présentation de l'éditeur : Un homme roule sur une route de campagne. Il rentre chez lui. Il est presque rendu. C'eût été trop simple : une voiture arrive en face, c'est celle de son ami Lucien, mais quand il la croise, Lucien n'est pas à l'intérieur, c'est une femme qui conduit, une inconnue au visage flou, dominé par le rouge. Qui est-elle ? Et Lucien, où est-il ? Et ce rouge, qu'est-ce que c'est ? Du rouge à lèvres ? De la confiture ? Du sang ? On dirait des peintures de guerre.
mon avis : Une bonne histoire (pour dire les choses franchement, c'est l'histoire d'un viol qui "tourne mal" : la femme se défend et coupe les couilles de Lucien, le violeur et ami du narrateur et donc la personne que le narrateur croise en voiture est cette femme qui quitte les lieux du viol avec la voiture de Lucien), un style original (sans être trop précieux), une atmosphère...font un excellent roman d'un auteur des éditions de minuit que je ne connaissais pas. Je me suis laissé embarqué par ce récit, par ce ton hésitant (mais assumé comme tel). Un vrai bijou de littérature empreint de poésie et d'humour. Du travail d'orfèvre.
roman, paru en 2000
collection "double, éditions de minuit, 191 pages
lecture le 11.02.2010
note : 4/5
livre - Page 13
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CR147 : nuage rouge - Christian Gailly
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CR146 : les ombres errantes - Pascal Quignard
présentation de l'éditeur : " Il y a dans lire une attente qui ne cherche pas à aboutir. Lire c'est errer. La lecture est l'errance. "
mon avis :...en 3 extraits :
"L'aurore est au jour ce que le printemps est à l'année c'est à dire ce que le bébé est au mort." (p78)
ah, merci Mr Quignard pour cette pensée profonde.
"On ne peut être à la fois un gardien de prison et un homme évadé". (p143)
Ça se discute...mais pas envie de m'appesantir.
"Nous venons de l'eau comme nous venons de la mer. D'abord nous descendons des bactéries. Puis nous descendons des singes." (p167)
Encore merci, Mr Quignard, avant de vous lire, je pensais qu'on descendait d'Adam et Eve.
Je n'irais pas jusqu'à dire que tout est à l'avenant mais avec ces trois extraits, on est tout à fait dans l'esprit des ombres errantes : beaucoup de bavardages inutiles, des pensées qui se veulent profondes..mais qui accouchent d'une souris..et c'est truffé de références plus ou moins mythologiques et greco-romaines, histoire d'emballer tout ça comme il faut. En conclusion, je ne sais pas ce qu'a voulu transmettre Quignard avec cet essai. Qu'est-ce qu'il a voulu nous dire ? Que l'art c'est beau, que lire c'est chouette, que la vie, c'est souvent dur et puis au final, ça finit par la mort. Voilà en fait le message de l'auteur.
Je pense que Pascal Quignard est un auteur surestimé ( à ranger dans la même catégorie que Pierre Michon).
Ou alors, c'est moi. Je dois être un lecteur au QI limité.
C'est au choix.
roman, paru en 2002 (prix Goncourt)
Grasset, 188 pages
lecture du 13/02 au 15/02/2010
note : 1.5/5Lien permanent Catégories : lecture, littérature, littérature française, livres, roman 5 commentaires -
CR144 : la centrale - Elisabeth Filhol
J'avais reperé ce roman dès sa sortie et quelques bonnes critiques m'ont conduit à me le procurer. Ce petit ouvrage de 141 pages traite de la vie quotidienne d'un intérimaire dont la spécialité est d'effectuer des travaux de maintenance dans les centrales nucléaires. J'avais peur avant de commencer cette lecture qu'il s'agisse d'un roman à charge contre l'industrie nucléaire mais en fait, je tiens à rassurer de suite les écologistes (et donc pro-nucléaires) dont je suis, il n'en ait rien. Les risques liés au nucléaire sont évidemment évoqués et occupent même une grosse partie du roman mais s'il y a une critique dans ce roman, ce serait plus de la précarité dans laquelle vivent tous ces intérimaires intervenant de centrales en centrales au gré de ce qu'on appelle dans la milieu des "arrêts de tranche". Comme les sites se situent souvent près de petits bourgs, ils n'ont d'autres solutions que de vivre dans des caravanes ou des mobile-homes.
