Je suis en train de lire des souris et des hommes de John Steinbeck. Ce roman très célèbre comporte beaucoup de dialogues et c'est l'occasion pour moi de faire part d'un petit agacement que j'ai avec les dialogues. J'ai remarqué que très souvent, lorsque le dialogue dure depuis quelques lignes, je ne sais plus qui dit quoi et ce parce que l'écrivain préfère finir les phrases par dit-il ou bien ne rien mettre du tout. Alors, je suis obligé de remonter et de compter avec mes doigts pour savoir lequel des personnages avait commencé le dialogue et redescendre et me retaper le dialogue en faisant attention à ne pas à nouveau perdre les pédales.
Ah et tiens, tant que j'y suis, j'ai un autre agacement avec les dialogues. Souvent, en plein dans un dialogue et sans aller à la ligne, le narrateur fait une remarque sans signaler que cette remarque est bien du narrateur et non une partie du dialogue. Pour un lecteur un peu distrait (et je le suis souvent), la confusion est possible. Et l'idéal évidemment serait d'aller à la ligne pour insérer la remarque narrative ou alors tout simplement de fermer les guillemets avant la remarque et des les réouvrir après.
Autant de raisons qui font que moins y'a de dialogues, mieux je me porte.
roman - Page 18
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dialogues dans les romans.
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prix france culture-télérama 2009
La sélection :
- Les éclaireurs, d’Antoine Bello (éd. Gallimard)
- Nous aurons toujours Paris, d’Eric Faye, (éd. Stock)
- Un dieu, un animal, de Jérôme Ferrari (éd. Actes Sud)
- Toute une affaire, de Sybille Grimbert (éd. Léo Scheer)
- En enfance, de Mathieu Lindon (éd. P.O.L.)
- L'usure des jours, de Lorette Nobécourt (éd. Grasset)
- Un peuple en petit, d’Olivier Rohé (éd. Gallimard)
- Un chien mort après lui, de Jean Rolin (éd. P.O.L.)
- Journal intime d'un marchand de canons, de Philippe Vasset (éd. Fayard) *
- Paris-Brest, de Tanguy Viel (éd. de Minuit)
* mon choix.
Et le lauréat est : les éclaireurs, Antoine Bello.
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CR79 : pastorale américaine - Philip Roth
mot de l'éditeur : Après trente-six ans, Zuckerman l'écrivain retrouve Seymour Levov dit « le Suédois », l'athlète vedette de son lycée de Newark. Toujours aussi splendide, Levov l'invincible, le généreux, l'idole des années de guerre, le petit-fils d'immigrés juifs est devenu un Américain plus vrai que nature. Le Suédois a réussi sa vie, faisant prospérer la ganterie paternelle, épousant la très irlandaise MissNew jersey 1949, régnant loin de la ville sur une vieille demeure de pierre encadrée d'érables centenaires: la pastorale américaine. Mais la photo est incomplète. Hors champ, il y a Merry , la fille rebelle, et, avec elle surgit, dans cet enclos idyllique, le spectre d'une autre Amérique en pleine convulsion, celle des années soixante, de sainteAngela Davis, des rues de Newark à feu et à sang...
mon avis : Ouahhh ! encore sous le choc, encore avec les Levov. Allez, retour sur Terre.
Je dis souvent que les romanciers américains sont avant tout de bons raconteurs d'histoire, et bien là après la lecture de cette époustouflante pastorale américaine, je me sens tout con. Car ce n'est pas qu'une histoire qui est racontée ici, c'est l'Amérique, son rêve et ses travers, ses fêlures, la réussite des uns et les frustrations des autres. Dans ce livre, Roth fait montre d'une finesse d'analyse impressionnante et de qualités de sociologue autant que de psychologue.
Et le personnage de Seymour Levov est si attachant dans sa toute puissance, sa grande bonté et sa grande beauté que lorsque que j'ai achevé le roman, j'ai eu du mal à me figurer qu'il n'existait pas en vrai. Un peu plus sensible, j'aurais pleuré plusieurs fois devant la peine et les doutes de cet homme intègre, droit et philanthrope.
Et ce roman m'a ramené en pleine figure certains combats qui m'agitent intérieurement, concernant notamment des choix politiques. Je me demande si j'arriverais à me fixer un jour, mais en tout cas si j'y arrive ce ne sera sans doute pas grâce à Roth qui sème plus la confusion qu'autre chose.
