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littérature - Page 12

  • le poème du dimanche : le pin des landes (T.Gautier)

    En cherchant un poème sur le pin maritime, je suis tombé sur celui-ci de Théophile Gautier. Il a des faux airs de l'albatros de Baudelaire (ou serait ce le contraire) mais l'ensemble tient la route (en dehors du deuxième alexandrin un peu tiré par les cheveux) et est malheureusement un peu d'actualité, pas pour les raisons évoquées par le poète mais à cause de cette tempête de ce début d'année qui a fait pas mal de dégats, pas à cause du réchauffement climatique comme l'ont annoncés les journalistes stupides (qui veulent toujours trouver un responsable à tout) mais parce que la nature et les éléments sont impitoyables. (loïc, 10h30)



    2744662brdjy.jpgLe pin des Landes

    On ne voit en passant par les Landes désertes,
    Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
    Surgir de l'herbe sèche et des flaques d'eaux vertes
    D'autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc,

    Car, pour lui dérober ses larmes de résine,
    L'homme, avare bourreau de la création,
    Qui ne vit qu'aux dépens de ceux qu'il assassine,
    Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon !

    Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte,
    Le pin verse son baume et sa sève qui bout,
    Et se tient toujours droit sur le bord de la route,
    Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.

    Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;
    Lorsqu'il est sans blessure, il garde son trésor.
    Il faut qu'il ait au coeur une entaille profonde
    Pour épancher ses vers, divines larmes d'or !

  • CR118 - les charmes discrets de la vie conjugale - Douglas Kennedy

    9782714441065.jpgle mot de l'éditeur : "les charmes discrets de la vie conjugale"
    Mouvements des droits civiques, manifestations pacifistes, libération sexuelle, les premiers hallucinogènes... l'Amérique des seventies était une ère de radicalité. Etre jeune, c'était être engagé. C'était se rebeller contre les principes réacs de ces vieux cons de parents. C'était vouloir changer le monde.
    Pas pour Hannah Buchan.
    Pour son célèbre agitateur de père, pour son artiste de mère, Hannah est une vraie déception. Au lieu de grimper sur les barricades et de se fondre dans l'ébullition sociale, elle n'a d'autre ambition que d'épouser son petit ami médecin et de fonder une famille.
    Installée dans une vie étriquée et morne de femme de médecin dans une petite ville du Maine, Hannah goûte aux charmes très, très discrets de la vie conjugale. C'est alors que le hasard lui offre l'occasion de sortir du carcan de son quotidien : malgré elle, Hannah va se rendre complice d'un grave délit. Pendant près de trente ans, cette seule erreur restera un secret bien enfoui. Mais après le 11 septembre vient le temps du doute, de la remise en question et de la suspicion ; et le passé d'Hannah va ressurgir inopinément. Du jour au lendemain, son petit monde soigneusement protégé va s'écrouler...
    Le destin d'une femme à travers les mutations de son temps, les contradictions et les mystères d'une union conjugale durable... Avec son exceptionnel talent, Douglas Kennedy nous parle de la tension permanente entre responsabilité familiale et épanouissement individuel, et de l'électrique confrontation entre aspirations progressistes et valeurs conservatrices, si présente dans l'Amérique d'aujourd'hui.


    mon avis : Si j'ai mis tant de temps avant de me décider à lire ce roman, c'est que j'étais convaincu qu'il s'agissait d'un chick lit (d'ailleurs la première réaction de ma compagne quand elle m'a vu avec ce bouquin fut "tiens, tu lis ça toi maintenant ?).
    Mais le titre et la couverture du livre sont trompeurs. C'est d'ailleurs en fouinant dans la bibliothèque de belle-maman que je suis tombé dessus et que je me suis rendu compte de la supercherie. (mais déjà, une interview de Douglas Kennedy sur France Culture il y a quelques mois m'avait mis la puce à l'oreille.)
    Au final, il s'agit d'un très bon roman : le type même du roman américain contemporain : une épopée familiale à travers plusieurs décennies sert de prétexte à une étude de civilisation et à des considérations politiques et sociales. Philip Roth fait des choses semblables mais en plus poussé peut-être. Kennedy est sans doute un brin plus populaire dans le style mais ça n'enlève rien à la finesse de son récit.
    Pour la petite histoire, le titre est une antiphrase : dans ce roman, la vie conjugale des deux héros, si elle est globalement charmante n'est pas très discrète puisqu'elle finit par défrayer les unes de presse people.
    Un petit bémol : un final un peu trop happy end, un peu trop chick lit justement.
    Dommage. Ceci dit, l'ensemble est cohérent et bigrement jubilatoire.