A travers le parcours de Yann, le narrateur, on constate qu'il existe une forte solidarité entre tous les travailleurs, qui pour beaucoup, font ce boulot autant par choix que par nécessité. Et puis il y a l'ombre planante de Loïc, un ex-collègue et ami de Yann dont on apprend sur la fin qu'il s'est suicidé en fonçant sur un camion alors qu'il rentrait dans sa bonne ville de Lorient (n'est-ce pas..) Mais il nous ait pas donné de connaître les raisons de cet acte..et c'est là le reproche qu'on peut faire au roman : un peu trop court pour véritablement fouiller la psychologie des personnages. Dommage, il y avait tant à dire sur tous ces gens travaillant tous les jours dans une atmosphère radio-active et avec toujours la crainte de l'accident . Un tel sujet valait bien trois cent pages..mais ça n'enlève rien à la qualité de la centrale, livre bien écrit et extrêmement bien documenté.
Pour l'anecdote, ll parait que l'auteur de ce livre n'a jamais mis les pieds dans une centrale nucléaire..mais après tout pourquoi pas, toutes proportions gardées, Rimbaud n'avait jamais vu la mer lorsqu'il a écrit le bateau ivre.l'avis de télérama, celui de l'humanité, et celui de Bartllebooth
roman, paru en 01/2010
P.O.L, 141 pages
lecture le 07.02.2010
note : 3.5/5Lien permanent Catégories : lecture, littérature, littérature française, livres, roman 1 commentaire -
CR141 : bella ciao - Eric Holder
J'ai lu bella ciao courant décembre 2009 et dieu sait pourquoi je n'ai pas encore écrit le compte-rendu. Et voici que ce matin l'auteur m'envoie un mail "et quand l'espèce de blogger va-t-il donc faire le compte-rendu de mon roman ?". C'est un fait que dès que j'ai quelques jours de retard, hop, il faut que l'auteur du roman en question m'appelle. C'est quasiment systématique. Il est devenu impératif pour un écrivain d'être critiqué ici. Et cela fait des jaloux : l'autre jour, Marcel Proust en personne me contacte de l'au delà pour me faire part de sa déception parce qu'ayant lu à la recherche du temps perdu bien avant l'ouverture du blog, son oeuvre ne fera donc jamais l'objet d'un compte-rendu en bonne et due forme.
Je fais ce que je peux. Je ne vais pas relire la recherche pour faire plaisir à Mr Proust (par contre je lui ai répondu que j'avais plus ou moins comme projet de lire les plaisirs et les jours).Mais c'est vrai que Eric Holder mérite sa note d'autant que bella ciao est un bon roman. Je ne me souviens plus trop de l'histoire avec précision mais il me souvient de quelque chose qui se passe en Gironde, de très bucolique, très imagé et puis du héros, un certain Michel (ou était-ce Patrick), un écorché vif, un homme blessé, alcoolique et tout et ayant du mal à se relever d'un divorce. Il trouve de petits boulots manuels pour au final se poser dans une vigne. Il tente de se reconstruire. C'est tout ce que je peux dire aujourd'hui mais globalement quand même le sentiment est plus que positif.
Mais j'ai été importuné pendant toute la lecture parce que j'avais en tête une chanson intitulée ciao bella (chanson sans intérêt chantée par qui, Rose, Anais, je ne saurais le dire). Et ça a perturbé un peu ma lecture. Juste un peu.
roman, paru en 08/2009
éditions du seuil, 146 pages
lecture du 05/12 au 06/12/2009
note : 3.5/5
à venir : la conspiration des ténèbres, Théodore RoszcakLien permanent Catégories : lecture, littérature, littérature française, livres, roman 2 commentaires -
CR140 : la femme parfaite - Patrick Deville
présentation de l'éditeur : Paul Cortese vit seul avec son fils de quatre ans depuis le départ de Margot. Il ne retient des autres que la marque de leur cravate ou la griffe de leurs tailleurs. Courrier de cabinet aux Affaires étrangères, il profite d’un passeport qu’on lui enjoint d’acheminer à la Havane pour inventer aux yeux de son entourage la femme parfaite avec laquelle il est censé vivre. Mais qui manipule qui ?
mon avis : Voici un petit roman que je conseille à tous ceux qui veulent se rappeler comment la jet-set s'habillait au milieu des années 90, avec quoi elle se parfumait et avec quelle marque de voiture elle se déplaçait. C'est un genre, il faut aimer. Vincent Delerm fait de la sorte, aujourd'hui dans la chanson et on appelle ça du name-dropping. Mais on devine que Patrick Deville (qui n'a même pas de fiche sur wikipedia , c'est quand même pas normal, il faut le mettre en garde à vue) use de ce procédé pour mieux se moquer de cette société de l'apparat dans laquelle se démène son héros. En dehors de ça, le style est particulier, très léché, presque minimaliste et l'on sent que chaque phrase est sculptée, travaillée, soupesée, comme il se doit lorsqu'on est éditée par les éditions de minuit.