Bien au dessus du complot contre l'Amérique (qui était déjà pas mal), pastorale américaine me réconcilie avec la littérature américaine.
lecture du 23.02 au 05.03.09
note : 4.5/5
à venir : ???? -
CR78 - l'absolue perfection du crime - Tanguy Viel
mot de l'éditeur : Marin, Andrei, Pierre, c'étaient tous des caïds. Et dans ce monde de traîtres, leur disait l'oncle, pour que " la famille " survive, il faut frapper toujours plus fort. Alors quand Marin est sorti de prison, lui, le neveu préféré, il a dit : le hold-up du casino, ça nous remettrait à flot.
mon avis : Contrairement à ce que laisse présager le titre, la photo en couverture ainsi que la date de naissance de l'auteur (1973...), ce polar n'a pas beaucoup d'intérêt. Il est plaisant à lire, certes le récit est haletant, j'en conviens, (comme dans tout polar qui se respecte). Mais j'ai regretté que dans une histoire aussi convenue (qui m'a rappelé les romans de José Giovanni ou certains films avec Lino Ventura et Jean Gabin ), l'auteur n'adopte pas un ton plus décalé et plus ironique, à la façon d'un Jean Echenoz qui sait faire de grands romans avec des intrigues minimales.
Ceci dit, je donnerai une seconde chance à Tanguy Viel. Peut-être avec Paris-Brest, son dernier roman qui fait parti de la sélection finale pour le 4ème prix du livre France-Culture Télérama. Je reparlerai dans une future note de ce prix qui associe deux médias dont je suis très friand.
Un avis que je partage ici.
lecture : 22/02/09
note : 3/5
à venir : pastorale américaine, Philip Roth -
CR76 - les accommodements raisonnables - Jean-Paul Dubois
mot de l'éditeur : Le grand roman de Jean-Paul Dubois très attendu depuis "Une Vie française". Jean-Paul Dubois retrouve le souffle romanesque d"Une Vie française" dans ce livre qui devrait enthousiasmer ses fans. Aucun des « fondamentaux » ne manque à l’appel : Toulouse, un anti-héros (Paul Stern) et son épouse (Anna), un père encombrant, l’actuel président de la République, l’Amérique, les bateaux, les petits-enfants, etc. Cette fois, Jean-Paul Dubois nous conduit à Hollywood. Paul doit y réécrire le scénario d’un film dont il est l’auteur, pour le compte d’un producteur qui prétend en tirer un remake. En réalité, Paul est parti pour oublier la maladie de sa femme, en dépression profonde, le remariage scandaleux de son père et, de manière plus générale, son échec personnel. Embauché par la Paramount, il découvre un autre univers où le sexe, l’argent, la drogue, la célébrité, mais aussi le désespoir occupent une place centrale. Et puis, il rencontre Selma Chantz, employée comme lui par la Paramount. Et sa vie bascule. Car Selma est le double parfait d’Anna, avec trente ans de moins…Une femme fascinante et dangereuse.
Après un détour par le comique ( Monsieur Tanner) et l’inquiétante étrangeté ( Hommes entre eux ), Jean-Paul Dubois a écrit le grand roman que nous attendions. Tragique et drôle, jetant sur son époque un regard lucide, ce livre de la maturité garde néanmoins le charme des héros de Jean-Paul Dubois, éternels adolescents écartelés entre leur amour de la vie et leur sens aigu de la culpabilité.mon avis : En dehors de quelques scènes hilarantes (dont celle du crématorium au début), j'ai trouvé ce livre plutôt moyen. Agréable à lire, certes mais bien en dessous de Djian (qui écrit un peu ce type de choses avec jet-setters cyniques, drogue, sexe et tout et tout), mais peut-être quand même un peu au dessus de Foenkinos (dont les romans sont anecdotiques).
Mais il se dégage quand même du roman, cette idée que les étapes de nos vies ne sont que des successions d'accommodements raisonnables (avec 2 m à accommodements, à bons entendeurs salut) , que pour sauvegarder les apparences, nous devons sans cesse faire des compromis et tirer un trait sur d'autres possibles.
Par ailleurs, j'aime beaucoup la couverture. Elle m'avait tapé à l'oeil dès la sortie du livre. Et je l'aime tellement qu'elle suffirait presque à me faire acheter ce livre (que j'ai emprunté pour cette lecture) et ce même bureau avec des tiroirs que d'un côté, mais peut-être pas la même chaise, encore que, dans un certain cadre pourquoi pas. Je me demande si on ne va pas revenir à une forme de rustique après cette folie du mobilier contemporain carré et translucide façon ikea.