    roman, paru en 09/2005
    Belfond, 661 pages
    lecture du 13/09 au 24/09/09
    note : 4/5
    à venir : formation, Pierre Guyotat

  • CR117 - ritournelle de la faim - J.M.G Le Clézio

    9782070122837FS.gifle mot de l'éditeur : Prix Nobel de littérature 2008
    Ma mère, quand elle m'a raconté la première du Boléro, a dit son émotion, les cris, les bravos et les sifflets, le tumulte.
    Dans la même salle, quelque part, se trouvait un jeune homme qu'elle n'a jamais rencontré, Claude Lévi-Strauss. Comme lui, longtemps après, ma mère m'a confié que cette musique avait changé sa vie. Maintenant, je comprends pourquoi. Je sais ce que signifiait pour sa génération cette phrase répétée, serinée, imposée par le rythme et le crescendo. Le Boléro n'est pas une pièce musicale comme les autres.
    Il est une prophétie. Il raconte l'histoire d'une colère, d'une faim. Quand il s'achève dans la violence, le silence qui s'ensuit est terrible pour les survivants étourdis. J'ai écrit cette histoire en mémoire d'une jeune fille qui fut malgré elle une héroïne à vingt ans.


    mon avis : Lorsqu'on lit un roman d'un prix nobel, on en attend forcément un peu plus que les autres et en particulier de Le Clézio dont le talent n'est plus à prouver et dont à titre perso je garde un lointain mais exquis souvenir de la quarantaine, roman publié quelque part dans les années 90 et que j'avais lu un peu par hasard, le livre ayant atterri dans la bibliothèque paternelle en provenance de France Loisirs dont ce devait être peut-être la sélection du mois, qu'en sais-je aujourd'hui.
    Mais cette ritournelle de la faim m'a laissé sur ma faim - pardon pour le jeu de mots- . Il s'agit de l'histoire un peu banale d'une famille bourgeoise (sur le déclin) d'origine mauricienne installée à Paris, racontée par Ethel, la fille unique. Si les premières pages sont très poétiques (relation d'Ethel avec son oncle dont j'ai oublié le nom et la folle idée de cette cabane de type créole que le-dit oncle voulait construire sur un terrain au coeur de Paris), le reste n'a pas grand intérêt. A travers les péripéties de cette famille au prestige déclinant (du fait des mauvais placements et de la paresse d'Alaxandre, le père) ; Le Clézio nous fait traverser la deuxième partie du XXème siècle en ne faisant qu'effleurer à peu près tout et personnellement je pense qu'il manque 500 pages à ce roman. 500 pages de plus, en gardant la même trame mais en fouillant un peu plus les gens et l'histoire (un peu comme peut le faire Philip Roth), ça aurait fait un beau roman.
    Voilà que je commence à donner des conseils à un prix nobel. Mais où va-t-on ?
    Mais je pense aussi que Le Clézio n'est plus Le Clézio dès lors qu'il quitte son île Maurice ou autres contrées exotiques mais  on conçoit qu'il ait voulu faire différemment pour une fois. Mais ça n'enlève rien à la qualité et l'originalité de toute son oeuvre (d'ailleurs Désert fait partie de mes projets de lecture moyen-long terme).

    roman, paru en 10/2008
    Gallimard, 206 pages
    lecture du 07/09 au 12/09/09
    note : 2.5/5
    à venir : les charmes discrets de la vie conjugale, Douglas Kennedy

  • rentrée littéraire 09, suite

    9782283023488.jpgEt il faut peut-être rajouter l'annonce de Marie-Hélène Lafon. Bonne critique de toutes part, tout arrive sur france culture entre autres et celle de télérama (par Christine Ferniot) dont voici la fin :

    Sa fiction devient d'une redoutable puissance grâce au rythme de ses phrases longues, tantôt pressées, tantôt languides. Elle déniche le mot juste qui cingle, l'adjectif qui hypnotise, la ponctuation qui rend la phrase vertigineuse. Ce septième livre est le plus abouti, le plus apaisé, plein de silences, de pudeurs et de désirs.