J'ai été par ailleurs un peu déçu par le récit qui partait pourtant d'une idée originale : un homme célibataire décide de faire croire à son entourage qu'il a rencontré une femme parfaite. Mais le problème est que l'entourage se limite à une ou deux personnes et la supercherie quasiment qu'une soirée (et qui plus est une soirée plutôt minable). Pour le reste, l'essentiel du roman ne sont que gesticulations diplomatiques et repas entre collègues. Mais ce n'est pas très grave puisqu'on devine que pour l'auteur l'histoire n'est qu'un prétexte. Seuls compte ici l'atmosphère et le style. Et rien que pour ça, ce petit roman vaut le détour.
extraits :
Je portais un pardessus noir, Gianni Versace. (p11)
Je l'imaginais endormie dans un hamac à l'ombre d'un mancenillier, tout vêtue de blanc. Disons en chemise de voile de coton Mohanjjt et jupe en strecht et dentelle Karl Lagerfeld, un bracelet de coquillages Lino Lippi au poignet gauche, ses doigts caressant l'herbe à chaque balancement. (p39)
Costume Kenzo noir sur T-shirt bleu, Karlheinz Stockhausen sur la platine laser, cheveux humides lissés en arrière, je descendis. (p53)
Je porte assez souvent des sous-vêtements blancs, Calvin Klein. (p73)
roman, paru en 1995
éditions de minuit, 155 pages
lecture du 18/01 au 19/01/2010
note : 3.5/5
à venir : bella ciao, Eric Holder -
CR139 : la nébuleuse du crabe - Eric Chevillard
La nébuleuse du crabe ne constitue pas vraiment un roman. Le livre se compose en effet de 52 chapitres indépendants mettant tous en scène un "type" qui s'appelle Crab (je mets des guillemets parce qu'il arrive que Crab ne soit pas vraiment humain). Le monde dans lequel il évolue est plutôt surréaliste et même quand il a une assise un tant soit peu réaliste, tout peut s'effondrer à tout moment. Le lecteur doit s'attendre à tout.
C'est drôle et ingénieux. Il y a à picorer là-dedans pour épater la tablée dans quelque réunion de famille.
Mais (je fais mon Zemmour qui envoie d'abord des fleurs pour pouvoir mieux pilonner ensuite)...
Mais j'ai trouvé que la nébuleuse du crabe manquait d'homogénéité. Le livre refermé, je me suis dit "et donc ?". J'aurais eu le même sentiment si j'avais lu un livre de citations d'une traite. Chaque citation vaut le détour mais le tout ne signifie rien. Heureusement l'auteur a eu l'idée de faire court (123 pages). Je n'aurais pas supporter 10 pages de plus. Mais c'est un petit livre qu'il doit être bon de ressortir de sa bibliothèque pour en lire quelques séquences prises au hasard.
Ceci dit, comme mes huit lecteurs assidus l'ont remarqué, je suis un grand fan de Chevillard puisque le matin, après m'être soulagé et avoir allumé la cafetière, la première chose que je fais est de consulter son blog dans lequel l'auteur perpétue l'esprit de la nébuleuse du crabe.
Extraits au hasard :
N'ayant pas écouté le bulletin météorologique faisant état du froid intense qui règne sur le pays, et des pluies ininterrompues, Crab sort de chez lui en chemisette et profite tout l'après-midi d'un grand soleil estival, par ignorance, exactement. Il pourrait se tenir un peu au courant de l'actualité. (p36)
Ainsi, le prix Nobel de physique a été décerné au professeur Y pour ses remarquables travaux sur la désintégration fulgurante, tandis que Crab doit se contenter cette année encore du prix Nobel de la paix, ayant dérobé puis détruit les plans de la terrible invention du professeur Y. (p22)
Les avis d'Antoine et de Lutain
roman, paru en 1993
éditions de minuit, 123 pages
lecture du 13/01 au 17/01/2010
note : 4/5
à venir : bella ciao, Eric Holder -
CR133 : une année étrangère - Brigitte Giraud
En fin de compte, je me suis trompé sur la fin du roman (voir note précédente) mais en fait, ce n'est pas grave, ça m'a donné une idée de roman : une fille au pair embauchée dans une famille espagnole (pourquoi pas) pour combler un vide, parce qu'elle ressemblerait à la fille disparue, qu'elle porterait même le même prénom. Mais je ne suis pas prêt d'écrire ce roman parce que j'ai d'autres projets à réaliser avant, comme par exemple construire un cabanon en bois pour y stocker des livres ou faire une terrasse en carton.