lecture du 13.02 au 17.02.09
note : 3/5
à venir : insecte, Claire Castillon -
CR75 - la vie mode d'emploi - Georges Pérec
résumé (piqué sur wikipedia, oui je sais, je suis un peu fainénant ces temps-ci) : L'œuvre retrace la vie d'un immeuble situé au numéro 11 de la rue (imaginaire) Simon-Crubellier, dans le 17e arrondissement de Paris, entre 1875 et 1975. Elle évoque ses habitants, les objets qui y reposent et les histoires qui directement ou indirectement l'ont animé. Comme dans le tableau idéal de Valène, le professeur de peinture de l'immeuble, le lecteur découvre « une longue cohorte de personnages, avec leur histoire, leur passé, leurs légendes », comédie humaine où les destins entrecroisés se répondent, à l'image de la curieuse création de l'ébéniste Grifalconi, « fantastique arborescence », « réseau impalpable de galeries pulvérulentes ». Gravures populaires, tableaux de maître, affiches publicitaires offrent l'occasion d'autant de digressions et de récits : faits divers, rigoureuse description scientifique, recette de cuisine, listes en tout genre. De cette tentative d'inventaire et d'épuisement d'une portion de réel, surgissent des figures propres à l'imaginaire perecquien : escrocs et faussaires, aventuriers, savants faustiens, génies méconnus ou incompris, invalides et miraculés, milliardaires ruinés, inventeurs, négociants, humbles domestiques anonymes.
mon avis : je pense qu'avec ce livre, Pérec a atteint l'objectif qu'il s'était fixé. Sur ce point, pas de problème. On devine l'organisation qu'il a fallu pour écrire ce roman, les schémas, les recherches etc etc. D'un point vue technique, c'est parfait et ça fait même froid dans le dos que de penser que tout est cohérent. Pour le reste, bon, je vais me permettre d'apporter une petite note discordante dans les flot des éloges qui accompagnent toute critique de ce livre : je me suis globalement ennuyé, même si certaines histoires dans l'histoire sont amusantes ou dépaysantes. Et autant le dire franchement je n'ai rien compris au projet de Bartlebooth. Et puis, pas crédible : tous les habitants de l'immeuble ont des vie peu banales, sont chercheurs, voyageurs, artistes etc.
Mais ce que je reproche le plus à ce livre est d'être trop parfait.lecture du 03.01.09 au 10.02.09
note : 2.5/5 -
CR73 - le rivage des Syrtes - Julien Gracq
mot de l'éditeur : Aldo, à la suite d'un chagrin d'amour, demande une affectation lointaine au gouvernement d'Orsenna. S'ensuit alors la marche à l'abîme des deux ennemis imaginaires et héréditaires.
Les pays comme les civilisations sont mortels. C'est à ce fascinant spectacle que Julien Gracq nous convie ici. Cette insolite histoire de suicide collectif laisse une subtile et tenace impression de trouble.mon avis : Le Rivage des Syrtes est une sorte de roman blanc où circulent des vents arides, des rumeurs infondées, des propos diplomatiques et des âmes qui s'ennuient et où l'on attend en vain que quelque chose se passe. Et si ce quelque chose était la résurgence d'un conflit ancestral entre Orsenna et le Farghestan, discret ennemi dont on devine les côtes depuis le rivage des Syrtes ? Aldo , jeune homme d'une grande famille est envoyé sur les lieux en qualité d'observateur et ressent très vite comme une rumeur évanescente, des indicibles bruits de fond et même une lumière différente enveloppant la lagune qui termine le territoire d'Orsenna. Il va faire, avec Le Redoutable, une brève incursion dans les eaux ennemies, incursion qui sonne comme une provocation puisqu'on lui répond par trois coups de canon. Mais le roman se termine comme il commence : dans l'atonie des palais d'Orsenna.
Ce roman n'est pas sans rappeler le château de Kafka où l'intrigue minimale ne semble pas justifier le roman. Mais je trouve que dans les deux cas, c'est ce qui fait leur grandeur. Car, finalement, c'est un peu facile que de retenir le lecteur par des histoires étonnantes, avec des coups d'éclat, des rebondissement etc. Ce n'est peut-être pas à la portée de tout le monde que d'écrire un roman et ce n'est pas à la portée de tout écrivain d'écrire un roman inconsistant.
Mais aussi ténue soit-elle, il y a quand même une histoire dans le Rivage des Syrtes. Ma lecture personnelle est qu'Orsenna est peu l'image de nos nations occidentales : au fin fond de l'histoire, la vieille Europe s'invente des maux pour ne pas sombrer dans l'ennui.