    Ce qui donne envie de courir l'acheter ou plutôt me concernant de cliquer l'acheter. Ce qui va être fait dans la minute.


    interview pour fnac.com :
  • CR116 - eldorado - Laurent Gaudé

    9782742769322.jpgprésentation de l'éditeur : La double trajectoire d’un policier des frontières qui perd le sens de sa mission et d’un jeune émigrant soudanais qui tente d’atteindre l’Eldorado européen.

    A Catane, le commandant Salvatore Piracci surveille les frontières maritimes. Gardien de la citadelle Europe, il navigue depuis vingt ans au large des côtes italiennes, afin d’intercepter les bateaux chargés d’émigrés clandestins qui ont tenté la grande aventure en sacrifiant toute leur misérable fortune… en sacrifiant parfois leur vie, car il n’est pas rare que les embarcations que la frégate du commandant accoste soient devenues des tombeaux flottants, abandonnés par les équipages qui avaient promis un passage sûr et se sont sauvés à la faveur de la nuit. Un jour, c’est justement une survivante de l’un de ces bateaux de la mort qui aborde le commandant Salvatore Piracci, et cette rencontre va bouleverser sa vie. Touché par l’histoire qu’elle lui raconte, il se laisse peu à peu gagner par le doute, par la compassion, par l’humanité… et entreprend un grand voyage.
    Au Soudan, pour Soleiman et son frère Jamal, c’est le grand jour : ils ont enfin amassé la somme d’argent qui leur permettra de quitter le pays et le continent pour une vie meilleure. Mais les jeunes gens sont bientôt séparés par le destin. Soleiman rencontre Boubakar le boiteux et c’est avec ce nouveau compagnon qu’il poursuivra – d’Al Zuwarah à Ghardaïa, Oujda, puis Ceuta… – son voyage vers l’Eldorado européen.
    Parce qu’il n’y a pas de frontière que l’espérance ne puisse franchir, Laurent Gaudé fait résonner la voix de ceux qui, au prix de leurs illusions, leur identité et parfois leur vie, osent se mettre en chemin pour s’inventer une terre promise.

    mon avis : Comme je suis dans un bon soir, je vais dire que j'ai assez apprécié eldorado. Mais avant hier soir, j'aurais sans doute dit le contraire. Comme quoi à l'espèce de blog (comme ailleurs), le compte-rendu de lecture est très subjectif. Mais ce destin croisé entre un jeune soudanais désirant rejoindre l'Europe et un garde-frontière italien que du jour au lendemain décide de tout claquer est poignant, bien construit et pas manichéen pour un sou. Mais je n'ai pas cessé d'être agacé par le côté un peu trop caricatural des personnages, par le déballage de bons sentiments et puis surtout je n'ai pas trouvé du tout crédible l'histoire du garde-frontière. Qu'il se met à avoir des remords quant à l'ignominie de son métier passe encore mais qu'il décide de partir la nuit dans une misérable barque pour finalement accoster sur les côtes africaines et finir sa vie comme un clodo au long cours, ne passe pas. Et le clou du spectacle, c'est la rencontre des deux héros, l'un, Soleiman le soudanais à l'aube d'une nouvelle vie et l'autre Salvatore , au terme de la sienne et l'échange d'un collier vert cher au coeur du premier. Eldorado est un puissant tire-larme bourré de clichés mais bon comme je l'ai écrit plus haut quand même pas dépourvu d'intérêt notamment lorsqu'il est question des rapports entre immigrés en route vers la Terre Promise, rapports pas toujours très fraternels...

    roman, paru en 09/2007
    Actes sud, 238 pages
    lecture du 01/09 au 05/09/09
    note : 2.5/5
    à venir : ritournelle de la faim , J.MG Le Clézio

  • rentrée littéraire 09

     

    beaune.jpg

    La France est le pays du monde qui compte le plus d'écrivains par habitant et c'est celui aussi où ils sont le plus talentueux. Ce qui n'est pas pour me déplaire car je préfère qu'on ait de bons écrivains que de bons sportifs (mais si c'était possible d'avoir les deux, ce serait mieux). La littérature sublime la vie, nous aide à vivre et à mourir alors que le sport sert à se voiler la face, à lutter vainement contre le temps qui passe. Mais c'est vrai que j'aime le sport et plus que de raison même. Mais il n'en reste pas moins que je suis conscient que le sport est un leurre.
    Voilà pourquoi il ne faut pas prendre à la légère la rentrée littéraire dans un pays comme la France. Et voilà pourquoi aussi il est difficile de faire son choix (je sais, c'est un peu tarte à la crème de dire qu'"il est difficile de s'y retrouver dans les 600 romans de la rentrée"). Et comme on ne peut pas tout lire, il faut faire des choix.