Et donc, le roman de Brigitte Giraud n'est pas si mal. Il est question du déracinement d'une fille au pair, des difficultés d'adaptation, de la barrière de la langue, tout ceci d'autant plus marqués dans une année étrangère qu'elle se retrouve dans une famille allemande pour le moins étrange (en ce sens, étrangère a peut-être deux sens). Et puis donc arrive le dénouement..qui nous ramène encore 60ans en arrière pendant cette foutue guerre à propos de laquelle nos auteurs français n'en finissent pas de revenir. Un peu lassant à la fin.
Mais en dehors de ça, le roman est assez agréable à lire.
Et j'ai hésité à écrire cette note (très courte) car j'ai hésité même à continuer le blog. Il y a des moments comme ça où je trouve que la littérature est vaine, qu'elle n'est pas du tout synonyme d'évasion (car on lit dans son fauteuil, dans son lit..et on croit s'évader parce qu'on lit des choses qui nous sont pas quotidiennes), qu'en fait elle empêche de progresser, de prendre des risques, de voyager. On ne prend aucun risque en se plongeant dans un bouquin, au contraire même, on se vautre dans son confort et on se rassure en se disant "je m'évade avec la littérature".
Mais quelques jours après avoir penser tout ça, j'ai changé un peu d'avis. C'est comme ça que ça se passe dans mon cerveau. Les idées et les sentiments vont et viennent de façons incohérentes et désordonnées.roman, paru en 08/2009
Stock, 207 pages
lecture du 23/11 au 25/11/2009
note : 3.5/5
à venir : l'exilée, Pearl BuckLien permanent Catégories : lecture, littérature, littérature française, livres, roman 1 commentaire -
CR131 : la peine du menuisier - Marie Le Gall
le mot de l'éditeur : «J'étais la fille du Menuisier, je le savais. Jeanne, malgré sa folie, était plus normale que moi, côté filiation. Elle le nommait. Pas moi. Nous n'avions pas de mots l'un pour l'autre. Notre lien était un long fil continu que personne ne pouvait voir. Aucun mot ne s'y accrochait comme le font les notes sur une portée. Nous-mêmes en étions ignorants, seulement soupçonneux de sa présence tenace.»
Son père est une ombre solitaire, sa maison bruisse de silences et les murs de pierre suintent le mystère... La narratrice grandit dans une atmosphère lourde de non-dits. Pourquoi celui qu'elle appelle le Menuisier est-il si lointain ? Pourquoi sa famille semble-t-elle perpétuellement en deuil ? Elle aimerait poser des questions, mais on est taiseux dans le Finistère. Livrée à ses doutes et à ses intuitions, elle écoute les murmures, rassemble les bribes, tisse patiemment une histoire. Des années lui seront nécessaires pour percer le secret de son ascendance, mesurer l'invisible fardeau dont elle a hérité.
D'une plume à la fois vibrante et pudique. Marie Le Gall décrypte l'échec d une relation père-fille et touche au coeur.
Marie Le Gall est née en 1955 ci Brest. Elle est professeur de lettres à Fontainebleau. La Peine du Menuisier est son premier roman.
mon avis : Le livre de Marie Le Gall retranscrit parfaitement l'atmosphère d'une époque (l'après guerre dans la Bretagne profonde), la crainte de la modernité, le silence dans les familles, les interdits de la religion, l'importance des morts, et surtout ici le poids des secrets. Et surtout d'un secret qui plane sur la famille et semble être à l'origine du mutisme du menuiser et de sa non-relation avec sa fille, Marie-Yvonne , narratrice du roman. Dans cet environnement d'une tristesse implacable, elle trouve refuge dans les photos des défunts affichées sur les murs comme si leur contemplation pouvait lui révéler quelque chose de la peine de celui qu'elle n'appelle pas son père mais "le menuiser".
Quelque chose dans le propos de Marie Le Gall m'a ramené en arrière, aux discours de ma grand-mère, au mode de vie des aïeux, à leur façon de parler -ou souvent, de ne rien dire, car dans nos campagnes bretonnes, on parle de tout sauf de l'essentiel-. Je me souviens ainsi de ma grand-mère nous parlant sans cesse de ses "cousins" qu'elle avait dans tous les hameaux du coin avec cette impression que ces cousins inconnus avaient plus d'importance pour elle que ses enfants et ses petits enfants. Donc voilà, pas forcément d'une grande modernité tout ça, un peu trop roman de terroir pour moi sans doute aussi.