Le style est parfait, fait de longues phrases qui tombent comme autant d'évidences. une merveille.
extraits. sur l'espèce de guerre (p14 et 15) :
Les années s'accumulant d'une guerre aussi accommodante, on en vint peu à peu, à Orsenna, à considérer tacitement l'idée même d'une démarche diplomatique pacifique comme un mouvement immodéré, comportant quelque chose de trop tranché et de trop vif, qui risquait de retourner malencontreusement dans sa tombe le cadavre d'une guerre malencontreusement mort de sa bonne mort. La liberté extrême que donnait cette issue indéterminée d'exalter sans démenti les grandes victoires et l'honneur intact d'Orsenna était d'ailleurs un garant de plus de la tranquillité générale ; les derniers soupirs guerriers trouvaient leur exutoire à l'aise dans les fêtes qui continuaient à célébrer l'anniversaire du bombardement. [...]
Ranimés ainsi subtilement dans les vers des poètes, il était significatif de remarquer que même la langue morte des actes officiels, de tous les jours s'employait au mieux, de son côté, à conserver intactes les cendres de ce cadavre historique ; ainsi on n'avait jamais consenti à la Seigneurie, sous un précieux prétexte de logique, à changer un mot au vocabulaire du véritable temps de guerre : la côte des Syrtes demeurait, pour les bureau "le front des Syrtes" - "flotte des Syrtes", les misérables carcasses que j'avais fonction de surveiller - "étapes des Syrtes", les bourgades qui jalonnaient de place en place la route du Sud. [...]
On pouvait considérer assez rêveusement, à la lueur de ces vagues indices, que l'inachèvement même de cette guerre, signe en réalité d'une chute de tension sans remède, était l'essentielle singularité qui nourrissait encore quelques imaginations baroques - comme si une conspiration latente se fût ébauchée çà et là de mains obstinées encore à tenir absolumententr'ouvertes les lèvres prêtes à se sceller d'elles-mêmes de l'événement - comme si l'on avait chéri là inexplicablement l'anomalie bizarre d'un événement historique mal venu, qui n'avait pas libéré toutes ses énergies, n'avaient pas épuisé tout son suc.lecture du 01.02 au 09.02.09, note : 4.5/5.
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CR71 - le diable au corps - Raymond Radiguet
Il m'aura fallu seulement deux heures ou un peu plus peut-être si je compte certaines phases de lectures un peu ponctuelles (qui arrivent fréquemment comme par exemple dans les files d'attente qui peuvent se former ici ou là à certains endroits où trop de gens en même temps veulent accéder au même service, même désir, même guichet ou que-sais-je ; quand j'arrive au boulot deux minutes trop tôt et qu'il est hors de question que j'offre ces deux minutes au capitalisme, quand je surveille les pates), deux bonnes heures donc pour lire ce roman écrit par un certain Raymond Radiguet (qui n'a de Raymond que le prénom), écrivain qui fit un court passage sur terre au début du XXè siècle. Pratiquement inconnu du grand public, il bénéficie d'une certaine aura dans le petit public. Jean Cocteau a quand même dit de lui : "Raymond Radiguet partage avec Arthur Rimbaud le privilège d'être un phénomène des lettres françaises."
Mais le diable au corps ne m'a pas spécialement emballé. Style très conventionnel avec utilisation pléthorique du subjonctif de l'imparfait ou du passé simple. Histoire somme toute banale d'un amour impossible entre un jeune homme et une femme mariée pendant la guerre 14-18. Moeurs provinciales vs amour impossible. Vieille rangaine de la littérature française, n'est-ce pas. Rien de rimbaldien dans cette affaire-là. Juste un bon moment de lecture.Deux courts extraits, sur lesquels on peut méditer :
"la puissance ne se montre que si l'on en use avec injustice. "
"Si la jeunesse est niaise, c'est faute d'avoir été paresseuse. Ce qui infirme nos systèmes d'éducation, c'est qu'ils s'adressent aux médiocres, à cause du nombre. Pour un esprit en marche, la paresse n'existe pas. Je n'ai jamais appris plus que dans ces longues journées qui, pour un témoin, eussent semblé vides, et où j'observais mon coeur novice comme un parvenu observe ses gestes à table."