    . Un homme louche de François Beaune me tente bien. Parce qu'il y a des bambous en arrière plan de la photo promotionnelle ;

    . Des hommes de Laurent Mauvignier car c'est la seule sortie des Editions de Minuit et que les Editions de Minuit sont chères à mon coeur ;

    . Demon de Thierry Hesse pour l'ambition et parce qu'un peu dans l'esprit du sublime zone de Mathias Enard ;

    . Hors-champ de Sylvie Germain parce qu'il faut une dame et que l'histoire un brin kafkaienne de cet homme qui devient invisible est assez tentante ;

    . L.A Story de James Frey parce qu'il faut un roman étranger ;

    . Un coeur intelligent de Alain Finkielkraut parce qu'il faut un essai, parce que Finkielkraut est brillant et parce qu'il nous dit ici son amour de la littérature.

     

  • CR115 - Alabama song - Gilles Leroy

    9782070359844FS.gifle mot de l'éditeur : "Les garçons des clubs, les jeunes officiers du mess, je les tiens dans ma main gantée de fil blanc. Je suis Zelda Sayre. La fille du Juge. La future fiancée du futur grand écrivain.
    Du jour où je l’ai vu, je n’ai plus cessé d’attendre.
    Et d’endurer, pour lui, avec lui, contre lui."

    Montgomery, Alabama, 1918. Quand Zelda, « Belle du Sud », rencontre le lieutenant Scott Fitzgerald, sa vie prend un tournant décisif. Lui s’est juré de devenir écrivain : le succès retentissant de son premier roman lui donne raison. Le couple devient la coqueluche du tout New York. Mais Scott et Zelda ne sont encore que des enfants : propulsés dans le feu de la vie mondaine, ils ne tardent pas à se brûler les ailes…
    Gilles Leroy s’est glissé dans la peau de Zelda, au plus près de ses joies et de ses peines. Pour peindre avec une sensibilité rare le destin de celle qui, cannibalisée par son mari écrivain, dut lutter corps et âme pour exister…
    Mêlant avec brio éléments biographiques et imaginaires, Gilles Leroy signe ici son grand « roman américain ».


    mon avis : Alabama song est un petit bijou de roman que j'ai lu dans un état de grande jubilation (et d'ailleurs dans la foulée, je me suis dégoté le seul roman de Zelda traduit en français (accordez-moi cette valse) et puis tendre est la nuit de Scott).
    Alors donc, le narrateur est Zelda et c'est la grande prouesse de l'auteur qui d'avoir si bien réussi à se mettre dans sa peau le temps de 200 pages. On s'y croirait, on croirait vraiment que c'est Zelda qui s'exprime tant le tout est raconté avec naturel et sincérité. Maintenant, bien sûr il s'agit plus d'une fiction que d'une biographie. Mais on apprend beaucoup sur les années 30, sur le couple Fitzgerald évidemment, sa beauté, sa magnificence mais également ses débordements et ses excès, sur l'environnement du couple avec par exemple ce Lewis O'Connor (qui n'est autre qu'Ernest Hemingway) écrivain et ami de Scott, détesté par Zelda qui le trouve grossier, vulgaire, égoïste...
    Et la descente aux enfers de Zelda, malade et incomprise de tous (et avant tout de son mari), hospitalisée en établissements psychiatriques en Europe et aux Etats-Unis.
    Je me suis attaché à cette femme entière, délurée, amoureuse, sincère, mais trop faible, trop naïve dans cet univers littéraire trop masculin.
    Chapeau à Gilles Leroy pour ce chant d'Alabama, couronné du Goncourt en 2007. Et des Goncourt de cette trempe, on en redemande. (de toute façon, nous les français, si on n'est pas une nation sportive, on a les meilleurs écrivains du monde...c'est parce qu'on est trop introverti, qu'on n'a pas confiance en nous, sauf quand on est seul et devant une page blanche. On est comme ça nous les français, on est un peu froussard et puis on est raide comme des balais aussi mais là c'est génétique. )

    roman, paru en 08/2007
    Folio, 215 pages
    lecture du 30/08 31/08/09
    note : 4/5
    à venir : eldorado, Laurent Gaudé

