dimanche 07 février 2016 ( 15ème bourg du périple)
Je me souviens que lorsque je travaillais à Guémené-sur-Scorff, nous allions parfois déjeuner dans un curieux restaurant de Langoëlan où tout était aménagé façon musée et où l'on avait le droit à un bol de soupe avant même d'avoir commandé quoi que ce soit. Pour aller de Guémené à Langoëlan, nous longions la vallée du Scorff et je trouvais les paysages magnifiques. J'ai gardé de ce petit bourg un souvenir particulier et donc, revenu dans le Morbihan après Rostrenen-la-Triste, je n'étais pas malheureux de passer par Langoëlan, bien que n'ayant aucune certitude quant à la présence d'une cabine. Mais rien que de revoir ce village me mettait en joie.
Une fois arrivé sur place, ce fut la déception. Alors soit j'ai idéalisé le passé (sauf la vallée du Scorff qui serpente indolente dans la Bretagne intérieure) , soit ce bourg n'a jamais été celui que je croyais et que seul son restaurant avait un intérêt. Comme de fait, il est à l'image de ses congénères du pays Pourlet mais il est moins moche que Priziac.
Si le village ne dispose pas de publiphone, un téléphone public est fixé à l'abri sous l'escalier de la maison d'un ou plusieurs individus de sexes inconnus.
On fait avec ce qu'on a et comme je voulais à tout prix évoquer ce bourg, je n'ai pas fait mon difficile et de toute façon, un simple téléphone public même s'il ne dispose pas d'une cabine est éligible...et puis, ici, il y avait un abri tout prêt alors à quoi bon s'emmerder à affubler le téléphone d'un habitacle étroit. Je ne peux rien dire de plus de ce téléphone si ce n'est qu'il est bien conservé et que peut-être même qu'il fonctionne. Par contre, je n'ai pas trouvé son numéro d'appel. Il s'agit apparemment d'une machine à pièces. Je ne vais pas m'attarder sur la chose ou alors je pourrais m'amuser à épuiser l'endroit comme le fit Perec à propos d'une rue, évoquer la canette au sol, le numéro 8, la gouttière, la boîte à lettres, imaginer la vie des individus vivant au dessus de ce téléphone. Certains soirs, bien en jambes, je suis capable d'écrire le rien d'un endroit, le tout d'une non-vie.
Chers lecteurs, mes dissemblables inconnus, vous savez mon affection pour ces rues désertes mais fatigue étant, je n'arrivais plus à tenir mon Sony à l'horizontal. Mais voici à quoi ressemble Langoëlan, un dimanche après-midi de février. Combien d'humains se cachent derrière ces mornes maisons et qui ne sont, comme moi, pas encore au courant de la mort de Beauchamp ( et quand bien même ils le sauraient, ne le connaissant pas, cela leur aurait fait une belle jambe) ?
L'église Saint-Barnabé est tout en pierre et accueille de temps en temps des chrétiens catholiques, religion majoritaire dans ce coin de la Bretagne. Globalement, les catholiques croient qu'il y a une vie après la mort depuis qu'un dénommé Jésus qui vécut il y a 2000 ans, se faisant passer pour le fils de Dieu l'annonça a qui voulait bien l'entendre. Je ne suis pas fan des églises de type gothique mais celle-ci n'est pas la pire (elle est d'ailleurs classée monument hystérique depuis le 24 avril 1925 - source wikipedia-).
Le clocher indique 14h50, les nuages sont menaçants et Langoëlan est triste à mourir. Après Rostrenen, le chemin de croix continue !
Je ne mettrai pas ma souris à la poubelle mais je me demande si ce n'est pas dans ce restaurant fermé que nous aimions tant aller avec Marc, Elisabeth, Christophe, Marie-Christine et d'autres que j'oublie. Ce siècle n'avait que 2 ans, Chirac était président et moi pas encore trentenaire, je vivais un peu n'importe comment, plutôt en solitaire mais à l'affût de la moindre rave party. J'aimais la mode, je mettais des chaussures brillantes et je roulais vite à travers les routes sinueuses de l'Armorique Intérieure.
14 ans plus tard, le monde a changé, Langoëlan qui n'était déjà pas très réveillée s'est endormie et des fous furieux sèment la terreur au nom de leur dieu. Mais Langoëlan est loin de ces turpitudes et l'on vend du carburant au bar de l'amitié à un prix que la décence m'empêche de divulguer. Mais l'essentiel est que le bar porte bien son nom.
Voici une 206 blanche mais ce n'est pas la mienne (d'ailleurs la mienne c'est une Talbot 206) et je suis toujours rassuré de tomber sur des bagnoles plus dégueulasses que la mienne.
Au revoir Langoëlan, peut-être un jour, peut-être une autre fois.
Langoëlan, (56160), Morbihan , maire : Yann Jondot ( sans étiquettes non plus, cette manie qu'ils ont...c'est quand même bien pratique de garder les étiquettes quand on veut savoir à quelle température laver un paletot sans manches ) 403 administrés. reportage le 07 février 2016 ( arrivée à 13:53, départ à 14:11, le clocher avait tout faux alors), météo : à l'image du village.
Loïc LT
Commentaires
j'aime bien la petite église, même triste, même hystérique !!
Au fait me dis pas que Beauchamp était à Zaventem ???