Sur le premier j'ai des doutes mais sur le deuxième, j'approuve totalement.
lecture : 23.01.2009
note : 3.5/5
à venir : le paysan de Paris, Louis Aragon -
CR70 - Cherokee - Jean Echenoz
Je viens de terminer cherokee et j'ai adoré ce roman tout comme j'avais adoré je m'en vais. Jean Echenoz confirme donc tout le bien que je pensais de lui. Et il ne pouvait en être autrement tant dans ma conception de la littérature, la forme compte tout autant que le fond..voire plus. Dans cherokee, l'histoire brinquebalante d'un type un peu paumé qui se retrouve enquêteur dans une espèce d'agence de détectives où l'on enquête sur des affaires abracadabrantesques (un vol de perroquet par exemple) n'est évidemment une fois de plus qu'un prétexte à une débauche verbale d'une ingéniosité sans pareil où les mots rares et précieux côtoient des termes techniques qui tombent à chaque fois fort à propos, où des phrases insolites se succèdent comme autant de surprises et d'émerveillement ! Pour autant l'environnement échenozien n'est pas spécialement chatoyant puisqu'en général et dans cherokee en particulier, les terrains vagues se succèdent à rues sombres jonchées de déchets et à des zones péri-urbaines à moitié désertées. Mais la plume de l'écrivain donne à tous ces endroits et aux antihéros qui les fréquentent une sorte de grandeur poétique véritablement enivrante.
Ça donne des choses de ce genre :
Ils s'éloignèrent. Le bruit de leur moteur décrut, se fondit dans la rumeur lointaine, ils n"étaient plus là. Cependant, nous restons. Alentour le paysage est gris et terne. Il fait humide et froid. Tout est désert, on n'entend plus rien que cette rumeur lointaine sans intérêt. Que ne partons-nous pas. Mais voici qu'un autre bruit de moteur naît en coulisse, se précise, s'incarne en une nouvelle voiture qui paraît au bout du passage, s'approche, ralentit et se gare là même où stationnait la 504. C'est la Mazda locative de Fred. Va-t-il se passer quelque chose. Aurions-nous bien fait de rester. (p96) (note : narrateur extérieur au récit)
Le perroquet Morgan était âgé d'une soixantaine d'années, ce qui correspond en gros, à l'échelle humaine, à une soixantaine d'années...(p138)
Sur l'autoroute, à cette heure-ci, il n'y avait que des quinze-tonnes lancés à toute allure dans leur cortège classique de cuir, de tabac, de laine, de sueur et de gasoil et aussi quelques voitures particulières menées à toute allure par des hommes seuls, ivres et désespérés. (p171)
Plus qu'un simple écrivain, Echenoz est aussi un poète, un sculpteur du verbe et et lorsqu'on lit ses oeuvres, on devine tout le plaisir qu' il a mis à les écrire. Ça se devine et ça se sent qu'il prend beaucoup de plaisir à l'écriture. Je considère Jean Echenoz comme l'un des plus grands écrivains français contemporains, au côté de Philippe Djian (dont les romans sont différents mais qui cultive une même forme de cynisme) et de Benoit Godillon (dont un nouveau roman sort en mars).
Alors, rejoignez le fan club de Jean Echenoz sur facebook. Et par la même occasion celui de Georges Marchais. -))
Et puis lire l'excellente note de Pitou, le blogger au bout de la lettre.
Et puis, aller faire dodo.lecture du 15.01 au 22.01.09
note : 4.5/5
à venir : le diable au corps, Raymond RadiguetLoïc
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CR68 - Syngué sabour, pierre de patience - Atiq Rahimi
Quelque part dans un appartement sommaire d'une ville afghane, une femme veille sur son mari, dans le coma suite à une blessure de guerre. Elle lui parle et lui dit tout ce qu'elle a sur le coeur, tout ce qu'elle n'a jamais osé ou pu lui dire. La pierre de patience est ce mari, inerte comme un caillou et auprès de qui elle peut enfin s'épancher et se livrer, ce qu'elle n'a jamais pu faire du temps où il était soldat et qu'elle lui était soumise. Dehors se font entendre de sporadiques coups de feu et l'on devine un spectacle de ruines.
Récit bien mené dont il est impossible de décrocher. Mots justes et très évocateurs. L'écrivain veut dénoncer la violence, l'extrémisme, le fanatisme religieux et la soumission de la femme qu'il induit. C'est bien tout ça. Et c'est à mille lieux de la tendance au nombrilisme des littérateurs français contemporains. Mais ça ne valait pas le Goncourt. Les membres du jury ont sans doute voulu montrer qu'ils étaient ouverts sur le monde. On va dire que c'est culturellement correct (mais je devrais pas : je ne supporte plus l'expression politiquement correct !!!). Je dis ça parce que c'est vraiment le sentiment que j'ai. Bien d'autres romans édités en 2008 étaient supérieurs à celui-ci. Plus ambitieux, plus étoffés. Encore que, comme on sait, quantité ne signifie pas forcément qualité. Mais quand même il y a des limites. Donc voilà, un Goncourt de plus dans l'escarcelle. Et qui sera totalement oublié dans trois mois.
note : 3.5/5
lecture du 08.01 au 09.01.09
à venir : le sucre, Georges Conchon.