osant pas dire qu’ils n’ont pas compris acceptent la demande afin qu’on les laisse tranquille).
    On appelle ça un roman d’apprentissage...Dans le genre, ça rappelle un peu la vie devant soi..avec ce style parlé, les tournures familières et tout..
    Il n’y a pas besoin d’être un grand écrivain pour écrire un chef d’oeuvre. Il suffit d’avoir dix sept ans et d’écrire ce qui vous passe par la tête et tout ..moi à cet âge-là, je faisais des sonnets mais ils étaient moches* et puis tout le monde s’en fout des sonnets.

    roman , paru en 1951
    traduit par Annie Saumont
    Pocket, 252 pages

    lecture du 01/12 au 09/12/ 2010

    note : 4/5


    *sauf cet extrait peut-être :
    toute ma vie durant, je n’aurai de compagne
    que mon âme fertile en pensées lumineuses
    et nous irons tous deux à travers la campagne
    traquer l’éternité des heures silencieuses

  • CR191 : l'éblouissement des bords de route - Bruce Bégout

    9782843351778.jpgprésentation de l’éditeur : Histoires sans chute, amorces de récits, nouvelles tronquées, expériences vécues et inventées, impressions et réflexions, ce livre rassemble, tel un carnet de voyage métaphysique et charnel, quelques facettes de la route américaine : chambres de motel, stations-service, resto-routes, parkings, centres commerciaux, etc. C'est là, dans cette banlieue illimitée, dévastée par la misère culturelle et la barbarie marchande, que l'auteur traque le presque-rien de nos existences standardisées, non sans y découvrir encore des possibilités de rencontres inopportunes, d'errances libératrices, de réveils enchanteurs.
     
    mon avis : cela fait longtemps que je parle de Bruce Bégout sur ce blog fréquenté par quelques égarés de la toile. J’avais été séduit par son essai sur les motels ‘lieu commun. le motel américain” sans l’avoir lu entièrement. L’éblouissement des bords de route m’a ébloui. Ecrire sur le rien qui fait nos vies n’est-il pas le but ultime de la littérature ?
    A travers les 21 chapitres, Bruce Bégout donne à réfléchir sur ces zones péri-urbaines où les gens passent, s’arrêtent parfois, se garent, consomment, dorment ou s’adonnent à diverses activités banales dont se composent nos existences occidentales. Rien de fondamental ne semble s’y jouer, tout y est provisoire. Les gens se croisent sans se parler.
    Une nouvelle en particulier a retenu mon attention. Dans une région reculée de l’Utah, le narrateur a posé ses bagages dans l’une des chambres du motel 6 (on peut réserver en ligne). Le gérant lui raconte l’histoire d’un homme qui vit dans ce motel depuis 5 ans. Il travaille dans une scierie des environs, part le matin, rentre le soir. Il est réservé mais très poli. “iI paye sa chambre chaque fin de semaine”. Il ne reçoit aucune visite et n’a pas du tout personnalisé sa chambre. Il ne semble s’intéresser à rien et possède juste un livre écrit par un certain Thoreau (et wikipedia m’apprend que Henri David Thoreau est l’auteur d’un récit intitulé Walden ou la vie dans les bois, récit qui raconte l’histoire d’un type qui s’isole pendant deux ans dans une cabane perdue au fond d’une forêt).
    Et puis, j’ai également été très sensible à la plume de Bruce Bégout..très raffinée sans être pédante...il suffit de lire cette phrase qui résume à elle seule l’éblouissement dont est victime le narrateur :

    Quel plaisir, me dis-je sans remuer les lèvres, de se perdre dans la substance originelle et non individuée de la vie courante où tout possède une valeur égale et par là même nulle, et de coïncider avec le fond neutre et indifférencié du Commun.

    recueil  , paru en 2004

    éditions Verticales, 138 pages

    lecture du 21/11 au 27/11/ 2010

    note : 5/5

     

     

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  • tant pis pour Bret

     La lecture d’American psycho, le roman le plus célèbre de Bret Easton Ellis était l’occasion pour moi de découvrir ce célèbre auteur américain..mais rien n’y fait, après trois semaines à lire à peine une page par jour, je me vois tenu d’arrêter les frais au bout d’une soixantaine de pages. Car non  seulement, je n’arrive pas du tout à m’intéresser à l’histoire de ce golden boy psychopathe mais c’est surtout l’atmosphère des années 80 qui me gonfle, ce culte de l’argent, du business et de la consommation outrancière (car comme je l’évoquais dans la note précédente, je suis contre la société de consommation -). Je devine que c’est justement pour critiquer cette société financière qu’il l’a décrit avec tant de précision..mais j’ai déjà lu ce genre de roman (Jay Mcinerney, Don de Lillo) et c’est pas le moment, c’est tout.