  • CR114 - Dora Bruder - Patrick Modiano

    417965925_small.jpgprésentation (fnac) : Dans un vieux Paris-Soir daté du 31 décembre 1941, l'œil de Patrick Modiano est attiré par l'annonce suivante: "On recherche une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1 m 55, visage ovale, yeux gris-marrons, manteau sport gris, pull-over bordeaux, chaussures sport marron. Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder, 41, boulevard Ornano, Paris ".
    Cet entrefilet amène l'auteur à enquêter sur cette fille et ses parents envoyés à Auschwitz en 1942. Il essaie de redonner vie à leur existence qu'il traque sur des papiers administratifs, sur des photos. Le texte se présente comme un chassé-croisé dans Paris entre présent et passé, des souvenirs de l'auteur s'entremêlant à ce qu'il découvre de la jeune fugueuse, de sa famille et des personnes qui l'ont côtoyée.
    Mais aucun document officiel ne peut restituer les occupations de Dora pendant ses fugues qui ainsi demeurent le secret de ce destin tragique décrit tout en subtilité par Patrick Modiano.


    mon avis : Vendredi dernier, avant de prendre le train Vannes-St Lô (avec changement à Rennes), je me suis demandé s'il fallait que j'embarque la délégation norvégienne dont j'avais commencé la lecture quelques jours auparavant ou alors s'il fallait que je reparte à zéro avec autre chose. Et je me suis souvenu de cet agréable moment de lecture que constitua pour moi accident nocturne de Patrick Modiano lorsque je fis le même trajet dans l'autre sens aux alentours de Noël 2007. Alors j'ai opté pour le Modiano (la délégation attendra...ou pas, j'ai beaucoup de mal avec ce livre).
    Ce qu'il y a de bien avec les romans de Modiano, c'est qu'ils se lisent très vite, le temps d'un voyage en train par exemple mais qu'ils ne sont pas de simples romans de gare. Les romans de Modiano sont quand même plus profonds que des romans de gare (mais il faudrait aussi qu'on explique ce qu'est au juste qu'un roman de gare -puisque dans les maisons de presse qu'on trouve dans les gares, il y a beaucoup de littérature en fin de compte).
    Et donc, j'ai adoré Dora Bruder. Je l'ai trouvé plus cohérent, plus envoûtant que dans le café de la jeunesse perdue, le dernier ouvrage de Patrick Modiano que je n'avais pas trouvé si réussi. Mais quand Modiano fait du Modiano, c'est à dire qu'il tripe avec les noms de rue et qu'il essaie de raviver la mémoire de gens oubliés, qui n'ont pas laissé de trace ou trop peu parce que trop banals, trop mr tout le monde etc, c'est le bonheur.
    Dora Bruder est une petite juive un peu rebelle, qui en fait voir à ses parents et qui en fin de compte se fait avoir par les allemands. Le narrateur se met à s'intéresser à elle bien qu'elle soit morte depuis longtemps, bien qu'il ne l'ait jamais connu. Et s'il s'est tout à coup intéressé par la vie de Dora, c'est qu'il est tombé par hasard sur un vieux journal d'avant-guerre dans lequel il lit une petite annonce où il est question de la fugue d'une Dora Bruder. Juste ça, ce petit fait vieux d'une trentaine d'année. Et ça fait un grand roman que j'ai lu goulûment. Car j'aime la petite musique modianesque et je ne suis pas indifférent à son délire typographique.
    Un Modiano par an, c'est tout ce qu'il me faut.

    roman, paru en 04/1997
    Folio, 145 pages
    lecture le 28/08/09
    note : 4/5
    à venir : Alabama Song, Gilles Leroy

  • CR113 - le voyageur de la Toussaint - Georges Simenon

    9782070410293FS.gifle mot de l'éditeur : Quand un héritage est en jeu, les bonnes âmes montrent soudain leur noirceur. Un jeune homme et sa tante, d'abord opposés, s'allient contre ceux qui les prennent pour de naïves victimes.
    L'histoire se passe à La Rochelle, et c'est un puissant tableau de la vie de province, des haines familiales, des jalousies, des infamies que l'on voit trop souvent se perpétrer pour des questions d'argent dans la bourgeoisie aisée. C'est un roman de l'énergie où, pour une fois, les bons triomphent des méchants et les faibles des forts.


    mon avis : Je ne suis jamais déçu pas un Simenon. Avec ou sans Maigret. Et celui-ci ne déroge pas à la règle.
    Toujours un peu cette même recette qui fait le charme des romans de l'écrivain belge : une petite ville de province (ici La Rochelle), quelque affaire de meurtre ou autre touchant la petite bourgeoisie locale, et sur la forme, une écriture minimaliste qui va à l'essentiel et qui retranscrit parfaitement l'atmosphère d'un lieu, d'une époque. Plus que des polars, ce sont de très fines études de moeurs que nous offre Simenon. Et je me disais d'ailleurs en lisant le voyageur de la Toussaint qu'il y avait du Zola chez Simenon (le crime en plus) dans cette façon d'égrener le quotidien avec sont lot d'habitudes et de transformations qui le touchent.

