dimanche 07 février 2016 (12ème bourg du périple)
Après Corlay, j'avais programmé de me rendre à Kergrist-Moëlou avant de redescendre vers Rostrenen et puis enfin rejoindre la civilisation (je veux dire le Morbihan), mais un moment, je suis tombé sur un panneau qui m'a interpellé : Sainte-Tréphine. Par miracle, j'ai réussi à choper une connexion internet et j'ai appris que Sainte-Tréphine était une commune à part entière, peuplée de seulement 200 contribuables mais commune quand même. Je me suis laissé tenté par ce joli petit nom fleurant bon la Bretagne profonde et pourtant peu convaincu que l'endroit dispose de l'objet qui nous intéresse.
Mais c'est à croire que les dieux de la téléphonie étaient avec moi puisque ce bourg niché au milieu de nulle part, perché à 160 mètres d'altitude, oublié de la République et des camions de surgelés dispose d'une cabine en bonne et due forme. Je ne me souviens plus si l'appareil fonctionne (je n'en étais plus là) mais par contre j'ai le souvenir d'un sentiment de quiétude et de relâchement. J'ai discuté avec un riverain qui jardinait sur la chaussée fraîchement enrobée mais je n'ai aucun souvenir du contenu de la discussion si ce n'est qu'il m'apprit qu'il avait entendu sur la TSF qu'un meurtre avait été commis le matin même à Saint-Nicolas-du-Pélem. Sans plus de précision, cette information m'a laissé de plomb bien que je ne souhaite pas la mort des gens. Autrement, je crois qu'on a parlé de choses consensuelles et de la difficulté de faire pousser des légumes dans du goudron. enfin bon autant de sujets qui évitent toute envie de s'en prendre aux mains. Une chose est certaine; nous n'avons pas évoqué le philosophe Emmanuel Lévinas, celui-là même qui a proféré un jour alors qu'il sortait de sa douche :
L'Autre n'est authentiquement autre que s'il n'est pas que ce qu'il est, s'il déborde sa définition dans l'être
J'ai erré autour de la cabine, me suis pris en photo, je n'étais pas pressé. Le ciel était bleu et le matin plein de promesses.
Faut-il que les organisateurs pensent qu'il y a du passage dans ce village de 200 habitants (dont 80% de retraités et une bonne partie qui vit dans des hameaux) pour venir coller des affiches ici ? Donc, on nous signale un fest-noz à Mur-de-Bretagne le samedi 06 février et un autre à Lanrivain le 30 janvier. Les deux étaient passés mais qu'importe c'est la démarche même qui m'étonne.
La cabine est accolée à la mairie du village tenue de main de maître par Georges Galardon, qui, m'informe Google serait le pdg de Triskalia, une grosse coopérative bretonne (mais pas candidat aux primaires du RPR).
A part cet habitant avec qui j'ai discuté avant de partir, je n'ai vu personne alors j'ai dû me prendre en photo devant la cabine du bourg de Sainte-Tréphine qu fut l'épouse de Conomor (VIème siècle après le trouduc), un sentimental ayant horreur du sang mais qui l'a décapita. Elle a ensuite été ressuscitée par Saint-Gildas (on nous signale pas si elle avait récupéré sa tête) et a même pu donné naissance à un fils nommé Trémeur (dont il existe encore aujourd'hui des descendants à Radenac).
Les rues de Sainte-Tréphine serpentent autour de l'église portant le même nom (et qui contient en son sein également la chapelle de Saint-trémeur (si vous avez tout suivi, vous savez qui c'est).
Je n'ai pas arpenté le bourg car je n'avais pas trop le temps, cette halte étant imprévue mais de la chapelle, j'ai pris le temps de m'imprégner de l'esprit des lieux, encore marqué par le triste destin de Shirley-Monica Tréphine que son mari décapita sur la place publique encore dépourvue de cabine téléphonique. Un bourg ne se remet pas d'un tel drame même des siècles plus tard. Il faudrait presque que l'Etat verse une pension à vie à tous ces habitants encore inconsciemment sous le choc.
L'église Sainte-Tréphine contient d'ailleurs les reliques de Shirley-Monica, présentes dans un sarcophage. Par ailleurs et pour achever le lecteur, j'informe que Saint-Trémeur dispose également d'un sarcophage dans l'enclos accolé à la chapelle. Mais moi, je n'avais que faire de ces légendes et tournoyais autour de cette maudite cabine qu'on peut joindre au numéro 02 96 29 56 24. Toujours la même question et encore plus dans un patelin de 200 dépressifs ; depuis quand la sonnerie n'a pas retenti ? Voici quand même une photo de cette fameuse chapelle chargée d'histoire :
Les 200 tréphinois ne vivent pas tous dans le bourg et on salue le facteur chargé de la tournée tréphinoise et surtout le courage des oiseaux qui bravent le vent glacé en ces lieux hostiles.
Sainte-Tréphine, (22480), Côtes-d'Armor , maire : Georges Galardon ( liste : Tréphinois ensemble, tréphinois toujours) , 208 tréphinois. reportage le 07 février 2016 ( arrivée à 11:00, départ à 11:43), cabine "modèle de Paris" : 02 96 29 56 24. direction : Kergrist-Moëlou
Loïc LT
Commentaires
sonerien du à Mur de Bretagne!! Ca c'est du lourd !
Ouaih mais pas mon truc !
Ils passent en Loire Inférieure aussi ?
oui je les avais vus dans un bled de Loire-Inférieure avant qu'ils ne partent dans les "Côtes du Nord"... ou c'est peut-être l'inverse!
Ah mais non, ça me revient, vous êtes Loire Atlantique maintenant ! C'est gonflé quand même que de s'approprier l'Atlantique...Comme si nous, on s'appelait le 'Morbihan Atlantique' -).
Je vais poser un recours auprès du conseil d'état.