    Je profite de cette petite note nocturne pour retranscrire une petite chevillarde très amusante (et je rappelle que Eric Chevillard poursuit son blog autofictif..et c’est toujours le même régal tous les matins aux petit dej) :

    Les chaînes H et M, Gap, Comptoirs des cotonniers, Promod, Pimkie, Caroll, Jennifer, Etam et Princesse tam-tam manifestent une inquiétude grandissante suite aux OPA de la librairie Au plaisir de lire de la littérature pointue qui rachète une à une leurs enseignes et leurs boutiques pour s’y déployer sauvagement.

     

    loïc lt, 23:50

  • du livre numérique

    L’offre de livres est encore limitée mais il existe désormais sur le marché au moins 5 lecteurs numériques performants. Personnellement, autant j’ai vite tiré un trait sur les cd pour passer au mp3, autant je ne me sens pas du tout prêt à me débarrasser du livre papier. Car si je n’étais  pas attaché au disque laser,  il en est tout autrement des livres. J’aime l’objet-livre, les belles couvertures, les belles collections, les vieux poches, leurs odeurs, les bibliothèques bien ou mal rangées, j’aime traîner dans les librairies ou chez les bouquinistes. Bon, ce sont des arguments qu’on entend beaucoup lorsqu’il est question de défendre le bon vieux livre en papier. Mais pour moi, ce sont vraiment des arguments de taille. Quitte à passer pour un vieux con, je le dis et le redis, je n’aurai jamais de lecteur numérique. Et puis par ailleurs, je passe déjà beaucoup trop de temps devant des écrans divers et variés et comme  je suis, allez, plutôt un lecteur vorace, ça ferait encore deux trois heures à rajouter par jour. Alors niet.
    Mais je ne suis pas contre le fait que cela se généralise mais à condition que cohabitent ensemble livres papier et livres numériques. Il y a sans doute moyen de s’arranger. Le marché tranchera..et je suis quelqu’un qui fait confiance au marché.

    loïc, 00:07.

  • le Goncourt 2010 pour Mathias Enard

    9782742793624.jpgIl reste encore huit romans en course mais je vais quand même me risquer au pronostic. L’année dernière, j’avais vu juste mais c’était trop facile..trois femmes puissantes était moyen mais vu l’auteur, vu le propos, c’était joué d’avance.

    Voici la 2ème et avant dernière sélection pour cette année :


    Olivier Adam, le coeur régulier
    Thierry Beinstingel, retour aux mots sauvages
    Virginie Despentes, apocalypse bébé
    Mathias Enard, parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants
    Michel Houellebecq, la carte et le territoire
    Maylis de Kerangal, naissance d’un pont
    Chantal Thomas, le testament d'Olympe
    Karine Tuil, six mois, six jours

    Je parie sur Mathias Enard. Je n’ai pas lu son dernier roman (qui doit être très bon) mais je pense que le jury ne va pas passer à côté de l’opportunité de primer l’auteur de zone , cette espèce d’ovni littéraire  dont nous gratifia l’auteur il y a deux ans.
    Par ailleurs, par éliminations, je ne vois pas Houllebecq primé, le roman de Despentes est trop trash, celui d’Adam trop blanc, Kerangal vient d'avoir le Médicis, je n’ai pas lu les autres mais ils me semblent un peu en retrait.

     

     