    Qui n'a jamais eu envie de dormir dans un hôtel comme cet hôtel de Nantes (avec son confort moderne !) qu'on voit sur la couverture ? Et être accueilli par une tenancière un peu costaud, souriante, précautionneuse et qui met toute de suite à l'aise...Et puis se faire assassiner en pleine nuit..et devenir ainsi un mort de Simenon. Qui ?

    roman, paru en 1941
    Folio, 361 pages
    lecture du 18/08 au 23/08/09
    note : 4/5
    à venir : la délégation norvégienne, Hugo Boris

    Georges Simenon sur France Culture

     

  • CR112 : la nausée - Jean-Paul Sartre

    134700.jpgquatrième de couverture : « Donc j'étais tout à l'heure au Jardin public. La racine du marronnier s'enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c'était une racine. Les mots s'étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d'emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. J'étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse entièrement brute et qui me faisait peur. Et puis j'ai eu cette illumination. Ça m'a coupé le souffle. Jamais, avant ces derniers jours, je n'avais pressenti ce que voulait dire "exister" ».

    mon avis : Rarement je n'ai eu autant de mal à terminer un roman ! Commencé en début d'année et stoppé quelques jours plus tard après une cinquantaine de pages de laborieuse lecture, il me titillait quand même de le finir. Je l'ai repris donc ce mois d'août avec l'intention de l'achever (dans tous les sens du terme), mais je l'ai repris du début histoire de remettre les compteurs a zéro et repartir sur de bonne bases.
    Mais pourquoi me titillait-il de le reprendre ? Parce que de façon générale, je n'aime pas ne pas finir un livre, question d'orgueil et puis, parce que quand même le propos de Sartre (à travers celui de son narrateur Antoine Roquentin) m'interpellait quelque peu, me parlait quelque part, sans trop savoir comment et pourquoi.
    En effet, Antoine Roquentin, le héros de cette histoire, ou le non-héros plutôt est un type qui vit dans la ville portuaire (imaginaire ?) de Bouville et qui passe ses journées dans la bibliothèque municipale à faire des recherches sur un aristocrate un peu haut en couleur qui vécut dans la cité quelques siècles auparavant. Le but d'Antoine est d'en écrire une biographie. Et un jour, Antoine se met à avoir la nausée, une sorte de nausée en rapport avec les choses, les objets qui l'entourent et qu'il ne sait plus nommer, ne sait plus reconnaître. A partir de là, la nausée lui provoque toute une crise existentielle et son rapport aux autres et à lui-même s'en trouve perturbé.
    Je crois n'avoir pas bien compris le sens du malaise mais j'ai quand même saisi l'état d'esprit dans lequel il s'est produit. (encore l'autre jour, je regardais un robinet et je trouvais ça fou que l'objet s'appelle robinet..je le regardais ce robinet dans toute sa forme et sa profondeur et je n'arrivais plus à me persuader que la chose s'appelait robinet. Pour qui, pourquoi robinet, qui suis-je, ou vais-je.
    Et puis en fin de compte, l'existentialisme)
    Ah ! l'existentialisme ! Je n'ai jamais trop compris ce que c'était mais en lisant ce roman écrit par son théoricien, je me suis dit, je me suis dit quoi..qu'Antoine Roquentin ressemblait à tout sauf à l'idée que je me faisais d'un existentialiste. C'est à dire qu'Antoine agit très peu, subit sans cesse et chez lui l'essence semble précéde l'existence.
    C'est la raison pour laquelle je me suis senti assez proche de l'individu.
    et du coup du roman.
    enregistrement, prévisualiser, envoyer.

    roman, paru en 03/1972
    Folio, 248 pages
    lecture du 02/08 au 17/08/09
    note : 4/5
    à venir : le voyageur de la Toussaint, Georges Simenon