La plus juste des vengeances est toujours un excès. Pierre-Claude Nivelle de la chaussée*
Ça fait quelques mois que je n'avais pas fait un petit compte rendu de lecture (ce qui est quand même à la base la raison d'être de ce blog, sa vache à lait, comme on dit en économie d'entreprise) mais il se trouve que j'ai coincé sur un roman américain, l'un des nôtres de Willa Cather ( pourtant couronné du fameux prix Pulitzer en 1923) alors à l'occasion de ce court séjour à Hauteville-sur-Mer, je me suis laissé tenter par un roman du terroir dont l'action se passe près de Hauteville-sur-Mer, dans la station balnéaire mythique (pour mon couple en tout cas) de Agon-Coutainville, ville qui se situe un peu plus au nord du Cotentin et qui se finit au bout d'une pointe célèbre qu'on devine de Hauteville lorsque, cela arrive rarement, l'horizon est dégagé.
On ne peut pas demander à un roman du terroir d'être plus royaliste que le roi. Ceci dit, le roman du terroir dispose d'un cahier des charges et celui-ci ne le remplit que partiellement. De toute façon, je ne suis pas un grand adepte de cette littérature et donc je ne suis pas forcément objectif. Côté positif, il y a l'histoire qui à défaut d'être originale est bien goupillée, cohérente et la psychologie des personnages est bien rendue. Il y a quelques personnalités qui frisent le cliché mais j'ai vu pire dans ce genre de roman et j'excuse beaucoup de choses lorsqu'on évoque Coutainville. L'histoire en bref : une jeune fille qui s'appelle Alice se fait violer sur la pointe d'Agon par son beau-père, pris d'une pulsion incontrôlable et ensuite Alice, souillée, meurtrie, sombre dans la folie et décide de se venger sur lui et toute sa famille.
Ce que m'a agacé, c'est que l'auteur ait changé le nom de Coutainville, qui devient Claireville. Pour quelle raison alors qu'il s'agit d'un roman et qu'évidemment aucun coutainvillais ne peut se sentir visé ? Peur de donner une mauvaise image de la ville ? Pourquoi pas sauf qu'un bandeau rouge imprimé sur la couverture indique 'suspense à Agon-Coutainville', et c'est d'ailleurs ce qui a attiré mon regard lorsque j'errais dans les rayons de la librairie (enfin librairie...avec presse, vente d'articles de plages et tout...) de Coutainville. Sur ce point, je serais curieux d'avoir l'explication de l'auteur...d'autant qu'il ne change pas le nom de Coutances ou de Muneville. Pour le reste, je n'aime pas le titre, trop ampoulé, trop narratif, pour un roman de ce genre, nul besoin de faire du chichi, 'la vengeance d'Alice' eut suffi. Petit détail : le correcteur confond ballade et balade, moi aussi jusqu'il y a quelques mois mais si je devais faire éditer un roman, je ne laisserais rien passer. Sur ce blog, il y a des erreurs, j'en conviens mais ce n'est pas un roman.
Mais je ne vais pas plus accabler l'auteur. Le suspens est au rendez-vous, le roman se boit comme du lait ribot (dans lequel pataugent des patates qui restaient au fond du frigo et des crêpes qui restaient aussi). Coutainville tient une place à part dans ma vie et les amoureux de cette bourgade sont mes amis.
* citation au début du livre
lecture : juillet 2015, 220 pages, livre papier. éditeur inconnu (américain apparemment). note : 3/5.
Loïc LT, 28.07.2015
Commentaires
Bonsoir,
Merci pour votre critique que je trouve positive et encourageante pour mon premier roman, fruit d'un pari personnel. Être capable d'écrire une histoire qui se tienne, jusqu'au bout. Ce qui semble être le cas.
Claireville est un parti pris. Je ne voulais pas faire d'amalgame entre des personnages de fiction et de vrais normands que, d'ailleurs, je fréquente.
J'ai rajouté la jaquette rouge à l'issu de remarques similaires à la vôtre.
Je suis mon propre éditeur en ayant conçu aussi bien le contenu que le contenant.
J'espère pouvoir vous compter (conter ?) parmi les lecteurs de la suite...
Bonne ballade (!) à la Pointe...
Merci Patrice,
Mes critiques sont souvent assez acides (les plus grands auteurs y ont le droit aussi) mais je garde quand même un bon souvenir de ce bouquin..et de ce rebondissement à la fin. Je dois d'ailleurs le prêter à deux normands à qui je l'ai conseillé.
C'est le type même de livre qu'on ne peut pas arrêter une fois qu'on l'a commencé, genre 'juste un ombre' de Karine Giebel que je vous conseille.
Cordialement, Loïc