Et donc, la déception du roman, c'est le secret dévoilé à la fin : un drame qui s'est passé dans la jeunesse du menuisier..mais qui n'explique en rien son attitude envers sa fille, étant donné que sa fille n'a rien à voir avec ce drame. Et donc, c'est là que j'ai été un peu déçu, ce qui gâche un peu le tout à mon envie.
Autobiographique ou pas, le sentiment est que l'auteur a voulu évacuer quelque chose avec ce roman. Et qu'elle fait partie de ses écrivains d'un seul roman.
roman, paru en 08/2009
Phoebus, 192 pages
lecture en 11/2009
note : 3.5/5
à venir : l'excuse , Julie Wolkenstein (si j'arrive à le finir) -
CR130 : les années - Annie Ernaux
Plus qu'une simple autobiographie, Annie Ernaux nous livre dans les années une analyse sociologique de la France depuis l'après-guerre, avec son regard de femme impliquée et curieuse. Elle nous rappelle les progrès techniques (c'est même quasiment un inventaire de toutes les nouveautés issus de la société de consommation) , les trente glorieuses, les remous politiques et tous les bouleversements qu'a connu la France et aussi le monde. Et finalement, sa vie à elle passe au second plan mais si le peu qu'elle nous en dit suffit à saisir la personnalité et le caractère de la dame, une enseignante fille de simples commerçants normands, une femme avec une vie normale, un mari, des enfants, une vie confortable mais qui ne va pas hésiter à tout faire valser et repartir à zéro pour se faire succéder dans son lit des amants de toutes sortes. Mais globalement, l'autobiographie chez Ernaux , c'est plutôt "on" que "je", ce en quoi elle se fait un peu le porte-parole des femmes de son genre, enseignante de gauche, féministe mais pas trop. Ce côté un peu boboïsant peut agacer par moments mais après tout elle ne donne que son opinion sur les choses et on ne va pas lui en vouloir de ça.
Le récit s'arrête fin 2006 et l'écrivain a la certitude que Sarkozy sera élu président de la république.
Les années est sans doute l'oeuvre la plus ambitieuse de la dame.paru en 2007
Gallimard, 196 pages
lecture du 12/11 au 15/11/09
note : 4/5
à venir : la peine du menuisier, Marie Le Gall -
les librairies (suite)
Je viens encore de subir les foudres d'une type me reprochant d'acheter mes livres uniquement sur internet (en l'occurrence sur fnac.com) plutôt qu'en librairie. Et par ailleurs, une récente note de Pierre Assouline m'avait passablement énervé.
Si je mets en balance les deux modes d'achat, je suis désolé mais le déséquilibre est total puisqu'il n'y a strictement rien en faveur des librairies (à part peut-être une certaine atmosphère à l'intérieur des librairies qu'on ne retrouve évidemment pas sur les sites marchands mais ceci n'a à la limite rien à voir avec l'achat : il m'arrive de temps en temps de flâner dans des librairies parce que je m'y sens bien mais ça s'arrête là.)
Les arguments en faveur de l'achat sur internet ne manquent pas, mais aux arguments habituels (facilité, choix, tranquillité, prix..), je me dois d'en rajouter deux autres plus personnels :
- la librairie indépendante la plus proche de chez moi se situe à 35kms
- elle se situe dans un centre-ville, or je ne vais jamais en ville (je me limite aux périphéries).
On me rétorque que du coup les librairies ferment les unes après les autres...ok et ? il n'y a plus de crémeries, de chapellerie et de merceries non plus et ça ne manque à personne. Il ne suffit pas de crier "les libraires, les libraires, les libraires" et pleurer parce qu'il y en a de moins en moins (par contre pour défendre les agriculteurs il n'y a plus personne), il faut aussi s'interroger sur le pourquoi du comment.
Je pense cependant que les libraires (qui restent encore) peuvent s'en sortir en se réinventant..il y a déjà eu des choses de faites ( dans le genre café-librairie) mais c'est resté sporadique. Et s'il n'y rien à faire, tant pis / je préfère une société sans librairies dans laquelle on lit beaucoup qu'une société avec plein de librairies pour très peu de lecteurs.
Voilà, une prochaine note sera consacrée au pain et j'essaierai d'expliquer en quoi je préfère le pain acheté en grande surface (j'en achète par dizaine que je mets au congélateur) plutôt que le pain du boulanger.
Il faut être absolument moderne ! (mais provocateur..jamais).