  • CR189 : le coeur régulier - Olivier Adam

    le coeur régulier.jpgJe découvre cet auteur (né à Nancy, encore un..comment qu’une ville aussi moyenne peut sortir autant d’écrivains) qui a quelques romans derrière lui, une solide réputation et une tronche d’acteur.
    Le coeur régulier raconte l’histoire d’une femme (Sarah, la narratrice)) qui perd ses repères suite à la mort de son frère (Nathan) dont elle était très proche. Perdant son boulot peu de temps après, elle se rend au Japon dans une station balnéaire où son frère, alcoolique et dépressif était venu pour se suicider mais d’où en fin de compte, il a trouvé la rédemption. Sur place elle fait la connaissance d’un type dont l’occupation essentielle est d’empêcher les gens de se jeter à l’eau et ensuite de leur redonner goût à la vie.
    Sarah réalise l’impasse dans laquelle elle se situe. Devenue une bourgeoise mariée à un banquier gentil et conservateur, sa vie est à mille lieux de ses rêves d’adolescence. Nathan n’a jamais cessé de lui en vouloir au point de couper les ponts poussé par le mari de Sarah.  Le décès accidentel de Nathan est-il un suicide comme elle le pensait alors que justement Nathan semblait avoir retrouvé goût à la vie ? Errant le long des falaises, parmi les  bambous et dans les temples boudhistes, la narratrice réalise un gros travail d’introspection grâce auquel elle espère trouver une issue et sortir de la profonde dépression dans laquelle la jeter la mort de son frère.
    Le coeur régulier est un roman solide servi par un style limpide. Les descriptions y tiennent une place importante mais cela ne m’a pas du tout agacé. Il n’y a aucune longueur, toute semble naturel et frappé d’évidence...

    roman , paru en 2010

    éditions de l’Olivier, 232 pages

    lecture du 30/10 au 31/10/ 2010

    note : 4/5

     

  • CR188 : apocalypse bébé - Virginie Despentes

    virginie-despentes-apocalypse-bebe.jpgUne enquête pour disparition menée par deux détectives privées lesbiennes sert de prétexte à une succession de portraits très fins de gens plus ou moins normaux ayant côtoyés la disparue, une adolescente prénommée Valentine. Un peu trash (comme il se doit avec Despentes) mais une vraie énergie se dégage de ce roman. Le procédé m’a rappelé un peu celui utilisé par André Gide dans les faux monnayeurs...le récit met en scène des personnages qui rentrent et qui sortent pour ne plus réapparaître ou très peu. Et à chaque fois, c’est l’occasion d’un roman dans le roman, d’une tranche de vie; ce qui au final nous  donne un roman varié et reflétant à sa façon les différentes strates de la société française des années 2010.
    Dommage que le final soit un peu grand guignolesque.

    Mais , c’est pour moi une agréable surprise car j’avais un mauvais à priori sur Virginie Despentes. Or, il s’agit pour l’instant du meilleur de tous les prétendants au Goncourt 2010 que j’ai lus (trois au total),
    Je vais lire maintenant le coeur régulier d’Olivier Adam mais ayant explosé mon budget culture du mois d’octobre, je ne peux pas l’acheter. La bibliothèque du bourg ne l’a pas non plus. Il me reste donc une solution : le voler. Je tiens aux courant mes trois lecteurs du chapardage à venir (c'est pas drôle -)))

    roman , paru en août 2010

    éditions Grasset, 343 pages

    lecture du 24/10 au 28/10/ 2010

    note : 4/5

  • CR187 : incidences - Philippe Djian

    philippe-djian-incidences.jpgMarc, la cinquantaine, vit avec sa soeur dans une maison de campagne. Il est enseignant en fac et additionne les conquêtes parmi ses étudiantes. Un jour, il se réveille avec l’une d’entre elle mais son corps est sans vie. Il décide alors de s’en débarasser en le jetant dans un ravin que lui seul connait. Ensuite, il va bosser et oublie cet “incident”. Marc a des problèmes relationnels avec son responsable de département et ne supporte pas que ce dernier fasse la cour à sa soeur Marianne. Par ailleurs, Marc débute une liaison avec Myriam, la belle-mère de l’étudiante disparue. Celle liaison fait scandale.
    Mais la malchance poursuit Marc. Lors d’un banal contrôle de police, un flic meurt d’une crise cardiaque dans ses bras. Ne souhaitant pas d’ennuis, il décide une nouvelle fois de jeter ce corps embarrassant dans le ravin...
    Revoilà donc Djian, fidèle à lui-même. La série doggy bag est terminée mais il continue dans la même veine : une histoire décoiffante, des personnages barrés et désinhibés, une société pudibonde dans un monde en déliquescence. C’est divertissant, bon le style est un peu pauvre certes mais pour une fois qu’un auteur français ne nous prend pas la tête avec la forme..Cependant, je ne mettrai pas 4/5 car i'ai trouvé qu’incidences était un peu en dessous de l'excellent impuretés.

    roman , paru en 2010

    éditions Gallimard , 233 pages

    lecture du 18/10 au 22/10/ 2010

    note : 3.75/5